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10ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation
AEI DAKAR – 6,7 et 8 décembre 2017
L’échec au passage à l’acte entrepreneurial des diplômés issus d’une
formation entrepreneuriale en Tunisie : Rôle de la culture
Manel TOUMI
Doctorante, CEPN – CNRS
Université de Paris XIII- Sorbonne Paris Cité
A2ID1, CR2S-Management,
maneltoumi85@gmail.com
Ali SMIDA
Professeur, CEPN - CNRS,
Université de Paris XIII- Sorbonne Paris Cité
A2ID, CR2S-Management
Alismida@aol.com
Résumé :
Cette communication essaie de conceptualiser l’échec entrepreneurial des diplômés et d’en
proposer une typologie. La conceptualisation et la typologie proposées ici sont articulées
autour de trois dimensions. La première s’appuie sur la théorie du comportement planifié et le
modèle del’évènement entrepreneurial et accorde un rôle prépondérant à l’intention
entrepreneuriale issue d’une formation entrepreneuriale. Dans cette perspective, l’échec
s’exprime en termes de discontinuité et d’instabilité de cette intention. La deuxième
dimension recouvre la théorie des dimensions culturelles et l’approche de la légitimation
sociale (ou approbation morale). Dans cette perspective, l’échec est analysé en termes des
croyances et valeurs culturelles. La troisième dimension accorde un rôle important à la
motivation entrepreneuriale. Selon cette vision, l’échec des diplômés est associé à la
déception personnelle du fondateur suite à la non concrétisation de ses aspirations et attentes
initiales. La conjonction de ces trois dimensions nous a permis de dégager une typologie de 8
catégories d’échec. Ainsi nous avons opposé l’«échec total» à la «réussite entrepreneuriale».
Entre ces deux extrêmes nous avons distingué respectivement 3 scénarios d’ « échec marginal
1 A2ID : Interdisciplinary and International Association of the Decision
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» et 3 scénarios d’ «échec partiel». Pour illustrer cette typologie, nous avons eu recours à une
analyse qualitative exploratoire fondée sur l’étude de cinq cas.
Mots clés : échec entrepreneurial, culture, environnement culturel, typologie, SMOCS.
Introduction:
La majorité des programmes d’enseignement d’entrepreneuriat visent à influencer les
attitudes et les valeurs des individus face à l’entrepreneuriat afin de le présenter comme choix
de carrière possible (Mwasalwiba, 2010). Par ailleurs, il est aujourd’hui connu que les
intentions entrepreneuriales sont fortement influencées par les valeurs, attitudes et croyances
des individus, plusieurs études ont fait la démonstration (Krueger, 1993 ; Krueger et Carsrud,
1993). De nombreuses recherches montrent l’existence d’un lien entre, d’une part, les valeurs
et les croyances de l’individu et, d’autre part, son comportement (Thurik et Dejardin, 2012).
Ainsi, nombreux travaux se sont intéressés à la culture et son impact sur l’activité
entrepreneuriale. Malgré ces nombreuses contributions, la recherche concernant les relations
entre culture et entrepreneuriat en est encore largement à ses balbutiements (Thurik et
Dejardin, 2012). Dans ce cadre, cette communication se penche sur le rôle de la culture dans
la prise de décision de passage à l’acte entrepreneurial des diplômés issus d’une formation
entrepreneuriale. Elle cherche à comprendre comment les différences culturelles au niveau
des régions d’un même pays jouent un rôle dans la décision de passer ou non à l’acte
entrepreneurial.
Sur le plan théorique, nous mobilisons la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991)
et le modèle de l’événement entrepreneurial de Shapero et Sokol (1982) afin d’étudier
l’intention entrepreneuriale et son lien avec le comportement entrepreneurial. Ensuite, nous
faisons appel à la théorie des dimensions culturelles de Hofstede (1980) et l’approche de la
légitimation sociale (ou approbation morale) pour appréhender le role de la culture dans le
passage à l’acte entrepreneurial. Enfin, nous appuyons sur l’approche d’insatisfaction pour
comprendre l’échec du passage à l’acte entrepreneurial.
Sur le plan empirique, nous mobilisons le modèle SMOCS (Smida, 1992) pour la conjonction
des trois dimensions qui couvrent trois ensembles : celui des intentions issues d’une
formation entrepreneuriale, celui de l’échec du passage à l’acte entrepreneurial et celui de
l’environnement culturel. La conjonction de ces ensembles fait ressortir huit catégories de
décisions du passage à l’acte entrepreneurial. Pour illustrer ces différentes catégories, nous
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nous appuyons sur une étude qualitative exploratoire. Ce travail de recherche présente un
double intérêt, théorique et pratique.
De ce fait, notre étude est structurée de la manière suivante : premièrement, nous présenterons
notre cadre théorique (1). Deuxièmement, nous présenterons la typologie des décisions des
diplômés (2). Finalement, (3) nous terminerons par une illustration de cinq cas, et détaillerons
notre cadre méthodologique.
1. Le cadre théorique :
1.1. De
l’intention à
d’entrepreneuriat :
l’acte d’entreprendre :
le
rôle de
l’enseignement
La recherche sur le rôle de l’enseignement à l’entrepreneuriat (Maresch et al, 2016) est basée
sur les modèles d’intentions entrepreneuriales :
-La théorie du comportement planifié (TCP) d’Ajzen (1991), Ajzen (1991, 2011) postule que
le comportement futur d'une personne est précédée d'intention: plus l'intention d'une personne
de se livrer à un comportement spécifique est forte, plus il est probable que le comportement
réel sera effectuée. L’objectif principal de cette théorie est que les intentions contribuent à la
formation d’un comportement donné, à condition que l’individu puisse contrôler d’une façon
volontaire son comportement (Aliouat et Ben Cheikh, 2009). En outre, l'intention d'effectuer
un comportement donné est le résultat de trois antécédents cognitifs: l’attitude envers le
comportement, les normes subjectives et le contrôle comportemental perçu (Küttima et al,
2013 ; Maresch et al, 2016).
-Le modèle d'événement Entrepreneurial de Shapero et Sokol (1982), a été repris et vérifié
par Krueger (1993). Ce modèle explique pourquoi certains tentent l'aventure entrepreneuriale
alors que d'autres choisissent des carrières plus traditionnelles. Ce modèle a permis
d’expliquer le choix entrepreneurial (Benredjem, 2009). Shapero et sokol (1982), dans leur
modèle, ont identifié deux variables principales explicatives de la crédibilité à l’acte
d’entreprendre qui sont : les perceptions de la désirabilité et celles de la faisabilité.
Pour Ajzen (1991), les modèles d’intention donnent une meilleure compréhension de l’action
d’entreprendre. L’utilisation de ces modèles fournit une base théorique solide (Schlaegel et
Koenig, 2014), aussi utile pour sonder l’état d’esprit des étudiants en vue d’identifier à quels
niveaux peuvent se situer d’éventuels blocages à l’esprit entrepreneurial (Boissin, 2006). Ces
modèles sont convenables pour déterminer si les gens vont prendre des mesures pour
démarrer leur propre entreprise et s’ils ont l'intention de les faire (Van Gelderen et al, 2015).
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Plusieurs chercheurs ont appliqué des modèles d’intention à l’acte de création d’entreprise
dans leurs études portant sur des populations d’étudiants ayant reçu une formation en
entrepreneuriat (Krueger et al, 2000; Tounès, 2003; Fayolle et al, 2006 ; Souitaris et al, 2007;
Oosterbeek et al, 2010 ; Sieger et al, 2011 ; Maresch et al, 2016).
Ainsi, les étudiants sensibilisés à l’entrepreneuriat sont plus susceptibles de passer à l’acte et
créer une entreprise (Von Graevenitz et al, 2010 ; Fayolle et al, 2006). Dans le même sens,
nombreuses études indiquent que même si les intentions sont en effet un facteur prédictif
significatif de l'action ultérieure, ils n'expliquent qu'une certaine proportion de la variation de
l'ampleur des mesures prises (Van Gelderen et al, 2015). En fait, les intentions ne sont qu'une
étape intermédiaire sur le chemin de l'action entrepreneuriale. Déjà, une faible proportion
d’individus dotés d’un potentiel entrepreneurial suffisant formulera l'intention d'entreprendre
(Krueger et al, 2000) et une part encore plus faible prendra effectivement l'initiative de créer
une entreprise. Une volonté présente pourrait alors se transformer en un futur impossible.
De ce fait le décalage entre l’intention d’entreprendre et le passage à l’acte se pose réellement
et s’articule autour de phénomène de stabilité ou non de l’intention. Beaucoup ont des
intentions de démarrer leur propre entreprise, mais font peu pour traduire ces intentions en
actions (Van Gelderen et al, 2015).
Alors en faisant référence à ces études, nous constatons qu’il existe un décalage clair et aussi
identifié entre l’intention d’entreprendre et le passage à l’acte réellement chez les diplômés.
Ce décalage peut avoir plusieurs éléments explicatifs. Même si l’intention existe, le milieu
agit sur les décisions du passage à l’acte (Benredjem, 2009).
1.2. La culture et le contexte entrepreneurial :
L'action entrepreneuriale est non seulement une condition nécessaire pour démarrer les
entreprises, mais elle est également importante pour déterminer si une tentative de démarrer
une nouvelle entreprise sera finalement abandonnée (Van Gelderen et al, 2015).
La théorie de comportement planifié met en avant que les programmes d'éducation à
l'entrepreneuriat puissent augmenter les intentions et le comportement des diplômés en
influençant les antécédents de leurs intentions pour démarrer une entreprise (Fayolle et al,
2006). Dans le même cadre, Tounès (2003) a expliqué que l’intention «…se manifeste dans
un environnement spécifique à travers lequel il est possible de canaliser des perceptions et
des attitudes en vue d’atteindre des comportements souhaités…Elle émane de l’individu
mais pour devenir réalité, elle dépend de l’environnement culturel, social et
économique… Elle est certes, avant tout, une volonté personnelle, mais elle dépend
également de l’influence des variables contextuelles ».
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Pour Fayolle (2004), le comportement entrepreneurial c’est l’ensemble des attitudes des
comportements, pression sociale et normes subjectives et les attitudes concernant le contrôle
et la maîtrise du comportement.
Pour comprendre le passage à l'action, deux types principaux de déterminants ont été mis en
avant, à savoir l'individu avec certaines caractéristiques, compétences et perceptions et son
contexte qui va lui conduire au comportement (Degeorge, 2016). Ainsi, les choix
professionnels des étudiants et des jeunes diplômés et leurs caractéristiques sont influencés
par un certain nombre de facteurs environnementaux (Abbès et al, 2016). Dans ce sens, nous
mettons l’accent sur le contexte culturel et son rôle dans l’acte entrepreneurial.
Déjà il y a une multitude des définitions pour le concept de la culture (Tounès et Assala,
2007). La définition que nous adoptons dans le cadre de cette recherche est celle d’Hofstede
(1980). Dans cette définition, la culture est désignée comme un système de valeurs
collectives. Ces dernières portées collectivement par les individus, en fonction de leur
intensité (importance pour l’individu) et de leur direction (bonne ou mauvaise), vont
déterminer les croyances et les comportements (Tounès et Assala, 2007). Le programme
mental de Hofstede (1980) se décline à trois niveaux différents et non disjoints : universel,
collectif et individuel. Le premier concerne toute l’humanité et renvoie au fonctionnement
biologique de l’espèce. Le deuxième désigne un nombre réduit de personnes appartenant à des
groupes plus ou moins homogènes les distinguant des autres groupes (régions, pays..). Le
dernier niveau est propre à chaque individu (Tounès et Assala, 2007).
Dans une synthèse de la littérature, Singh et Parashar (2005) décrivent l’ensemble des
composantes culturelles à travers cinq groupes d’antécédents. A savoir, les éléments les plus
marquants de la culture l’histoire et la géographie, auxquels s’ajoutent des éléments
contemporains tels que l’identité sociale, les paramètres économiques et les facteurs
institutionnels (Tounès et Assala, 2007).
Aussi, nous nous basons sur l’approche par la légitimation sociale pour comprendre le
contexte culturel pour l’acte d’entreprendre. Dans cette approche, l’attention doit se focaliser
sur l’impact des normes sociales et des institutions sur la société dans son ensemble (Thurik et
Dejardin, 2012). Une plus grande intensité entrepreneuriale peut alors être observée dans les
sociétés où l’entrepreneur reçoit un statut social élevé, où le système éducatif donne sa place à
l’esprit d’entreprendre, et où l’environnement législatif et fiscal va dans le sens d’un
encouragement à la prise d’initiative (Etzioni, 1987). Ainsi, pour les tenants de la légitimation
sociale (ou approbation morale), l’esprit d’entreprendre plus développé de certains pays
s’explique par l’incidence globale de la culture et d’institutions favorables. On entend par là le
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fait que l’individu opte pour l’entrepreneuriat parce que, selon ses attentes, une situation
meilleure en découlera pour lui, que ce soit d’ailleurs d’un point de vue matériel ou non
matériel. En faisant, référence à une situation de tension voire une situation conflictuelle pour
l’individu, tiraillé entre sa condition courante, qu’il estime insatisfaisante, et ses préférences
(Thurik et Dejardin, 2012). En fait, même si les jeunes diplômés possèdent les compétences
essentielles à la réussite, ils n’arrivent pas à faire survivre leur entreprises si le contexte est
défavorable (Smida et Khalil, 2010). Donc, la prédominance du contexte entrepreneurial
limite la liberté de décider de l’avenir des jeunes diplômés (Smida, 2006).
1.3. La décision d’entreprendre et l’insatisfaction :
Parmi toutes les décisions que le créateur d’une entreprise est amené à prendre l’une est
spécifique et n’appartient qu’à lui ; à savoir la décision de créer une entreprise. Devenir
entrepreneur ou ne le devenir pas est une décision fondatrice pour l’entrepreneur (Hernandez,
2006) aussi c’est une décision très risquée (Smida et khalil, 2010).
La décision de l'action entrepreneuriale est non seulement une condition nécessaire pour
démarrer les entreprises, mais elle est également importante pour déterminer si une tentative
de démarrer une nouvelle entreprise sera finalement abandonnée (Van Gelderen et al, 2015).
En fait l’intention ne suffit pas, il faut la décision qui se traduit par le passage à l’acte
entrepreneurial (Hernandez, 2006). En fait, l’individu, agissant dans un environnement et un
contexte donnés, se construit une vision et une intention entrepreneuriale (George, 2016).
En fait, le processus de création d’entreprises apparaît pour les jeunes comme une période de
transition importante : transition entre la vie estudiantine et la vie professionnelle (Khelil et
Khiari, 2013). Là où, il va apparaitre le rôle important de la prise de la décision
d’entreprendre.
En fait, parmi les critères que l’on peut retenir pour définir la réussite des entreprises
émergentes sont celles qui sont liées à la satisfaction de l’entrepreneur (Cooper et Artz, 1995 ;
Murphy et Callaway, 2004). Selon Cooper et Artz (1995), la satisfaction individuelle de
l’entrepreneur est une mesure pertinente de la performance des nouvelles entreprises. Ils
ajoutent que la satisfaction de l’entrepreneur est déterminante pour décider du sort de son
entreprise. Donc la satisfaction est considérée comme un facteur qui joue un rôle important
dans la décision de poursuivre ou d’arrêter l’activité entrepreneuriale (Smida et khelil, 2010).
D’où, les entrepreneurs qui ont réussi sont donc ceux qui sont satisfaits du fait qu’ils ont
concrétisé leurs aspirations et attentes initiales. A contrario, les entrepreneurs qui ont échoué
sont ceux qui sont insatisfaits du fait qu’ils n’arrivent pas à exaucer leurs souhaits (Smida et
khelil, 2010).
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Dans cette perspective, l’échec est jugé à partir de la déception personnelle du fondateur suite
à la non-concrétisation de ses attentes initiales. C’est dans ce cadre que s’inscrit la dimension
psychologique de l’échec centrée sur la motivation intrinsèque de l’entrepreneur. S’inscrivant
dans la même vision, Cannon et Edmondson (2001) définissent l’échec comme une déviation
par apports aux résultats désirés. Pour un entrepreneur, l’échec peut être effectif lorsqu’il
n’arrive pas à satisfaire ses besoins de pouvoir ou d’indépendance ou encore de richesse
(Moreau, 2007).
Nous faisons recours à l’approche par l’insatisfaction Ici, l’explication de différences quant à
l’activité entrepreneuriale mesurée au niveau de pays ou de régions tient aux différences de
valeurs et de croyances des entrepreneurs potentiels comparativement à la population dans
son ensemble (Thurik et Dejardin, 2012). La relation attendue entre indicateurs culturels et
entrepreneuriat peut donc être contraire à ce qu’elle serait selon l’approche par la légitimation
sociale (Noorderhaven et al, 2004).
2. Les scénarios ou catégories d’échec du passage à l’acte entrepreneurial des
diplômés :
2.1.
Le modèle d’inspiration : modèle SMOCS de Smida (1992) :
Nous nous intéressons à comprendre l’échec au passage à l’acte entrepreneurial des diplômés.
Nous basons sur la littérature qui traite de la prospective, du management stratégique et de
l’entrepreneuriat, le modèle qui peut être applicable dans notre cadre de recherche, est le
modèle SMOCS (Smida, 1992, 1995, 2007). S’inspirant de la théorie des ensembles
(Diagramme de Venn) et s’appuyant sur les concepts de la prospective, Smida (1992) a
initialement conçu le modèle SMOCS pour délimiter et étudier les différentes combinaisons
d'avenirs. En combinant les trois catégories d’avenirs (les contraints, les possibles et les
souhaitables), ce modèle est utilisé pour choisir les stratégies futures destinées à mieux
satisfaire les attentes, à mieux utiliser les moyens d’action et à faire face aux contraintes
(Smida, 2007). En effet, le modèle SMOCS est utilisé dans plusieurs optiques : Pour
comprendre les contraintes de la décision (Smida, 2003); pour conceptualiser et modéliser les
moments de prise de décision stratégique (Smida, 2006a), pour expliquer l’irrationalité d’une
décision stratégique d’une façon générale (Smida, 2006b), pour comprendre l’échec
entrepreneurial (Smida et Khelil, 2010) et même pour comprendre et analyser d’autres
concepts stratégiques (Smida et Gomez-Mejia, 2010).
En nous appuyant sur le modèle SMOCS (figure 1), nous relevons les trois dimensions qui
constituent, à notre avis, un tout indissociable pour comprendre l’échec de passage à l’acte.
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Notre «conceptualisation» s’articule alors autour des éléments suivants: le contexte culturel et
institutionnel, la formation entrepreneuriale et l’abandon du passage à l’acte entrepreneurial.
Figure 1 : Typologie des moments de décision (adapté de Smida 2006)
2.2. Une configuration des scénarios d’échec du passage à l’acte entrepreneurial :
En ayant recours à notre cadre théorique et en s’appuyant sur le modèle SMOCS nous avons
dégagé les dimensions qui ont un rôle dans l’échec au passage à l’acte entrepreneurial des
diplômés: l’environnement culturel, l’intention entrepreneuriale et l’insatisfaction de diplômé
(futur entrepreneur) (figure 2).
Avant d’expliciter les différentes catégories ou scénarios (figure 3), il convient de définir les
trois espaces : L’espace C (environnement Culturel) regroupe l’ensemble des croyances et
valeurs liés à la culture entrepreneuriale des jeunes diplômés porteurs de projets qui peuvent
bloquer la concrétisation de l’acte entrepreneurial. L’espace I (Intention Entrepreneuriale)
regroupe principalement les programmes d’enseignement entrepreneurials qui peuvent se
concrétiser par le développement de l’intention d’entreprendre mais qui peut être non
suffisant à la concrétisation de l’acte entrepreneurial. Enfin, l’espace A (Abandon de la
création d’entreprise) regroupe
l’ensemble des
jeunes diplômés de
l’enseignement
universitaire porteurs des projets qui ont échoué dans leur passage à l’acte entrepreneurial.
Cet échec est lié directement au non concrétisation de leurs aspirations et attentes initiales.
L’environnement
Culturel (C)
L’Intention
Entrepreneuriale
(I)
8
L’Abandon de l’acte
entrepreneurial (A)









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Figure 2 : Les dimensions de l’échec au passage à d’acte entrepreneurial des diplômés.
La combinaison de ces trois dimensions permet de dégager une typologie de 8 catégories
(Smida, 1995) (figure 2). Bien entendu, il ne s’agit pas de proposer une typologie qui prétend
couvrir la totalité des configurations des apprenant (Khalil et khiari,2013), mais plus
précisément les diplômés porteurs de projets de création d’entreprise pour mieux comprendre
le non passage à l’acte entrepreneuriale de ces derniers.
L’environnement Intention
Culturel et institutionnel Entrepreneuriale
C I
CI
CIA
CE IE
A
Espace «CIA»
S*
L’abandon de l’acte entrepreneurial
Le passage à l’acte entrepreneurial
Figure 3 : Typologie des diplômés qui ont échoué à passer à l’acte entrepreneurial.
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Ainsi nous avons opposé l’« abandon de l’acte entrepreneurial » au «passage à l’acte
entrepreneurial».
- Les cas extrêmes :
La catégorie de scénario des diplômés qui ont passé à l’acte entrepreneurial qui peut être
qualifiée par une réussite : En dehors des trois espaces définis précédemment, nous retrouvons
le cas «S*». Cette catégorie se définit par les diplômés qui n’appartiennent pas aux 3 espaces
prédéfinies. En fait, ce sont les diplômés qu’ont pu passer à l’acte entrepreneurial en
concrétisant leurs intentions en acte réel d’entreprendre et qui ont un environnement culturel
très favorable à l’entrepreneuriat.
La catégorie de scénario de l’échec total «CIA»: Les diplômés qui appartiennent à cet
espace, sont ceux qui ont eu une formation entrepreneuriale universitaire et qui a donné
comme résultat le développement d’une intention d’entreprendre. Cette dernière est qualifiée
d’insuffisante pour qu’elle soit concrétisé en acte réel. Aussi, ces diplômés se trouvent dans
un environnement culturel défavorable à l’acte entrepreneurial. Cette situation s’explique
essentiellement par une formation entrepreneuriale qui n’a pas pris en considération le
développement des compétences nécessaires et aussi les motivations importantes au
dépassement d’un environnement défavorable à l’acte entrepreneuriale, l’entrepreneuriat n’est
pas considéré comme une voie de carrière professionnelle et qui ne répondra pas aux attentes
de ces diplômés. C’est la catégorie la plus intéressante, son analyse nous permettra de bien
dégager et déterminer les facteurs d’échec au passage à l’acte entrepreneurial liés aux trois
dimensions.
Entre ces deux catégories extrêmes, nous distinguons les catégories des diplômés qui ont pris
la décision d’abandon l’acte entrepreneurial «unidimensionnelle» et « bidimensionnelle».
- Les catégories de décision unidimensionnelle :
La catégorie de scénario C : Cette catégorie regroupe les diplômés qui ne sont pas issus
d’une formation entrepreneuriale et ils ne s’intéressent pas à l’acte entrepreneurial et à la
création d’entreprise. Ils se trouvent dans un l’environnement et un contexte culturel
(croyances et attitudes) défavorables à l’acte entrepreneurial. Ce dernier n’est pas considéré
comme voie professionnel possible et faisable. Leurs entourages dévalorisent le statut
d’entrepreneur et le considère comme source d’inquiétude. Donc la décision d’abandon de
l’acte entrepreneurial est imposée par l’environnement culturel
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La catégorie de scénario I : Cette catégorie regroupe les diplômés qui ont fait une formation
entrepreneuriale. Cette dernière a bien développé leurs intentions d’entreprendre mais ils
n’ont pas pris encore la décision de passage à l’acte entrepreneurial et la création d’une
entreprise. Ce non passage à l’acte entrepreneurial est du à un niveau d’intention
entrepreneuriale non stable et non suffisant.
La catégorie de scénario A : Cette catégorie regroupe les diplômés qui n’ont pas créé des
entreprises car ils ont pris la décision de l’abandonner même s’ils se trouvent dans un
environnement favorable où ils peuvent bien identifier et exploiter les opportunités pour
développer une activité entrepreneuriale. Ces diplômés ne sont pas issus d’une formation.
Cette décision d’abandon peut être due à leur insatisfaction de la situation et aussi à un
manque de motivation et volonté d’engagement dans l’expérience entrepreneuriale. Les
facteurs d’échec dans cette catégorie peuvent être directement liés au diplômés même (les
traits de sa personnalité, ses capacités…etc.)
- Les catégories de décision bidimensionnelle :
La catégorie de scénario CI : Cette catégorie recouvre les diplômés qui ont fait une
formation entrepreneuriale. Cette dernière a influencé leur intention d’entreprendre mais qui
était affaiblie par un environnement culturel et institutionnel défavorable à l’acte
entrepreneurial. Cette zone peut nous donner les facteurs environnementaux qui bloquent la
concrétisation de l’intention entrepreneuriale développée par l’enseignement entrepreneurial.
La catégorie de scénario CA : Cette catégorie regroupe les diplômés qui ont pris la décision
de ne pas passer à l’acte entrepreneurial. Cette décision est due et imposée par leur
environnement défavorable à l’acte entrepreneurial. Cet environnement culturel a affaiblie
leurs motivations entrepreneuriales et mis en avant l’incohérence entre leurs attentes et la
réalité. Pour ces diplômés, l’entrepreneuriat ne peut pas être une voie de carrière
professionnelle.
La catégorie de scénario IA : Cette catégorie regroupe les diplômés qui ont fait une
formation entrepreneuriale et qui ont décidé de ne pas créé des entreprises. Leurs intentions
d’entreprendre n’étaient pas suffisantes pour qu’ils puissent la concrétiser en acte réel. Cette
formation n’a pas pu développer les compétences et les connaissances entrepreneuriales
nécessaires pour que ces diplômés porteurs de projets puissent créent leurs entreprises.celà a
affaibli leurs motivations pour le lancement dans l’aventure entrepreneuriale.
Dans ce scénario nous pouvons dégager les facteurs d’échec dus à la formation
entrepreneuriale : la décision d’abandonner de l’acte entrepreneurial peut être imposée par les
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lacunes et les manques de cette formation. Mais aussi par l’insatisfaction des diplômés et le
manque de la motivation.
3. Une illustration des catégories ou scénarios d’échec :
Nous tenterons dans un premier temps d’expliciter notre choix méthodologique. Après avoir
précisé la manière dont nous avons constitué notre terrain, nous analysons les cas étudiés et
nous présenterons les apports du terrain.
3.1. La méthodologie de recherche :
Le but principal de notre étude est de comprendre le rôle de la culture dans la prise de
décision de passage à
l’acte entrepreneurial des étudiants
issus d’une formation
entrepreneuriale et cherche à comprendre comment les différences culturelles au niveau des
régions de même pays permettent de démarquer le comportement entrepreneurial des
diplômés. Ayant pour objectif d’illustrer les scénarios d’échec du passage à l’acte
entrepreneurial, nous avons eu recours une démarche qualitative s’appuyant sur l’étude de cas
dite «collective» (Smida et Khelil, 2010). Il s’agit d’un dispositif de recherche dans lequel
plusieurs cas sont à étudier (David, 2003) simultanément pour mieux circonscrire un
phénomène à partir de cas multiples dans une optique plutôt exploratoire (David, 2003)que
confirmatoire. Selon Hlady Rispal (2002), cette approche «instrumentale» de l’étude des cas
est appropriée dans les situations ou le chercheur veut illustrer des phénomènes préalablement
définis dans un modèle théorique (Smida et Khelil, 2008,2010). Nous allons nous baser sur
les réflexions
théoriques explicitées précédemment. Cependant,
l’ambition de cette
communication est non seulement d’illustrer les catégories d’échec du passage à l’acte
entrepreneurial, mais aussi d’essayer de garantir une analyse plus rigoureuse. Cela en
effectuant une analyse comparative des deux régions tunisiennes qui ont les mêmes
caractéristiques économiques.
Pour aller sur ce terrain, nous avons construit un guide d’entretien, instrument de recueil des
données, semi-directif structuré par des questions ouvertes afin d’avoir le maximum
d’informations surtout concernant l’environnement culturel et leur décision d’abandon de
l’acte entrepreneurial. Ce guide s’articule autour des trois dimensions à savoir : la décision de
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la création d’entreprise, l’intention d’entreprendre issue d’une formation entrepreneuriale et
l’environnement culturel.
Pour la collecte des données, notre travail a commencé par une étape préliminaire pour
repérer les cas sur lesquels s’appuiera en priorité notre investigation. Au départ nous avons
choisi pour mener notre analyse 10 diplômés porteurs de projet formés en entrepreneuriat. En
faisant référence au principe de saturation2 et de l’information supplémentaire énoncé par
Andréani et Conchon (2005) et respectant les normes d’une étude exploratoire, Eisenhardt
(1989) recommande de retenir de 4 à 10 cas. Nous avons sélectionné 5 cas puisqu’en menant
l’entretien N°5 nous avons estimé avoir le niveau de saturation. Pour notre étude, l’analyse
des données recueillis a été basée sur l’analyse de contenu proposé par Bardin (1977). Nous
prétendrons que les cas retenus constituent un terrain convenable pour illustrer notre étude.
3.2. Analyse et interprétation des cas :
L’analyse et l’interprétation de 5 mini-cas, présentant l’expérience tunisienne, montre que
l’échec et le blocage au passage à l’acte entrepreneurial pour les diplômés n’est pas toujours
lié au manque des ressources matérielles.
Tableau 1 : Principales caractéristiques des cas
Les
L’âge
Le sexe
Le secteur
La ville
Scénarios
initiales
des noms
d’activité
d’origine et
de
du projet
d’habitation
typologie
Cas E1
S.H
28 ans
Masculin
Service
Cas E2 A.J
27 ans
Masculin
Service
Sousse
Sousse
IA
CA
Cas E3 W.A
Cas E4 L.F
Cas E5 A.M
28 ans
26 ans
25 ans
Masculin
Industrie
Kasr Hellal
CIA
Féminin
Service
Sousse
CIA
Féminin
Industrie
Ksar hellal
A
Les diplômés interrogés ont le même niveau d’instruction, ils sont titulaires de même diplôme
du « master professionnel en entrepreneuriat» (bac+6), de la même institution qui est L’Institut
Supérieur de Gestion (ISG) de Sousse (ville située à la région du SAHEL en Tunisie).
A la différence des études faites sur la formation entrepreneuriale et sa relation avec le
passage à l’acte, mettant l’accent sur l’intention comme un élément explicatif de création
d’entreprise, nous avons supposé que l’intention d’entreprendre est un résultat évident de la
2 Selon Andréani et conchon (2005) le critère de saturation suivant lequel le recueil de l’information continue
tant que l’étude découvre des éléments nouveaux. Lorsque la recherche a l’impression de ne plus apprendre de
nouveau, l’étude s’arrête et la taille de l’échantillon est considérée comme optimale.

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formation entrepreneuriale. En fait, nous avons trouvé que les 5 cas ont eu l’intention dés le
premier cours en entrepreneuriat. Cela est dans le même sens que les résultats des travaux de
Tkachav, Kolvereid (1999), Fayolle (2006); Tounès (2003, 2006) ; Boissin et al (2005,
2009) ; Boissin, Emin (2007) et Maresch et al (2016). Les intentions d’entreprendre sont les
meilleurs prédicteurs du comportement entrepreneurial des diplômés. Ainsi les 5 cas ont jugé
que l’intention entrepreneuriale n’est que la première étape dans la décision d’entreprendre ou
pas. Cela rejoint les résultats de Van Gelderen et al (2015).
Ainsi, même avec l’influence de la formation entrepreneuriale durant le parcours universitaire
pour les 5 cas étudiés, nous avons remarqué que il y un décalage entre l’obtention du diplôme
(où le niveau de l’intention d’entreprendre est jugé élève) et la réflexion au passage à l’acte
d’entreprendre. Ce résultat est dans le même sens que celui de l’étude longitudinale de Van
Gelderen et al (2015) dans laquelle ils ont montré que dans un laps d’un an seulement 30% de
l’échantillon ont pris des mesures envers l’entrepreneuriat. De même, les cinq cas ont jugé
que l’aspect pratique et réel était totalement absent dans les approches d’enseignements
d’entrepreneuriat utilisées.
Pour les cas E1 et E5, leurs échecs n’étaient pas liés directement à leur environnement
culturel. Pour E1 c’est la combinaison entre une intention entrepreneuriale affaibli par le
manque de la motivation et l’hésitation. En fait, le cas E1 a un entourage motivant à
l’entrepreneuriat (famille et amis) mais cela est insuffisant pour qu’il se lance dans le domaine
et l’aventure entrepreneurial. Il a trouvé qu’il y a une incohérence entre la cadre théorique et
le terrain réel du travail (manque des connaissances et compétences entrepreneuriales, non
utilité des connaissances acquises). Cela a influencé son niveau d’intention entrepreneuriale et
l’a affaibli.
Pour le cas E5, elle a jugé que son échec est du à son caractère un peu spécial. Elle juge son
projet comme non réalisable et infaisable et même si elle le réalise ca sera un échec et source
des problèmes. Pour ce cas l’implication de son entourage dans le domaine entrepreneurial a
joué un rôle inverse (non motivant).
Ainsi pour les 5 cas étudiés, l’orientation vers le travail indépendant (la création de son propre
entreprise) n’est pas considérée comme alternative ou solution à un chômage possible. Ce
résultat est en contradiction avec les résultats trouvés par Tounès et Assala (2007). La
cinquième dimension d’Hofstede et Bond (1987) n’est pas confirmé avec les cinq cas
analysés
. Nous trouvons que la dimension de l’individualisme d’Hofstede (1980, 1993) n’est
pas confirmée avec les cas étudiés. Ainsi nous avons trouvé que les cas analysés n’ont pas de
problème avec leur dépendance de leur famille. Cela peut être justifié par la culture de la
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solitude familiale en Tunisie. Cela peut être ajouté aux dimensions qui traites la culture et ses
influences.
Aussi les cinq cas étudiés ne donne pas d’importance à la dimension la distance hiérarchique.
Cela rejoint les résultats trouvés par Tounès et Assala (2007). L’absence de cette dimension
est du au changement qui se trouve dans le pays (après la révolution les employées ont plus de
forces dans leur travail).
Pour les autres cas (E2, E3 et E4), qui illustrent l’échec total «CIA», c’est leur environnement
qui a joué un rôle bloquant à la concrétisation de leur projet. Ce qui a influencé leurs
intentions d’entreprendre et rendu le comportement entrepreneurial insatisfaisants pour eux.
Leur entourages (et eux-mêmes) ont la culture que l’entrepreneuriat ne fournit pas un futur
stable .L’entrepreneuriat ne va pas leurs permettre d’atteindre la réussite et le succès (de coté
d’argents et rentabilité économique). Cela rejoint les résultats d’Hofstede (1980) par rapport à
la dimension de contrôle d’incertitude. En plus quelque chose de spécifique à la culture des
régions étudiées, pour se lancer dans l’entrepreneuriat, il faut avoir au moins un dans la
famille qui un revenu fixe et stable.
En particulier, le cas E4 avait l’idée que l’entrepreneuriat n’est pas une carrière pour les
femmes plutôt c’est un domaine pour les hommes. Pour elle l’entrepreneuriat n’est qu’un
modèle théorique pour les femmes ne peut pas être réalisable. Conformément aux normes
sociales, elle n’a pas valorisé et contribué à l’affirmation de soi et à la réussite matérielle de la
femme. Cela rejoint les résultats trouvés par Tounès et Assala (2007).
Le cas E3 a terminé ces études avec un niveau d’intention très fort et il était bien motivé. Le
manque de financement lui a bloqué dans son passage à l’acte entrepreneurial, il a fait recours
à sa famille (son père) pour un soutien financier mais il n’a pas pu le convaincre. Le recours à
son père et non pas aux organismes spécialisés dans le financement des projets (comme les
banques) est à cause des croyances et valeurs liées à la religion. Ces dernières interdissent les
intérêts exigés par les banques dans le cas d’un crédit. Donc, nous trouvons une autre
dimension culturelle qui est la religion. Cette dimension n’était pas parmi les dimensions de la
culture d’Hofstede (1980,1993). L’entourage de ce diplômé a mis en avant ces croyances et
valeurs liées à la religion pour le convaincre de changer de vision et de choix de carrière.
Ces résultats sont un peu inattendus surtout que les deux villes choisis ont la réputation d’une
zone économique bien développé, une ouverture d’esprit dans le mode de vie. Mais cela
n’était pas reflété sur leur vision à l’entrepreneuriat. Surtout après la révolution il y a eu un
recul en arrière avec un peur de l’engagement dans une aventure pareil. Donc nous constatons
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que il y a pas de différences au niveau collectif de la culture (entre les deux régions) peut être
la différence est au niveau individuel (tout dépend de la situation sociale).
CONCLUSION :
Le recours principal au modèle SMOCS (Smida, 1992, 1995, 2006a, 2007) permet de
proposer une typologie de l’échec au passage à l’acte entrepreneurial des diplômés. Trois
dimensions qui ont un rôle dans le blocage de l’orientation des étudiants diplômés vers cet
acte d’entreprendre ont été explicitées à savoir l’environnement culturel, l’intention
entrepreneuriale issue de la formation entrepreneuriale et l’abandon de l’acte entrepreneurial
(insatisfaction de la situation). La conjonction de ces trois dimensions nous a permis de
distinguer huit scénarios de ces diplômés. Ainsi, ces scénarios sont les cadres convenables à la
détermination des facteurs d’échec au passage à l’acte entrepreneurial : les facteurs liés à
l’environnement, facteurs
liés aux programmes d’enseignement et
la formation en
entrepreneuriat et aussi les facteurs qui sont liées au diplômé même. Ce travail de recherche
présente un double intérêt, théorique et pratique. Sur le plan théorique, il permet une typologie
des décisions en fonction de l’intention entrepreneuriale des diplômés, leur passage à l’acte
entrepreneurial et leur contexte culturel et institutionnel. Sur le plan managérial, il se veut un
outil d’aide à la décision et donc aussi d’efficacité au service des décideurs : étudiants,
universités, responsables de l’ingénierie de la formation en entrepreneuriat, pouvoirs publics,
etc.
Des travaux montrent que la démarche d’élaboration de business plan est la plus utilisée dans
des formations d’entrepreneuriat, mais elle est aussi très contestée et apparaîtrait contre-
productive (Honig, 2004 ; Verzat, 2009). Les formations en entrepreneuriat sont susceptibles
de fournir les aptitudes et de nourrir la confiance dont on a besoin pour passer à l’acte (Dyer,
1994). Ainsi, en adaptant notre proposition de typologie des diplômés qui ont échoué dans le
passage à l’acte entrepreneurial, l’université peut mieux dégager les lacunes de formations
entrepreneuriales adoptées. A cet effet, il est nécessaire de mettre en œuvre des moyens et des
outils susceptibles d’accompagner les étudiants dés leurs sorties de l’université pour qu’ils
puissent créer leurs propres affaires sur le marché et réaliser le passage à l’acte
entrepreneurial. Ce qui va aider à la modernisation des programmes d’enseignements de
l’université et à l’élaboration des moyens de progrès pour répondre aux attentes des étudiants
et des parties prenantes.
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