UNIVERSITÉ PANTHÉON-ASSAS (PARIS II) 
Année universitaire 2020-2021 
TRAVAUX DIRIGÉS – 3ème année de Licence en Droit
DROIT CIVIL 
Cours de Monsieur le Professeur Nicolas MOLFESSIS
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Distribution : du 6 au 10 octobre 2020 
PREMIÈRE SÉANCE 
INTRODUCTION AU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX 
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I.-  Organisation  des  enseignements  –  La  première  partie  de  cette  séance  portera  sur 
l’organisation des enseignements et le contrôle continu. Vous savez désormais que l’une des clés 
de  la  réussite  –  sinon  la  principale  –  tient  aux  notes  que  vous  obtiendrez  en  TD.  Pour  le  dire 
autrement, votre priorité, en termes d’emploi du temps et d’investissement intellectuel, doit porter 
sur  la  préparation  des  séances  de  TD.  À  ce  titre,  qu’il  soit  dit  une  fois  pour  toutes  que  tous  les 
documents  qui  se  trouvent  dans  les  fiches  doivent être  lus,  analysés  et  connus  (le  sujet  donné à 
l’examen en tient compte) même si le chargé de TD a décidé, en séance, de ne pas tous les étudier, 
ce  qui  relève  de  son  libre  choix.  Sachez  que  si  vous  avez  travaillé  régulièrement  le  cours et les 
fiches de TD, vous n’aurez aucune (mauvaise) surprise le jour de l’examen. 
La préparation des séances nécessite de connaître le cours correspondant et, parfois, d’approfondir 
certains points. Pour cela, il pourra vous sembler utile d’aller consulter les notes de jurisprudence 
ou  les  chroniques  qui  sont  publiées  dans  les  principales  revues  de  droit  (Dalloz,  JCP,  Revue 
trimestrielle  de  droit  civil,  etc.).  Méfiez-vous  cependant :  vous  devez  conserver  votre  liberté 
d’esprit et d’analyse. Il ne s’agit jamais de recopier ce qui se trouve dans une revue, ce qui relève 
du  plagiat ;  il  s’agit  de  savoir  exploiter  les  analyses  faites  par  d’autres,  pour  vous  faire  votre 
propre opinion. En troisième année, vous devez savoir raisonner par vous-même, en fonction de 
considérations  techniques  (bien-fondé  d’une  interprétation ;  place  de  la  solution  dans  son 
environnement,  notamment  par  rapport  au  reste  de  la  jurisprudence,  etc.)  aussi  bien  que  de 
données  plus  générales  (opportunité  d’une  solution,  nécessité  d’une  réforme,  etc.).  Pour  nous, 
vous êtes désormais des juristes à part entière : n’hésitez pas à le montrer et à prendre des risques. 
Vous pouvez naturellement avoir besoin d’aller puiser dans des ouvrages que vous ne manquerez 
pas,  le  cas  échéant,  de  référencer  dans  vos  travaux.  Voici  donc  une  bibliographie  portant  sur  la 
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matière.  Les  chargés  de  TD  vous  expliqueront  les  principales  différences  entre  les  différents 
ouvrages et vous conseilleront.  
L.  AYNÈS,  P.-Y.  GAUTIER,  Ph.  MALAURIE,  Droit  des  contrats  spéciaux,  LGDJ,  coll. 
Droit civil, 11e éd., 2020, 752 p. 
F.  COLLART  DUTILLEUL,  Ph.  DELEBECQUE,  Contrats  civils  et  commerciaux,  Dalloz, 
coll. Précis, 11e éd., 2019, 860 p. 
V. LASBORDES, Droit des contrats spéciaux, Bruylant, 2019, 320 p. 
P. PUIG, Contrats spéciaux, Dalloz, coll. Hypercours, 5e éd., 2019, 896 p. 
A.  BÉNABENT,  Droit  des  contrats  spéciaux  civils  et  commerciaux,  LGDJ,  coll.  Précis 
Domat, 13e éd., 2019, 720 p. 
J. RAYNARD, J.-B. SEUBE, Droit des contrats spéciaux, LexisNexis, 10e éd., 2019, 564 p. 
D. MAINGUY, Contrats spéciaux, Dalloz, coll. Cours, 11e éd., 2018, 676 p. 
G.  DECOCQ,  C.  GRIMALDI,  J.  HUET,  H.  LECUYER,  Les  principaux  contrats  spéciaux, 
LGDJ, coll. Traité de droit civil (dir. J. Ghestin), 3e éd., 2012, 1684 p. 
Enfin,  l’Association  Henri  Capitant  a  publié,  en  juin  2020,  une  Offre  de  réforme  du  droit  des 
contrats  spéciaux.  Il  s’agit  de  la  seconde  version,  amendée  et  enrichie,  d’un  projet  remis  à  la 
Chancellerie  en  juin  2017.  On  s’y  réfèrera  utilement  au  cours  du  semestre  pour  comparer  les 
dispositions  projetées  à  celles  du  Code  civil  et,  le  cas  échéant,  à  l’état  de  la  jurisprudence.  Le 
projet est disponible en version papier aux éditions Dalloz ; il l’est également au format .pdf sur le 
site de l’Association. 
II.- Thème de la séance. Évolution du droit des contrats spéciaux – Cette première séance vise 
à  entrer  progressivement  dans  la  matière,  en  faisant  le  lien  entre  le  droit  des  contrats,  appris  en 
deuxième  année,  et  le  droit  des  contrats  spéciaux.  De  l’un  à  l’autre,  le  passage  devrait  se  faire 
logiquement, puisqu’il s’agit de passer du droit commun aux droits spéciaux, de la théorie générale 
à ses applications.  
À ce titre, la question première de la séance vise à s’accorder sur ce qu’est un contrat spécial et à 
déterminer ce qui caractérise la « spécialité » en cause. Le contrat est-il spécial par son objet ? Par 
les parties ? Par la forme ? D’où, sur cette voie, une interrogation sur le nommé et l’innommé. La 
deuxième  question  consistera  alors  à  rechercher  comment  évolue  la  matière  et  apprécier  le 
phénomène  de  multiplication  des  contrats  spéciaux,  qui  conduit  à  l’inflation  des  divisions  et 
subdivisions.  Une  autre  manière  de  prolonger  la  discussion  consistera,  dans  cette  perspective,  à 
mesurer la place du droit civil dans cette évolution, face à la multiplication des droits spéciaux. Les 
contrats spéciaux enfantent les droits spéciaux, à moins que ce ne soit l’inverse. 
Document  n°  1 :  Ph.  Rémy,  « La  jurisprudence  des  contrats  spéciaux.  Quarante  ans  de 
chroniques à la Revue trimestrielle de droit civil », in L’évolution contemporaine du droit des 
contrats, Journées R. Savatier, 1985, p. 103 
Document n° 2 : A. Bénabent, « Les difficultés de la recodification : les contrats spéciaux », in 
Livre du bicentenaire, Dalloz, 2004, p. 245 
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Document  n°  3 :  Ass.  H.  Capitant,  Exposé  des  motifs  de  l’Offre  de  réforme  du  droit  des 
contrats spéciaux, Dalloz, 2020, pp. 2-4 
III.- Exercices. Vous préparerez, par écrit, les deux exercices suivants. 
Exercice n° 1 : Pressage de citron 
Un  exercice  désormais  classique,  mais  que  l’on  présentera  de  nouveau  aux  étudiants  qui  n’y  sont 
pas encore familiers. Le pressage de citron consiste à extraire tout le jus de chaque idée, concept ou 
consigne, en amont de toute analyse et, évidemment, de tout travail de rédaction. Il a pour objectif 
de vous entraîner à une étape capitale de tout raisonnement juridique, qui doit devenir automatique : 
laisser une chance à votre esprit et à vos connaissances avant tout autre travail de recherche.  
Vous  devez,  pour  cela,  associer  à  chacun  des  mots  qui  sont  soumis  à  votre  analyse  vos 
connaissances :  comment  définissez-vous  ce  mot ?  Est-il  un  terme  proprement  juridique,  ou  un 
mot  de  la  vie  quotidienne ?  Peut-il  revêtir  plusieurs  significations  selon  les  circonstances  dans 
lesquelles  il  est  employé ?  Pouvez-vous  le  rapprocher  de  certaines  notions,  ou  au  contraire 
s’oppose-t-il à d’autres concepts ? Fait-il écho à des références abordées en cours magistral – ou 
en TD – de cette année, ou de l’année passée ? Dans cette matière, ou dans les autres ? 
Vous l’aurez compris : il s’agit ici d’une réflexion personnelle sur les mots, leur sens et ce qu’ils 
révèlent de la position retenue. À ce stade, il ne s’agit donc ni de vous plonger dans les manuels, 
ni d’entreprendre un titanesque travail de synthèse de la jurisprudence. Faites-vous confiance, et 
ne vous contentez pas d’un pressage superficiel : le citron est un fruit juteux ! 
Pour  cette  première  séance,  on  s’intéressera  à  l’article  1105  du  Code  civil  issu  de  la 
réforme :  
Les  contrats,  qu’ils  aient  ou  non  une  dénomination  propre,  sont  soumis  à  des  règles 
générales, qui sont l’objet du présent sous-titre. 
Les  règles  particulières  à  certains  contrats  sont  établies  dans  les  dispositions  propres  à  chacun 
d’eux. 
Les règles générales s’appliquent sous réserve de ces règles particulières. 
Vous  presserez  le  citron  sur  le  régime  applicable  aux  contrats  ayant  une  « dénomination 
propre ».  Que  vous  inspire  cette  expression ?  A  quoi  renvoie-t-elle,  et  à  quoi  sert-elle  dans 
l’article  1105 ?  Vous  réfléchirez  par  écrit,  sous  un  format  libre  (intégralement  rédigé, 
télégraphique,  schématique)  au  sens  qu’il  faut  lui  attribuer,  aux  réponses  qu’elle  permet 
d’apporter, mais également aux questions qu’elle soulève.
Exercice n° 2 : Taxinomie  
Tentez  de  dresser  une  liste  des  contrats  spéciaux  et  d’effectuer  un  classement  en  explicitant  les 
critères de classification qui vous paraissent les plus pertinents. Afin de montrer la multiplication 
des divisions et subdivisions, vous essayerez ensuite d’ordonner, sous forme d’arborescence, les 
différents types de baux. 
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Document  n°  3 :  Ass.  H.  Capitant,  Exposé  des  motifs  de  l’Offre  de  réforme  du  droit  des 
contrats spéciaux, Dalloz, 2020, pp. 2-4 
Le droit dit des « contrats spéciaux » est celui des contrats qui font l’objet de règles spéciales par rapport à 
celles qui composent le droit commun des contrats, soit qu’elles les précisent, soit qu’elles y dérogent, soit 
même qu’elles se contentent de les reprendre.  
Le caractère impérieux d’une réforme du droit des contrats spéciaux a paru s’imposer à l’Association Henri 
Capitant, pour plusieurs raisons.  
En premier lieu, le Code est demeuré pour une très large part inchangé, alors que des évolutions d’origine 
jurisprudentielle se sont produites. Le Code civil n’est donc plus l’écrin du droit des contrats spéciaux, ce 
qui,  dans  un  système  de  droit  codifié  comme  le  droit  français,  est  pour  le  moins  incongru.  Partant,  il  a 
perdu de son accessibilité et de son intelligibilité.  
En  deuxième  lieu,  la  hiérarchie  des  contrats  spéciaux  telle  qu’elle  émane  du  Code  de  1804  a  depuis  été 
bouleversée. Ainsi, de nombreux contrats perçus jadis comme de « petits » contrats, en ce qu’ils étaient le 
plus souvent gratuits, sont devenus de « grands » contrats en se professionnalisant (le dépôt et le mandat, 
par  exemple).  L’importance  économique  acquise  par  ces  derniers  doit  donc  être  reflétée  dans  un  code 
rénové.  
En  troisième  lieu,  des  contrats  très  spéciaux  ont  proliféré  (la  vente  immobilière,  les  baux  spéciaux,  les 
crédits  consentis  à  des  non-professionnels,  etc.),  de  sorte  que  le  droit  des  contrats  spéciaux  constitue 
aujourd’hui  un  corps  de  règles  intermédiaires  entre  les  règles  communes  à  tous  les  contrats  et  les  règles 
propres aux contrats les plus spéciaux.  
En  dernier  lieu,  le  droit  commun  des  contrats  sur  lequel  s’appuyaient  les  règles  applicables  aux  contrats 
spéciaux a fait l’objet d’une réforme profonde par l’Ordonnance du 10 février 2016, laquelle répondait déjà 
à  un  objectif  d’accessibilité  et  d’attractivité  du  droit  français.  Il  est  donc  nécessaire  d’adapter  les  règles 
applicables à ces derniers. L’attractivité des transferts de richesses et des prestations de service relevant du 
droit français passe par l’élaboration de règles modernes et attractives spécifiques aux contrats spéciaux, de 
nature à promouvoir des solutions ouvertes sur les pratiques contractuelles.  
Actualisation  de  l’architecture  contractuelle,  accessibilité  des  qualifications  des  types  de  contrats, 
attractivité  des  régimes,  sont  autant  de  raisons  militant  pour  une  réforme  faisant  œuvre  de  codification, 
d’adaptation, de rénovation et de conciliation.  
Il est en effet regrettable que le siège du droit vivant des contrats spéciaux ne réside plus dans le code civil 
alors  même  que  ces  derniers  sont  essentiels  au  développement  et  à  la  sécurisation  des  échanges 
économiques et donc à la croissance elle-même.  
Dans cette perspective, il est d’abord apparu opportun au groupe de travail d’adosser aux règles spéciales à 
certains contrats des règles spéciales à certaines obligations, autrement dit de créer, à côté d’un droit des 
contrats  spéciaux,  un  droit  des  obligations  spéciales  et,  ce,  pour  deux  raisons.  D’une  part,  en  vertu  du 
principe  de  liberté  contractuelle,  de  nombreux  contrats  ne  sont  compatibles  avec  aucune  catégorie  de 
contrats existante, en sorte que la qualification de certains contrats est malaisée, voire parfois impossible, et 
les  règles  applicables,  incertaines.  L’existence  d’un  corps  de  règles  consacré  aux  obligations  spéciales 
permettra  de  résoudre  cette  difficulté.  D’autre  part,  certains  contrats  spéciaux  donnent  naissance  à  des 
obligations identiques ou similaires ; il apparaît, par conséquent, artificiel de les soumettre à des corps de 
règles distincts. Un droit des obligations spéciales permet, dans la résolution des difficultés, de se passer de 
l’opération préalable de qualification des contrats « hybrides » et évite de reproduire à l’identique dans le 
régime de chaque contrat des règles transversales à un certain nombre d’entre eux.  
En droit positif, le nombre de contrats spéciaux est très important et le groupe de travail ne s’est intéressé 
qu’aux  principaux  d’entre  eux  et  qu’à  ceux  qui  font  l’objet  d’une  réglementation  dans  le  Code  civil. 
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Aujourd’hui le Code civil envisage les contrats suivants : le contrat de mariage et les régimes matrimoniaux 
(Titre  V),  la  vente  (Titre  VI),  l’échange  (Titre  VII),  le  louage  des  choses  et  le  louage  d’ouvrage  et 
d’industrie  (Titre  VIII),  le  contrat  de  promotion  immobilière  (Titre  VIII  bis),  le  contrat  de  société  (Titre 
IX), les conventions relatives à l’exercice des droits indivis (Titre IX bis), le prêt (Titre X), le dépôt et le 
séquestre  (Titre  XI),  les  contrats  aléatoires  (Titre  XII),  le  mandat  (Titre  XIII),  la  fiducie  (Titre  XIV),  les 
transactions (Titre XV), la convention d’arbitrage (Titre XVI) et la convention de procédure participative 
(Titre XVII). Le groupe de travail a doublement déterminé sa mission. En premier lieu, il n’a pas envisagé 
les  contrats  qui  ne  relèvent  pas  du  droit  civil  appréhendé  stricto  sensu,  ce  qui  l’a  conduit  à  exclure  le 
contrat  de  promotion  immobilière  (Titre  VIII  bis),  le  contrat  de  société,  les  transactions,  la  convention 
d’arbitrage et la convention de procédure participative. En second lieu, il n’a pas envisagé les contrats qui 
obéissent à une logique particulière et à un régime spécifique, en raison de leur rattachement à une matière 
autonome, ce qui l’a conduit à exclure le contrat de mariage et les régimes matrimoniaux, les conventions 
relatives à l’exercice des droits indivis et la fiducie.  
En  définitive,  le  groupe  a  proposé  des  textes  relatifs  à  la  vente,  à  l’échange,  à  la  location,  au  contrat  de 
prestation  de  service,  aux  contrats  de  représentation,  au  dépôt  et  au  séquestre,  et  aux  contrats  aléatoires, 
lesquels  constituent  les  principaux  contrats  spéciaux  au  sens  classique  du  terme.  En  outre,  le  groupe 
suggère de consacrer un corps de règles susceptibles de s’appliquer à une pluralité de contrats nommés et 
innommés. L’ensemble de ces textes a vocation à s’insérer dans le Livre III du Code civil.  
Ces textes sont supplétifs, sauf mention contraire.  
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