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Étude de marché sur la concurrence
dans le secteur de la banque
de détail en Tunisie

Les services bancaires jouent un rôle crucial dans la promotion de la croissance économique et de
l'inclusion financière, un rôle dont l'importance est d'autant plus prononcée dans les pays à revenu
intermédiaire tels que la Tunisie. Les services bancaires tels que les comptes courants sont un
moyen essentiel par lequel les individus et les entreprises gèrent leurs affaires financières
quotidiennes, leur permettant de recevoir et d'effectuer des paiements, d'accéder au crédit et
d'épargner de l'argent. Sans ces facilités, les individus et les entreprises peuvent être incapables de
participer pleinement à l'économie, ce qui conduit à l'exclusion financière et à la diminution de
l'activité économique. L'existence de comptes courants permet également de réduire les coûts
associés aux transactions en espèces, tels que les risques de sécurité et les frais de transaction, ce
qui est susceptible de soutenir davantage la croissance économique.
Les prêts aux entreprises sont également un service bancaire clé qui contribue à la croissance
économique. Le crédit permet aux entreprises d'étendre leurs activités, d'investir dans de nouvelles
technologies et d'embaucher davantage de personnel, ce qui ouvre la voie à une augmentation de
la productivité, des bénéfices et de la croissance économique globale. L'accès aux prêts peut
également réduire le déficit de crédit auquel les petites entreprises sont confrontées, les aidant ainsi
à réaliser leur potentiel. Enfin, les paiements mobiles sont un service bancaire essentiel qui peut
contribuer à stimuler l'inclusion financière, en particulier dans les régions où les services bancaires
traditionnels sont rares.
L'étude de marché de l’OCDE sur la concurrence dans le secteur de la banque de détail en
Tunisie
examine l'état de la concurrence dans le secteur et fournit des suggestions pour l'améliorer.
Elle se concentre sur trois grands segments du secteur :
comptes courants pour les particuliers et les entreprises, utilisés pour stocker de
l'argent et y accéder rapidement, effectuer et recevoir des paiements et accéder à des
crédits à court terme par le biais de facilités de découvert ;

le financement bancaire des micro, petites et moyennes entreprises (MPME),
en se concentrant sur les prêts bancaires ;
- Plus de références et documents sur Legaly Docs paiements mobiles, y compris l'ouverture de comptes de paiement, les paiements et
retraits en espèces et les transferts d'argent.
Le projet a été soutenu par la Délégation de l'Union européenne en Tunisie et entrepris en étroite
collaboration avec le gouvernement tunisien, la Banque centrale de Tunisie, le Conseil de la
concurrence et d'autres parties prenantes locales. Le rapport adopte une approche holistique en
considérant les pratiques du marché, le comportement des consommateurs et la réglementation afin
d'évaluer la manière dont la concurrence fonctionne dans le secteur de la banque de détail en
Tunisie, et identifie les domaines dans lesquels les résultats du marché pour les consommateurs et
les entreprises pourraient être améliorés.
Les résultats complets de l'analyse sont présentés ici https://doi.org/10.1787/ab995fce-fr.





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PRINCIPALES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
L'engagement des clients dans le segment des comptes
courants est faible
Le faible engagement des clients dans le secteur de la banque de détail en Tunisie affaiblit les
incitations des banques à se livrer concurrence. Les enquêtes menées auprès des consommateurs
et des MPME dans le cadre de cette étude ont révélé que quatre consommateurs sur cinq et deux
petites entreprises sur trois n'avaient pas comparé les frais lors de l'ouverture d'un compte. Deux
consommateurs sur trois ne savaient pas combien ils payaient de frais. Seuls 3 % des
consommateurs et 4 % des petites entreprises ont changé de fournisseur de compte courant au
cours de l'année précédente, et ils ont tendance à rester fidèles à leur fournisseur pendant de
longues périodes. Lorsqu'elles recherchent un financement, les entreprises ont tendance à ne
s'adresser qu'à leur fournisseur de compte courant.
64%
80%
62%
3%
des consommateurs
tunisiens n'ont pas de
compte courant
personnel

des consommateurs ne
comparent pas les frais
lors de l'ouverture d'un
compte courant

des consommateurs ne
connaissent pas les frais
qu'ils paient

des consommateurs ont
changé de banque en
2022
Les consommateurs et les petites entreprises trouvent qu'il est coûteux de rassembler, de
comprendre et d'agir sur les informations relatives aux produits financiers. En Tunisie, les banques
ne facilitent pas l’accès des consommateurs aux informations nécessaires et de façon comparable
sur les frais. Les banques créent des barrières monétaires et non monétaires à la fermeture des
comptes qui réduisent en fin de compte la mobilité et la capacité des clients à changer de fournisseur,
sapant la pression concurrentielle sur les banques pour qu'elles baissent les prix et améliorent les
niveaux de service. Le faible engagement des clients représente également une barrière à l'entrée et
à l'expansion, car il est plus difficile pour les banques d'attirer de nouveaux clients.
Les prêts aux MPME sont limités
Les petites entreprises tunisiennes ont du mal à accéder au financement. L'analyse a identifié
plusieurs facteurs qui augmentent les obstacles à la recherche de financement. L'absence d'un
bureau privé d'information sur le crédit réduit les informations dont disposent les banques pour
évaluer les profils de risque des nouveaux emprunteurs, ce qui exacerbe les effets des avantages
des banques en matière d'information sur les clients existants. Le plafonnement des taux d'intérêt
débiteurs réduit encore la capacité des banques à évaluer et à tarifer le risque de crédit avec
précision, ce qui peut les amener à recourir de manière disproportionnée aux garanties. La longueur
des procédures judiciaires pour obtenir la propriété des garanties en cas de défaillance de
l'emprunteur et l'absence de registre des actifs mobiliers augmentent encore l'aversion des banques
pour le risque.
Les parties prenantes interrogées par l'OCDE ont fait part de leurs préoccupations quant au fait que
les banques favorisent les emprunteurs avec lesquels elles entretiennent des relations d'affaires.
L'examen par les pairs du droit et de la politique de la concurrence en Tunisie réalisé par l'OCDE en
2022 a révélé qu'en 2019, cinq groupes industriels contrôlaient plus de 60 % du chiffre d'affaires des
entreprises privées les plus importantes du pays. Ces cinq groupes ont également des liens directs
avec les banques. Cela peut potentiellement réduire l'accès au crédit pour les entreprises qui ne
sont pas liées à ces groupes.

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Figure 1. L'expérience des MPME en matière d'accès au financement
Source: Enquête de l'OCDE auprès des PME.
Les services de paiement sont confrontés à des restrictions
réglementaires inutiles
Plusieurs dispositions juridiques créent des obstacles inutiles à l'entrée des prestataires de services
de paiement et entravent la concurrence. La procédure et les conditions d'agrément des prestataires
de services de paiement comprend des exigences en matière de capital minimum qui sont entre 12
et 76 fois plus élevées que dans d'autres pays. Les dispositions ad hoc et la longueur des procédures
réduisent la transparence et augmentent les coûts pour les candidats potentiels. Dans la pratique,
le processus d'octroi de licences a favorisé les affiliés des groupes bancaires existants et exclu
l’essentiel des sociétés fintech.
Dans d'autres juridictions, les entreprises fintech ont joué un rôle important dans la stimulation de la
concurrence et de l'inclusion financière en fournissant des alternatives innovantes et moins chères
aux services des banques traditionnelles, mais la réglementation en Tunisie dissuade les nouvelles
entreprises d'entrer dans le secteur de la banque de détail et réduit la capacité des nombreux
individus non bancarisés du pays à accéder aux services de paiement.
La structure du marché et le système réglementaire étouffent
la concurrence
Plusieurs autres facteurs peuvent également affaiblir la concurrence sur les marchés qui font l'objet
du présent rapport. Un certain nombre de dispositions légales et de pratiques de marché, ainsi que
les structures de propriété des banques, peuvent faciliter le partage d'informations commercialement
sensibles et le suivi des stratégies de prix, augmentant ainsi le risque d'un comportement coordonné.
La présence de l'État tunisien dans le secteur bancaire, en tant qu'actionnaire majoritaire de trois
des plus grandes banques du pays, affaiblit encore la concurrence. Les banques publiques sont
généralement moins incitées que les autres à améliorer leur efficacité et à innover.
La concurrence et le choix des fournisseurs sont restreints par l'adoption limitée des services
bancaires en ligne et le rôle des réseaux d'agences. Le choix des consommateurs est limité, en
particulier dans les zones rurales, où les succursales sont plus rares, et la mise en place d'un vaste
réseau de succursales représente un coût important pour les banques désireuses d'élargir leur
clientèle. Les résultats du marché sont compatibles avec une faible concurrence. Les frais et les
revenus des comptes courants, ainsi que la rentabilité globale des banques, ont augmenté
régulièrement au cours de la dernière décennie, et l'innovation dans le secteur financier est faible,
comme le montre le très faible taux d'adoption des paiements mobiles, par exemple.
Parmi les MPME ayant besoin d'un financement MPME n'ayant pas posé de candidature MPME ayant besoin d'un financement MPME dont la demande a été rejetée MPME n'ayant pas accédé à des fonds MPME ayant accédé à des fonds100%-43%-23%-8%-26%


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