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Cartographie des centres de
RESSOURCES TUNISIENS‘21
Tunisie
& coopération internationale
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CHAPITRE 1
TUNISIE ET COOPÉRATION INTERNATIONALE
La politique étrangère de la Tunisie repose sur des
principes établis depuis son indépendance et renforcés
par la Constitution de janvier 2014. Ces principes
consacrent l’attachement de l’Etat tunisien au droit
international et au respect de ses exigences, afin de
garantir la paix en favorisant le dialogue, la négociation
et les approches pacifiques de règlement des différends
et des litiges.
La Tunisie a ainsi développé des relations internationales
dans un contexte de respect mutuel et de non-ingérence
dans les affaires intérieures des autres Etats, tout en
soutenant des causes justes à travers le monde. Elle a
ainsi proposé la création d’un Fonds international de
solidarité visant à contribuer à la lutte contre la pauvreté
dans les zones les plus déshéritées de la planète, qui a
été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale des
Nations unies en 2002.
La coopération internationale est considérée par la Tunisie
comme l’un des piliers de sa politique étrangère, basée
sur la solidarité interarabe et interafricaine et visant à
promouvoir l’action commune et le rapprochement avec
les Etats arabes et africains.
Dès ses premières années d’indépendance, la Tunisie
s’est attachée à apporter son assistance technique aux
pays du Sud et à mettre à leur disposition l’expérience
qu’elle a pu acquérir dans de nombreux domaines. Elle
a notamment envoyé des enseignants tunisiens dans les
autres pays du Maghreb, à une époque où elle avait
pourtant besoin de tout son potentiel humain pour son
propre développement.
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La Tunisie a également soutenu les pays victimes de
catastrophes naturelles et sanitaires, telles que le séisme
de Sichuan en Chine en 1985 et l’épidémie de Covid-19
en Italie en 2020.
La politique étrangère de la Tunisie repose aussi sur
la consolidation et le développement des relations de
partenariat avec l’Union européenne, son partenaire
historique et stratégique, dans le cadre d’un processus
euro-méditerranéen plus
le
partenariat et la solidarité entre les pays des rives nord
et sud de la Méditerranée.
large, pour
renforcer
Le positionnement géopolitique de la Tunisie joue un
rôle prépondérant dans son développement national,
régional et international, ainsi que dans sa politique
étrangère, notamment du fait de sa position centrale
en Méditerranée et des accords préférentiels multiples
qu’elle a établis avec de nombreux pays partenaires.
Le pays bénéficie aussi d’atouts qui le placent en
tête de nombreux pays émergents, principalement
ses compétences et sa large gamme de produits
et de services à l’export. Il détient également des
avantages comparatifs dans des secteurs prioritaires
tels que l’agriculture, la santé, l’éducation, l’énergie,
les infrastructures et les nouvelles technologies. Enfin,
il dispose d’un gisement prisé d’expertises et de
compétences, qui lui permettent de s’ouvrir à d’autres
horizons, notamment aux pays du Sud. Ces atouts
ont permis de construire une dynamique nouvelle et
ambitieuse de la politique étrangère tunisienne et une
diplomatie économique active. Ils se sont concrétisés par
une amélioration et un élargissement significatif de la
coopération par le nombre des pays bénéficiaires et la
diversification des formes d’intervention.
1. Tunisie et coopération Sud-Sud
La Tunisie est l’un des premiers pays du Sud à avoir
développé une politique de coopération Sud-Sud. Son
expérience dans différents domaines du développement
et son engagement envers les pays du Sud, lui ont
permis d’être considérée comme un pays pivot pour
la promotion de la coopération Sud-Sud. Elle est ainsi
devenue une plateforme d’échanges de connaissances
et de ressources dans divers domaines et a conclu des
accords et conventions avec plusieurs pays du Sud, dans
le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale.
La Tunisie a réussi à tisser un réseau de partenaires
stratégiques à l’échelle régionale et internationale, qui
inclut notamment la BID, considérée comme un partenaire
privilégié pour la réalisation de projets de développement.
Elle a également créé l’Agence tunisienne de coopération
technique (ATCT), une structure gouvernementale chargée
de l’exécution de sa politique en matière de coopération
technique.
2. L’ATCT au service de la coopération
internationale de la Tunisie
La création de l’ATCT, en 1972, a représenté un
changement qualitatif pour la politique tunisienne de
coopération internationale. L’agence a pour mission
CARTOGRAPHIE DES CENTRES DE RESSOURCES TUNISIENS - 2021
l’exécution de la politique de l’Etat en matière de
coopération technique. Elle a débuté son activité par la
mise à disposition de compétences tunisiennes au profit
de divers pays, notamment arabes et africains, dans le
cadre de la coopération bilatérale et multilatérale.
L’ATCT a également mené des programmes et projets
de développement dans le cadre de la coopération
bilatérale et triangulaire, en partenariat avec les bailleurs
de fonds internationaux. L’ATCT dispose par ailleurs
de 7 représentations à l’étranger, supervisées par des
conseillers de coopération technique répartis dans les
pays suivants : Arabie saoudite (Riyad et Djeddah),
Koweït, Oman, Emirats arabes unis, Qatar (avec
couverture du Bahreïn), Mauritanie (avec couverture des
pays d’Afrique de l’Ouest).
Les principaux domaines d’expertise et champs d’activité
de l’ATCT sont :
Le placement des compétences tunisiennes auprès
d’institutions étrangères publiques et privées,
régionales et
internationales ou d’organismes
étrangers implantés en Tunisie.
L’élaboration, la réalisation et la gestion des
programmes de renforcement des capacités au profit
des pays africains et arabes, selon un mécanisme de
coopération Sud-Sud ou triangulaire.
2.1. Le placement des compétences tunisiennes
A ses débuts, la coopération Sud-Sud et triangulaire
n’a concerné que les pays du Maghreb. Puis, entre les
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années 70 et 80,elle s’est progressivement étendue aux
pays du Sud du Sahara, avec le soutien du Fonds arabe
d’assistance technique aux pays africains et arabes
(FAAT). Ce Fonds a alors assuré la prise en charge
des salaires des enseignants tunisiens travaillant en
République des Comores, à Djibouti, au Niger et au
Rwanda, et des juges et experts tunisiens affectés dans
d’autres pays africains.
A partir du début des années 80, la coopération
technique a connu une forte expansion territoriale et
touché les pays du Golfe (Arabie saoudite, Emirats
arabes unis, Qatar, Oman, Koweït), pour répondre à
leurs besoins en compétences, surtout dans les secteurs
de la santé et de l’enseignement.
Puis, la coopération technique tunisienne n’a pas cessé
d’évoluer : la première décennie du 21ème siècle
a été marquée par une ouverture géographique sur
de nouvelles zones d’intervention telles que l’Afrique
du Sud, l’Italie, l’Allemagne, le Canada, l’Autriche
et la Belgique, qui sont devenues demandeuses de
professionnels tunisiens opérant dans les secteurs de la
santé, de l’ingénierie, des nouvelles technologies et de
la formation professionnelle.
2.2. La réalisation des programmes de coopération
Sud-Sud et triangulaire
La Tunisie est l’un des premiers pays du Sud à avoir
développé une politique de coopération Sud-Sud et
ce, dès son indépendance. Elle a tiré sa réussite de
ses propres expériences et des avantages comparatifs
acquis dans différents domaines clés du développement
économique durable, notamment la santé de base,
l’environnement, l’agriculture et la pêche, la formation
professionnelle, l’industrie, les nouvelles technologies et
l’enseignement.
L’ATCT est l’acteur principal de mise en œuvre des
programmes et projets de renforcement des capacités
réalisés par la Tunisie au profit des pays arabes et
africains selon les mécanismes de coopération Sud-
Sud et triangulaire. L’agence représente également la
Tunisie dans les différentes manifestations régionales et
internationales visant la promotion de la coopération
Sud-Sud telles que les conférences de haut niveau
des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud (la
conférence de 1978 - BAPA- et la conférence de 2019
-BAPA+40-) et les rencontres organisées par la BID, le
bureau des Nations unies pour la coopération Sud-Sud
(UNOSSC), la Banque mondiale, etc.
L’ATCT compte poursuivre cette évolution, en maintenant
ses relations de coopération avec les pays arabes et en
renforçant son positionnement dans de nouvelles zones
telles que l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Nord.
L’agence est aussi membre fondateur du Réseau des
acteurs francophones pour la coopération Sud-Sud
(RAFSUD), lancé en 2018 avec l’appui de l’Organisation
internationale de la francophonie (OIF). Ce réseau a
été pensé comme une plateforme dynamique à même
d’opérer des synergies et de permettre l’échange
d’expériences et d’informations entre les pays du Sud.
Les projets et programmes de coopération réalisés par
l’ATCT peuvent prendre les formes suivantes :
L’organisation de sessions de formation au profit
des professionnels arabes et africains dans
différents domaines, réalisées par des compétences
individuelles et institutionnelles tunisiennes ;
L’envoi d’experts et de consultants tunisiens pour
mener des missions d’assistance technique au profit
des pays arabes et africains ;
La réalisation de projets d’assistance technique
intégrés comportant des sessions de formation, des
voyages d’études et l’envoi d’experts.
Depuis sa création, l’ATCT a réalisé plus que 100
projets d’assistance technique intégrés. Elle a formé plus
de 5 000 cadres africains et arabes dans différents
domaines et missionné environ 2 000 experts et
consultants sur le terrain.
Ces projets ont produit des résultats remarquables,
notamment ceux qui ont été réalisés dans le cadre de la
CSST. Par exemple :
Un projet visant l’amélioration de l’accès aux services
de santé de la reproduction dans le district de Kollo,
au Niger, soutenu financièrement par la France. Ce
projet reposait sur la mise en œuvre d’un modèle
éprouvé de cliniques ambulantes et d’éducation
personnalisée adaptée à différents groupes cibles,
tout en associant les leaders de la communauté. Il
a ensuite été reproduit dans plusieurs pays arabes
avec l’assistance technique d’experts tunisiens, ce
qui a valu à la Tunisie le Prix des Nations unies de la
Coopération Sud-Sud, en 2008 ;
Un exercice d’évaluation de programmation
des capacités et des besoins en matière de
développement humain durable avec la participation
de 13 pays africains et le soutien du Groupe
spécial de la CTPD (coopération technique entre
pays en développement), qui a permis la collecte
d’informations sur les besoins des pays participants
et l’identification d’opportunités de coopération ;
Un programme de coopération Sud-Sud dans le
domaine de l’édition (CAFED),réalisé par l’ATCT
et l’OIF, au profit des pays africains francophones
entre 1989 et 2015. Le CAFED a organisé plus
de 67 activités (sessions de perfectionnement,
séminaires d’échanges...) au profit de plus de
1 000 participants issus de 33 pays francophones.
Ces sessions étaient dédiées à la formation aux
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métiers du livre et de l’édition et ont permis aux
bénéficiaires de professionnaliser leur savoir-faire et
d’échanger leurs expériences concernant la chaîne
du livre ;
Depuis 2015, l’ATCT a également adhéré au nouveau
mécanisme dénommé “Reverse Linkage”, lancé par la
BID pour la mise en œuvre de projets de coopération
Sud-Sud. Elle a ainsi lancé plusieurs initiatives :
Des programmes quinquennaux et triennaux avec
l’Agence Japonaise de coopération internationale
(JICA) dans les domaines des finances publiques,
du tourisme, de la santé, de la pêche, de
l’environnement et de la gestion de l’eau, au profit
de 800 cadres, ingénieurs et techniciens africains et
arabes, principalement francophones ;
Un projet de mise en place d’une Banque de
solidarité au Mali avec l’appui financier de Lux-
Development ;
Un projet de mise à niveau de l’École de formation
des métiers du tourisme à Djibouti ;
La création de centres de formation professionnelle
en Mauritanie, financés par la Banque mondiale ;
Un projet de mise à niveau de l’imprimerie nationale
de Djibouti financé par l’OPEP ;
Un projet de mise en place d’un organisme de
commercialisation et de promotion des exportations
de produits agricoles au Niger, avec l’appui
financier du Canada.
Un projet de développement des capacités
du ministère de l’Education du Tchad, dans le
domaine de l’enseignement de la langue Arabe
en 2017, pour une durée de 3 ans.
Un projet de paiement par téléphonie mobile en
Mauritanie.
Un projet d’amélioration des chaînes de valeur
de l’export des produits agricoles au profit de la
Guinée.
D’autre part, dans le cadre d’un programme de
coopération entre l’ATCT, la BID et l’ONG tunisienne
Nadi Al Bassar, 61 campagnes de lutte contre les cécités
curables ont été menées par 361 ophtalmologues et
techniciens supérieurs de la santé tunisienne, notamment
au Burkina-Faso, Comores, Côte-d’Ivoire, Djibouti, Mali,
Mauritanie, Niger et Tchad. Au cours de ces campagnes,
21 266 opérations chirurgicales de la cataracte,30 712
consultations et 7 sessions de formation ont été réalisées.
Outre les programmes, projets, sessions de formation et
voyages d’études dans divers domaines réalisés au profit
de cadres africains et arabes, l’ATCT a intégré, en 2016,
l’initiative lancée par l’UNOSSC avec la collaboration
du Fonds international de développement agricole
(FIDA) et de la BID. Cette initiative concerne l’exécution
du programme de coopération Sud-Sud et triangulaire
entre des pays du Maghreb, du Proche-Orient, d’Europe
de l’Est et d’Asie centrale, pour faire face aux défis du
développement agricole, de la sécurité alimentaire et de
la lutte contre la pauvreté dans les zones rurales.
L’ATCT assure également la coordination et la gestion
de projets de recherche, de mise à niveau et de
renforcement des compétences
tunisiennes. Ces
réalisations sont possibles grâce à des financements de
différents pays donateurs et bailleurs de fonds, tels que
l’Union européenne, le Canada et l’Italie, ou via des
accords de partenariat avec le secteur privé, le milieu
universitaire et les institutions sectorielles.
Parmi ces projets, il y a lieu de citer :
Le projet pilote de préservation du patrimoine de
Nafta (Sud tunisien), réalisé par l’Ecole nationale
d’architecture et d’urbanisme de Tunis et avec
l’appui financier de l’Italie ;
Le projet de lutte contre la leishmaniose en Tunisie,
réalisé par l’Observatoire national des maladies
nouvelles et émergentes avec le soutien financier
du Centre de recherches pour le développement
international (CRDI -Canada) ;
Le Programme d’appui à l’Accord d’association
entre la Tunisie et l’Union européenne, qui avait
pour objectif la mise à niveau de l’administration
tunisienne à travers le développement de ses
capacités institutionnelles tant au niveau central
qu’au niveau régional et au moyen de mécanismes
et instruments comme le jumelage. Ce programme
a couvert la période 2004-2015 et a appuyé
divers secteurs dont les finances, la santé, les
services, etc.
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