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Les caractéristiques de la dynamique entrepreneuriale dans les pépinières
d’entreprises en Tunisie

Institut Supérieur des Etudes Technologiques de Sousse
ISET de Sousse
Chortani.o@voila.fr
Oualid CHORTANI
Résumé
Cette communication se veut une occasion pour faire le point sur les percées de l’activité
entrepreneuriale en Tunisie qui ne cesse de prendre des mesures avant-gardistes à l’égard de
l’action entrepreneuriale.
Nous insistons sur le fait que l’entrepreneuriat est surtout une affaire de personnes, chez qui il
est possible de faire émerger l’esprit et le goût d’entreprendre, ainsi que de développer les
compétences nécessaires pour réussir. Il y a cependant des conditions réputées indispensables
dans l’environnement global, mais aussi et surtout dans le milieu immédiat des entrepreneurs.
Nous verrons entre autres, que le développement de l’esprit d’entreprendre, dans un milieu
donné notamment les pépinières d’entreprises, relève autant de facteurs reliés aux personnes,
c’est-à-dire, aux entrepreneurs eux-mêmes, à leur famille, à leur évolution dans un
environnement donné, qu’à la localisation proprement dite de l’entrepreneur.
Le souci majeur de cette communication est d’élucider que l’entrepreneuriat peut se
développer chez les personnes à condition que l’environnement soit facilitateur et valorisant
pour les entrepreneurs. Plus un milieu se donne les éléments d’une culture entrepreneuriale
riche, plus les entrepreneurs émergent et se développent tôt dans la vie.
À partir d’un modèle descriptif, on essaie de présenter les principales influences de la
l’entrepreneuriat dans les pépinières d’entreprises afin de mieux en comprendre la dynamique,
et surtout d’identifier les moyens d’interventions capables de stimuler une culture
entrepreneuriale porteuse de développement au sein de cette structure.

Champs thématique : formation et recherche en entrepreneuriat, esprit d’entreprendre.
Mots-clés :
Entrepreneuriat, pépinières d’entreprises, entrepreneur.
1. Introduction
Il va sans dire qu’en Tunisie, le domaine de l’entrepreneuriat ne cesse de connaître un
essor prompt et sans précédent. Ceci s’inscrit sous l’égide de la volonté visionnaire des
pouvoirs publics tunisiens pour résorber le problème de chômage d’une part et pour déployer
une culture entrepreneuriale s’incarnant dans le développement de l’action entrepreneuriale
d’autre part.
Dans le même ordre d’idées l’adhésion de la Tunisie à l’organisation mondiale de
commerce (OMC), ainsi que la signature des accords de GATT, ont fait de l’économie
tunisienne une économie caractérisée par le libéralisme, le développement et la concurrence.
En conséquence, nous avons assisté à un désengagement de l’Etat –quant à la propriété des
entreprises publiques et du choix de l’investissement public- via une privatisation accrue.
Les choix stratégiques des pouvoirs publics se traduisent par l’incitation aux investissements
privés et par conséquent au développement de l’action entrepreneuriale.
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En fait, plusieurs indicateurs justifient l’encouragement de l’initiative privée à l’instar
de la promulgation du «code d’incitation aux investissements» qui ne cesse d’offrir une
panoplie d’avantages fiscaux et financiers qui va de paire avec la mise en place d’un
environnement institutionnel propice à l’émergence des nouveaux entrepreneurs. De même,
les universités ainsi que les établissements qui en relèvent, les institutions de formation
professionnelle et les structures d’appui et d’accompagnement à la création d’entreprises -
dont les plus importantes sont les pépinières d’entreprises- sont les piliers de l’environnement
institutionnel dédiés aux futurs entrepreneurs.
Dans cette perspective, nous essaierons de scruter l’une des composantes -de cet
environnement institutionnel- réputées stimulatrices de l’action entrepreneuriale à savoir les
pépinières d’entreprises. Ces dernières constituent un environnement d’accueil et
d’accompagnement des créateurs d’entreprises devant fournir un appui à la formalisation de
leurs projets et une aide au développement de leurs entreprises dans les premières années de
leurs activités. En fait, les entrepreneurs incubés dans les pépinières ne présentent pas une
«…une catégorie de population homogène…nous parlerons plutôt d’un paysage
entrepreneurial diversifié…plusieurs typologies peuvent être proposées. Citons tout d’abord le
découpage des entrepreneurs en fonction de leur profil de formation et de leur relation au
savoir…» (Denieuil, 1995).
Cette communication se veut une occasion pour mettre en exergue explicitement
l’influence de l’environnement socio-économique sur le profil des entrepreneurs incubés dans
les pépinières d’entreprises et implicitement l’influence sur l’action entrepreneuriale. En fait,
le souci majeur de cette étude exploratoire est de répondre à la question fondamentale
suivante:
Quel est le profil entrepreneurial des entrepreneurs hébergés dans les pépinières
d’entreprises en Tunisie?
La réponse à cette question est de nature à proposer une description dynamique des
entrepreneurs incubés dans les pépinières d’entreprises en Tunisie notamment celles de
Sousse, Ksar Hellal et de Mahdia.
Nous signalons que plusieurs études portant sur l’entrepreneuriat ont été menées dans
le contexte tunisien sur l’entrepreneuriat immigré (Cf. Chichi Y.) et l’essaimage (Cf.
Mezhoudi 2001, Zghal 2002).
2. Cadre conceptuel de l’entrepreneuriat
Il n’est certes pas question, ici, de résumer toutes les approches disciplinaires et toutes
les écoles de pensée qui ont contribué à la genèse de l’entrepreneuriat. D’autant plus que ce
domaine est éclaté et que de multiples angles de vue ont été adoptés par des économistes, des
historiens, des sociologues, des psychologues, des spécialistes des sciences de gestion ou des
sciences du comportement. Sans entrer dans un débat visant à comparer des référentiels
(francophone/ anglo-saxon) notre propos dans cette communication est simplement de
caractériser, à partir des publications offertes par les revues scientifiques dominantes dans le
champ de l’entrepreneuriat les écoles de pensée qui nous semblent jouer actuellement un rôle
structurant.
2.1. L’émergence organisationnelle
Le premier courant, initié par Gartner, défend l’idée que l’entrepreneuriat est la
création d’une nouvelle organisation. Dans cette perspective, étudier l’entrepreneuriat revient
à étudier la naissance de nouvelles organisations, c’est-à-dire les activités permettant à un
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individu de créer une nouvelle entité. L’émergence organisationnelle est le processus
d’organisation qui mène à une nouvelle organisation. Cette conception fédère une
communauté de chercheurs. On peut rattacher à ce courant le chercheur français Thierry
Verstraete (2001).
Dans cette approche, les chercheurs s’intéressent tout autant, sinon plus, à la création
d’organisation, sous-ensemble (insuffisamment étudié) de la théorie des organisations, qu’à
l’entrepreneuriat. D’autre part, en fonction du mode d’exploitation retenu pour valoriser une
opportunité ou une invention, création d’une nouvelle entité ou utilisation d’une organisation
existante, le processus en question, dans cette conception, est entrepreneurial ou ne l’est pas.
Enfin, toutes les créations d’organisations ne conduisent pas à des situations où l’intensité du
changement pour l’individu et l’importance de la création de valeur se situent à un niveau
élevé. Des entreprises peuvent être créées par imitation, par reproduction ou encore dans le
but de transférer une activité existante.
2.2. L’identification et l’exploitation des opportunités d’entreprendre
La deuxième conception, basée sur la notion d’opportunité entrepreneuriale, est ancrée
dans les travaux fondateurs de Shane et Venkataraman. Le champ de l’entrepreneuriat est
défini, ici, comme « l’examen approfondi de comment, par qui et avec quels résultats sont
découvertes, évaluées et exploitées les opportunités de création de futurs biens et services ».
Dans ces conditions, les processus de découverte, d’évaluation et d’exploitation des
opportunités représentent des objets d’étude et de recherche essentiels. Des travaux récents
explorent conceptuellement ou empiriquement un aspect particulier du domaine ainsi défini.
Cette perspective, comme la précédente, porte sur l’émergence, d’une nouvelle activité
économique, qui n’est pas nécessairement liée à l’émergence d’une nouvelle organisation.
Cette approche questionne également le processus entrepreneurial. Elle présuppose, tout
d’abord, que les opportunités existent dans la nature, en tant que telles, et qu’il suffit d’avoir
une capacité à les reconnaître pour se les approprier et les transformer en réalités
économiques. Nous pensons, avec d’autres, que l’opportunité entrepreneuriale se construit au
cours du processus de création de l’activité et non qu’elle est le point de départ, élément «
Objectif » qu’il faut découvrir, de ce processus.
2.3. La dialogique individu/création de valeur
La troisième conception est celle avancée Christian Bruyat dans sa thèse de doctorat
(1993) réputée une référence en matière de la modélisation de l’action entrepreneuriale. Pour
cet auteur, « l’objet scientifique étudié dans le champ de l’entrepreneuriat est la dialogique
individu/création de valeur ». Selon le principe dialogique proposé par Edgard Morin, deux ou
plusieurs logiques sont liées en une unité, de façon complexe (complémentaire, concurrente et
antagoniste) sans que la dualité se perde dans l’unité. Cette dialogique s’inscrit dans une
dynamique de changement. Elle est définie par Christian Bruyat comme suit: « L’individu est
une condition nécessaire pour la création de valeur, il en détermine les modalités de
production, l’ampleur… Il en est l’acteur principal. Le support de la création de valeur, une
entreprise par exemple, est la “chose” de l’individu, Bruyat présente la dialogique € individu
création de la valeur comme suit :
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i
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t
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Processus
du
changeme
nt
pour
l’individu
Pas du
changemen
t pour
l’individu
Création de valeur
Création d’entreprise
I
N
D
I
V
I
D
U
Intensité de l’innovation
Pas de Création de
valeur nouvelle
Importance de la valeur nouvelle créée
Processus de création de valeur nouvelle
La création de valeur, par l’intermédiaire de son support, investit l’individu qui se
définit, pour une large part, par rapport à lui.
L’objet scientifique considéré ici est le système entrepreneurial qui en interaction avec
son environnement se trouve « embarqué » dans un processus où le temps constitue une
dimension incontournable.
3. L’influence de l’environnement sur l'entrepreneur
L’entrepreneur a un rôle particulier et indispensable dans l’évolution du système
économique libéral. Il est très souvent à l’origine des innovations de rupture. Il crée des
entreprises, des emplois et participe au renouvellement et à la restructuration du tissu
économique. L’entrepreneur est l’innovateur qui apporte «la destruction créatrice» au sens de
l’économiste autrichien joseph schumpeter (1987). Tout cela est parfaitement mis en valeur
par Octave Gélinier (1998) qui insiste sur l’importance des apports de l’entrepreneur à
l’économie: « Les pays, les professions, les entreprises qui innovent et se développent sont
surtout ceux qui pratiquent l’entrepreneuriat. Les statistiques de croissance économique,
d’échanges internationaux, de brevets, licences et innovations pour les trente dernières années
établissent solidement ce point: il en coûte cher de se passer d’entrepreneurs. »
Dans cette perspective, nous insistons sur le fait que l’entrepreneuriat est surtout une
affaire de personnes, mais qu’il est possible de faire émerger chez elles l’esprit d’entreprise, le
goût d’entreprendre, ainsi que de développer les compétences nécessaires pour réussir. Il y a
cependant des conditions à mettre en place dans l’environnement global, mais aussi et surtout
dans le milieu immédiat des entrepreneurs. Nous verrons entre autres, que le développement
d’une culture entrepreneuriale, dans un milieu donné, notamment au sein des pépinières
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d’entreprises relève autant de facteurs reliés aux personnes, c’est-à-dire, aux entrepreneurs
eux-mêmes, à leur famille, à leur motivation, à leur évolution dans un environnement donné,
qu’à la localisation proprement dite de l’entrepreneur et de l’entreprise.
En effet, plus le milieu se donne les éléments d’une culture entrepreneuriale riche et
reconnue, plus les entrepreneurs émergent et se développent tôt dans la vie. Nous présenterons
dans ce qui suit, les principales influences de la création d’entreprise dans un milieu afin de
mieux en comprendre la dynamique, et surtout d’identifier des moyens d’interventions
capables de stimuler une culture entrepreneuriale riche et porteuse de développement.
La création d'une nouvelle entreprise représente, fondamentalement, une décision prise
par un ou plusieurs entrepreneurs. Les influences qui s'exercent sur cette décision peuvent se
retrouver à trois niveaux ou moments cruciaux à savoir: un premier niveau de désirabilité
d’entreprendre, un second niveau de la faisabilité du projet et un troisième niveau de la
création proprement dite ou de l’acte d’entreprendre.
3.1. La désirabilité d’entreprendre
3.2.

L’entrepreneuriat étant avant tout une façon d’être, un style de vie. Il importe de
mieux cerner les facteurs du milieu immédiat qui peuvent en influencer l’attraction, ou encore
mieux sa désirabilité. Les facteurs sociaux et culturels affectent directement la désirabilité
perçue d’un comportement donné ou d’une action. Ainsi, lorsque le milieu valorise fortement
la création d’entreprises, il en résultera une perception positive de cette activité chez les
personnes qui composent ce milieu. La désirabilité englobe deux dimensions : d’abord la
perception que les retombées du comportement entrepreneurial seront personnellement
désirables, et la perception qu’ils seront aussi socialement désirables. Les éléments les plus
couramment observés dans le milieu pouvant jouer un rôle sur la désirabilité -quant à l’action
entrepreneuriale- seront exposés brièvement et seront mis en exergue dans notre étude
empirique.
3.1.1. La famille et les proches
Il semble que les entrepreneurs proviennent le plus souvent de familles où les parents
ou autres personnes proches sont eux-mêmes dans les affaires, ou encore, à leur compte.
Ainsi, plusieurs recherches indiquent que c'est le cas de 50 % d'entre eux (Gasse et
D’Amours, 2000). En d’autre terme, la norme sociale perçue correspond à la perception de
l’individu de la pression sociale, qui concerne ce que les personnes proches, la famille et les
ami(e)s pensent de ce qu’il voudrait entreprendre (Ajzen 1991).On peut penser que le jeune,
grandissant dans ce genre de famille ou d'entourage, considère ses parents ou ses proches
comme des modèles à imiter.
3.1.2. Le milieu immédiat
Selon Peter Drucker (1985), l'émergence d'une économie entrepreneuriale est autant
un événement culturel et psychologique qu'un événement économique ou technologique.
Ainsi, certaines sociétés, communautés ou groupes véhiculent plus facilement les valeurs
entrepreneuriales que d'autres. L’étude menée par Granmaison en 2000 au Québec, a
démontré que les forces culturelles latentes pouvaient être mobilisées et qu'elles pouvaient
fournir les valeurs sous-jacentes à l'économie entrepreneuriale (Granmaison, 2000). Ainsi,
Reynolds, Storey et Westhead (1994) ont trouvé que la présence de plusieurs PME dans une
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industrie et la localisation urbaine avaient une incidence sur la création de nouvelles
entreprises.
3.1.3. Le niveau d'instruction et de compétence de l’entrepreneur
Presque toutes les études récentes (Gasse et D’Amours, 2000), indiquent que le niveau
d'instruction des entrepreneurs est plus élevé que celui de l'ensemble de la population. Cela
est particulièrement vrai des créateurs d'entreprises en technologie de pointe (High-tech) ou à
forts potentiels de croissance. Étant donné que ces entreprises font reposer leurs avantages
concurrentiels sur les connaissances de leurs fondateurs, une solide formation est donc
nécessaire. Dans une étude sur les compétences et les pratiques de gestion des dirigeants de
PME (Gasse, 1998), on observe que le niveau moyen de scolarité des dirigeants de PME est
de 13 ans, et que près de 75% avaient fait des études universitaires.
3.1.4. Le profil psychologique
Les auteurs s'entendent généralement pour reconnaître que les entrepreneurs font
preuve habituellement de beaucoup de motivation et de persévérance dans leurs efforts. Ils
sont capables de maintenir un rythme accéléré de travail pendant des périodes relativement
longues. L'oisiveté les rend tendus et impatients. Plusieurs études récentes sur les
entrepreneurs naissants (Menzies et al. 2002) viennent confirmer l’importance de la
dynamique psychosociologique dans la création des nouvelles entreprises. Ils recherchent
l’autonomie et l’indépendance, veulent devenir leur propre patron et prennent des initiatives
dans ce sens.
3.1.5. L’expérience et l’âge
L’expérience et l'âge du fondateur, au moment où i1 est intéressé à lancer une affaire,
entrent également en jeu. Des gens de tous âges se lancent en affaires, mais au Canada et aux
États-Unis, les deux tiers environs de ces personnes ont entre 25 et 40 ans au moment du
démarrage (Reynolds, 1997). Les plus jeunes manquent souvent d'expérience, de contacts et
de financement alors que les plus âgés ont, eux, des contraintes familiales et professionnelles.
Aussi traiterons-nous de l’effet de l’âge et de l’expérience sur les jeunes entrepreneurs en
Tunisie et ce dans notre étude empirique.
Ces constatations indiquent que certaines personnes ont plus de probabilités de créer
des entreprises que d'autres. Encore une fois, cela ne veut pas dire que ceux jouissant d'une
formation et d'un profil différent ne peuvent pas créer une entreprise ou ne le font pas.
Toutefois, certains antécédents et certaines caractéristiques semblent mieux préparer
l'individu à prendre une décision orientée vers l'entrepreneuriat lorsque l'occasion se présente.
La décision peut dépendre aussi d'autres facteurs que nous allons voir.
3.2. Faisabilité du projet
Un ensemble de facteurs externes, souvent indépendants de l'individu influencent
l'entrepreneuriat. Il est clair qu'il existe entre ces facteurs une interaction qui crée des climats
plus ou moins favorables à la création d’entreprise. Il est clair également que les climats
peuvent se modifier avec le temps et que, jusqu'à un certain point, l'entrepreneuriat du passé
conditionne l'entrepreneuriat de l'avenir. Non seulement l’entrepreneur doit-il percevoir la
désirabilité de l’acte entrepreneurial, mais encore faut il que ce dernier soit raisonnablement
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faisable. La faisabilité devient fonction d’une série de perceptions positives par rapport à la
présence et à l’accessibilité de moyens et de ressources pertinents à la création d’entreprise.
Certains de ces moyens peuvent relever de la capacité même de l’entrepreneur, mais plusieurs
sont plutôt de l’ordre de l’environnement immédiat.
3.2.1. Les perceptions de l’entrepreneur
Ainsi, la décision de créer une entreprise est fonction de la perception qu'a
l'entrepreneur des risques et des gratifications qu'elle comporte, ainsi que de la connaissance
des sources de financement, des individus et des organismes qui pourraient lui venir en aide et
le conseiller. L'entrepreneuriat du passé crée ce qu'on pourrait appeler un environnement
entrepreneurial où l'entrepreneur potentiel se trouve entouré d'exemples et de gens pour qui le
processus d'entrepreneuriat est familier. En fait, et souvent dans ces milieux, l’entrepreneuriat
est vu comme un mode de vie reconnu et valorisé (Reynolds, 1997).
3.2.2. Les attitudes du milieu
Comme nous l'avons déjà souligné, l'attitude du milieu vis-à-vis des gens d'affaires et
de l'entrepreneuriat influence de façon importante cette décision. Dans les régions où
l'entrepreneuriat est actif, il se peut que des réseaux soient déjà créés, si bien qu'il est
relativement facile pour l'entrepreneur potentiel de prendre contact avec des structures
d’appui notamment les prêteurs. Des entrepreneurs qui ont réussi peuvent apporter la
prospérité dans leurs régions (Mezhoudi 2001) et changer également la perception des risques
et des gratifications associés au prêt et à l'investissement dans de nouvelles entreprises,
surtout dans les cas où le milieu reconnaît de façon formelle et visible les succès de ces
entrepreneurs.
3.2.3. Les groupements d’entreprises
L'emplacement, est aussi un facteur important pour la faisabilité d’une nouvelle
entreprise. Il influence non seulement les coûts de transport, mais surtout la création de
groupes (ou de grappes), d'entreprises connexes qui s'achètent et se vendent leurs produits.
Il semble en effet que le développement d'une grappe fournit de nombreux avantages aux
nouvelles entreprises, dont entre autres, un réservoir de main-d’œuvre qualifiée et de
fournisseurs spécialisés (OCDE, 1998 et Porter, 1990).
3.3. La création proprement dite ou l’action d’entreprendre
La désirabilité d’entreprendre et la faisabilité sont des conditions nécessaires mais non
suffisantes pour la création des entreprises. Pour passer à l’action, les entrepreneurs potentiels
doivent réunir les moyens et les ressources pertinents au bon moment et au bon endroit. Les
ressources peuvent être humaines, financières, matérielles et informationnelles. Les milieux
qui offrent une disponibilité raisonnable de ces ressources et un accès intéressant à celles-ci,
sont nettement avantagés en termes du niveau de création de nouvelles entreprises.
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3.3.1. La localisation
Quand un entrepreneur crée une nouvelle entreprise, il quitte en général une
organisation (cas d’intrapreneur ou d’un essaimé). Les caractéristiques de cette organisation
que l'on pourrait appeler «incubatrice», influence l'entrepreneuriat de différentes façons.
Tout d’abord, l'organisation incubatrice -à l’instar d’une pépinière- a une influence sur
l'emplacement de la nouvelle entreprise. Même si le fondateur a déjà fait preuve d'une
certaine mobilité sur le plan géographique, il s'éloigne rarement quant il crée une nouvelle
entreprise. En lançant une affaire dans la région où il travaille, l'entrepreneur peut utiliser une
information de première main sur les marchés, les fournisseurs et obtenir de l’aide de ses
proches, comme l’a rapporté l’étude sur les entrepreneurs naissants (Diochon et ali. 2001).
Dans notre cas d’espèce, nous mettrons l’accent sur les pépinières d’entreprises en tant
que structure et milieu d’incubation par excellence des entrepreneurs naissants.
3.3.2. La nature des entreprises
Les organisations établies influencent également le type et la nature des entreprises
nouvellement créées. C'est le cas en particulier des entreprises de haute technologie où les
dernières connaissances dans les domaines technique et commercial sont essentielles à la
réussite. La nouvelle entreprise type s'appuie sur les connaissances et les compétences de son
fondateur. Or celles-ci dépendent le plus souvent des expériences acquises par ce dernier au
sein de l'organisation incubatrice. Gasse (2000) a confirmé ces observations dans son étude
sur les chercheurs-entrepreneurs au Canada. Ceux-ci indiquent que le soutien le plus utile
pour le démarrage de leur entreprise était, entre autres, la politique d’essaimage de leur
employeur, dont la possibilité de réintégrer éventuellement leur ancien emploi. Cela signifie
donc que la nature des nouvelles entreprises créées dans une région a de grandes chances
d'avoir un lien avec la nature des organisations déjà en place (Oaky, 1981).

3.3.3. Les facteurs déclencheurs
L'organisation d'origine semble aussi influencer les motivations de l'entrepreneur.
Certaines personnes, insatisfaites à cause de relations difficiles avec leur supérieur, ou parce
que leurs idées ne sont jamais retenues ou encore parce qu'elles ont perdu leur emploi, sont
prêtes à envisager un changement majeur. Ainsi, il semble que plusieurs entrepreneurs aient
fondé leurs entreprises à la suite de difficultés internes ou de changements dans l'organisation
d'origine.
3.3.4. L’essaimage
Dans son livre récent, Paul-Arthur Fortin (2002) fait une large place à l’importance de
l’essaimage dans la création d’entreprises. Il passe en revue les conditions de l’essaimage
ainsi que ses avantages et ses retombées. Définit comme le choix délibéré d’un employeur
d’appuyer par des mesures variables la création d’entreprises par ses employés (Fortin, 2002),
le taux d'essaimage semble varier grandement, même parmi les entreprises d'une même
industrie. L'un des facteurs qui semble avoir une influence est la taille de l'organisation
incubatrice. L’essaimage formel et organisé est surtout l’affaire des grandes organisations.
Cependant, plusieurs études différentes indiquent que les petites entreprises ont
tendance à avoir un taux d'essaimage plus élevé que les grandes entreprises, jusqu'à six fois
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plus élevé et ce dans plusieurs cas (Gasse et Malouin, 1992). Dans une petite entreprise, il est
plus facile d'acquérir des connaissances dans les principaux domaines comme les
technologies, les marchés, les finances et même la gestion. Il y a aussi une part d'auto
sélection : les individus choisissant de travailler dans une petite entreprise ont souvent l'esprit
d'entreprise plus développé que les autres. Comme l’a montré l’étude de Gasse (2000), les
pratiques d’essaimage des universités et des organismes de recherche peuvent avoir une
influence déterminante dans la création d’entreprises chez les chercheurs entrepreneurs. Entre
autre Mezhoudi (2001) a montré suite à une étude exploratoire du phénomène d’essaimage en
Tunisie notamment dans trois régions différentes du sud tunisien à savoir Sfax, Gafsa et
Gabes; que l’essaimage en tant que phénomène entrepreneurial dépend plus des spécificités
régionales que celles nationales.
3.3.5. La formation d’équipes
Enfin, les organisations incubatrices -à l’instar des pépinières d’entreprises dans notre
cas d’espèce- fournissent aussi le cadre qui permet à des équipes d'entrepreneurs de se former.
De plus en plus de nouvelles entreprises, en particulier les entreprises axées sur la croissance,
sont créées par des équipes de deux personnes ou même plus. Des études américaines
indiquent que 40 % des nouvelles entreprises ont été créées en équipes et 60 % d’entre elles
dans le domaine de la haute technologie (Cooper et al., 1990).
3.3.6. La présence d’universités
Certains groupes importants d’entreprises à fort potentiel de croissance se sont
formées autour des universités notamment dans les pépinières d’entreprises. En Europe
généralement et la France spécifiquement, certaines universités, et particulièrement leurs
laboratoires de recherche ont servi d'incubateurs pour les étudiants et le personnel qui ont créé
leurs propres entreprises. Les universités ont certainement contribué à attirer des jeunes gens
compétents, embauchés par la suite par les nouvelles entreprises et celles déjà établies. Elles
fournissent également des services de consultation, d'expertise et de formation continue. Leur
importance relative en tant qu'incubateurs semble varier non seulement selon les universités
ou les régions, mais aussi selon les technologies et les secteurs (Doutriaux, 1992).
Dans le contexte tunisien, nous constatons que les pépinières d’entreprises qui sont à
proximité des Instituts supérieurs des études technologiques (ISET) constituent une structure
d’appui et d’accompagnement pour les entreprises naissantes.
4. Méthodologie et résultat de l’étude
Nous nous proposons de focaliser notre intérêt dans cette recherche qualitative,
exploratoire et descriptive vers le profil des entrepreneurs qui sont incubés dans trois
pépinières d’entreprises sises aux gouvernorats du sahel tunisien à savoir: Sousse, Ksar Helal
et Mahdia. Nous pensons que le problème de la représentativité statistique ne se pose donc
pas. Pour ce faire, nous adresser un questionnaire pour tous les entrepreneurs qui sont
hébergés et/ou incubés au sein des trois pépinières.
La recherche a été menée dans les gouvernorats de Sousse, Monastir et Mahdia
respectivement dans les pépinières de Sousse, de Ksar Helal et de Mahdia (régions du sahel
tunisien) auprès d’un échantillon de 37 entrepreneurs accompagnés par les pépinières en
question.
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Le canevas, autour duquel à été esquissé et structuré le questionnaire, comportait des
questions visant à identifier les éléments suivants :
Caractéristiques des entrepreneurs (âge, état civil)
La formation
Les motivations
Soutien familial

financement
Les caractéristiques des entreprises créées
Les difficultés rencontrées
Les besoins
La qualité d’assistance présentée par la pépinière
Avant de scruter minutieusement les résultats de l’étude il est judicieux d’élucider le
terrain de l’étude à savoir, les pépinières d’entreprises. En effet, « La pépinière d’Entreprises
est une structure d’accueil temporaire proposant des locaux, des aides et des services adaptés
aux besoins spécifiques des entreprises nouvellement créées ou en voie de création »
93.
Les
pépinières
représentent
et
« …donc
d’accompagnement des créateurs d’entreprises devant fournir un appui à la formalisation de
leurs projets et une aide au développement de leurs entreprises dans les premières années de
leurs activités. Cet accueil se traduit par des conseils et un fort appui logistique dans le but
d’améliorer significativement les chances de succès des créateurs d’entreprises. » (Op. Cit.)
environnement
d’accueil
un
4.1. Caractéristiques des entrepreneurs
4.1.1. L’origine des entrepreneurs :
Région
Zone rurale
Zone urbaine
Effectif
18
19
Fréquence (%)
48.7 %
51.3 %
Nous constatons que l’origine des entrepreneurs, notamment leur région, ne constitue
pas un critère déterminant quant à l’acte d’entreprendre. Cependant les entrepreneurs issus des
zones urbaines présentent une légère prépondérance et ceci s’explique à notre avis par les
opportunités d’affaires qui se présentent dans leurs régions. En effet, on constate souvent que
les entrepreneurs issus des zones rurales se trouvent obligés de quitter leur régions pour
incuber leur entreprises dans les pépinières qui sont généralement dans les grandes villes et à
proximité des établissements universitaires notamment les ISET.
4.1.2. L’âge des entrepreneurs:
Age
Effectif
Fréquence (%)
Moins de 25 ans
[ 25 ;30[ ans
[ 30 ;40 ] ans
Plus que 40 ans
3
26
8
0
8.1 %
70.2 %
21.7 %
0
Fréquences
cumulées (%)
8.1 %
78.3 %
100 %
93 Définition présentée dans le site des pépinières d’entreprises en Tunisie. Voir le lien suivant:
http://www.tunisieindustrie.nat.tn/pepinieres/home.asp
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Il en découle de ce tableau que 70.2% des créateurs sont des jeunes entrepreneurs dont
l’âge est compris entre 25 et 30 ans. Alors que la proportion des entrepreneurs dont l’âge est
inférieur à 25 ans, est de 8.1%, ce qui explique le degré d’aversion aux risques pour cette
tranche d’âge réputée non expérimentée.
La proportion des entrepreneurs dont l’âge est supérieur à 40 ans est quasiment nulle.
Ce qui confirme l’idée que la totalité des entrepreneurs hébergés dans les pépinières
d’entreprises sont jeunes avec un âge compris entre 25 ans et 40 ans. Ces résultats sont
conformes à ceux de Canada et des États-Unis, qui montre qu’environ deux tiers des
entrepreneurs naissants ont un âge entre 25 et 40 ans au moment du démarrage (Reynolds,
1997).
Ceci explique la stratégie visionnaire des pouvoirs publics tunisiens pour promouvoir
les jeunes entrepreneurs à créer leurs propres entreprises.
4.1.3. L’état civil des entrepreneurs :
Effectif
Fréquence (%)
Célibataire
Marié
Autre
31
6
0
83.7 %
16.3 %
0
En fait, 83.7 % des entrepreneurs hébergés dans les pépinières d’entreprises sont
célibataires, ce qui traduit les ambitions et l’enthousiasme de ces jeunes de concevoir et bâtir
leur avenir. Ce constat nous incite à élucider leur formation pour confirmer s’il s’agit de
jeunes diplômés de l’université cherchant à entreprendre pour leur propre compte.
La proportion des entrepreneurs mariés est de 16.3 %, ce qui explique la volonté de
cette catégorie d’entrepreneurs, à améliorer leur statut social via la satisfaction de leur besoin
d’accomplissement de soi.
En résumé, les entrepreneurs hébergés dans les pépinières d’entreprises, sont d’une
part jeunes, et pour la plupart, célibataires n’ayant pas d’engagement outre que la gestion et le
développement de leurs entreprises.
4.1.4. Niveau d’étude des entrepreneurs :
Effectif
Fréquence (%)
Fréquences
cumulées (%)
0
Inférieur à Bac
0
Bac
0
Bac+2
10
Bac+3
21
Bac+4
Supérieur à Bac+4 6
0
0
0
27 %
56.7 %
16.3 %
0
0
0
27 %
83.7 %
100 %
On constate de ce tableau que la totalité des jeunes entrepreneurs sont diplômés de
l’enseignement supérieur avec des proportions inégales quant à la durée des études
sanctionnant les diplômes obtenus. En effet, 27% des entrepreneurs sont réputés être des
cadres moyens, titulaires des diplômes sanctionnant 3 années d’études universitaires. 56.7%
des jeunes entrepreneurs incubés dans les pépinières d’entreprises sont des maîtrisards, alors
que 16.3% des entrepreneurs sont titulaires des diplômes de 3
ème cycle.
826












Page 12
les pouvoirs publics à cette catégorie d’entrepreneurs
Ceci s’explique par les encouragements et les incitations d’investissements accordés
par
titulaires des diplômes
universitaires, et ce pour résorber le problème de chômage des cadres, d’une part, et pour
créer de l’emploi grâce aux investissements et aux entreprises crées d’autre part. Il va de soi
que, l’investissement est généralement créateur d’emploi (selon J-M. Keynes), et les
entreprises créées participent à augmenter la valeur ajoutée de l’économie et donc du produit
intérieur brut (PIB) de la nation.
4.1.5. Nature des études universitaires :
Effectif
Fréquence (%)
Lettres et
sc.humaines
Sc.Eco et gestion
Sc. Tech et info
6
17
14
16.2 %
45.9 %
37.9 %
A notre avis la nature des études universitaires constitue un critère déterminant du
profil des entrepreneurs incubés au sein des pépinières. De ce fait, il nous semble intéressant
de scruter les proportions des spécialités des jeunes entrepreneurs. En effet, 45.9 % des jeunes
entrepreneurs sont titulaires des diplômes universitaires en sciences économiques et gestion.
A notre avis, ce constat est naturellement judicieux, car cette catégorie d’entrepreneurs
dispose du savoir et du savoir-faire nécessaires pour gérer leurs entreprises d’une manière
rationnelle et saine.
16.2 % des jeunes entrepreneurs ont pour spécialités les lettres et sciences humaines.
Ces entrepreneurs n’ont pas le savoir propice en matière de gestion d’entreprises, mais cela
ne les empêchent pas d’être soutenus soit par la pépinière ou par des tierces personnes. La
proportion des jeunes entrepreneurs ayant une formation universitaire dans le secteur des
sciences techniques et informatique, est de 37.9 %. Pour cette catégorie d’entrepreneurs, les
opportunités d’affaires sont multiples, surtout avec la révolution numérique en cours et
notamment le développement accru des nouvelles technologies de l’information et de la
communication (NTIC).
4.2. Les motivations des entrepreneurs
4.2.1. Préférence de la fonction dans le secteur public au détriment du projet :
Oui
Non
Effectif
18
19
Fréquence (%)
48.7 %
51.3 %
Nous constatons que 51.3% des jeunes entrepreneurs incubés dans les pépinières
d’entreprises en Tunisie, préfèrent
l’action
d’entreprendre. Ceci traduit la faible motivation de cette catégorie d’entrepreneurs qui ne se
trouve obligée d’entreprendre que sous la pression du problème de chômage ou du fait que
leurs familles les incitent à intégrer la population active. Cependant une bonne proportion
d’entrepreneurs (48.7%), sont motivés pour entreprendre et créer leurs propres entreprises.
la fonction publique au détriment de
827















Page 13
4.2.2. Soumission d’autres projets auprès d’autres structures d’appui à la création ?
Effectif
Fréquence (%)
Fréquences
cumulées (%)
Oui
Non
0
37
0
100 %
0
100 %
Nous soulignons d’après ce tableau, que la totalité des jeunes entrepreneurs hébergés
dans les pépinières d’entreprises n’ont pas soumis d’autres projets auprès d’autres structures
d’appui à la création d’entreprises. Cependant, il convient de signaler que l’incubation des
entrepreneurs dans les pépinières n’est pas systématique. En effet, suite à la soumission du
projet sur concours, il sera procédé à la désignation des meilleurs projets pour une éventuelle
incubation d’une durée de 3 ans au maximum.
Il en découle de ce tableau, que les jeunes entrepreneurs hébergés dans les pépinières,
n’ont pas soumis d’autres projets, ou bien parce qu’ils ont eu des promesses quant à
l’incubation de leurs projets, ou bien parce qu’ils ne sont pas motivés quant à la création de
leurs entreprises.
4.2.3. Les formations suivies en matière de création d’entreprise :
CEFE94 (1)
CSCE
95 (2)
CEFE+CSCE
Aucune formation
Effectif
11
14
5
7
Fréquence (%)
29.7 %
37.8 %
13.6 %
18.9 %
Nous constatons de ce tableau que 81.1% des jeunes entrepreneurs ont subit une
formation en matière de création d’entreprises, contre 18.9% des entrepreneurs qui n’ont eu
aucune formation. Ceci traduit, le souci de l’Etat et des pouvoirs publics d’assister les jeunes
entrepreneurs, en les formant en matière de créations d’entreprises, et ce par l’intermédiaire
des structures d’appuis.
En outre, il convient de signaler que la durée de formation en matière de création
d’entreprises, diffère selon la structure d’appui. Par exemple, concernant la formation CEFE
dont la durée est de 21 jours, nous constatons que 29.7% des jeunes entrepreneurs ont opté
pour ce type de formation.
4.3. Le financement: Modalités de financement des projets 
Autofinancement
Prêt auprès des
institutions
financières
Prêt auprès de la
BTS
Effectif
14
2
Fréquence (%)
37.83 %
5.88 %
21
61.79 %
94 Création d’Entreprise et Formation d’Entrepreneur (CEFE)
95 Centre de soutien à la création d’entreprises (CSCE)
828




















Page 14
Nous constatons que 61.79% des jeunes entrepreneurs recourent aux prêts de la BTS
comme modalité de financement de leurs projets; ceci explique le rôle du BTS en tant que
structure d’appui pour les jeunes entrepreneurs. Cependant, une bonne proportion des jeunes
entrepreneurs, soit 37.83%, assurent un autofinancement pour leurs projets. Cette catégorie de
jeunes entrepreneurs tire leurs soutiens financiers auprès de leurs familles généralement
aisées. En sus, la proportion des jeunes entrepreneurs qui font recours aux prêts des
institutions financières est de 5.88%. Ce faible taux est justifié par le fait que les institutions
financières n’accordent pas des crédits pour des jeunes entrepreneurs, surtout en absence des
garanties à l’instar des hypothèques et des gages, et notamment en absence de solvabilité.
4.4. Formalisation du projet
4.4.1. L’origine de l’idée :
Spin off
Le désir
L’expérience
Selon les besoins de
marché
Effectif
1
3
7
26
Fréquence (%)
2.7 %
8.1 %
18.9 %
70.3 %
D’après ce tableau, nous constatons que 70.3% des jeunes entrepreneurs s’inspirent
des besoins du marché comme origine de l’idée d’entreprendre. Cependant, 18.9%
d’entrepreneurs tirent cette envie de leurs propres expériences.
Seule une faible proportion des jeunes entrepreneurs soit 2.7% ont créé des spins offs
universitaires et donc ont opté pour l’essaimage comme origine d’idée de création.
En fait, le spin off est créé suite à un projet de fin d’étude et pour conséquent c’est un
projet concrétisant une recherche scientifique appliquée.
4.4.2. Elaboration d’un plan d’affaire avant d’entreprendre :
Oui
Non
Effectif
35
2
Fréquence (%)
94.9 %
5.1 %
Il en découle que la majorité des jeunes entrepreneurs, soit 94.9% ont élaboré un plan
d’affaire avant d’entreprendre, contre 5.1% des entrepreneurs qui n’ont pas préétablies un
plan d’affaire lors de leurs créations.
Il convient de rappeler que les pépinières exigent pour les soumissionnaires de projets,
d’élaborer des plans d’affaires pour donner de fortes chances à leurs projets d’aboutir et d’être
hébergés dans les pépinières.
4.5. Caractéristiques des entreprises créées
4.5.1. Le secteur d’activité du projet :
829
















Page 15
Agricole
Industriel
Services
Effectif
1
7
29
Fréquence (%)
2.7 %
18.9 %
78.4 %
Il en découle de ce tableau que la plus grande proportion des jeunes entrepreneurs soit
78.4% ont crée leurs entreprises dans le secteur tertiaire à savoir des services. Ce secteur est
porteur de développement et d’opportunités d’affaires et ne nécessite pas d’investissement
lourd. Cependant 18.9% des entreprises hébergées dans les pépinières sont industriels, contre
2.7% d’entreprises agricoles.
La prépondérance des entreprises de services au détriment de celles industrielles et
agricoles s’explique par les opportunités d’affaires qui se présentent plus dans le secteur
tertiaire que dans le secteur primaire et secondaire.
4.5.2. Forme juridique de l’entreprise :
SA
SARL
SUARL
Individuelle
Effectif
0
3
9
25
Fréquence(%)
0
8.1%
24.3%
67.6%
67.6% des entrepreneurs incubés dans les pépinières sont des entreprises individuelles,
contre 24.3% d’entrepreneurs qui ont crée des sociétés unipersonnelles à responsabilité
limitée (SUARL) et 8.1% d’entreprises hébergées sous forme de société à responsabilité
limitée (SARL).
En fait, la forme juridique des entreprises hébergées dans les pépinières d’entreprises,
est réputée sous le statut de société de personnes et non de capitaux (0%de sociétés
anonymes). L’absence des sociétés de capitaux en général et des sociétés anonymes en
particulier est expliquée par le fait que les sociétés anonymes exigent l’existence d’un
commissaire aux comptes inscrit dans l’ordre alors que les SARL n’ont l’obligation d’avoir
un commissaire aux comptes que si leur capital social dépasse les 20000 dinars. En
conséquence, il est légitime de scruter le capital social des entreprises hébergées dans les
pépinières.
4.5.3. Montant du capital social :
K < 10000
[ 10000 ; 20000 [
[ 20000 ; 50000 ]
K > 50000
Effectif
12
18
6
1
Fréquence(%)
32.4%
48.6%
16.2%
2.8%
Fréquences cumulées(%)
32.4%
81%
97.2%
100%
Nous pouvons affirmer suite au tableau ci-dessus que 81% des jeunes entrepreneurs
disposent d’un capital social compris entre 100000 et 20000 dinars et donc ne sont pas obligés
par la loi de disposer d’un commissaire aux comptes pour leurs activités.
830














Page 16
Toutefois 16.2% des entreprises hébergés disposent d’un capital social compris ente 20000 et
50000 dinars, contre 2.8% ayant capital social supérieur à 50000 dinars.
A notre avis, le capital social peut être un critère déterminant quant à la nature projet,
car les entreprises opérant dans le secteur industriel nécessitent plus de capitaux que celles
opérant dans le secteur de services.
4.6. La rentabilité du projet :
4.6.1. Chiffre d’affaires réalisé :
Effectif
Fréquence (%)
Pas encore
CA < 10000
[ 10000 ; 20000 [
[ 20000 ; 50000
CA > 50000
16
4
6
9
2
43.2 %
10.8 %
16.2 %
24.3 %
05.5 %
Fréquences
cumulées(%)
43.2 %
54 %
70.2 %
94.5 %
100 %
Nous soulignons, que 43.2% des jeunes entrepreneurs n’ont pas encore réalisé du
chiffre d’affaires, car ce sont de nouveaux hébergés dans les pépinières.
10.8% des entrepreneurs ont réalisé un chiffre d’affaires inférieur à 10000 dinars,
contre 16.2% ayant réalisés un chiffre d’affaires compris entre 10000 et 20000 dinars.
24.3% ont obtenu un chiffre d’affaires variant entre 20000 et 50000 TND, alors
qu’uniquement 5.5% des entrepreneurs hébergés ont pu déposer les 50000 TND de chiffre
d’affaires.
Nous avons pu constater que les entrepreneurs sont retissant quant à la divulgation de
l’information relative à leur chiffre d’affaires. En fait, le chiffre d’affaires nous donne une
idée claire quant à la continuité et au suivi de l’entreprise. Cependant, le critère du chiffre
d’affaires doit être complété par l’analyse de la rentabilité pour qu’il soit plus pertinent.
4.6.2. Rentabilité du projet :
Effectif
Fréquence (%)
Faible
Moyenne
Bonne
2
24
11
5.4 %
64.8 %
29.8 %
64.8% des entrepreneurs hébergés dans les pépinières d’entreprises stipulent que la
rentabilité de leur projet est moyenne, contre 29.8% d’entrepreneurs qui déclarent que cette
rentabilité est bonne. Une faible proportion des entrepreneurs, soit 5.4%, indiquent que leur
rentabilité est faible.
Nous constatons alors, que la rentabilité est réputée globalement faible ou moyenne du
fait que les entreprises hébergées sont dans leurs premières années d’activité et n’ont donc ni
réalisées leur chiffre d’affaires critique, ni atteint leur seuil de rentabilité.
831
















Page 17
4.7. Degré de satisfaction envers l’aide et l’accompagnement de la pépinière :
Suffisant
Peu suffisant
Non suffisant
Effectif
16
11
10
Fréquence (%)
43.2 %
29.7 %
27.1 %
Il convient de souligner du tableau ci-dessus, que l’aide et l’assistance présentées par
les pépinières d’entreprises sont réputées suffisantes pour 43.2% des entrepreneurs, contre
29.7% qui stipulent que cette assistance est « peu suffisante ».
Alors que 27.1% des entrepreneurs voient que l’aide des pépinières est non suffisante.
Ces constats montrent que les attentes et les aspirations en termes de soutien auprès
des pépinières en tant que structure d’accompagnement pour les entrepreneurs sont loin d’être
exaucées. Le souci de ces jeunes entrepreneurs est avant tout d’être soutenu pour les
premières années de leurs activités.
4.8. Les besoins des entrepreneurs :
Formation
Informations
Financement
Accompagnement
Effectif
7
5
18
7
Fréquence (%)
18.9 %
13.6 %
48.6 %
18.9 %
Les besoins des jeunes entrepreneurs diffèrent d’une catégorie à l’autre. En fait, 48.6%
des entrepreneurs hébergés ont soulevé un besoin de financement, contre 18.9%
d’entrepreneurs qui ont manifesté un besoin de formation alors que 13.6% d’entrepreneurs
sont encore à la recherche d’informations.
Cependant, 18.9% d’entrepreneurs manifestent un intérêt pour l’accompagnement
pour le déroulement de leurs activités.
En fait, le financement constitue le besoin prépondérant recherché par les jeunes
entrepreneurs hébergés dans les pépinières. Ceci s’explique par le souci majeur des
entrepreneurs à la croissance de leurs activités.
4.9. L’utilisation des NTIC par les entrepreneurs :
Oui
Non
11
26
29.72%
70.28%
Effectif
Fréquence(%)
Nous signalons d’après ce tableau et ce graphique, que 70.28% des jeunes
entrepreneurs hébergés dans les pépinières d’entreprises, utilisent les Nouvelles Technologies
de l’Information et de Communication dans leurs activités, alors que 29.72% des
entrepreneurs n’utilisent pas ces NTIC.
Nous affirmons que la majorité des entrepreneurs ne sont pas en marge par rapport à la
révolution numérique en cours. En effet, ils utilisent les NTIC dans leurs activités et ont
souvent un accès facile à ces NTIC.
832















Page 18
5.
Conclusion 
Notre travail ne prétend pas formuler une typologie généralisable de l’entrepreneuriat
en Tunisie, mais plutôt il s’agit d’avoir une description dynamique des catégories
d’entrepreneurs qui sont accompagnés par les pépinières d’entreprises.
Nombreuses sont les questions qui demeurent sans réponses et qui serviront
d’éléments explicatifs de ce phénomène: Quelles sont les caractéristiques du management
entrepreneurial tunisien ? Sont-ils innovateurs au sens schumpetérien ? Est-ce qu’ils
pourraient relayer d’emblée le rôle de l’Etat dans les domaines de l’emploi et de la
formation ? Dans quelle mesure les entrepreneurs et l’Etat tunisien pourront résister aux
contraintes de la concurrence étrangère qui prend de plus en plus d’extension ?
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