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Évaluation des plateformes numériques
de participation citoyenne en Tunisie
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AVANT-PROPOS | 1
Évaluation des plateformes numériques
de participation citoyenne en Tunisie
PUBF
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020



















































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AVANT-PROPOS | 3
Avant-propos
La Tunisie est à présent engagée dans plusieurs processus de réforme dans le domaine de
la gouvernance publique. Parmi les plus remarquables figurent les efforts pour un
gouvernement ouvert et cette publication, visant à améliorer l’efficacité des plateformes
numériques de participation tunisienne, compte donc appuyer ces réformes en cours.
Cette œuvre s’inscrit dans la collaboration solide et durable entre l’Organisation de
Coopération et de Développement Économiques (OCDE) et la Tunisie dans le cadre du
Programme MENA-OCDE pour la gouvernance, un partenariat stratégique entre les pays
de la région MENA et de l’OCDE pour partager des connaissances et de l’expertise, en vue
de diffuser les normes et les principes de bonne gouvernance qui soutiennent le processus
de réforme en cours dans la région MENA.
Ce rapport représente aussi une nouvelle étape dans l’appui de l’OCDE à la Tunisie en
matière de gouvernement ouvert qui a abouti, entre autres, à la Revue du Gouvernement
Ouvert en Tunisie et à la mise en œuvre des réformes permettant au pays de rejoindre le
Partenariat pour un Gouvernement Ouvert. Cette démarche s’inscrit dans un programme
mondial de l’OCDE sur le gouvernement ouvert qui soutient les pays membres et
partenaires dans la mise en œuvre de la Recommandation du Conseil de l’OCDE sur le
Gouvernement Ouvert.
En outre, cette note fait partie du projet Bonne Gouvernance et Anti-Corruption en Tunisie,
mis en œuvre par l’OCDE avec le soutien financier du Foreign and Commonwealth Office
du Royaume-Uni et en coordination avec le gouvernement tunisien. Ce projet vise à
renforcer la stabilité, la prospérité et la confiance des citoyens en accompagnant la Tunisie
dans l’acquittement de ses engagements pour une bonne gouvernance pris lors de la
Conférence Anti-Corruption de Londres ainsi que dans la mise en application de la stratégie
nationale anticorruption 2016-2020.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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REMERCIEMENTS | 5
Remerciements
Le Secrétariat de l’OCDE souhaite exprimer sa gratitude à l’ensemble des personnes ayant
contribué à la réalisation de ce rapport. Ces remerciements vont en premier lieu au
Gouvernement tunisien, et en particulier au Ministère de la Fonction Publique, de la
modernisation de l’administration et des politiques publiques et son Unité de
l’Administration Électronique (UAE). L’OCDE souhaiterait également remercier les
parties prenantes tunisiennes et les partenaires techniques et financiers ayant participé aux
consultations dans le cadre de cette étude, en particulier le Bureau Central des Relations
avec le Citoyen et les Services du Conseiller Juridique et de Législation du Gouvernement.
L’OCDE adresse également ses remerciements à M. Jorge Perez Artiles, Directeur Général
de la Participation Citoyenne au Conseil de l'île de Grande Canarie en Espagne, et M. Sami
Demirbas, responsable de la plateforme « Demokratia.fi » et Spécialiste au Ministère de la
Justice en Finlande, qui ont agi en tant que pairs.
Dans le cadre du Programme MENA-OCDE pour la Gouvernance, ce rapport a été préparé
par la Direction de la Gouvernance Publique de l’OCDE, dirigée par Marcos Bonturi. Il
s’inscrit dans le cadre du Projet « Bonne Gouvernance et Anti-Corruption » de la Division
des Examens de la Gouvernance et des Partenariats, sous la responsabilité de Martin Forst.
Cette publication a été élaborée sous la direction stratégique d’Alessandro Bellantoni, Chef
de l’Unité de Gouvernement Ouvert. La publication a été coordonnée par Alessandro
Bozzini et rédigée par Gianluigi Viscusi et Khalil Charfi. Elle a aussi bénéficié de la
contribution de Sabrine Bouaicha et du travail de recherche de Matt Stempeck. Karine
Ravet a apporté un appui éditorial et Roxana Glavanov a préparé le manuscrit en vue de sa
publication.
Le rapport a été mené dans le cadre du mandat de promotion des réformes du
Gouvernement ouvert dans la région MENA, reçu par l’OCDE lors du Partenariat de
Deauville du G7 avec les pays arabes en transition.
L’OCDE souhaite remercier le Foreign and Commonwealth Office du Royaume-Uni et la
Middle East Partnership Initiative (MEPI) des États-Unis pour leur appui financier.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS | 7
Acronymes et abréviations
Application Program Interface
Assemblé des Représentants du Peuple
Association Tunisienne des Contrôleurs Publics
Bureaux des Relations avec le Citoyen
Bureau Central des Relations avec le Citoyen
Caisse Nationale d'Assurance Maladie
Services du Conseiller Juridique et de Législation du Gouvernement
Centre National d’Informatique
Commission nationale de l'informatique et des libertés
Direction générale des réformes et prospectives administratives
Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit
Korea International Cooperation Agency
Ministère des Affaires Locales et de l'Environnement
Middle East and North Africa
API
ARP
ATCP
BRC
BCRC
CNAM
SCJLG
CNI
CNIL
DGRPA
GIZ
KOICA
MALE
MENA
MTCEN Ministère des Technologies de la Communication et de l’Économie Numérique
OCDE
Organisation de coopération et de développement économiques
OSC
PIB
PG
SaaS
SIG
STEG
TIC
UE
Organisations de la Société Civile
Produit intérieur brut
Présidence du Gouvernement
Software as a Service
Système d'information géographique
Société Tunisienne de l'Électricité et du Gaz
Technologies de l'information et de la communication
Union européenne
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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8 | ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS
UAE
URL
Unité de l’Administration Électronique
Uniform Resource Locator
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TABLE DES MATIÈRES | 9
Table des matières
Résumé ................................................................................................................................................. 11
Une ferme volonté de développer le gouvernement ouvert et l’E-participation ................................ 11
Un concept qui admet des approches diverses ................................................................................... 11
Des pistes d’amélioration à explorer .................................................................................................. 11
Introduction ......................................................................................................................................... 13
Méthode ............................................................................................................................................. 14
Cadre général ..................................................................................................................................... 15
Notes .................................................................................................................................................. 18
Chapitre 1. Analyse de l’existant ....................................................................................................... 19
1.1. Le Contexte International ........................................................................................................... 19
1.2. Le Contexte Tunisien .................................................................................................................. 25
1.3. Notes ........................................................................................................................................... 30
Chapitre 2. Analyse des plateformes ................................................................................................. 31
2.1. Engagement ................................................................................................................................ 31
2.2. Gouvernance ............................................................................................................................... 33
2.3. Service ........................................................................................................................................ 34
2.4. Organisation ................................................................................................................................ 34
2.5. Infrastructure et systèmes d’information .................................................................................... 35
2.6. Notes ........................................................................................................................................... 36
Chapitre 3. État actuel de la stratégie d’E-participation ................................................................. 37
3.1. Notes ........................................................................................................................................... 39
Chapitre 4. Recommandations ........................................................................................................... 41
4.1. Engagement ................................................................................................................................ 41
4.2. Gouvernance ............................................................................................................................... 42
4.3. Service ........................................................................................................................................ 43
4.4. Organisation ................................................................................................................................ 44
4.5. Infrastructure et systèmes d’information .................................................................................... 45
4.6. Recommandations pour les plateformes ..................................................................................... 46
4.7. Notes ........................................................................................................................................... 50
Chapitre 5. Évolution de la stratégie d’E-participation ................................................................... 51
5.1. Notes ........................................................................................................................................... 52
Chapitre 6. Conclusion ........................................................................................................................ 53
Références ............................................................................................................................................ 55
Annexe A. Les outils d’E-participation ............................................................................................. 59
Annexe B. Tableaux ............................................................................................................................ 63
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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10 | TABLE DES MATIÈRES
Tableaux
Tableau 0.1. Domaines d’utilisation classés par niveau d’E-participation. ........................................... 17
Tableau 1.1. E-participation Index: Afrique - Source: Adapté de United Nations Department ............ 19
Tableau 1.2. Plateformes tunisienne pour l’E-participation considérées dans l’analyse. ...................... 26
Tableau 1.3. Classement des plateformes tunisiennes d'E-participation. .............................................. 27
Tableau 1.4. Domaines couverts par les plateformes tunisiennes d'E-participation .............................. 27
Tableau 1.5. Outils fonctionnels utilisés par les plateformes tunisiennes d'E-participation.................. 28
Tableau 2.1. Portail E-participation.tn : Contributeurs actifs, actions enregistrées et connexions
pour la version arabe et française (période 2017-2019). ............................................................... 31
Tableau 2.2. Indicateurs pour les pages Facebook de « OGP Tunisie » et « Data.gov.tn ». ................. 32
Tableau 2.3. Textes règlementaires par plateforme ............................................................................... 33
Tableau 10. Évaluation de l’utilisabilité des sites. ................................................................................ 63
Graphiques
Graphique.1. Cadrage méthodologique pour l'analyse des plateformes d'E-participation en Tunisie. . 14
Graphique 1.1. Classement de la Tunisie dans l’E-participation par rapport aux leaders Mondial et
Régional. Source : Adapté de UN (2018). ..................................................................................... 20
Graphique 4.1. Possible évolution du portail national de l'E-participation (exemple simplifié). .......... 47
Graphique 5.1. Évolution des plateformes pour l'E-participation en Tunisie........................................ 51
Graphique 5.2. Proposition d’architecture pour l'E-participation en Tunisie. ....................................... 52
Encadrés
Encadré 1.1. Høringsportalen.dk ........................................................................................................... 20
Encadré 1.2. Demokratia.fi .................................................................................................................... 21
Encadré 1.3. The European Citizens’ Initiative (ECI) ........................................................................... 22
Encadré 1.4. Participation-citoyenne.gouv.fr ........................................................................................ 23
Encadré 1.5. Participa.grancanaria.com ................................................................................................ 24
Encadré 3.1. Forces et défis de l’E-participation en Tunisie ................................................................. 37
Encadré 4.1. Recommandations pour e-people.tn ................................................................................. 46
Encadré 4.2. Recommandations pour E-participation.tn ....................................................................... 48
Encadré 4.3. Recommandations pour Legislation.tn ............................................................................. 49
Encadré 10. Les outils d’E-participation ............................................................................................... 59
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020






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RÉSUMÉ | 11
Résumé
Une ferme volonté de développer le gouvernement ouvert et l’E-participation
La Tunisie a adhéré à l’initiative du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert (OGP) en
2014 et elle est aujourd’hui à son troisième plan d’action national qui s’étale entre 2018 et
2020. Ce plan comporte quatre axes : renforcer le droit d’accès à l’information et
l’ouverture des données publiques, promouvoir la transparence dans la gestion des
ressources naturelles, promouvoir l’intégrité, l’approche participative et la gouvernance
locale et enfin améliorer la qualité des services publics. La participation numérique des
citoyens au moyen des technologies de l’information et de la communication (TIC), ou l’E-
participation, figure parmi les leviers qui peuvent contribuer au renforcement de la
participation citoyenne dans son ensemble. Ainsi, le gouvernement tunisien a mis en place
3 plateformes d’E-participation : e-people.tn, e-participation.tn et legislation.tn. D’autres
initiatives ont été lancées par la société civile.
Un concept qui admet des approches diverses
Les approches de l’E-participation à l’échelle internationale admettent des chemins divers.
Ainsi, il existe des approches centralisées comme celles étudiées dans les expériences
danoises ou finlandaises. Elles peuvent être également des approches de référencement
comme c’est le cas pour le portail participation-citoyenne.gouv.fr. L’ensemble de ces
expériences montre l’importance des aspects culturels d’inclusion et d’appropriation des
plateformes de l’E-participation par les décideurs politiques et les gestionnaires au sein des
administrations publiques comme souligné par l’expérience de l’île de Grande Canarie.
En Tunisie, en dépit des plateformes qui sont technologiquement globalement au point,
l’utilisation de ces plateformes reste en deçà des attentes. Elles couvrent certains domaines
limités comme la médiation et la consultation juridique, se concentrent sur le niveau de
consultation, et n’atteignent pas le niveau d’association tel que défini par l’OCDE pour la
participation numérique du citoyen. L’organisation liée à ces plateformes montre une
insuffisance de ressources humaines en quantité et en qualité pour asseoir leur essor, en
même temps que l’existence d’une multitude de plateformes avec des rôles qui se
chevauchent, rendant ainsi la gouvernance de la E-participation particulièrement difficile
en plus d’avoir des plateformes peu connues et peu utilisées par les citoyens.
Des pistes d’amélioration à explorer
Les recommandations vont dans le sens d’une amélioration et d’une clarification de la
gouvernance des plateformes, de la définition d’une stratégie concertée et pilotée, d’une
plus grande précision des textes juridiques qui ont trait à la E-participation, d’une utilisation
systématique des plateformes dans le processus de prise de décisions et du renforcement
du capital humain aussi bien en matière d’administration que d’exploitation opérationnelle
de ces plateformes. Cela n’est possible que par une volonté politique au plus haut niveau
qui s’appuie sur l’E-participation comme un moyen de renforcer la transparence et
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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12 | RÉSUMÉ
l’ouverture du gouvernement ainsi que la confiance des citoyens envers les institutions
publiques. En termes techniques, il faudrait que ces plateformes s’intègrent dans une
architecture gouvernementale de référence et qu’elles puissent s’ouvrir vers des
applications mobiles ou d’autres portails selon une architecture ouverte orientée services
(SOA).
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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INTRODUCTION | 13
Introduction
La Tunisie a démarré en 2011 une transition politique ayant pour objectif final d’instaurer
un modèle de gouvernance démocratique, ouvert et efficace. Le Gouvernement ouvert est
aujourd’hui considéré comme le moyen principal pour réduire la méfiance des citoyens
envers l’État et le retrait de la vie publique (OCDE 2019a). Il est défini par l’OCDE comme
« une culture de gouvernance qui promeut les principes de transparence, d’intégrité, de
redevabilité et de participation des parties prenantes, au service de la démocratie et de la
croissance inclusive » (OCDE, 2017). Le Gouvernement ouvert s’appuie entre autres sur
les efforts développés au cours des années pour exploiter la participation citoyenne au
moyen des technologies de l’information et de la communication, ou l’E-participation,
comme outil pour augmenter la contribution des citoyens dans le processus d’élaboration
des politiques et en même temps la transparence, la responsabilité et l’intégrité du
gouvernement et de l’administration publique (OECD 2005).
Ce rapport va donc s’ajouter aux initiatives et stratégies mise en place par le gouvernement
tunisien avec le soutien de l’OCDE, visant à favoriser la E-participation et le gouvernement
ouvert en Tunisie à travers l’amélioration de la gouvernance publique et de la
communication par les médias actifs dans le pays (OCDE 2017a, 2017b, 2018, 2019b). Par

ailleurs, la Tunisie a adhéré officiellement en 2019 à la Recommandation du Conseil de
l’OCDE sur le Gouvernement ouvert (OECD 2017). A ce propos, l’E-participation a un
rôle important surtout en considérant le point 9 de ladite Recommandation : « chercher des
moyens novateurs d’associer effectivement les parties prenantes, afin de bénéficier de leurs
idées et de co-créer des solutions, et tirer parti des possibilités offertes par les outils de
l’administration numérique ».
L’E-participation est donc un pilier fondamental pour
l’évolution numérique de la Tunisie en étant le lien entre l’ouverture de son gouvernement
et le développement de sa stratégie numérique tout en suivant les recommandations de
l’OCDE à ce niveau, lesquelles identifient parmi ses piliers la transparence, l’ouverture et
l’inclusivité
1, et en particulier celles qui concernent l’engagement citoyen : « Encourage
engagement and participation of public, private and civil society stakeholders in policy
making and public service design and delivery
» (OECD 2014, pp. 6-7).
En outre, l’OCDE est en train de soutenir l’Unité de l’Administration Électronique (UAE)
au sein du Ministère de la fonction publique, de la modernisation de l’administration et des
politiques publiques à mener une évaluation des plateformes numériques de participation
citoyenne en Tunisie. En effet, des plateformes numériques qui permettent à la population
d’interagir avec les autorités publiques sont au cœur du Gouvernement ouvert et peuvent
être un outil puissant afin d’augmenter l’ouverture et la redevabilité des institutions
publiques. Cependant, dans le cas spécifique de la Tunisie, il y a eu ces dernières années
une prolifération de plateformes numériques, applications et sites Internet censés soit
permettre aux citoyens d’exprimer leur opinion, soit de dénoncer des problèmes. Malgré
les efforts déployés, ces plateformes demeurent peu utilisées et donc n’arrivent pas à
atteindre les objectifs de participation, de transparence et de redevabilité qu’elles devraient
promouvoir. Dans ce cadre, l’OCDE encourage le Gouvernement tunisien à mener une
évaluation ou état des lieux des plateformes existantes afin d’analyser leurs forces et
faiblesses et de proposer des solutions pour rendre les plateformes numériques de
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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14 | INTRODUCTION
participation citoyenne plus efficaces et utiles. Ce rapport a donc été développé afin de
fournir une évaluation des plateformes de participation numérique (E-participation ci-
après) en se concentrant sur les plateformes gouvernementales : www.e-participation.tn,
www.e-people.gov.tn et www.legislation.tn.
Méthode
La recherche a adopté une approche qualitative, en suivant la démarche illustrée dans le
Graphique 1.
Graphique.1. Cadrage méthodologique pour l'analyse des plateformes d'E-participation en
Tunisie.
Cette étude a davantage analysé les documents officiels du gouvernement pour un cadrage
de la vision tunisienne en faveur du Gouvernement ouvert et les objectifs de l’E-
participation. Après, l’étude a considéré l’état de l’art académique et professionnel pour la
définition des formes et des domaines de l’E-participation et l’évaluation des plateformes
correspondantes. Cette étape a été nécessaire pour avoir un classement qui considère dans
une façon unifiée les différentes propositions disponibles dans la littérature sur l’E-
participation. L’étude a été basée sur cinq sujets d’analyse pour l’évaluation des enjeux et
l’E-participation en Tunisie : engagement, gouvernance, service,
stratégies pour
organisation, infrastructure et systèmes d’information. Ces sujets ont guidé des entretiens,
de type non-directif, individuels et dans certains cas collectifs (pour les pilotes e-people),
qui ont été réalisés entre le 10 et 20 septembre 2019. En outre, un focus group avec trois
organisations représentant les plateformes de la société civile a été tenu le 12 septembre
2019.
Les entretiens ont permis de définir l’état actuel de la stratégie d’E-participation, les
facteurs de succès, les forces et les défis des plateformes et d’envisager des parcours
d’évolution possible pour ces dernières. Ces résultats préliminaires ont été ensuite présentés
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020



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INTRODUCTION | 15
lors d’un atelier tenu à Tunis le 30 octobre 2019 auquel ont participé 39 personnes issues
de différents organismes de l’administration publique tunisienne et de la société civile.
l’usage de
L’objectif de l’atelier a d’abord été de partager les constats préliminaires de l’évaluation
suite aux analyses et aux consultations menées ainsi que de discuter avec les participants
des possibles pistes d’amélioration qui ont fait l’objet des recommandations de l’étude.
la plateforme Consul
L’atelier a également permis de partager
(http://consulproject.org/en/) par le Conseil de l’île de Grande Canarie comme exemple
concret d’une bonne pratique en matière de plateformes numériques de participation
citoyenne d’un pays de l’OCDE afin d’inspirer des actions d’amélioration pour les
plateformes tunisiennes. Enfin, les travaux de groupe sur les recommandations pour
l’amélioration des plateformes numériques de participation citoyenne en Tunisie ont
engagé les participants sur trois volets :
communication et incitation à l’utilisation des
plateformes, gouvernance et organisation des plateformes, aspects techniques et
informatiques des plateformes
. Les résultats ont été considérés en vue de l’élaboration des
recommandations finales présentées dans ce rapport.
Cadre général
Tout d’abord, cette étude considère que la participation citoyenne peut intervenir au moins
dans cinq étapes du cycle des politiques publiques (OCDE 2017c, p. 209) :
Définition des priorités d’action
Élaboration de la politique publique
Mise en œuvre de la politique publique
Suivi de la mise en œuvre de la politique publique
Évaluation des résultats / des impacts
La littérature académique sur l’E-participation a proposé plusieurs classements, méthodes
et cadres conceptuels pour la mise en place et l’évaluation d’initiatives publiques (Medaglia
2012; Pirannejad et al. 2019; Santamaría-Philco et al. 2019; Smith et al. 2011; Tambouris
et al. 2013). En particulier, Macintosh (2004, p. 6) a identifié et proposé dix paramètres
pour améliorer la participation des citoyens au processus politique par les technologies de
l’information et de la communication (TIC):
Niveau de participation (quel niveau de détail, ou jusqu'où engager les citoyens ?)
Étape de la prise de décision (quand engager les citoyens ?)
Acteurs (qui devrait être engagé et par qui ?)
Technologies utilisées (comment et avec quoi engager les citoyens)
Règles
d'engagement
nécessaires/collectées ?)
(quelles
informations
personnelles
seront
Durée et durabilité (pour quelle période de temps)
Accessibilité (combien de citoyens ont participé et d’où ?)
Ressources et promotion (combien cela a-t-il coûté et dans quelle mesure a-t-il été
annoncé ?)
Évaluation et résultats (l'approche méthodologique et les résultats)
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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16 | INTRODUCTION
Facteurs critiques de succès
économiques, technologiques)
(facteurs politiques,
juridiques, culturels,
En outre, Macintosh et Whyte (2008, pp. 20–25) ont proposé des perspectives d'évaluation
de la participation numérique selon le principe de couches techniques : la perspective
démocratique (avec des critères comme la représentation, l’engagement, la transparence, le
conflit et consensus, l’égalité politique et le contrôle communautaire), la perspective du
projet (avec des critères comme interagir avec un public plus large, obtenir des opinions
mieux informées, permettre une consultation plus approfondie, analyse rentable des
contributions, fournir une rétroaction aux citoyens) et la perspective sociotechnique qui
examine dans quelle mesure la conception des TIC affecte directement les résultats (avec
des critères comme l’acceptabilité sociale, la confiance et la sécurité, la pertinence et la
légitimité, l’utilité, l’accessibilité, le charme, la clarté du contenu, la réactivité, la
convivialité, la navigation et l’organisation, l’efficacité et la flexibilité, la récupération
d'erreurs). D’autres travaux de classification des projets de l’E-participation dans un cadre
de processus démocratique (Tambouris et al. 2007) suggèrent deux autres types de
classification :
La classification par domaine de participation indépendamment des technologies
de l’information utilisées,
La classification selon les outils technologiques et les technologies qui sont à la
base ou qui permettent l’E-participation.
Tout en considérant ces éléments et critères dans nos recommandations, dans la suite une
classification par trois niveaux de participation en ligne sera utilisée :
E-information : qui suppose en amont l’accès aux réseaux de télécommunication,
à la toile internet et aux moyens pour pouvoir publier et lire sur internet. La mise
en place de ces préalables est parfois décrite par le terme « e-enabling » (Macintosh
2004, p. 3).
E-consultation : elle suppose la mise en place d’un canal par lequel les citoyens
peuvent faire entendre leur voix. La mise en place de ces préalables est parfois
décrite par le terme « e-engaging ». La mise en place des préalables en termes
d’infrastructure et de réseaux de télécommunication est souvent décrite par le terme
« e-enabling ».
E-association, ce dernier niveau est parfois lui-même divisé en inclusion,
collaboration et décision. La mise en place de ces éléments est parfois décrite par
le terme « e-empowering » (Macintosh 2004, p. 3) ou par le terme « e-decision
making » (United Nations Department of Economic and Social Affairs 2018, p.
112).
La pertinence de ces niveaux est notamment considérée dans le contexte des processus
démocratiques tunisiens comme le renforcement des capacités des citoyens ainsi que dans
la prise des décisions politiques, en suivant l’idée que ce ne sont pas des TIC plus
sophistiquées qui conduisent à elles seules à une meilleure participation (Grönlund 2009,
p. 21). Par ailleurs, la classification par domaine prévoit les différentes logiques
d’utilisation de l’E-participation. Une liste non exhaustive des domaines d’utilisation
classés par niveau d’E-participation.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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INTRODUCTION | 17
Tableau.1. Domaines d’utilisation classés par niveau d’E-participation.
E-Information
Accès à l’information
Culture politique
Éducation citoyenne
E-Consultation
E-Association
Délibérations
Dialogue entre citoyens ou avec le gouvernement
Enquêtes et sondages
Médiation
Préparation/rédaction des lois
Processus politique
Services administratifs électroniques
Vote et propagande
Activisme/ Campagnes
Aménagement des territoires
Création de communauté
Environnements de collaboration
Inclusion
Outils de communautés
Journalisme citoyen
À ce propos, il faut toutefois remarquer que l’OCDE dans son rapport « Gouvernement
ouvert, Contexte mondial et perspectives, 2017 » (OCDE 2017c, p. 203) présente trois
niveaux de participation du citoyen, qui seront utilisés dans la suite comme classement
général incluant aussi les niveaux de participation en ligne cités dans le Tableau 0.1 :
1. Information
Dans ce premier niveau d’E-participation, il s’agit de :
Mettre l’information et les données à la disposition des autres parties
Mieux informer et sensibiliser certains publics sur des sujets spécifiques
Encourager les acteurs à se sentir concernés et à agir
Ce premier niveau exige donc un minimum de connectivité et de maîtrise technologique
afin de rendre disponible et accessible l’information sous format électronique avec un
intérêt pour le citoyen.
2. Consultation
Pour ce deuxième niveau d’E-participation, l’objectif est de :
Rassembler les commentaires, les impressions, l’information et l’expérience des
acteurs impliqués
Sans obligation de tenir compte de l’avis des acteurs dans la décision finale
Ce niveau établit donc une relation avec le citoyen afin de recueillir son avis sans
pour autant lui garantir en retour une réponse ou une prise en compte de son avis.
3. Association
Le dernier niveau d’E-participation consiste à :
Donner la possibilité de participer aux processus politiques


Il peut mener les participants à influencer les décisions
Il peut intégrer des éléments de codécision/coproduction ; il y a un équilibre des
pouvoirs entre les acteurs impliqués
Ce niveau présente une complexité technologique accrue car il demande la gestion des
problématiques d’identification, de collaboration et de coordination.
Enfin, les outils technologiques sont variés et sont en constante évolution. On y trouve les
portails web, les outils de recherche, le webcasting, les « chat rooms », les wikis, le content
management, le « Natural language processing », le « citizen relationship management »,
le SIG (les détails sur ces outils sont fournis dans l’Annexe 1)
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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18 | INTRODUCTION
Notes
1 Ensure greater transparency, openness and inclusiveness of government processes and operations”
(OECD 2014, p. 6)
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020



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1. ANALYSE DE L’EXISTANT | 19
Chapitre 1. Analyse de l’existant
Ce Chapitre analyse la position de la Tunisie par rapport aux autres pays engagés dans le
développement de l’E-participation tout en présentant des exemples de bonnes pratiques.
Ensuite, il analyse le contexte tunisien par rapport aux initiatives en cours prises par le
gouvernement et la société civile. Concernant le contexte international, il s’appuie sur les
données publiées dans le rapport des Nations Unies « E-Government Survey 2018 » (UN
2018) et l’évaluation économique 2018 de l’OCDE (OCDE 2018).
1.1. Le Contexte International
La Tunisie est engagée depuis 2011 dans un processus de réformes économiques, sociales
et politiques. En regardant les indicateurs d’intérêts pour l’E-participation en Tunisie, la
démocratie a largement progressé surtout pour ce qui concerne la participation
démocratique et la liberté d'expression ainsi que la représentation des femmes au Parlement
(OCDE 2018, p. 16). Ces résultats se reflètent aussi sur la performance du pays dans le
numérique : comme le montre le Tableau 1.1 la Tunisie apparaît à la deuxième place pour
l’E-participation en Afrique, après l’Afrique du Sud dans le classement 2018 des Nations
Unies (UN 2018).
Tableau 1.1. E-participation Index: Afrique - Source: Adapté de United Nations Department
Nom du Pays
Afrique du Sud
Tunisie
Maroc
Rwanda
Maurice
Seychelles
Ghana
Burkina Faso
Ouganda
République-Unie de Tanzanie
E-participation Index
0.8483
0.7978
0.7753
0.7584
0.691
0.6461
0.6292
0.6236
0.6236
0.618
Le Graphique 1.1 montre aussi que la Tunisie est classée 53ème par rapport au leader
mondial en E-participation (à savoir, le Danemark), en se plaçant comme leader dans la
sous-région de l’Afrique du Nord. Par la suite, l’étude va analyser les bonnes pratiques
pour favoriser une avancée ultérieure de la Tunisie dans le classement global pour l’E-
participation.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

Page 21
20 | 1. ANALYSE DE L’EXISTANT
Graphique 1.1. Classement de la Tunisie dans l’E-participation par rapport aux leaders
Mondial et Régional. Source : Adapté de UN (2018).
Le Danemark a lancé depuis 2005 un portail pour la consultation publique des nouvelles
réglementations, Høringsportalen.dk. Le portail de consultation a particulièrement pour
objectif de fournir au public
une entrée numérique unique pour les propositions législatives,
les projets de règlement et autres textes. Les citoyens, entreprises, organisations, etc.
intéressés peuvent ainsi voir quelles propositions de loi ou décrets sont en cours, quelles
organisations sont consultées et quelles réponses aux consultations ont été données, et
recevoir les mises à jour des audiences comme « web feed » (un fichier XML qui est
distribué par le serveur web aux lecteurs de « feed »). L’archive du portail contient 13 827
audiences, dont 54 en cours au 17 décembre 2019.
Encadré 1.1. Høringsportalen.dk
Le portail de consultation recueille des documents de consultation, remontant à la
mi-2005, concernant la préparation de la réglementation par tous les ministères et
agences. La publication est obligatoire pour tous les projets de loi et décrets.
D'autres documents sont également publiés pour consultation dont la divulgation
est facultative. Ils comprennent des documents de politique ou de stratégie, des
projets de règlement de la Commission européenne, des projets de normes
techniques et des lignes directrices. Il peut s'agir également, par exemple, de
documents, rapports, études ou autres documents écrits de l'UE sur un domaine
législatif. Cela s'applique, par exemple, aux rapports des panels d'entreprises de la
Danish Business Authority.
Une fois la période de consultation terminée, le gouvernement publie également les
commentaires écrits qui ont été reçus. Les projets de règlement peuvent être
recherchés par catégorie de document, date, autorité, ainsi que par mots clés. Le
portail comprend par ailleurs la possibilité de recevoir régulièrement des
notifications électroniques de mise à jour et une newsletter sur la consultation.
Les réponses aux consultations reçues qui sont envoyées au Parlement danois
doivent être publiées sur le portail d'audition. Les réponses consultatives reçues en
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020



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1. ANALYSE DE L’EXISTANT | 21
version papier sont numérisées et publiées. Si un projet d'arrêté a été soumis pour
consultation et donc publié sur le portail de consultation, le ministère doit
également publier les réponses des consultations externes. La publication doit être
effectuée après l'expiration de la période de consultation et au plus tard lors de la
publication de l'avis.
Source: https://hoeringsportalen.dk, OECD (2010).
Une approche unifiée pour l’accès des citoyens aux services d’E-participation est aussi
adoptée par la Finlande, un autre pays dans le top 10 du rapport 2018 des Nations Unies
(2018), qui le classe au numéro 6. Dans ce cas, on a un vrai one-stop-shop de l’E-
participation où l’on trouve, dans un seul portail, le lien à d’autres service-portails qui
adressent les trois niveaux qui viennent d’être mentionnés : e-information, e-consultation
et surtout e-association. En particulier, le service « Nuortenideat » (les idées des jeunes)
permet aux jeunes de présenter leurs idées dans une perspective d’innovation ouverte (open
innovation) ou de production participative (crowdsourcing) comme dans le cas du service
en ligne « Kuntalaisaloite » (les habitants) qui permet aux résidents d'une municipalité de
soumettre des propositions d’initiatives.
Encadré 1.2. Demokratia.fi
Géré et entretenu par le ministère de la Justice finlandais (Unité pour la démocratie,
les affaires linguistiques et les droits fondamentaux), le portail Demokratia.fi
(bilingue : finlandais et suédois) rassemble les différents services en ligne
Kuntalaisaloite.fi,
(Otakantaa.fi,
Kuntalaisaloite.fi) pour la participation et l'influence démocratiques et fournit des
informations à jour sur les étapes de la prise de décision et de l'élaboration des lois.
Lausuntopalvelu.fi,
Kansalaisaloite.fi,
Otakantaa.fi vise à améliorer l'interaction entre les citoyens, les groupes d'intérêt,
les ONG, l'administration publique et les décideurs, qui peuvent discuter des projets
en cours.
Lausuntopalvelu.fi met les demandes officielles de déclarations à disposition de
tous, y comprises les déclarations données par le biais du service. Les demandes de
déclarations peuvent être soumises par: ministères, gouvernements locaux, agences
gouvernementales, ONG, particuliers, entreprises et organisations du secteur
public.
Kansalaisaloite.fi est un service qui permet aux citoyens finlandais d'influencer
directement la législation. En fait, tout citoyen finlandais autorisé à voter peut
lancer une initiative citoyenne. Si le nombre de déclarations de soutien valides
passe à 50 000 dans un délai de six mois, l'initiative est soumise au Parlement pour
examen.
Kuntalaisaloite.fi est un outil en ligne pour influencer la prise de décision locale,
où les résidents d'une municipalité ont le droit de lui soumettre des initiatives. La
municipalité peut également afficher les initiatives qui lui sont soumises via le
service sur son site Internet.
Nuortenideat.fi est un service qui permette aux jeunes de présenter leurs idées, ainsi
que d'exprimer leurs opinions sur la manière d'améliorer une opération ou un
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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22 | 1. ANALYSE DE L’EXISTANT
service. Le service peut être utilisé par les gouvernements locaux, les écoles, les
ONG et les groupes d'influence pour les jeunes. Dans le service, les usagers peuvent
présenter des idées ou soutenir et commenter les idées présentées par d'autres ou
encore, suivre le déroulement de l'examen des idées, obtenir une réponse et une
décision.
Source: Demokratia.fi (2015)
Une autre approche holistique mais sans accès unique a été suivi par l’UE, qui est engagée
dans la promotion de l’E-participation avec différents portails dédiés à l’E-information et
l’E-consultation comme « Petitions »
1 qui est dédié aux pétitions des citoyens, « Have your
say »
2 où les citoyens peuvent contribuer à la politique et à l'élaboration de la législation
de l'UE en donnant leur avis sur les initiatives de la Commission au fur et à mesure qu'elles
prennent forme et émettre aussi des suggestions sur la simplification et l'amélioration de la
législation existante. Pour ce qui concerne l’e-association et le domaine de la médiation, il
faut mentionner le service « Solvit »
3 qui permet aux citoyens et aux entreprises de
demander des solutions (et de les trouver dans un délai de 10 semaines) quand des règles
ou des décisions injustes et des formalités administratives discriminatoires peuvent
« empêcher de vivre, de travailler ou de faire des affaires dans un autre pays de l'UE ».
Enfin, en 2012 l’UE a lancé l’initiative et la plateforme European Citizens’Initiative (ECI)
permettant aux citoyens d'appeler directement la Commission à présenter de nouvelles
propositions d'actes juridiques ou des changements juridiques dans n'importe quel domaine
où la Commission européenne a le pouvoir de proposer une législation, comme
l'environnement, l'agriculture, l'énergie, les transports ou le commerce.
Encadré 1.3. The European Citizens’ Initiative (ECI)
Pour lancer une initiative sur la plateforme European Citizens’ Initiative (ECI), il
faut que 7 citoyens d’États membres différents de l’UE soient engagés et
l’enregistrent en ligne. Il faut jouir du droit de vote (être électeur) et rassembler 1
million de signatures d’ici un an. Les règles et procédures régissant l'initiative
citoyenne sont définies dans un règlement de l'UE adopté par le Parlement européen
et le Conseil de l'Union européenne en février 2011. Il faut noter que les initiatives
citoyennes ne peuvent pas être gérées par des organisations, tandis que les
organisations peuvent les promouvoir ou les soutenir.
Si toutes les conditions sont respectées, la Commission examine l'initiative. Dans
les 3 mois suivant sa réception, ses représentants rencontreront les organisateurs,
lesquels pourront présenter leur initiative lors d'une audition publique au Parlement
européen et la Commission adoptera une réponse formelle précisant les actions
qu'elle proposera. La réponse, qui prendra la forme d'une communication, sera
officiellement adoptée par le collège des commissaires et publiée dans toutes les
langues officielles de l'UE. Toutefois, la Commission n'est pas obligée de proposer
une législation à la suite d'une initiative, mais, si tel est le cas, la procédure
législative normale démarre. De 2012 à 2016, le portail a reçu 56 propositions, 36
ont été enregistrées et 3 ont réussi à atteindre le million de signatures. Ces dernières
ont alors reçu une réponse de la Commission européenne (en 2019, le nombre est
monté à quatre).
Source : https://ec.europa.eu/citizens-initiative/public/welcome, EC (2015), Lironi (2016).
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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1. ANALYSE DE L’EXISTANT | 23
En considérant les enjeux de la gouvernance dans l’E-participation, avec le portail
Participation-citoyenne.gouv.fr la France a adopté une approche qui unit la centralisation
des lignes directrices et des méthodes à suivre par les citoyens qui veulent lancer des
initiatives et une labellisation des plateformes à utiliser. Ces dernières ne doivent pas
forcément être d’origine française mais sont sélectionnées selon leur adhérence et
conformité aux lignes directrices et critères établis par le Centre de la Participation
Citoyenne de la Direction Interministérielle de la Transformation Publique (DITP).
Encadré 1.4. Participation-citoyenne.gouv.fr
Le Centre de la Participation Citoyenne de la Direction Interministérielle de la
Transformation Publique (DITP) a mis en place une plateforme (participation-
citoyenne.gouv.fr) qui permet aux citoyens de participer aux démarches en cours et
contribuer à l’élaboration des politiques publiques, suivre les dispositifs
participatifs et voir à quoi ont servi les contributions des citoyens, recevoir une
notification dès qu’une démarche participative les concerne.
La plateforme permet aussi de rejoindre la communauté des citoyens intéressés aux
dispositifs participatifs ou qui en ont déjà utilisé un ou plus. Concernant la
conception, réalisation et gestion d’une démarche participative, la plateforme
fournit une méthode qui guide le citoyen dans chaque étape, avec des exemples, en
particulier en facilitant l’accès à une sélection de cinq plateformes en ligne : Cap
Collectif (https://cap-collectif.com/), Civocracy (https://www.civocracy.com),
Decidim (https://meta.decidim.org/), DemocracyOS (http://democracyos.eu/),
Nova-Ideo (http://democracyos.eu/). Ces plateformes respectent les 23 critères des
base (qui vont s’enrichir dans le futur) identifiés par l’équipe du DITP, comme, par
exemple, accessibilité, autonomie (surtout hébergement SaaS), droit et liberté (être
avant tout en conformité avec la CNIL et fournir son numéro de déclaration et le
récépissé associé), expérience utilisateur, infrastructure et qualité du service,
mentions légales, sécurité et transparence.
Source: https://participation-citoyenne.gouv.fr
Enfin, parmi les bonnes pratiques de plateformes de participation citoyenne, il faut
mentionner CONSUL qui est à présent le plus ample projet existant, partagé gratuitement
et utilisé par 130 institutions de 33 pays à travers le monde, surtout des municipalités et
administrations publiques locales, comme par exemple le Cabildo de Gran Canaria, dont
l’expérience est décrite dans l’encadré 5. Cette plateforme est choisie car elle présente un
« modèle » avec une plateforme logicielle, personnalisable, sûre, pour faciliter la
participation des citoyens et le contrôle de l'action gouvernementale. En plus, le projet est
construit de manière collaborative par les équipes techniques des entités utilisatrices. Ainsi,
la plateforme CONSUL peut fournir une solution d’infrastructure et de logiciel pour les
institutions et les administrations publiques qui veulent développer l’E-participation mais
qui n’ont pas les moyens et l’expertise pour produire des solutions en interne (
in house).
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020



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24 | 1. ANALYSE DE L’EXISTANT
Encadré 1.5. Participa.grancanaria.com
CONSUL est l'outil de participation citoyenne que le Cabildo de Gran Canaria a adopté
pour sa plateforme https://participa.grancanaria.com.
La plateforme a été utilisée pour plusieurs consultations, comme par exemple sur la création
d’une zone non-fumeurs dans la plage de Las Canteras, l’enquête pour le Plan municipal
du logement et la mise à jour du catalogue des arbres protégés à Carreño.
Ces expériences ont porté les décideurs et les gestionnaires publics du Cabildo de Gran
Canaria à considérer les aspects suivants comme étant déterminants de l'efficacité de la
plateforme et de la stratégie numérique de participation citoyenne.
Avant tout, il faut être conscient de la fracture numérique et promouvoir activement
l'accessibilité de tous les segments de la population avec de l’appui technique et de la
formation. Il faut donc accroître l'inclusivité (personnes âgées, immigrés, diversité sexuelle
ou fonctionnelle) de la plateforme comme facteur de qualité démocratique et d'efficacité de
la stratégie numérique (utilisateurs les plus fidèles).
Ensuite, l’utilisation partagée des canaux en face-à-face et de ceux proposés par la
plateforme numérique est un élément clé pour garantir l'efficacité et l'efficience de la
participation. Les processus participatifs qui utilisent des canaux en face à face et une
plateforme numérique retiennent et attirent les utilisateurs et sont plus efficaces. Plus les
processus participatifs sont ouverts, informés et transparents via la plateforme numérique,
plus la mobilisation, la collaboration et la confiance des citoyens sont importantes. Le
renforcement des alliances avec la société civile organisée (associations, syndicats, groupes
informels, entités bénévoles, etc.) permet d'orienter la participation vers la plateforme
numérique.
Aussi, il faut bien inclure la stratégie numérique pour un Gouvernement ouvert dans le
cadre de la stratégie gouvernementale de Smart City and Knowledge Society avec des
équipes interdisciplinaires pour la conception et la gestion de la plateforme numérique. Le
changement de culture organisationnelle et démocratique au sein du gouvernement
améliore l'efficacité de l'innovation technologique pour la participation et le Gouvernement
ouvert. La qualité des informations (formats accessibles et compréhensibles) est un élément
qui génère la confiance dans la plateforme et garantit la qualité du processus participatif.
En outre, dans les environnements virtuels et numériques, une stratégie de communication
viable et gérable doit être suivie, en décidant des niveaux à utiliser : communication
déclarative-unidirectionnelle, réactive-bidirectionnelle, interactive. Les réseaux sociaux
sont un moyen de communication précieux lorsque des plateformes numériques sont
utilisées. L'investissement dans la communication est essentiel pour attirer les utilisateurs
vers la plateforme.
Finalement, la plateforme de participation numérique est un espace d'apprentissage,
institutionnel et social, on ne doit pas avoir peur d'expérimenter et on ne peut pas mesurer
son efficacité uniquement en termes quantitatifs. C'est une technologie ouverte au public et
il faut donc la considérer comme un design ouvert, reconstruit, repensé avec la citoyenneté,
dans des laboratoires citoyens valorisant l'intelligence collective (certaines initiatives ont
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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1. ANALYSE DE L’EXISTANT | 25
demandé au moins six mois d’interactions avec les citoyens pour obtenir des résultats de
participation satisfaisants).
Source : http://consulproject.org/en/ et Jorge Pérez Artiles, J.P. (2019) Nuevas Tecnologías e internet para un
gobierno abierto. Estrategia digital de Participa Gran Canaria, présentation pour l’atelier OCDE « Évaluation
des plateformes numériques de participation citoyenne en Tunisie : Constats préliminaires et bonnes pratiques
internationales », Tunis, le 30 octobre 2019.
Il existe bien sûr de nombreux autres exemples intéressants d’E-participation, parmi
lesquels les initiatives du Portugal telles que le budget participatif national
4, qui a gagné
plusieurs prix récemment, et le programme de simplification administrative Simplex
5, qui
montre comment il est possible d’engager les citoyens pour transformer le secteur public.
1.2. Le Contexte Tunisien
La Tunisie a adopté en 2016 une stratégie pour le développement de l’E-gouvernement et
du Gouvernement ouvert « Smart Gov 2020 » qui a prévu des actions pour les deux volets
ayant comme objectif d’avoir entre autres « une administration performante et ouverte,
fournissant des services accessibles, simples et de haute qualité aux citoyens et aux
entreprises et contribuant activement au développement ». Ainsi, l’orientation stratégique
N°7 concerne « Mettre en place un cadre de participation citoyenne favorisant la
démocratie participative ».
Six actions doivent permettre de répondre à cette orientation stratégique :
La mise en place d’un cadre institutionnel pour l’appui à l’E-participation
La mise en place d’un programme de communication et de formation
La mise en place d’un programme d’appui à l’E-participation au niveau local
La mise en place d’une plateforme électronique pour la gestion des plaintes et de
dénonciation des cas de corruption
Le développement d’un service d'e-pétition
Le développement d’un service en ligne de demande d’accès aux informations
publiques.
Certaines de ces actions sont suivies par l’Unité de l’Administration Électronique au
Ministère de la fonction publique, de la modernisation de l’administration et des politiques
publiques. Par ailleurs, ce plan national stratégique « Smart Gov 2020 » prévoit plusieurs
autres projets structurants qui sont entre autres l’instauration d’un système d’identifiant
unique du citoyen, la mise en œuvre d’une plateforme nationale d’interopérabilité des
systèmes d’information de l’administration et enfin, la mise en place d’un système de
gestion des correspondances entre les administrations.
En outre, la Tunisie est membre depuis 2014 du « Partenariat pour un Gouvernement
Ouvert (PGO) ». Cette initiative vise au respect des principes de transparence, de
redevabilité, de lutte contre la corruption et de participation citoyenne.
La Tunisie est à son 3ème plan d’action dans le cadre du PGO, qui couvre la période 2018-
2020 et prévoit 13 engagements selon les quatre axes de travail suivants :
Renforcement de l’accès à l’information et l’ouverture des données publiques,
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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26 | 1. ANALYSE DE L’EXISTANT
Promotion de la transparence dans la gestion des ressources naturelles,
Promotion de l’intégrité, l’approche participative et la gouvernance locale, et
Amélioration de la qualité des services publics.
L’engagement 10 consiste à « Développer des mécanismes pour promouvoir le dialogue et
l'interaction avec les demandes et les préoccupations des jeunes et leur permettre de suivre
leur mise en œuvre dans les politiques publiques ».
La présente étude se concentre sur l’évaluation des plateformes gouvernementale d’E-
participation suivantes :
E-people.tn
E-participation.tn
Legislation.tn
Cependant, afin de placer ces plateformes dans leur contexte, une revue a aussi été effectuée
concernant les plateformes de la société civile suivantes : Cabrane.com, Billkamcha.tn,
Informini.org, Goulelhom.org.
1.2.1. Présentation du périmètre
Il est d’abord utile de présenter les différentes plateformes étudiées (Tableau 1.2).
Tableau 1.2. Plateformes tunisienne pour l’E-participation considérées dans l’analyse.
Portail
E-people.tn
E-
participation.tn
Legislation.tn
Cabrane.com
Billkamcha.tn
Goulelhom.org
Informini.org
Description
C’est le portail géré par le Bureau Central des Relations avec le Citoyen / Présidence du Gouvernement. Il
offre des services de médiation pour les citoyens avec 6 rubriques (requête, suggestion, alerte,
information, forum et enquête).
C’est un portail opéré par l’UAE au sein du Ministère de la fonction publique, de la modernisation de
l’administration et des politiques publiques. Il comprend des modules de consultations, de débats publics
et de proposition d’idées.
Le Portail National d'Information Juridique est opéré par les services du conseiller juridique et de
législation du gouvernement. Il regroupe les textes législatifs et réglementaires publiés au Journal Officiel
de la République Tunisienne depuis 1956. Le portail offre un accès gratuit aux informations, une
navigation rapide et une recherche dans différentes sections comme la Constitution, les circulaires, les
codes en vigueur ainsi que les conventions et traités internationaux. En outre, il donne accès aux projets
de lois soumis au pouvoir législatif et aux projets de textes soumis à consultation publique qui sont en
cours d’élaboration. Le portail donne également accès à de plus amples informations par le biais d'autres
liens spécifiques à la législation, par exemple « l’Assemblée des représentants du peuple », «
Jurisprudence » et d'autres liens juridiques utiles.
C’est un site qui est dédié au suivi des projets publics. Il est animé par l’Association Tunisienne des
Contrôleurs Publics. Il vise à impliquer les citoyens dans le contrôle des projets publics en rapportant les
dysfonctionnements et les abus constatés.Il permet de suggérer et/ou voter des nouveaux projets
notamment dans votre région.
C’est un site porté par une organisation de la société civile (I-watch) qui utilise l’outil GlobaLeaks pour
aider les citoyens à dénoncer les cas de corruption.
C’est un portail qui s’occupe de la participation des jeunes en leur permettant de déposer des plaintes et
des pétitions avec un suivi par municipalité. Ce portail est porté par l’organisation de la société civile «
Réseau alternatif des jeunes – RAJ »
C’est un site qui permet aux citoyens de déposer des demandes d’accès aux données publiques
développé dans le cadre du programme Onshor pour stimuler la diffusion de l’information publique.
Lors de l’analyse basée sur les niveaux de participation citoyenne de l’OCDE mentionnés
plus haut, il ressort d’abord que l’essentiel des sites étudiés peuvent être classés dans les
niveaux Consultation ou Information comme le montre le Tableau 1.3. Cela signifie que
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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les facteurs préalables du niveau Information sont relativement bien acquis en termes de
connectivité et de maîtrise technologique.
Tableau 1.3. Classement des plateformes tunisiennes d'E-participation.
1. ANALYSE DE L’EXISTANT | 27
ogptunisie.gov.tn
E-people
E-participation
Legislation.tn
Cabrane.com
Billkamcha
Goulelhom
Informini
Information
X
X
X
X
X
Consultation
Association
X
X
X
X
X
X
X
Pour ce qui concerne le niveau « consultation », il est à préciser qu’avec e-people, le
citoyen est informé de la suite réservée à sa requête qu’il a émis selon le choix qu’il a
formulé lors de son envoi et c’est le BCRC ou un BRC responsable de la requête dans un
organisme publique qui s’en charge en concertation avec les parties concernées.
Cependant, il est à signaler que les plateformes existantes à présent ne peuvent pas être
assimilées à des plateformes d’E-association car il manque aux sites étudiés les
fonctionnalités qui permettent aux citoyens une vraie collaboration dans la prise de
décisions (codécision). Il faut néanmoins remarquer que certaines, parmi les plateformes,
comme par exemple E-people, ont la potentialité d’offrir des fonctions d’E-association si
ces dernières sont supportées par un usage soutenu et continu par les citoyens (voir à ce
propos les recommandations par la suite).
1.2.2. Cycle des politiques publiques et domaines couverts
Les domaines couverts par les plateformes d’E-participation sont essentiellement
l’information, la médiation, les services et la préparation des lois (voir le Tableau 1.4). En
contrepartie, il y a des tentatives de la société civile de créer des expériences visant à
encadrer l’activisme et à collecter les informations via le citoyen.
Tableau 1.4. Domaines couverts par les plateformes tunisiennes d'E-participation
Domaine
ogptunisie.gov.tn
E-people
E-participation
Legislation.tn
Cabrane.com
Billkamcha
Goulelhom

Informini
Accès à
l'information

Médiation
Activisme/
Campagnes

Préparation/ Rédaction
des lois

Service
Journalisme
citoyen

X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Les domaines tels que celui des enquêtes et sondages, du travail collaboratif, du vote
électronique et de l’aménagement du territoire, à titre d’exemple, ne sont pas encore
couverts par les plateformes d’E-participation étudiées.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020
















































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28 | 1. ANALYSE DE L’EXISTANT
Par ailleurs, selon le modèle de l’OCDE (2016, p. 11) de la participation citoyenne dans les
politiques publiques lors d’un processus démocratique, cette participation citoyenne obéît
à un cycle divisé en 5 phases :





Implication des citoyens dans l’identification des priorités politiques
Implication des citoyens dans la préparation des politiques
Implication des citoyens dans la mise en œuvre des politiques
Implication des citoyens dans l’expression d’une opinion sur le fonctionnement des
services publics
Implication des citoyens dans l’évaluation de l’impact des politiques.
Il y a donc une concentration des services d’E-participation surtout dans les phases de mise
en œuvre et de contrôle des politiques. En effet, la médiation, la préparation des lois et les
services aux citoyens sont utilisés lors de la mise en œuvre des politiques. En revanche, et
malgré la présence du portail « participation.tn », l’E-participation reste limitée dans les
phases en amont du cycle, donc celles relatives à la préparation, l’analyse des programmes
et des politiques avec des projets en relation avec la création et l’animation de
communautés, de structuration d’idées et de politiques. Certaines de ces phases sont
couvertes par les réseaux sociaux où on remarque la forte présence des communautés
(ouvertes ou fermées) et des citoyens pour échanger, commenter et débattre autour d’idées.
1.2.3. Outils fonctionnels
Le Tableau 1.5 présente les différents outils utilisés. Il existe une multitude d’outils et
certaines plateformes utilisent des outils différents mais de même nature (forum,
suggestions, alertes).
Tableau 1.5. Outils fonctionnels utilisés par les plateformes tunisiennes d'E-participation.
Outils
Portail Requête Enquête
Forum
Idée/ suggestion/
alerte
Consultation
Collaboration/
Communauté
Pétition
ogptunisie.gov.tn
E-people

E-participation
Legislation.tn

Cabrane.com
Billkamcha
Goulelhom
Informini
X
X
X
X
X
X
X
X
X

X
X
X
X
X

X
X
X
X
X
Il est à noter que peu de plateformes utilisent des outils complexes de travail collaboratif.
1.2.4. Aspects techniques
Pour ce qui est des aspects techniques, l’analyse se concentre sur la visibilité et
l’identification, l’utilisabilité et le design des sites selon le modèle dérivé de celui établi
par l’Unité d’Administration Électronique
6 pour l’évaluation des sites Internet publics (voir
Annexe B. Tableaux pour les détails de l’évaluation). Ainsi, pour la visibilité et
l’identification, il a été vérifié que le nom de domaine est simple, concis, intuitif et
mémorisable. Pour les sites publics, il est important que toutes les pages du site contiennent
dans l'en-tête (header) : le drapeau de la Tunisie, la mention « République Tunisienne », le
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020















































Page 30
1. ANALYSE DE L’EXISTANT | 29
nom du ministère de tutelle et le nom de l’organisme ainsi que son identité visuelle
(logotype). Enfin, il a été vérifié l’existence d’un plan du site.
Pour ce qui est de l’utilisabilité, le modèle de l’UAE vérifie que :
chaque page est identifiée par un titre de page décrivant le contenu de la page et
que le contenu textuel des pages est bien hiérarchisé (Title, H1, H2, etc.),
chaque page du site comporte les éléments de navigation et de repérage permettant
à l'utilisateur de se situer dans le site (par exemple un menu actif) et que la
hiérarchie entre les niveaux d'information dans le menu de navigation est explicite,

toutes les pages du site comportent un lien « Accueil » renvoyant vers la page
d’accueil,
un menu des tâches courantes est présent dans toutes les pages et contient à titre
indicatif les liens suivants : Accueil, Contact, A propos, Aide, FAQ, Liens utiles,
Mentions légales, Plan du site, Accessibilité, etc.
la présence d’un moteur de recherche interne situé en haut de la page est visible
dans toutes les pages et se présentent sous la forme d'un champ de recherche et du
bouton « Chercher »,

le site offre des actualités récentes et à jour, accessibles depuis la page d'accueil,
classées par ordre antéchronologique (à partir de la date la plus récente) et affichées
linéairement,





les champs obligatoires des formulaires sont signalés par un astérisque (rouge),
il existe au moins deux langues (arabe et français ou anglais) clairement signalées
le site offre une version mobile cohérente,
les temps de réponses du système sont acceptables.
Enfin, pour ce qui est du design, cette étude a été attentive à la cohérence du style, à la
clarté du contraste et à la facilité de lecture par rapport au fond de page.
Il faut remarquer que le modèle d’évaluation utilisé dans cette étude (voir Annexe B.
Tableaux pour les détails) attribue à chaque caractéristique un poids qui correspond à son
importance du point de vue de l’UAE dans l’ergonomie et l’utilisabilité du site. Le total
des poids est de 67. Les notes sont attribuées selon le barème suivant qui varie entre 0
comme note minimale et 3 comme note maximale. (0, la caractéristique est absente, 1 elle
est élémentaire, 2 elle est moyenne et 3 elle est conforme). Il ressort du Tableau 10/Annexe
2 que les sites reflètent une maîtrise des techniques de présentation sur le Web avec
globalement une bonne visibilité, utilisabilité et un design tout à fait correct, voire parfois
très agréable.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020



Page 31
30 | 1. ANALYSE DE L’EXISTANT
1.3. Notes
1 https://petiport.secure.europarl.europa.eu/petitions/en/home – Accédé le 18 décembre 2019.
2 https://ec.europa.eu/info/law/better-regulation/have-your-say – Accédé le 18 décembre 2019.
3 https://ec.europa.eu/solvit/index_en.htm – Accédé le 18 décembre 2019.
4 https://opp.gov.pt/
5 https://www.simplex.gov.pt/
6 Rapport de l’évaluation des site Internet publics 2015, UAE (en arabe).
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020



Page 32
2. ANALYSE DES PLATEFORMES | 31
Chapitre 2. Analyse des plateformes
2.1. Engagement
Les entretiens réalisés dans le cadre de cette étude ont montré une volonté par les acteurs
(soit administrations publiques, soit représentants de la société civile) de stimuler
l’engagement des citoyens. Néanmoins, les données d’accès et de participation aux
plateformes sont encore trop bas par rapport à la population (11 434 994 habitants en 2017),
surtout si on l’examine par rapport à la participation aux pages institutionnelles sur les
réseaux sociaux comme Facebook. En principe, l’on constate qu’une des forces
contextuelles en faveur de l’orientation stratégique tunisienne d’E-participation est la forte
utilisation des réseaux sociaux (en particulier Facebook) pour l’interaction avec les
citoyens (voir ci-dessous les remarques dans la section « État actuel de la stratégie d’e-
participation »). Par la suite, on fournira un aperçu de cette dimension numérique de
l’engagement. Par exemple, en considérant les deux portails qui en principe devraient
concerner le niveau de E-association, « e-participation.tn » et « e-people », durant la
période 2017-2019, le nombre total d’inscrits sur le portail « e-participation.tn » a été de
42 contributeurs
1 (le détail des contributeurs qui ont été actifs chaque année pour la version
arabe et française sont montrés dans le Tableau 2.1) ; tandis que pour le portail « e-people »,
au mois de novembre 2019 le total des mentions « j’aime » a été 607 (185 en Avril 2018)
et les abonnés (
followers) étaient 619 personnes (189 en Avril 2018), montrant une
croissance générale de l’intérêt envers la plateforme
2.
Tableau 2.1. Portail E-participation.tn : Contributeurs actifs, actions enregistrées et
connexions pour la version arabe et française (période 2017-2019).
Version arabe du portail
2017
2018
2019
Contributeurs actifs
Actions enregistrées
Connexions
Version française du portail
Contributeurs actifs
Actions enregistrées
Connexions
27
1394
385
2017
13
887
308
18
648
139
2018
10
62
58
15
531
169
2019
9
95
57
Les chiffres des portails publics d’E-participation peuvent être contextualisés en prenant
en considération Facebook, de loin le principal réseau social utilisé par la population
tunisienne. Cependant, il faut préciser que le nombre d’abonnés montré dans la liste
suivante (produite le mardi 15 octobre 2019) n’a pas une activité correspondante dans les
commentaires qu’on peut utiliser ici comme proxy pour l’engagement :
Présidence du Gouvernement Tunisien – 595 947 abonnés.
Ministère de la Jeunesse et des Sports Tunisien – 246 434 abonnés.
Ministère des Affaires Locales et de l'Environnement – 196 267 abonnés.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

Page 33
32 | 2. ANALYSE DES PLATEFORMES
Ministère des Technologies de la Communication et de l'Économie Numérique –
104 014 abonnés.
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique – 203 659
abonnés.
Ministère des Affaires Sociales – 83 434 abonnés.
En considérant les publications (« posts ») dans la période 30 Septembre – 15 Octobre
2019, la Présidence du Gouvernement Tunisien (72 commentaires en moyenne par
publication le 15 Octobre) et le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique (36 en moyenne par publication le 15 Octobre) ont le plus grand nombre de
commentaires aux publications. Parmi les organisations engagées dans des services
publics, qui sont aussi intéressantes par rapport au domaine de la médiation, il faut noter
que la Société Tunisienne d’Électricité et du Gaz (STEG) en juin 2014 avait 130 858
abonnés à sa page Facebook avec une grande concentration en Europe, mais également des
représentants dans les Amériques, Afrique, Moyen Orient et Asie, ce qui montre l’intérêt
potentiel des citoyens tunisiens vivant à l’étranger (source: Société Tunisienne d’Électricité
et du Gaz 2019).
Tableau 2.2. Indicateurs pour les pages Facebook de « OGP Tunisie » et « Data.gov.tn ».
Site
Date
Lifetime Total Likes
Open Government Partnership Tunisie
Data.gov.tn
6 novembre 2019
6 novembre 2019
5168
5908
28 Days
Organic Reach
1085
1
28 Days Page
Engaged Users
143
33
Enfin, si on considère les indicateurs sur les pages Facebook de « Open Government
Partnership Tunisie » et « Data.gov.tn », deux portails proches de l’E-participation, on voit
que d’un côté il y a un intérêt croissant pour l’« ouverture » de l’administration publique,
mais de l’autre côté l’engagement, par exemple, dans l’accès à l’informations et aux
services liés aux données ouvertes n’est pas encore significatif et peut bénéficier du
développement du côté e-association par les trois portails publiques d’E-participation.
Afin de mesurer les interactions Facebook dans le secteur public, Mergel (2013, pp. 330–
332) a fourni un cadrage qui considère trois « missions » :
transparence (mesurée par le
nombre de fans et le nombre de « likes » pour les publications),
participation (mesurée par
types et fréquence des publications, commentaires et « likes » sur Facebook) et
collaboration (partage sur Facebook avec d'autres ou diffusion sur des réseaux). En
utilisant comme base ce cadrage, Sultana Lubna Alam (2016) a analysé les interactions
Facebook de 145 organismes du gouvernement fédéral australien de janvier 2013 à janvier
2016. La taille médiane des abonnés pour toutes les agences australiennes était de 15 738,
mais l’étude remarque que cette base d’abonnés était concentrée, étant donné que, par
exemple, Australia.com comptait 6,6 millions d’abonnés (Alam 2016, p. 5). L’étude
remarque aussi que le volume des interactions dans la période considérée comprenait
77 702 178 « likes », 17 002 648 actions et 3 033 969 commentaires, tandis que les agences
fédérales ont reçu en moyenne 2 100 059 « likes », 459 531 partages et 81 999
commentaires par mois (Alam 2016, p. 7).
En considérant maintenant comme benchmark des données plus récentes sur les
administrations publiques du Royaume-Uni, le site PRWeek a demandé à la société
d'analyse et de marketing des médias sociaux Socialbakers3 de mesurer la performance de
20 ministères sur trois plateformes de médias sociaux – Facebook, Instagram et Twitter –
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


Page 34
2. ANALYSE DES PLATEFORMES | 33
du 1er juin 2018 au 31 mai 2019 (Griggs 2019). Pour ce qui concerne les plus performants
dans l’engagement (combien le public interagit avec ses publications, « likes », en les
partageant ou en les commentant) le Ministère de la Défense a eu 101 066 interactions avec
312 122 abonnés et 783 publications, suivi par le Ministère de l’Éducation qui a eu 65 158
interactions avec 119 008 abonnés et 762 publications (Griggs 2019).
En suivant le cadrage proposé par Mergel (2013), ces résultats montrent donc que
l’administration publique tunisienne a atteint un niveau satisfaisant en ce qui concerne la
transparence comme mission dans l’usage de Facebook, et que le développement de l’E-
participation peut créer un cercle vertueux qui permet un développement systémique des
interactions vers un degré plus important de participation et de collaboration.
2.2. Gouvernance
Les différentes organisations consultées (soit de l’administration publique, soit de la société
civile) ont montré leur intérêt à utiliser les plateformes nationales pour l’E-participation.
Néanmoins ils considèrent la possibilité de développer des plateformes alternatives surtout
pour la fonction de médiation, mais aussi pour l’E-participation et la consultation car ils
pensent que la présence d’une multitude de canaux d’accès pour le citoyen serait bénéfique.
Cette tendance est renforcée par l’activité des bailleurs de fonds qui mettent à disposition
des financements pour des associations qui développent des plateformes numériques. A
cause d’une faible coordination des financements et des projets, une prolifération de
plateformes redondantes en termes de fonctionnalités s’est produite. Cependant, il y a des
propositions par certains ministères de résoudre la redondance au niveau du front office des
plateformes à travers une intégration au niveau du back office pour les données.
Au niveau règlementaire (voir le Tableau 2.3), les lois existantes et les nouveaux décrets
en cours de préparation permettent aux administrations de faire les consultations publiques
en ligne sur leurs propre site Internet, et rendent obligatoire l’usage du portail national de
l’information juridique seulement pour les consultations relatives aux projets de textes
législatifs et de textes réglementaires prenant la forme de décrets gouvernementaux ou
d’arrêtés ministériels.
Tableau 2.3. Textes règlementaires par plateforme
Année
2020
Type
Décret
gouvernemental
Nom
Décret E-People
2016
Loi Organique
2018
Décret
gouvernemental
2014
Circulaire
Loi Organique 22
(24 mars 2016)
Décret
gouvernemental
n°328-2018 (29
mars 2018)
Circulaire n° 31 du
30 octobre 2014
Objet
Fixer le contenu du système
de communication et
d’interactivité en ligne avec le
citoyen « e-people Tunisia »
et déterminer les méthodes
de gestion y afférentes.
Lois d'Accès à l'Information
Plateforme
Organisation
E-People
BCRC
-
-
Organisation des
consultations publiques
www.legislation.tn
Présidence du
Gouvernement
Approche participative dans
l’élaboration des textes
juridiques
www.legislation.tn
Présidence du
Gouvernement
Par conséquent, les autres formes de participations ne demandent pas l’usage exclusif des
portails nationaux. Cela est un facteur contextuel important pour définir l’évolution de
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

Page 35
34 | 2. ANALYSE DES PLATEFORMES
l’écosystème de l’E-participation en Tunisie et surtout quel modèle de gouvernance lui
associer, en considérant qu’actuellement il existe une configuration caractérisée par
plusieurs décideurs et solutions, avec un fort engagement au niveau du gouvernement et
des administrations centrales qui est néanmoins entouré par un ensemble d’initiatives et
plateformes (dans certains cas potentiels) développées indépendamment par les
administrations locales et la société civile. Donc pour capitaliser sur tous ces efforts il faut
trouver un modèle qui catalyse la pluralité qui caractérise actuellement l’E-participation
tunisienne afin d’optimiser les ressources, d’augmenter l’engagement des citoyens et de
passer d’une utilisation ad hoc des plateformes à leur utilisation systématique dans tous les
processus de prise de décisions.
2.3. Service
Les services fournis couvrent principalement la médiation (plateforme e-people) et la
consultation (e-participation.tn, legislation.tn). Parmi les services de consultation,
legislation.tn est connu et a été accédé par la plupart des acteurs interviewés dans le cadre
de cette étude, tandis que E-participation.tn est considéré utile et la plupart des interviewés
ont l’intention d’y accéder, néanmoins ils ont parfois déclaré ne pas bien le connaître. A ce
propos, il y a parfois une difficulté à comprendre les différences parmi les différents portails
et même parmi les fonctionnalités du portail e-participation.tn (e-consultations, e-idées et
débats publics). Le service e-idées semble particulièrement à développer en termes de
communication, gestion et finalité, comme cela sera expliqué dans les recommandations.
Pour le portail e-people, certains services ne sont pas encore opérationnels. L’équipe du
BCRC, malgré ses ressources humaines limitées, est néanmoins consciente de la difficulté
et de la charge que demande la gestion de ces services en termes de modération, réponse et
de suivi des questions.
Il en ressort que le champ de l’E-participation est très large et offre des opportunités
d’investissement et de développement très importantes. Seules quelques niches sont
actuellement exploitées en Tunisie si l’on regarde l’étendue des possibilités tout au long du
cycle des politiques publiques. Il est ainsi évident que les efforts des équipes de
l’administration centrale ne pourront pas à eux seuls répondre à l’ensemble des
opportunités et des défis de l’E-participation : la conception, le développement et
l’exploitation de nouveaux services devront se faire de façon large, ouverte et coordonnée.
Par exemple le site Goulelhom.org essaye de mettre en œuvre un service de pétitions
orienté vers les communes en proposant aux citoyens de rédiger une requête afin de
recueillir de l’adhésion pour la présenter à la commune concernée.
2.4. Organisation
Les ressources humaines représentent un enjeu important pour la majorité des
administrations publiques, en particulier au niveau local. A ce propos, les entretiens ont
montré l’importance d’avoir plus de formation et d’incitations pour les fonctionnaires
publics afin d’insérer l’E-participation et ses outils de suivi dans la démarche administrative
actuelle.
En fait, les administrations en charge des plateformes d’E-participation doivent s’occuper
du niveau de service de la promotion des initiatives, de la modération des activités de
consultation et médiation ainsi que des suivis, fondamentaux pour l’engagement et la
confiance des citoyens. Du coté système, les administrations publiques doivent identifier
et mobiliser les compétences nécessaires à la fois pour gérer les projets d’implémentation
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


Page 36
2. ANALYSE DES PLATEFORMES | 35
et de maintenance technique d’une part et pour gérer les aspects opérationnels d’autre part.
Les aspects opérationnels et de gestion du changement sont en général sous-estimés comme
cela ressort des budgets inscrits dans le document de la stratégie « Smart Gov 2020 » (UAE
2016, pp. 43-44).
2.5. Infrastructure et systèmes d’information
La Tunisie possède une infrastructure informatique et de télécommunication tout à fait à
même de supporter les besoins de l’E-participation. En 2019, le nombre de lignes Internet
(fixes et mobiles) est supérieur à 10 millions de lignes
4 pour une population de 11,5
millions d’habitants, ce qui donne un taux d’abonnement à l’Internet de 85,7% des
habitants, alors que presque 46,1% des ménages ont accès à l’Internet
5.
Les plateformes d’E-participation respectent généralement les règles de l’art en matière de
conception et d’infrastructure. Ainsi, les plateformes sont en « responsive design » afin de
pouvoir s’afficher sur plusieurs terminaux numériques (ordinateurs, tablettes, smartphone).
Cependant, ces plateformes manquent d’outils d’interopérabilité
(identification,
authentification, SSO, échanges de données, …) et ne présentent pas encore d’applications
mobiles qui pourraient créer un lien plus fort (techniques de push et de notifications) avec
les citoyens participants.
La plateforme e-people est développée selon un framework en open source basé sur la
technologie JAVA, tandis que la plateforme e-participation est bâtie sur un framework
propriétaire EOLAS. Il en est de même pour la plateforme législation.tn qui est bâtie avec
un framework propriétaire qui n’est plus commercialisé. S’agissant des plateformes
nationales, l’utilisation de framework propriétaire peut engendrer des problèmes de
maintenance si jamais la relation avec le fournisseur de technologie n’est pas solide. Pour
ce qui est de l’hébergement, les plateformes publiques sont hébergées chez deux
institutions spécialisées : le Centre National de l’Informatique et l’Agence Tunisienne
d’Internet. Ces institutions gèrent certains aspects de gestion des systèmes et tous les
aspects de gestion des réseaux et sécurité.
Enfin, il faut noter que certaines administrations font face à des problématiques de
maintenance à la suite de la forte rotation du personnel technique très demandé sur le
marché du travail et de la non adaptation des procédures administratives pour
l’accompagnement de la gestion de ce type de plateforme (agilité, achat de hardware pour
une montée en charge rapide, contrats de maintenance externes, etc.).
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020



Page 37
36 | 2. ANALYSE DES PLATEFORMES
2.6. Notes
1 C’est le chiffre des utilisateurs authentifiés, y compris les administrateurs de la plateforme. Il faut
néanmoins remarquer que ce chiffre peut être plus important en tenant compte que la participation
aux consultations se fait avec des utilisateurs anonymes dans l’objectif de faciliter l’accès aux
consultations.
2 Source : UAE Novembre 2019.
3 https://www.socialbakers.com/ Accédé le 9 Janvier 2020
4 Source : site du MTCEN https://www.mtcen.gov.tn/index.php?id=325&L=wkulvpqoh qui donne
des chiffres de septembre 2019 – Accédé le 10 janvier 2020.
5Source : Site du MTCEN
https://www.mtcen.gov.tn/fileadmin/user_upload/Core_indicators_on_access_and_use_of_ICT_by
_households_and_individuals_Fr_2017-2018.pdf, Chiffres pour l’année 2018 – Accédé le 10
janvier 2020.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020



Page 38
3. ÉTAT ACTUEL DE LA STRATÉGIE D’E-PARTICIPATION | 37
Chapitre 3. État actuel de la stratégie d’E-participation
indépendante des
A présent il n’y pas une stratégie d’E-participation en Tunisie mais plutôt une orientation
stratégique dans le document « Smart Gov 2020 ». Néanmoins, en suivant le classement
des stratégies d’E-participation (
Isolée, Combinée, Intégrée1) proposé par Wirtz et al.
(2018, p. 5), les entretiens et l’analyse de l’état des plateformes tunisiennes montrent que
l’implémentation par les différents acteurs (soit administration publique, soit société civile)
de l’orientation stratégique officielle, qui vise à l’unité des efforts, résulte dans une stratégie
d’E-participation qui est plutôt « isolée », c’est-à-dire caractérisée par une faible
intégration et une coordination
instruments, qui sont gérés
individuellement. Comme noté par Wirtz et al. (2018, p. 5) : « la faible coordination des
instruments de participation électronique peut entraîner une approche non coordonnée à
l'égard des groupes de la demande, entraînant une concurrence et une cannibalisation des
participants du groupe de la demande »
2. Le résultat est la présence d’accès multiples pour
les citoyens pas forcément intégrés qui peuvent créer de l’incertitude dans l’identification
du bon point de contact pour leurs propositions / réclamations et une incertitude
conséquente dans la capacité de réponse des autorités. En fait, si par exemple au niveau
local, le citoyen peut utiliser plusieurs plateformes pour une même réclamation, il s’attend
à ce qu’elles renvoient au même destinataire institutionnel et avec les mêmes temps de
réponse, tandis que dans la pratique, les plateformes ont différents destinataires ou
différents parcours pour rejoindre un même destinataire responsable du service et donc une
efficience différente en termes de temps de réponse. Le résultat peut conduire à une perte
de confiance dans les systèmes en ligne, une préférence pour le guichet physique
traditionnel ou encore un manque de participation numérique.
La multiplicité des acteurs peut créer une compétition entre plateformes qui pourrait
décourager les citoyens de recourir à la participation publiques tout en réduisant les effets
et la perception de leur succès, si ladite multiplicité n’est pas gérée avec une vision
stratégique, comme montré par la littérature sur l’E-participation même dans le cas de pays
leaders dans le gouvernement numérique (Toots 2019). Ces défis sont quand même
compensés par des points de forces, telle que la conscience diffusée au niveau du
gouvernement de l’importance des nouvelles technologies et de leur impact sur la façon de
communiquer avec les citoyens, en d’autres termes, un soutien politique qui est important
pour le développement d’initiatives pour l’E-participation en Tunisie. Une liste résumant
les forces et les défis de l’E-participation en Tunisie pour le développement des plateformes
gouvernementales est présentée dans l’encadré suivant.
Encadré 3.1. Forces et défis de l’E-participation en Tunisie
3.1.1. Forces
La conscience de plusieurs acteurs de l’importance des nouvelles technologies et
de leur impact sur la façon de communiquer avec les citoyens.
L’existence d’une orientation au niveau de la stratégie nationale Smart Gov 2020
dédiée à l’E-participation.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

Page 39
38 | 3. ÉTAT ACTUEL DE LA STRATÉGIE D’E-PARTICIPATION
L’existence d’expériences pilotes qui permettent d’avoir un retour d’expériences
par rapport aux projets d’E-participation.
L’existence de plateformes techniques pour accueillir les expériences d’E-
participation.
L’existence de textes législatifs qui imposent un engagement électronique des
citoyens (Code des collectivités locales, décret législation.tn, etc.).
La présence d’organismes techniques qui supportent les aspects techniques des
projets (comme le CNI et d’autres).
Une utilisation forte des réseaux sociaux (en particulier Facebook) pour
l’interaction avec les citoyens.
Un taux d’accès à Internet élevé.
Des structures de suivi des plateformes de participation
La vitalité de la société civile et des citoyens à participer en ligne.
3.1.2. Défis
Un cadre juridique en cours d’achèvement avec des lacunes quant à l’obligation de
la participation citoyenne.
Des expériences pas encore concluantes de bout en bout avec un faible volume
d’interactions et un risque d’essoufflement pour les projets pilotes.
Connaissance limitée des plateformes par les citoyens et l’administration et peu de
communication autour des plateformes
Absence d’une vision cohérente des différentes plateformes et des autres aspects de
l’E-participation.
Plusieurs intervenants gouvernementaux, de la société civile et des partenaires
internationaux et plusieurs plateformes avec des redondances d’actions et des
prérogatives non clairement spécifiées en termes d’E-participation.
Une gouvernance des plateformes qui n’est pas encore en place.
Un leadership au niveau des processus métiers qui tarde à s’affirmer.
Absence d’une architecture technique globale qui favorise l’ouverture et la
réutilisation des composants.
Une grande dépendance de Facebook en matière de participation citoyenne.
Les sites sont orientés vers l’administration plus que vers le citoyen. Les
interactions et les commentaires des citoyens ne sont souvent pas mis en valeurs.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020




Page 40
3.1. Notes
3. ÉTAT ACTUEL DE LA STRATÉGIE D’E-PARTICIPATION | 39
1 Traduction des auteurs de ce rapport.
2 « The low coordination of e-participation instruments may cause an uncoordinated approach
toward the demand groups, leading to competition and cannibalization among demand group
participants » Wirtz et al. 2018, p.5.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


Page 41
Page 42
4. RECOMMANDATIONS | 41
Chapitre 4. Recommandations
Cette section présente des recommandations en matière d’E-participation selon cinq axes
d’analyse : engagement, gouvernance, services, organisation et enfin, les aspects
techniques d’infrastructure et de système d’information. La deuxième partie de la section
présente des recommandations spécifiques pour chacune des
trois plateformes
gouvernementales analysées.
4.1. Engagement
L’activité de la population tunisienne sur les réseaux sociaux nous montre qu’il y a un
intérêt et une demande de participation. Afin d’accroître l’engagement des citoyens dans
les plateformes publiques, il faudrait travailler sur l’alignement avec le contexte tunisien,
sur la satisfaction dans l’usage des portails et sur la démonstration de l’engagement des
décideurs politiques.
Pour l’alignement avec le contexte, il faudrait identifier régulièrement (donc avec des
cycles bien échelonnés) les besoins des citoyens (différentes communautés, régions, etc.)
afin de promouvoir des appels à participation ciblés et améliorer en même temps la
satisfaction dans l’usage des portails. Cette dernière doit être développée également avec
une amélioration de la performance, ponctualité et personnalisation des suivis et de la
qualité de la capacité de réponse de l’administration publique
1 afin d’augmenter la
confiance des citoyens, mais aussi leur sentiment de développement individuel pour lequel
certaines études ont montré qu’il est lié à la perception d’influencer les décisions politiques
à travers l’E-participation (Kim and Lee 2012). Il faudrait donc créer un cercle vertueux
lequel, en travaillant sur la qualité et la satisfaction d’usage des portails, irait accroître
l’engagement à travers une vraie « expérience d’E-participation » comme développement
individuel des citoyens par la confiance de l’efficacité de leur action sur les décisions
politiques, en passant de la communication unilatérale via les réseaux sociaux à une
collaboration effective entre l’administration et les citoyens au travers des plateformes.
Parallèlement du côté proposition et consultation, il faudrait développer l’engagement dans
une direction de production d’idées et de solutions pour améliorer les services et l’action
de l’administration publique en adoptant, par exemple, un modèle de « production
participative » (crowdsourcing) pour le portail national d’E-participation, en développant
dans cette direction la section « e-idées » (plus de détails sont fournis dans la section dédiée
aux recommandations pour ce portail). Le but de cette approche est d’intensifier
l’engagement des citoyens avec une reconnaissance visible et en le reliant aussi au
développement des startups / entrepreneuriat (par exemple, à travers l’usage des données
ouvertes pour de nouveaux services demandés à travers une consultation publique). Cela
est important afin de relier l’E-participation à l’innovation sociale (développement
d’entreprise et place du travail) et à la valeur publique (Misuraca et al. 2016, 2018). En ce
qui concerne la démonstration de l’engagement des décideurs politiques, il conviendrait
d’augmenter
institutionnelle des portails d’E-participation en
promouvant chaque consultation parmi les groupes et communautés des citoyens concernés
(en travaillant simultanément sur l’aspect contextuel également).
la communication
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

Page 43
42 | 4. RECOMMANDATIONS
Enfin, il faudrait travailler au niveau des systèmes afin de multiplier les points de contacts
et d’engagement avec le partage du back office avec des applications mobiles et des sites
web tiers (administration locale, société civile, agences gouvernementales, etc.).
4.2. Gouvernance
L’état actuel de la gouvernance de l’E-participation est une configuration orientée vers une
fédération de décideurs et de solutions. Néanmoins, afin d’optimiser la gestion des
ressources vers des résultats qui fassent progresser l’E-participation en Tunisie, il est
recommandé que toutes les administrations puissent passer par la même plateforme et que
les organisations professionnelles et les composantes de la société civile soient impliquées
afin qu’elles interviennent sur les aspects les concernant.
Au niveau de la gouvernance, il faudrait donc agir soit au niveau règlementaire et de la
direction (leadership) pour qu’il y ait un rôle de veille, comme c’est le cas actuellement au
sein de l’UAE, mais qui soit renforcé et définit encore plus clairement afin qu’on oriente
toutes les administrations vers les plateformes publiques disponibles. Il faudrait choisir une
approche de concertation entre les différentes parties prenantes, par exemple par la création
d’un espace de partage et de prise de décision commun à tous les acteurs opérant dans le
domaine de l’E-participation avec une identification claire des rôles, de la prise de décision,
de la gestion des projets, de la coordination et de l’approbation des projets. Ce dernier point
peut même être développé au niveau technique en travaillant sur l’architecture et le back
office (comme on le montrera dans la suite de ce rapport) et au niveau front office, en
transformant par exemple la plateforme nationale d’E-participation en un hub, où les
citoyens puissent aussi accéder à des plateformes de la société civile.
En ce qui concerne le niveau règlementaire, il faudrait orienter le cadre juridique afin
d’encourager une définition claire des rôles ainsi qu’un modèle de gouvernance unique (et
choisir, par exemple, selon un modèle centralisé ou distribué). En principe, il est
recommandé d’élargir les concertations sur le projet de décret sur l’E-participation en
prenant en compte les aspects opérationnels et en rendant obligatoire, pour tous les projets
de loi, la consultation via la plateforme legisation.tn. L’utilisation de la plateforme
legisation.tn pour les consultations autour des projets de textes de loi est obligatoire. En
revanche, l’utilisation des autres plateformes telle que e-participation.tn peut être
facultative. Il faut donc bâtir une stratégie cohérente portant sur les différents aspects et
impliquant les différents intervenants. Quelle fonctionnalité pour quel usage ? Sur quelle
plateforme pour quel objectif ? Avec quels moyens et sous quelle autorité (leadership) ? Il
est donc important d’impliquer aussi de partenaires de la société civile à travers des actions
visant à prévoir l’évolution continue des besoins et des usages, vu que, comme il a déjà été
noté, les plateformes ne peuvent rester figées.
Il faut néanmoins renforcer la collaboration et la coordination entre les différents
intervenants gouvernementaux (UAE, DGRPA, cellules de communication, BCRC, etc.),
supportée par une direction qui soit claire, en concordance avec toutes les parties
intervenantes et avec une fonction de gestion de programme « program management » pour
les autres initiatives qui doivent être considérées comme « projets » d’un même
programme. Il faudra donc mettre aussi en cohérence les projets avec l’assistance technique
relative à l’E-participation, et orienter les appuis sur certains cas pilotes et les réussir, avant
d’élargir le périmètre. A ce propos il faudra définir des critères et les indicateurs de
performances et les moyens de les atteindre : par exemple, les sites web mis en place pour
12 municipalités dans le cadre du projet « Espace citoyen » (GIZ) offrent plus que 30
services pour une population de 700 000 habitants et le taux de fréquentation sur place est
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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4. RECOMMANDATIONS | 43
de 10 % de la population par année et de 1 % de la population en ligne (source : entretien
réalisée le 11 septembre 2019). Est-ce qu’il faut le considérer un paramètre approprié pour
les autres projets ? Est-ce qu’il faut viser d’autres pourcentages ? Si oui, lesquels ? Parmi
les bonnes pratiques présentées, nous pouvons considérer l’approche française pour la
définition des critères pour les plateformes et services d’E-participation et la création d’un
hub pour l’E-participation selon laquelle on peut proposer des modules de services prêts
(déjà déployés) pour l’évolution des portails existants et faire leur promotion auprès
d’acteurs publics et privés.
Enfin, il vaudrait mieux orienter les citoyens avec une activité de communication
intensifiée et ciblée, d’un côté pour montrer l’engagement des décideurs politiques et leur
rôle, et de l’autre côté pour faire connaître et clarifier les fonctions des différentes
plateformes tunisiennes, en les classant comme plateformes pour la médiation au niveau
des services, plateforme de consultation, plateforme pour la transparence des informations,
etc.
4.3. Service
Il est suggéré de mettre en œuvre une approche de services structurée et évolutive. En effet,
l’évolution des outils technologiques permet à chaque fois d’étoffer les outils, d’en
améliorer l’ergonomie et la qualité, voire d’apporter de nouvelles expériences utilisateurs
complètement inédites. Ainsi, les plateformes d’E-participation doivent être pensées avec
des approches ouvertes et en utilisant au maximum les normes et les standards établis.
Dans cette optique, la proposition serait d’avoir des moteurs de services (back office)
centralisés afin de recueillir l’ensemble des interactions avec les citoyens et de pouvoir les
analyser et les recouper. Ces moteurs de services seraient disponibles d’une part aux
plateformes d’E-participations dédiées via des accès directs et d’autre part aux différents
portails gouvernementaux via une ouverture technologique selon une architecture SOA
(Service Oriented Architecture).
Ainsi, les mêmes fonctionnalités peuvent être utilisées par l’ensemble des citoyens
utilisateurs ce qui permet d’avoir une harmonie dans les différents points de contact des
citoyens avec l’administration qu’elle soit locale ou centrale. Cela permettrait également
de rapprocher les services d’E-participation des autres services fournis par l’administration
(information, services en lignes, etc.).
Cette approche a pour avantage de faire une séparation claire des outils d’E-participation
qui se présentent comme un facteur supplémentaire de communication et d’association du
citoyen, avec les processus de digitalisation des différents services de l’administration qui
sont dans une logique de relation client.
Ainsi, les 3 premiers moteurs dont les services existent actuellement pourraient être :


les commentaires sur un projet de texte concernant un sujet précis et intéressant les
citoyens (à l’instar des services existant de e-consultation et legislation.tn qui
offrent une opportunité de participation à la société civile),
la soumission de nouvelles idées,
et le forum de discussion.
En matière de commentaires et de forum, il est recommandé que l’ensemble des
interventions des citoyens soit visible et accessible aux commentaires. Il serait également
intéressant de créer des liens pour que le citoyen puisse partager ses commentaires sur les
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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44 | 4. RECOMMANDATIONS
réseaux sociaux, ce qui inciterait les connexions individuelles à ces réseaux à lui répondre
sur les plateformes, ce qui pourrait attirer progressivement de nouveaux utilisateurs vers
les plateformes d’E-participation.
En ce qui concerne l’identification de l’utilisateur (le citoyen), il est suggéré d’utiliser une
identification progressivement restrictive, c’est-à-dire que certaines fonctionnalités
basiques ne nécessitent pas d’emblée une authentification forte car il serait inutile de
demander à l’utilisateur dès son premier contact un processus d’identification trop
contraignant. D’autres fonctionnalités plus critiques, telles que les pétitions ou les votes,
pourraient exiger une authentification plus forte. Les éléments permettant cette
authentification forte seraient rajoutés au moment de l’utilisation de ces fonctionnalités
critiques.
Le volet évolutif de cette approche est qu’on pourrait y ajouter de nouveaux moteurs d’E-
participation, tels que les pétitions électroniques, sans pour autant remettre en cause la
totalité des développements réalisés.
4.4. Organisation
Il y a deux axes principaux qu’il faut aborder au niveau de l’organisation pour améliorer la
diffusion, l’usage et l’efficacité des portails d’E-participation :
gérer le changement et les
résistances
qui existent et qui freinent l’utilisation des plateformes, et travailler sur la
communication. Comme noté par exemple par Kim et Lee (2012, p. 826), pour que la
communication soit efficace et efficiente, entre les participants électroniques et les
employés du gouvernement, il faut que les dirigeants gouvernementaux mettent l’accent
sur le renforcement des capacités de gestion des agences gouvernementales pour
coordonner et permettre l'intégration, le partage et le transfert d'informations et de
connaissances au sein des agences et des réseaux gouvernementaux.
Pour gérer la résistance au changement, il est recommandé de revoir les processus existant
à la lumière de l’utilisation de l’E-participation (tâches en parallèle, réduction de délais,
etc.). Il faut donc que les approches actuelles, guidées par la technique, soient portées par
les métiers qui doivent être identifiés. A ce propos, il faudra mettre en place une approche
de sensibilisation / formation des intervenants de la fonction publique qui devrait être
supportée par i) l’identification et l’engagement du personnel avec un profil de « passeurs
de frontières » (« boundary
spanning »2) et donc ii) l’animation d’un réseau de
correspondants dans les Ministères et surtout iii) le ciblage des jeunes fonctionnaires qui
ont la culture numérique pour créer éventuellement des communautés de responsables de
la participation électronique afin d’échanger les bonnes pratiques. Enfin, il faut créer des
motivations (au niveau du salaire, du prestige et de la reconnaissance, etc.) pour
l’intégration des activités de support aux services d’E-participation, ou bien rajouter une
mention explicite dans les fiches de poste des employés.
Ces points sont importants pour développer le back office vers une utilisation avancée des
fonctionnalités existantes (comme, par exemple, e-idée et forum sur le portail e-
participation.tn) en engageant des équipes spécialisées dans la modération et la
communication. Au niveau de l’organisation des compétences, il faudrait aussi prévoir une
séparation entre le rôle stratégique de développement de la participation électronique et le
rôle d’opérateur de plateforme pour créer aussi des parcours de carrière guidés par
l’évolution continue des compétences et enfin, favoriser en même temps l’entrée dans
l’administration publique de jeunes lauréats ou détenteurs de doctorats, ainsi que des
personnes provenant du secteur privé avec des certifications comme MBA (Master of
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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4. RECOMMANDATIONS | 45
Business Administration). Pour finir, ces actions au niveau des compétences doivent
appuyer le savoir-faire (« know-how ») nécessaire pour intégrer les métriques issues des
plateformes dans les prises de décision (dimensionnement de programme ou de services,
évolution, etc.).
Pour ce qui concerne la communication autour des plateformes, il faudrait l’intensifier,
surtout sur les réseaux sociaux et dans les différentes communautés constituant la société
civile tunisienne, et aussi la cibler à travers une segmentation des utilisateurs pour une
meilleure approche d’engagement des citoyens (jeunes, seniors, etc.). Pour cela, il faudrait
prévoir des compétences avancées dans l’administration publique, telles que des unités
dédiées de « data-scientist » et de « digital strategist » ou encore, des profils semblables,
intégrés dans les équipes existantes.
4.5. Infrastructure et systèmes d’information
Pour l’infrastructure et les systèmes d’information, cette étude recommande de prendre une
définition large de l’aspect infrastructure. En effet, si la définition stricte peut laisser
entendre que l’infrastructure est l’ensemble du matériel informatique et des moyens de
télécommunication qui font que les plateformes puissent tourner et être accessibles aux
citoyens, il serait intéressant d’inclure également les briques de bases d’un système qui doit
s’intégrer dans un environnement de référence. En effet, nous préconisons que les moteurs
et les plateformes d’E-participation puissent s’appuyer sur des composants logiciels de
références, tels que l’identification électronique du citoyen, le SSO (single sign on) qui
permet à un utilisateur déjà connecté à une quelconque plateforme de l’administration de
ne pas avoir à se connecter à nouveau à un autre portail ou site d’E-participation et ce, en
conservant son identifiant et en utilisant les attributs nécessaire pour accéder au deuxième
site. Par ailleurs, l’intégration des briques de bases du système d’information de
l’administration peut être considérée comme faisant partie de l’infrastructure de base. Cette
intégration peut concerner également les workflows, les plateformes d’interopérabilité et
de médiation, les outils de signature électronique, etc
3.
Pour ce qui est des systèmes d’informations, nous recommandons d’adopter des
technologies standards et ouvertes afin de faciliter la maintenance. Il est aussi important de
suivre les directives communes d’architecture applicative de l’administration si elles
existent afin de garantir la cohérence entre les différents systèmes de l’administration.
S’agissant de technologies ouvertes, les adaptations et les évolutions des plateformes et des
moteurs d’E-participations devraient être pris en compte comme une partie intégrante de
tout projet de mise en place d’une solution au même titre que l’hébergement, l’exploitation
ou le déploiement.
Ainsi, les moteurs doivent être conçus selon une architecture ouverte orientée services
(SOA). Elle permet de mettre à disposition des services d’E-participation qui pourront être
utilisés par des tiers via la plateforme nationale d’interopérabilité en cours de mise en
place
4.
Les plateformes et les moteurs d’E-participation nécessitent une gestion technique
centralisée aussi bien pour la maintenance applicative corrective et évolutive que pour
l’hébergement et l’exploitation. Cette gestion technique doit être assurée par un organisme
spécialisé public ou privé selon des termes de référence dûment établis. Il est néanmoins
nécessaire de ne pas être tributaire d’un seul partenaire et faire en sorte que le savoir-faire
reste chez au moins deux partenaires, afin de garantir l’évolution et la bonne exploitation
de la solution.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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46 | 4. RECOMMANDATIONS
À ce titre, il y a lieu de souligner l’importance des technologies d’hébergement et
d’exploitation. En effet, ces plateformes peuvent faire face à des charges d’utilisation
fluctuantes pouvant parfois être très importantes (vu qu’elles sont dédiées à tous les
citoyens). Elles doivent donc être conçues et exploitées dans des environnements « cloud
ready » qui peuvent réaliser une montée en charge très rapide et quasi instantanée face à de
fortes demandes d’utilisation.
4.6. Recommandations pour les plateformes
4.6.1. E-people.tn
Étant une plateforme dédiée à la médiation, il serait opportun de se focaliser sur cet aspect
pour une utilisation optimale de la solution. L’objectif principal devrait continuer à
consister à étendre la plateforme aux maximums des administrations, aux agences
gouvernementales et aux entreprises publiques. Par ailleurs, il faudrait étoffer les équipes
en charge du back office afin de mettre en œuvre les fonctionnalités dont l’exploitation n’a
pas encore démarré.
Sur le plan fonctionnel, il serait intéressant de voir comment il serait possible d’alléger le
processus d’inscription au moins pour les premières connexions et pour les volets alertes
et suggestions et de demander le reste des informations pour la finalisation de la transaction
ou pour le dépôt d’une requête.
Sur le plan technique, il faudrait penser à ouvrir la plateforme afin qu’elle puisse offrir des
APIs accessibles à d’autres systèmes et la connecter dans une logique d’infrastructure
gouvernementale globale en connectant notamment son workflow au système
gouvernemental de gestion du courrier.
Enfin, une campagne de communication semble nécessaire pour faire connaître la
plateforme et inciter les citoyens à l’utiliser.
Encadré 4.1. Recommandations pour e-people.tn
Concentrer le rôle de la plateforme sur la médiation
Étendre l’utilisation au plus grand nombre d’administrations.
Étoffer l’équipe du back office afin d’ouvrir les autres fonctionnalités non encore
exploitées

Intégrer la plateforme dans une infrastructure gouvernementale globale notamment
pour la gestion électronique des correspondances
Ouvrir la plateforme via des APIs utilisables par d’autres applications/portails.
Développer le nombre d’utilisateurs en lançant des campagnes de communication
ciblées selon une stratégie bien définie.
4.6.2. E-participation.tn
La plateforme nationale « e-participation.tn » est le point d’appui fondamental pour
l’évolution démocratique de l’E-participation en Tunisie, en particulier pour une
consolidation du niveau E-consultation et le développement du niveau E-association. On
recommande avant tout de la transformer en un hub, où les citoyens peuvent aussi accéder
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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4. RECOMMANDATIONS | 47
aux pages Facebook des administrations publiques et aux plateformes de la société civile
(un exemple simplifié de modification de la page d’accueil est montré dans le Graphique
4.1).
Graphique 4.1. Possible évolution du portail national de l'E-participation (exemple
simplifié).
Les citoyens devront reconnaître le portail comme le point d’accès de l’E-participation, en
suivant une démarche similaire, par exemple, à celle présentée dans l’analyse de la bonne
pratique finlandaise. Dans ce cadre, l'implication des utilisateurs dans le design du portail
serait importante afin d’améliorer l’utilisabilité du portail. On recommande de fournir en
principe le répertoire des liens des pages Facebook officielles des administrations publiques
et des plateformes de la société civile. Dans les deux cas, l’objectif est de canaliser le trafic
des usagers de et à partir de chaque page Facebook ou portail, créant potentiellement un
cercle vertueux visant à augmenter le nombre des visiteurs et des activités sur le portail « e-
participation.tn » à travers une communication indirecte.
et
le
lien
entre
Quant aux portails de la société civile, cette action devrait en principe renforcer aussi la
confiance
le
gouvernement/administration publique tunisienne tout en certifiant l’effort et la volonté
d’ouverture et d’écoute de la voix des citoyens. Cette étude suggère une forte concertation
avec les associations et les communautés de la société civile, afin d’établir des critères
partagés pour être insérés dans le hub (en suivant, par exemple, le modèle français présenté
dans la partie « bonnes pratiques » de ce rapport).
les organisations,
communautés
les
et
A côté d’un travail sur l’amélioration de l’architecture des contenus, des workflows de
navigation et de cohérence d’étiquetage des sections du portail, on recommande de
travailler sur l’engagement en direction de l’E-association dans une perspective
d’innovation ouverte ou open innovation (Bogers et al. 2018; Chesbrough and Bogers
2014), en transformant par exemple la section « e-idées » en un point d’accès pour la
production participative ou «
crowdsourcing » (Afuah et al. 2018; Afuah and Tucci 2012;
Howe 2006) comme dans le cas du service finlandais en ligne « Kuntalaisaloite » (les
habitants) qui permet aux résidents d'une municipalité de soumettre des propositions
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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48 | 4. RECOMMANDATIONS
d’initiatives. Il faudrait créer des appels à proposition ciblés sur les besoins des citoyens
(voir à ce propos les recommandations au niveau « organisation »), structurés par un
workflow qui inclut l’
appel (et l’activité d’engagement, voire la communication),
l’
inscription, soumission des propositions, éventuellement insérer une phase de discussion
et votes
par les usagers (avec une activité de modération), évaluation (avec des critères
transparents et publiés/diffusés au début de la compétition) et
communication des résultats
et
remise des prix. Cette dernière activité peut être liée à la création d’un grand évènement
annuel sur l’E-participation (la « Journée nationale de l’E-participation »), ouvert à d’autres
pays, visant également à discuter et présenter des bonnes pratiques
5. Des compétitions
d’idées vont ainsi transformer l’E-participation en un outil pour le développement de
l’entreprenariat digital en Tunisie si par exemple on conçoit des compétitions d’idées où il
est demandé de proposer de nouveaux services ou « app » qui supportent, améliorent et
étendent l’existant. A ce propos une bonne pratique suggérée par cette étude est
Challenge.gov, une plateforme gérée par l'Administration des services généraux des États-
Unis (U.S. General Services Administration). La plateforme aide les agences fédérales et
le gouvernement américain à engager les citoyens dans des concours de prix pour les
meilleures idées et concepts ainsi que des solutions logicielles, scientifiques et
technologiques qui aident à réaliser les missions des administrations publiques concernées.
Challenge.gov fournit également une boîte à outils complète, une archive des concours
achevés, des meilleures pratiques et d'études de cas sur l'organisation de concours de prix
du secteur public (Challenge.gov 2020).
Encadré 4.2. Recommandations pour E-participation.tn
Transformer le portail en un hub, où les citoyens peuvent aussi accéder aux pages
Facebook des administrations publiques et aux plateformes de la société civile.
Convenir avec les associations et les communautés de la société civile des critères
partagés pour être insérés dans le hub.
Mener un diagnostic des initiatives en matière de participation électronique au
niveau local et intégrer des recommandations dans l’objectif d’harmoniser les
plateformes au niveau local et la plateforme d’E-participation
Améliorer l’architecture des contenus, des workflows de navigation et la cohérence
d’étiquetage des sections du portail pour le rendre plus accessible, facile à utiliser
et à comprendre par les citoyens, qui devraient être impliqués dans le design du
nouveau hub.
Développer la section « e-idées » comme point d’accès pour la compétition d’idées
et propositions avec une approche orientée vers la production participative
(crowdsourcing).
Mener une communication intensive des activités du portail par exemple en créant
un grand évènement national annuel pour communiquer autour de l’E-participation,
des concours d’idée avec les jeunes autour de la plateforme et l’utilisation, des
hackathon dans l’objectif de mettre en place des améliorations autour de la
plateforme et création de nouvelle fonctionnalité
Augmenter les ressources humaines et techniques dédiées au portail et au
développement / à la gestion des initiatives.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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4. RECOMMANDATIONS | 49
4.6.3. Legislation.tn
La plateforme de Legislation.tn va connaître une refonte totale. Il serait quand même
important d’offrir les services de consultation dans une plateforme unique où il y aurait
également des informations juridiques (par exemple, le portail législation pourrait devenir
un service du portail E-participation.tn, qui pourrait ainsi comprendre les consultations sur
les textes de loi). D’autres informations sur les législations comparées pourraient apporter
une richesse supplémentaire à l’information qui sera disponible. La nouvelle plateforme
devrait apporter plus de fraîcheur en termes d’ergonomie et de navigation. La liaison avec
le portail de l’Assemblée des représentants du peuple pour le suivi des textes soumis serait
également très bénéfique.
Sur le volet fonctionnel, la plateforme devrait s’appuyer sur un moteur de consultation
centralisé (E-consultation par exemple) et ouvert, qui devrait offrir des services qui seront
exposés et publiés par la nouvelle interface de la plateforme. Même si les réponses des
ministères aux commentaires des citoyens sont déjà publiées sur le portail legislation.tn
dans un tableau détaillé, (voir le lien des projets de texte soumis à la consultation du public
: http://www.legislation.tn/projets-textes-soumis-avis), cette activité devrait être renforcée
et la participation du citoyen devra être encore plus mise en valeur en soulignant notamment
les commentaires qui ont été pris en compte. Enfin, cette plateforme devrait être intégrée à
une infrastructure comprenant un workflow inter-administrations afin de faire le suivi des
commentaires avec les juristes des administrations concernées.
Encadré 4.3. Recommandations pour Legislation.tn
Faire en sorte que la nouvelle plateforme, en train d’être développée, offre une
performance améliorée en ligne avec les standards internationaux.
Offrir les services d’E-consultation dans cette nouvelle plateforme où il y aura les
informations juridiques.
S’appuyer sur un moteur centralisé et ouvert d’E-consultation.
Faire le lien avec la plateforme de l’ARP pour suivre l’avancement et l’adoption
des projets de textes.
Réviser la navigation du site et l’architecture des contenus.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020



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50 | 4. RECOMMANDATIONS
4.7. Notes
1 Par exemple, avec des actions comme préciser clairement les délais des réponses, donner aux
citoyens des mises à jour sur leur dossier, publier les succès stories, etc.
2 Pour les implications du concept de « boundary spanning » pour l’implémentation et l’usage des
systèmes d’information, on renvoie à Levina et Vaast (2005).
3 A ces propos on suggère de considérer des bonnes pratiques pour les défis posés par l'identité
numérique, comme par exemple les initiatives développées au Chili (OECD 2019).
4 Une bonne pratique internationale d’interopérabilité entre plateformes différentes est la solution
logicielle X-Road® X-tee qui est à la base d'e-Estonie : elle permet aux différents systèmes
d'information des services publics et privés de l’Estonie de se connecter et d’échanger aisément des
données – Source : https://e-estonia.com/solutions/interoperability-services/x-road/ - Accédé le 10
janvier 2020 (voir aussi OECD 2015, p. 213).
5 En suivant, par exemple, le modèle du May7 (le 7 mai) choisi par le consortium E-UROPa comme
Journée
européens
(https://euparticipation.org/may-7-in-your-country/).
l'e-participation
européenne
célébrée
pays
dans
11
de
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020



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5. ÉVOLUTION DE LA STRATÉGIE D’E-PARTICIPATION | 51
Chapitre 5. Évolution de la stratégie d’E-participation
En suivant le classement des stratégies d’E-participation (Isolée, Combinée, Intégrée1)
proposé par Wirtz et al.(2018, p. 5) et en tenant compte des résultats des analyses présentés
dans ce rapport, il semble que la forme appropriée pour l’implémentation de l’E-
participation en Tunisie devrait suivre dans les deux prochaines années une démarche qui
conduira finalement à une vraie intégration des systèmes en passant par une stratégie
« combinée ». Cette stratégie est caractérisée par une combinaison de coopération et
compétition entre les acteurs, ou
coopétition (Brandenburger and Nalebuff 1997),
gouvernée par « des synergies particulières entre les instruments utilisés »
2 (Wirtz et al.
2018, p. 5), qui seront toujours gérés individuellement mais interconnectés pour « parvenir
à une approche coordonnée vers les groupes de la demande»
3(Wirtz et al. 2018, p. 5).
Graphique 5.1. Évolution des plateformes pour l'E-participation en Tunisie.
La stratégie combinée va permettre au portail national de développer ce que dans le secteur
privé a appelé « platform envelopment » (Eisenmann et al. 2011), où une plateforme rentre
dans le marché d’une autre et en combine ses propres fonctionnalités avec celles de l’autre
pour former un paquet multi-plateforme qui, dans le cas de la plateforme nationale d’E-
participation de la Tunisie, va « envelopper » soit les plateformes complémentaires soit les
substituts. Comme montré dans le Graphique 5.2, les passages à travers une stratégie
combinée pour la coordination des différentes actions et les financements (des bailleurs de
fonds, etc.) doivent être développés en parallèle à un travail d’intégration des systèmes afin
de créer un écosystème homogène où l’action d’un portail national évolué doit conduire à
ce qu’on appelle ici une stratégie
consolidée (en plus des trois types de Wirtz et al. 2018),
où il y a un très haut niveau de coordination et intégration, et où l’écosystème fera le tri
pour l’entrée de nouvelles plateformes.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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52 | 5. ÉVOLUTION DE LA STRATÉGIE D’E-PARTICIPATION
La démarche stratégique proposée devrait être accompagnée par une nouvelle architecture
de l’E-participation, impliquant tous les portails et les intervenants (montrée dans le
Graphique 5.2).
Graphique 5.2. Proposition d’architecture pour l'E-participation en Tunisie.
L’architecture prévoit plusieurs points d’accès aux services / portails d’E-participation :
cela peut être le portail « OGP Tunisie » (travaillant ainsi d’une façon semblable au portail
finlandais cité auparavant), ou bien le portail de n’importe quelle administration publique
(locale ou centrale) qui puisse présenter « e-participation.tn », « e-legislation » et « e-
people » comme des services Internet d’E-participation. Au niveau technique, ces services
pourront être invoqués via API par les administrations publiques à travers la plateforme
d’interopérabilité tunisienne. Au niveau de back-office, les services constituant ce qu’on
nomme ici le « système E-participation » seront gérés par les divers intervenants à travers
un système de workflow gouvernemental commun.
Cette architecture a donc le but de garantir l’autonomie des plateformes/portails d’E-
participation, mais en les intégrants dans un système modulaire, accessible et qui devrait
optimiser les performances tout en réduisant ou bien en contrôlant la redondance
4.
5.1. Notes
1 « Isolated » ; « Combined » ; « Integrated » : traduction des auteurs de ce rapport.
2 « particular synergies between the instruments used » : traduction des auteurs de ce rapport.
3 « to achieve a coordinated approach toward the demand groups » : traduction des auteurs de ce
rapport.
4 Il faut noter que le « système e-participation » est inséré dans le système du gouvernement ouvert,
dont une composante importante est constituée par le portail de données ouvertes, qui peut fournir
la base pour des compétitions d’idées ou des consultations.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020




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6. CONCLUSION | 53
Chapitre 6. Conclusion
Ce rapport a été élaboré pour fournir une évaluation des plateformes tunisiennes de
participation numérique (E-participation), en se concentrant surtout sur les plateformes
et
gouvernementales
www.legislation.tn.
que www.e-participation.tn www.e-people.gov.tn
telles
En Tunisie, en dépit de plateformes qui sont technologiquement globalement au point,
l’utilisation de ces derniers reste en-deçà des attentes. Elles couvrent certains domaines
limités comme la médiation et la consultation juridique, se concentrent sur le niveau de
consultation et n’atteignent pas le niveau d’association tel que défini par l’OCDE pour la
participation du citoyen. L’organisation liée à ces plateformes montre en particulier
l’insuffisance de ressources humaines en quantité et en qualité pour asseoir leur essor, en
même temps qu’une multitude de plateformes avec des rôles qui se chevauchent, ce qui
rend la gouvernance de l’E-participation particulièrement difficile, et fait que les
plateformes sont peu connues et peu utilisées par les citoyens.
Les recommandations fournies dans cette étude vont dans le sens d’une amélioration et
d’une clarification de la gouvernance des plateformes, de la définition d’une stratégie
concertée et pilotée, d’une plus grande précision des textes juridiques qui ont trait à l’E-
participation, et du renforcement du capital humain aussi bien en matière d’administration
que d’exploitation opérationnelle de ces plateformes. Cela n’est possible que par une
volonté politique au plus haut niveau qui s’appuie sur l’E-participation comme un moyen
de renforcer la transparence du gouvernement et la confiance des citoyens envers les
institutions publiques. En termes techniques, il faudrait que ces plateformes s’intègrent
dans une architecture gouvernementale de référence et qu’elles puissent s’ouvrir vers des
applications mobiles ou d’autres portails selon le standard de services ouverts. Il faudrait
aussi et surtout travailler sur l’engagement des citoyens, en considérant comme point de
départ, soit l’usage des réseaux sociaux, comme par exemple Facebook, soit l’implication
de la société civile, en canalisant les efforts qu’elle déploie en termes de plateformes, afin
de créer un cercle vertueux qui permette un développement systémique de l’E-participation
envers un degré plus important de collaboration et de confiance.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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RÉFÉRENCES | 55
Références
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Management Review (37:3), pp. 355–375 (doi: 10.5465/amr.2010.0146).
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Oxford University Press.
Alam, S. L. 2016. “Interactions on Government Facebook Pages: An Empirical Analysis,” Proceedings
of the 37th International Conference on Information Systems (ICIS 2016)
, Dublin, Ireland (available
at http://aisel.aisnet.org/icis2016/EBusiness/Presentations/26/).
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ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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Page 60
ANNEXE A. LES OUTILS D’E-PARTICIPATION | 59
Annexe A. Les outils d’E-participation
Encadré 4. Les outils d’E-participation
Portails web
Un portail web est un site web qui offre une porte d'entrée commune à un large éventail de
ressources et de services accessibles sur Internet et centrés sur un domaine d'intérêt ou une
communauté particulière. Les ressources et services dont l'accès est ainsi rassemblé
peuvent être des sites ou des pages web, des forums de discussion, des adresses de courrier
électronique, espaces de publication, moteur de recherche, etc. Les utilisateurs ont la
plupart du temps la possibilité de s'enregistrer à un portail pour s'y connecter ultérieurement
et utiliser l'ensemble des services proposés, dont la personnalisation de leur espace de
travail, lequel est organisé à l'aide d'éléments d'Interfaces Homme-machine (IHM) de base
: les portlets. Un site portail institutionnel est un portail web servant de voie d'accès vers
les différents sites d'un organisme (entreprise commerciale, institution publique). Le site
portail permet de rediriger l'internaute vers le site de l'organisme qui correspond le mieux
à ses attentes en fonction de son profil.
Les outils de recherche
Un moteur de recherche est une application web permettant de trouver des ressources à
partir d'une requête sous forme de mots. Les ressources peuvent être des pages web, des
articles de forums Usenet, des images, des vidéos, des fichiers, etc.
Certains sites web offrent un moteur de recherche comme principale fonctionnalité; on
appelle alors « moteur de recherche » le site lui-même. Ce sont des instruments de
recherche sur le web sans intervention humaine, ce qui les distingue des annuaires. Ils sont
basés sur des « robots », encore appelés « bots », « spiders «, « crawlers » ou « agents »,
qui parcourent les sites à intervalles réguliers et de façon automatique pour découvrir de
nouvelles adresses (URL). Ils suivent les liens hypertexte qui relient les pages les unes aux
autres, les uns après les autres. Chaque page identifiée est alors indexée dans une base de
données, accessible ensuite par les internautes à partir de mots-clés.
C'est par abus de langage qu'on appelle également « moteurs de recherche » des sites web
proposant des annuaires de sites web : dans ce cas, ce sont des instruments de recherche
élaborés par des personnes qui répertorient et classifient des sites web jugés dignes d'intérêt,
et non des robots d'indexation.
« Webcasting »
La webdiffusion (ou webcasting, mot anglais dont la traduction littérale est « diffusion sur
le web ») désigne la diffusion de contenus audio et/ou vidéo sur Internet. La diffusion peut
s'effectuer en flux continu ou en téléchargement.
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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60 | ANNEXE A. LES OUTILS D’E-PARTICIPATION
« Chat rooms »
Le terme « chat room » ou salle de discussion est principalement utilisé pour décrire toute
forme de conférence synchrone, parfois même une conférence asynchrone. Le terme peut
ainsi désigner toute technologie allant du « tchat » en ligne en temps réel et de l'interaction
en ligne avec des étrangers (par exemple, des forums en ligne) à des environnements
sociaux graphiques entièrement immersifs.
L'utilisation principale d'une salle de discussion est de partager des informations via du
texte avec un groupe d'autres utilisateurs. De manière générale, la possibilité de converser
avec plusieurs personnes dans la même conversation différencie les salons de discussion
des programmes de messagerie instantanée, qui sont généralement conçus pour la
communication en tête-à-tête. Les utilisateurs d'un salon de discussion particulier sont
généralement connectés via un Internet partagé ou une autre connexion similaire et il existe
des salons de discussion pour un large éventail de sujets. Les nouvelles technologies ont
permis l'utilisation du partage de fichiers et des webcams dans certains programmes. Ces
salons de discussion seraient considérés comme des « chat rooms ».
« Wiki »
Un wiki est une application web qui permet la création, la modification et l'illustration
collaboratives de pages à l'intérieur d'un site web. Il utilise un langage de balisage et son
contenu est modifiable au moyen d’un navigateur web. C'est un logiciel de gestion de
contenu, dont la structure implicite est minimale, tandis que la structure explicite émerge
en fonction des besoins des usagers.
Le premier wiki, créé en 1995 par Ward Cunningham pour réaliser la section d’un site sur
la programmation informatique, fut appelé WikiWikiWeb. Par exemple, l’un des sites gérés
par wiki parmi les plus connus au monde est Wikipédia.
« Content management »
Un système de gestion de contenu (content management system ou CMS en anglais) est
une famille de logiciels destinés à la conception et à la mise à jour dynamique de sites Web
ou d'applications multimédia. Ils partagent les fonctionnalités suivantes :





ils permettent à plusieurs individus de travailler sur un même document ;
ils fournissent une chaîne de publication (workflow) offrant par exemple la
possibilité de mettre en ligne le contenu des documents ;
ils permettent de séparer les opérations de gestion de la forme et du contenu ;
ils permettent de structurer le contenu (utilisation de FAQ, de documents, de blogs,
de forums de discussion, etc.) ;
ils permettent de hiérarchiser les utilisateurs et de leur attribuer des rôles et des
permissions (utilisateur anonyme, administrateur, contributeur, etc.) ;
certains SGC incluent la gestion de versions.
« Natural language processing »
Le traitement automatique du langage naturel TALN (en anglais, Natural language
processing) est un domaine multidisciplinaire impliquant la linguistique, l'informatique et
l'intelligence artificielle, qui vise à créer des outils de traitement de la langue naturelle pour
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020


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ANNEXE A. LES OUTILS D’E-PARTICIPATION | 61
diverses applications. Il ne doit pas être confondu avec la linguistique informatique, qui
vise à comprendre les langues au moyen d'outils informatiques.
Le TALN est sorti des laboratoires de recherche pour être progressivement mis en œuvre
dans des applications informatiques nécessitant l'intégration du langage humain à la
machine. Aussi le TALN est-il parfois appelé ingénierie linguistique.
« Citizen relationship management »
Ou Gestion de la Relation Citoyen, est une approche du gouvernement au citoyen ou du
gouvernement au consommateur (G2C). Dans ce modèle, le modèle G2C applique la
stratégie de gestion de la relation client (CRM) avec concept d'entreprise. En gérant leur
relation « client » (citoyen), l'entreprise (gouvernement) peut fournir les produits et services
nécessaires pour répondre aux besoins du client (citoyen). Dans ce modèle, les utilisateurs
peuvent dialoguer avec les agences et poster des problèmes, des commentaires ou des
demandes à l'agence, effectuer des transactions, par exemple: déposer des déclarations de
revenus, demander des services et des subventions, etc.
SIG
Un système d'information géographique (SIG) est un système d'information conçu pour
recueillir, stocker, traiter, analyser, gérer et présenter tous les types de données spatiales et
géographiques. L’acronyme SIG est parfois utilisé pour définir les « sciences de
l’information géographiques » ou « études sur l’information géospatiales ». Cela se réfère
aux carrières ou aux métiers qui impliquent l'usage de systèmes d’information
géographique et, dans une plus large mesure, qui concernent les disciplines de la géo-
informatique (ou géomatique). Ce que l’on peut observer au-delà du simple concept de SIG
a trait aux données de l’infrastructure spatiale.
Dans un sens plus général, le terme de SIG décrit un système d’information qui intègre,
stocke, analyse et affiche l’information géographique. Les applications liées aux SIG sont
des outils qui permettent aux utilisateurs de créer des requêtes interactives, d’analyser
l’information spatiale, de modifier et d’éditer des données par l'entremise de cartes et d’y
répondre cartographiquement.
Source : fr.wikipedia.org, 16/12/2019
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020
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Page 64
ANNEXE B. TABLEAUX | 63
Annexe B. Tableaux
Pour ce qui est des aspects techniques, nous avons porté notre analyse sur la visibilité et
identification, l’utilisabilité et de design des sites selon le modèle dérivé de celui établi par
l’Unité d’Administration Électronique pour l’évaluation des sites.
Tableau 4. Évaluation de l’utilisabilité des sites.
Poids
3
e-
people.tn

3
E-
participation.tn

3
3
3
Legislatip.tn
informini.tn Goulelhom.tn Cabrane.com
3
3
3
3
3
24
3
42
2
3
3
33
3
3
27
3
33
2
3
0
3
3
45
3
2
3
3
24
3
3
Utilisabilité des
plateformes
Chaque page est
identifiée par un
titre de page
décrivant le
contenu de la page
et le contenu
textuel des pages
est bien hiérarchisé
(Title, H1, H2, etc.).
Chaque page du
site comporte les
éléments de
navigation et de
repérage
permettant à
l'utilisateur de se
situer dans le site
(menu actif, etc.), et
la hiérarchie entre
les niveaux
d'information dans
le menu de
navigation est
explicite.
Navigation
Toutes les pages
du site comportent
un lien « Accueil »
renvoyant vers la
page d’accueil.
Un menu des
tâches courantes
est présent dans
toutes les pages et
contient à titre
indicatif les liens
suivants : Accueil,
Contact, A propos,
Aide, FAQ, Liens
utiles, Mentions
légales, Plan du
site,
Accessibilité...).
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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64 | ANNEXE B. TABLEAUX
Présence d’un
moteur de
recherche interne
situé en haut de la
page et est visible
dans toutes les
pages et se
présente sous la
forme d'un champ
de recherche et du
bouton « Chercher
» (et non pas sous
la forme d’un lien à
cliquer).
Le site offre des
actualités récentes
et à jour,
accessibles depuis
la page d'accueil,
classées par ordre
antéchronologique
(à partir de la date
la plus récente) et
affichées
linéairement (sans
défilement).
Chaque actualité a
au moins un titre,
une date et le cas
échéant, un lieu,
une source, un
descriptif sommaire
du sujet présenté et
une image
(illustration).
Contenu
Les champs
obligatoires des
formulaires sont
signalés par un
astérisque (rouge).
Deux langues
Performance
d'accès

Le site offre une
version mobile
cohérente.
Temps de réponse
Design
Qualité visuelle
E-information
Publication
fréquente des
actualités.
Le contenu ne
présente pas des
infos manquantes
ou bien des cases
vides.
E-participation
Le site Internet
propose une
3
0
3
1
3
0
3
3
2
2
2
2
3
3
3
2
3
2
2
6
3
3
6
3
3
3
3
6
3
3
17
3
18
3
3
18
3
3
9
3
3
1
0
20
1
18
3
3
18
3
3
9
3
9
1
2
41
3
18
3
3
18
3
3
6
2
12
2
2
29
1
9
0
3
18
3
3
9
3
18
3
3
18
0
3
9
3
0
12
1
3
6
2
18
3
3
33
2
3
18
3
3
9
1
2
6
2
12
1
3
24
0
ÉVALUATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES DE PARTICIPATION CITOYENNE EN TUNISIE © OCDE 2020

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ANNEXE B. TABLEAUX | 65
fonctionnalité de
sondage d'opinion
régulièrement mis à
jour avec des choix
de QCM pertinents
et à valeur ajoutée.
L'internaute peut
accéder aux
résultats du
sondage d'opinion
sans être obligé de
voter d'abord.
Le site donne la
main aux
internautes
d'évaluer le
contenu des pages
affichées (système
de notation ou
commentaires).
Le site propose un
forum de discussion
aux internautes
géré et modéré par
l'Administration.
Le site propose une
boite à idées et
affiche les
propositions des
internautes.
La page contact
indique plusieurs
formes de contact
avec le citoyen.
E-Services
Le site propose à
l'usager de suivre le
statut de sa requête
(demande ou autre)
: Suivi en ligne de
l’état d’avancement
ou de réalisation
d’un service.
Le site permet à
l'internaute de créer
un compte et
s'authentifier
facilement.
Liens aux réseaux
sociaux
Total
3
2
3
3
3
8
3
0
1
3
1
1
1
1
3
3
3
1
1
3
2
2
0
0
0
3
3
3
0
0
3
3
0
3
0
3
3
19
3
16
3
14
3
16
3
24
3
18
3
3
2
1
1
1
3
1
2
67
2
147
2
189
1
166
2
142
3
162
3
168
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