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Recommandations
La complexite croissante des questions d’emploi implique que l’objectif de travail de cent et productif ne peut plus e tre
re alise , comme par le passe , uniquement a travers une se rie de programmes d’emploi. Une re ponse efficace au de fi de
l’emploi doit comprendre des mesures plus globales agissant a la fois sur l’offre, la demande et le fonctionnement du
marche du travail.
1-Repenser le modèle de développement économique
La Tunisie doit se doter d’un modèle de croissance du-
rable et inclusif
de nature a ge ne rer des emplois en plus
grandes quantite et qualite , tout en garantissant l’inte gra-
tion sociale et une re partition plus e quitable des richesses.
Le secteur privé doit être au cœur de ce recentrage car
le secteur public ne peut plus, comme par le passe , jouer
un ro le majeur dans l’absorption des jeunes diplo me s.
2- Concevoir et mettre en œuvre des stratégies pour l’emploi intégrées et veiller à la
cohérence de l’ensemble des politiques publiques

Dans leur conception, les strate gies nationales pour l’em-
ploi doivent relever d’une
démarche multidimension-
nelle
qui inte gre les approches en termes de genre, d’em-
ploi décent, de lutte contre l’informalité et la précarité
ainsi que d’employabilité.
Pour assurer la re ussite des ces strate gies, il sera e gale-
ment ne cessaire de
veiller à la cohérence de l’ensemble
des politiques économiques, de l’emploi, de l’éduca-
tion, de la formation et de la sécurité sociale
.
3- Renforcer le secteur de la formation professionnelle
Il faut doter le secteur de la formation professionnelle
des moyens et de l’organisation nécessaires,
pour
mettre en œuvre avec re ussite la nouvelle re forme du dis-
positif national qui lui confe re un ro le central dans la pre -
paration des jeunes au monde du travail.
Ces moyens devront en particulier e tre canalise s vers (1) la
cre ation de l’instance nationale de de veloppement des res-
sources humaines, (2) la mise en place d’un dispositif
national d’information et d’orientation professionnelle
des individus et des familles, (3) la conception et la mise
en place d’un mode le de pilotage du dispositif ou la repre -
sentativite e gale des parties est garantie et (4) la concep-
tion et la mise en œuvre d’un mode le pe renne de finance-
ment de la formation professionnelle dans lequel le prin-
cipe de l’apprentissage est garanti.
4– Améliorer l’efficacité des services d’intermédiation sur le marché du travail ainsi que
celle des mécanismes de coordination des interventions publiques
Force est de constater que, malgre l’inde niable investisse-
ment des pouvoirs publics en faveur de l’emploi, notam-
ment pour les jeunes, la performance des dispositifs en
œuvre pourrait e tre ame liore e.
Pour ce faire, il apparaî t ne cessaire,
(1) d’évaluer de façon
syste matique et approfondie les programmes et disposi-
tifs existants
afin d’identifier les leviers qui permettraient
d’en maximiser l’impact,
(2) de rééquilibrer l’offre
de services aux jeunes demandeurs d’emploi au profit
des non-diplo me s et des jeunes originaires des re gions
les plus touche es par le cho mage et l’adapter aux re alite s
locales,
(3) de renforcer les capacités de conseil et
d’orientation
en emploi de l’ANETI, notamment au plan
re gional et (4) d’inculquer aux jeunes une meilleure
connaissance de leur droits
.
5- Ancrer la culture entrepreneuriale dès le plus jeune âge
L’e ducation et la formation professionnelle ont un ro le
moteur a jouer dans
le développement de l’esprit entre-
preneurial
et dans la valorisation des carrie res offertes
aux entrepreneurs et aux travailleurs inde pendants. Les
bonnes pratiques internationales dans le domaine,
telles que la « Cite entrepreneuriale » destine e aux e le ves
du primaire ou la gestion d’entreprises fictives pour les
e le ves plus a ge s, constituent autant de me thodes exem-
plaires pour ancrer chez les jeunes la culture entrepreneu-
riale.
La pre sente note s’inscrit dans le cadre du programme du BIT « Promouvoir l’em-
ploi productif et le travail décent des jeunes en Tunisie »,
finance par l’Agence
Espagnole de Coope ration Internationale et De veloppement (AECID) 2011-2015.
BREF APERCU DU
MARCHÉ DU TRAVAIL TUNISIEN
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En Tunisie, l’acuite du proble me de l’emploi, notamment dans les re gions pe riphe riques et particulie rement chez les
jeunes, a e te re ve le e au grand jour par le soule vement populaire initie en de cembre 2010, dont il fut l’un des catalyseurs.
Le pays fait face a un fort cho mage des femmes et surtout des jeunes, en particulier au sein des diplo me s de l’Enseignement
Supe rieur, que les dispositifs des politiques actives du marche de l’emploi ne parviennent pas a juguler. Etant donne que le
cho mage et le sous-emploi persistants des jeunes et des femmes comportent des cou ts e conomiques et sociaux e leve s et
menacent le tissu socie tal, la pre sente note identifie les principaux de fis auxquels la Tunisie est confronte e en la matie re et
propose une se rie de recommandations pour y re pondre.
Eclairage sur le marché du travail tunisien
La population active tunisienne est jeune, de plus en plus instruite et majoritairement
masculine
La population active tunisienne comptait près de 4 mil-
lions d’individus fin 2013
correspondant a 47,5% de la
population en a ge d’activite (15 ans et plus).
Plus du tiers
de cette population active avait moins de 29 ans.
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En plus d’être jeune, la population active tunisienne
est instruite.
Plus d’un actif sur 2 a au moins un niveau
d’e ducation secondaire et 1 sur 5 un niveau d’instruction
supe rieur.
Fin 2013, 84,7% de ces actifs occupaient un emploi,
principalement dans le secteur des services qui en absor-
bait plus de la moitie .
Les femmes restent sous-représentées dans la popula-
tion active
: Alors qu’elles constituent plus de la moitie de
la population en a ge d’activite , seul 1 actif occupe sur 4 est
une femme.
Quelques définitions
La population totale comprend 2 cate go-
ries mutuellement exclusives de la popula-
tion: la population e conomique active ou
population active et la population e cono-
miquement inactive ou
population inac-
tive
.
La population active regroupe la
popula-
tion active occupée
et les chômeurs.
Le taux de chômage mesure la part des
cho meurs dans la population active totale.
Les jeunes instruits et les femmes, notamment dans les régions périphériques, sont les plus
exposés au chômage

Malgre de bonnes performances macroe conomiques ge ne -
rales et une croissance positive au cours des anne es pas-
se es, l’e conomie tunisienne n’est pas parvenue a cre er suf-
fisamment d’emplois de cents durables et productifs, no-
tamment dans les re gions, et spe cifiquement pour les
jeunes et les femmes.
Dans le de tail, le cho mage apparaî t discriminant. Il frappe
principalement les femmes et les jeunes,
notamment
les diplo me s et spe cifiquement ceux issus des re gions de s-
he rite es du pays.
Avec un taux de chômage de 21,9%, les femmes sont
ainsi bien plus exposées au chômage que les hommes,
pour qui ce taux s’e tablit a 12,8%.
Fin 2013, le chômage touchait ainsi en moyenne 15,3%
des actifs
.
1 Cette note a e te e labore e sur la base du document Composante Nationale du projet Régional BIT: Promotion de l’emploi décent des jeunes: Tunisie, Algérie,
Mauritanie et Maroc et du rapport : Transition vers le marché du travail des jeunes femmes et hommes en Tunisie.
2 Bureau International du Travail (BIT) et Observatoire National de l’Emploi et des Qualifications (ONEQ), Transition vers le marché du travail des jeunes
femmes et hommes en Tunisie, Gene ve, 2014.
Bref aperçu du marché du travail tunisien
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Bref aperçu du marché du travail tunisien
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Quant aux jeunes, 2 chômeurs sur 3 avaient moins de 29
ans
a fin 2013 et sur la pe riode 2007-2012, le taux de
chômage des 15-29 ans était 2 fois plus élevé que la
moyenne nationale
: 29,8 % en moyenne contre 14,5% au
plan national.
Par ailleurs, les diplômes ne protègent pas du chômage,
comme en atteste le fait qu’en 2013, plus d’1 cho meur sur
3 est un diplo me de l’enseignement supe rieur.
Enfin, le chômage est caractérisé par de fortes dispari-
tés régionales.
Dans une majorite de gouvernorats du sud
du pays notamment, le taux de cho mage des diplo me s de
l’Enseignement Supe rieur de passe 50% contre une
moyenne nationale de 31,9%. Ces e carts sont symptoma-
tiques des ine galite s territoriales de de veloppement qui
caracte risent le pays.
Taux de chômage en 2013
Défis du marché du travail
Diplômés de l’en-
seignement supé-
rieur
National
Femmes
Hommes
21,7%
21,9%
12,8%
Source: Institut National de la Statistique (INS)
41,9%
Un contexte et des structures économiques faiblement créateurs d’emplois et propices à la
précarité

Malgre un taux de croissance annuel moyen d’environ 4%
au cours des 20 dernie res anne es
3, l’économie tunisienne
ne crée pas suffisamment d’emplois
, notamment quali-
fie s, pour absorber les nouveaux flux d’actifs entrant
chaque anne e sur le marche de l’emploi.
Cette incapacite structurelle de l’e conomie tunisienne a
satisfaire les demandes d’emplois additionnelles, associe e
aux chocs subis ces dernie res anne es (crise mondiale et
bouleversements politiques), s’est traduite par une ag-
gravation du chômage, subie d’abord par les jeunes
actifs et les primo-arrivants
sur le marche de l’emploi.
Dans ce contexte, et du fait de la me connaissance de leurs
droits,
les jeunes sont particulièrement exposés à la
précarité
(recours massif aux Contrats a Dure e De termi-
ne e et aux dispositifs temporaires aide s par l’Etat)
et au
travail informel
.
Les politiques actives du marché du travail ciblent particulièrement les jeunes
Un système éducatif qui peine à répondre aux besoins de l’économie
L’emploi constitue un défi majeur pour la Tunisie
comme en te moignent les diffe rents programmes actifs
pour promouvoir l’emploi et re duire le cho mage mis en
œuvre depuis l’inde pendance. Depuis 1981 et la cre ation
du Fonds d’Emploi des Jeunes, les jeunes, notamment les
jeunes diplo me s primo-acce dant au marche du travail,
sont particulie rement vise s par les Programmes Actifs
d’Emploi. Ne anmoins, il n’existe pas, a proprement parler,
de politique spe cifique pour l’emploi des jeunes en Tunisie.
C’est le Ministère de l'Emploi et de la Formation Profes-
sionnelle
qui est en charge de la conception et de la mise
en œuvre des politiques actives de l’emploi. Celles-ci se
de ploient sur quatre axes principaux: ame liorer l'employa-
bilite , faciliter l'insertion professionnelle, porter assis-
tance a l'insertion et a la re insertion professionnelle des
demandeurs d'emploi et promouvoir l'emploi inde pen-
dant.
Trois acteurs publics jouent un ro le essentiel dans la
mise en œuvre de cette politique :
L’Agence Nationale pour l'Emploi et le Travail Indé-
pendant
(ANETI) : Elle joue un ro le d’interme diation
sur le marche du travail, met en œuvre les programmes
publics de promotion de l'emploi, apporte un appui non
financier a la cre ation de micro entreprises et au travail
inde pendant et prodigue des conseils en emploi et
orientation professionnelle.
L’Agence Tunisienne de la Formation Profession-
nelle
(ATFP) : Elle conçoit et dispense des contenus de
Formation Professionnelle pour jeunes et adultes, e va-
lue les activite s de formation et ge re les Centres de For-
mation dont elle a la charge.
L’Observatoire National de l'Emploi et des Quali-
fications
(ONEQ) : Il de veloppe et ge re le syste me
d'information sur le marche de l'emploi, produit et
diffuse des analyses sur l'emploi et les qualifications.
La dernie re re forme des Programmes Actifs d’Emploi
du 16 octobre 2012 a pre vu 4 nouveaux programmes
pour promouvoir l’emploi:
Le chèque d’amélioration de l’employabilité: Il
permet aux demandeurs d’emploi d’acque rir des
qualifications et des aptitudes pratiques a travers
leur participation a des actions d’accompagnement,
de formation comple mentaire et d’adaptation pro-
fessionnelle.
Le chèque d’appui à l’emploi : Il a pour objet
d’inciter les entreprises prive es a recruter des pri-
mo-demandeurs d’emploi par une prise en charge
partielle des salaires ou des cotisations sociales.
Le programme d’appui aux promoteurs des pe-
tites entreprises :
Il pre voit l’accompagnement des
promoteurs, de l’identification de l’ide e de projet
jusqu’a sa mise en œuvre, y compris par une aide au
financement.
Le programme de partenariat avec les régions
pour la promotion de l’emploi
: ce programme qui
associe dans sa conception, son e laboration et son
exe cution diffe rentes composantes de la socie te ci-
vile, a pour objet d’appuyer des initiatives re gio-
nales ou locales favorables a l’emploi.
Alors me me que l’Etat tunisien consacre près de 20% de
son budget à l’éducation et à l’Enseignement Supérieur
,
les difficulte s que rencontrent les jeunes tunisiens, en parti-
culier les diplo me s, a s’inse rer sur le marche du travail in-
terpellent sur l’ade quation entre les formations offertes et
les besoins de l’e conomie.
Le constat est identique pour le secteur de la formation
professionnelle
qui peine a attirer les jeunes et dont
l’offre de formation est trop souvent de connecte e des
besoins des entreprises.
En outre, le faible attrait qu’exerce le travail indépen-
dant sur les jeunes tunisiens
, met en cause la capacite
du syste me e ducatif a de velopper leur culture entrepre-
neuriale.
De plus en plus de chômeurs répondent au chômage par le découragement, l’inactivité ou la
migration
La durée du chômage des jeunes tend à augmenter : En
2013, 37,7% des jeunes cho meurs e taient inoccupe s depuis
plus de 2 ans.
Le découragement qui en re sulte pousse de nombreux
jeunes à l’inactivité
, notamment les jeunes femmes qui
repre sentent 83% des inactifs non scolarise s a ge s de 15 a
29 ans.
D’autres choisissent d’émigrer, comme l’ont fait de
nombreux tunisiens par le passe . Mais, par rapport a
leurs pre de cesseurs, ils sont plus instruits, mieux forme s
et plus diplo me s.
Bref aperçu du marché du travail tunisien
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3 Bureau International du Travail (BIT), Composante Nationale du projet Régional: Promotion de l’emploi décent des jeunes: Tunisie; Bureau International
du Travail (BIT) et Observatoire National de l’Emploi et des Qualifications (ONEQ),
Transition vers le marché du travail des jeunes femmes et hommes en
Tunisie,
Gene ve, 2014.





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