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Tunisie – Géopolitique et Stratégie – 2021- 2022
1. Eléments de Géopolitique
Avec le Maroc et l’Algérie, la Tunisie fait partie du Maghreb, grande région d’Afrique du nord baignée par le bassin
méditerranéen. Avec ses 162 155 km carrés la Tunisie est un petit pays occupant une position stratégique très
convoitée. Son économie diversifiée, avec des points forts comme le commerce et le transport en constituent une
place importante dans les pays émergents. Elle est aussi une terre riche de culture, d’histoire et d’arts, favorisant le
tourisme. Le modernisme et le progressisme qui caractérisent la société et l’islam tunisiens sont visibles dans la
place faite aux femmes. La Tunisie est en effet l’un des pays musulmans le plus avancé en matière de droits des
femmes et d’égalité des sexes.

Un peu d’histoire :

Sous protectorat français jusqu'alors, la Tunisie obtient son indépendance en 1956 et Habib Bourguiba en est le
premier président. En 1987 Zine El Abidine Ben Ali lui succède. Malgré son modernisme, la Tunisie n’échappe pas
aux difficultés économiques et sociales, ni à la montée de l’intégrisme musulman. La corruption est partout et en
janvier 2011, éclate la première révolution du printemps arabe, celle du « jasmin », contre son dictateur-président.
Suit alors une longue période d'espoirs, de difficultés et de conflits en tous genres.

La Tunisie aujourd’hui : entre amertume et résilience (Le Monde 17/12/2020)
« Désenchantement, désillusion, espoirs trahis » : les formules sont usées jusqu'à la corde dès que sonne l'heure du
bilan de la révolution tunisienne. La célébration le 17 décembre du 10 ième anniversaire de l'immolation par le feu
du jeune marchand ambulant
Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid (centre de la Tunisie ) a marqué le point de départ
des « printemps arabes » et ébranlé la géopolitique régionale.
Le 14 janvier 2011, la révolte des Tunisiens contre le pouvoir de Zine El-Abidine Ben Ali provoquait une onde de choc
dans le monde arabe. Du Maroc à Bahrein en passant par la Lybie, l'Egypte ou la Syrie, le slogan : »le peuple veut la
chute du régime »témoignait de la vigueur de la tempête.
L'anniversaire survient dans un contexte local déprimé, pour ne pas dire délétère, où se conjuguent paralysie
politique, affaissement économique et poudrière sociale.
Au terme d'une décennie, le constat est sans appel : ceux qui ont remplacé le dictateur déchu ont trahi la promesse
de dignité que portait la révolution. Cette dernière est même appelée « transition démocratique », une façon subtile
de dénier toute légitimité politique à ceux qui ont porté la contestation.
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A l'occasion de la fête de l'Indépendance du 20 Mars, tous les Tunisiens ont attendu que le Président Kaïs Saïed
évoque les pères fondateurs de leur pays en un hommage fédérateur, ce fut une déception. Le Président est très
hostile à celui qui est encore considéré comme « le père de la Nation » Bourguiba , alors que M Kaïs Saïed a
bénéficié du système Bourguiba ( il fut enseignant du supérieur )
La dissolution du Parlement le 30 Mars menace une liberté d'expression toujours plus menacée .
La présidence s'enferme dans une logique d'individualisation du pouvoir , Kaïs Saïed a crée une zone de confort sans
rendre de compte à personne et surtout sans contre pouvoirs, tout cela ne semble pas aller vers une réelle
démocratie. Il s'agit d'une démocratie formelle dont les islamistes se gargarisent .

Tunisie et pandémie
La situation est très préoccupante. Le Covid est venu déstabiliser une conjoncture économique déjà très fragile. Tous
les clignotants sont au rouge : une récession de 9%, un taux de chômage proche de 16%, un déficit budgétaire de
13,4%, un endettement public approchant les 90% du PIB .
Symptôme du désarroi social :
12 490 migrants tunisiens sont arrivés en 2020 sur les côtes italiennes, 4 fois plus
qu'en 2019.
Force est de constater que depuis 2011, la politique sociale des gouvernements successifs ne s'est guère démarquée
de celle de Ben Ali.
Le développement régional est revendiqué comme une priorité nationale or les disparités entre les villes côtières et
les villes intérieures se sont aggravées.
Le Centre Ouest qui regroupe les gouvernorats ( départements ) de Sidi Bouzid, Kasserine ( les 2 berceaux de la
Révolution ) et Kairouan , connaît toujours les taux de pauvreté les plus élevés du pays .
Kasserine détient le tragique record du plus grand nombre « de martyrs »de la Révolution. Le chômage des jeunes
dans cette ville touche plus de 43% des 18-34 ans. Le taux d'inactivité des diplômés de l'université dépasse toujours
les 30%.

La population tunisienne, d'environ 11,8
millions d'habitants est divisée en
gouvernorats. Elle est très inégalement
répartie, avec une grande concentration au
nord et à l’est et des zones désertées au
sud. Les moyens afférés sont eux aussi très
inégaux avec des zones privilégiées dans les
gouvernorats de Tunis ou de Sfax.

Dans un pays qui a toujours vanté la
démocratisation de son système éducatif,
le secteur informel emploie désormais
53% de la population activ
e.
2. Etat des lieux des projets GREF en Tunisie en 2022
Le GREF est présent depuis l'automne 2011 soutenu par Solidarité Laïque et le PCPA (Programme Concerté Pluri
acteurs) , le programme Soyons Actifs/Actives et l'IFT ( Institut français Tunis ) pour les projets suivants :
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Le projet partenarial avec l'Observatoire de Lutte contre le décrochage scolaire : Comment prévenir et vaincre le
décrochage scolaire ?
, financé par Solidarité Laïque/PCPA qui s'est décliné en 2 temps : l'accueil d'une délégation
tunisienne d'enseignants , inspectrice, conseillers formateurs, psychologue , liée à cette problématique dans des
établissements de Marseille en Mars 2022 et une mission à Sousse avec 2 formateurs Gref dans une école de type
REP+( avril 2022 ) Une 3ème phase est en cours de faisabilité en y associant les professeurs des 2 Collèges du secteur
.
Le projet avec l'Université de Kairouan : Appui à l'enseignement du français à la Faculté des Lettres et Sciences
Humaines ,
ce projet s'organisera sur 3 ans , il est financé par l'IFT de Tunis et l'Université, la 1ère mission GREF
s'est tenue en Mars 2022 avec 2 formatrices . Le GREF était déjà à Kairouan ,il y a 10 ans .

le Projet Tunisie Petite Enfance , (année 2018 ): Appui à l'amélioration de l'accueil du jeune enfant : unifier les
pratiques pour une meilleure prise en compte de la petite enfance dans les villes de Sfax, Tunis, Mahdia. (écoles
privées )
Ce projet se poursuit , la mission GREF partie en janvier 2022 ( 2 formatrices ) a été brutalement interrompue par la
COVID et des manifestations politiques . Le report est prévu.
Le Projet doit aussi accueillir une délégation d'enseignants en Mai 2022 , mais cela semble compromis , l'obtention
des visas en Tunisie est très problématique, aléatoire et imprévisible dans le temps … ( à suivre )
Le projet SED avec les écoles de la Prélature ( écoles primaires catholiques , toute confession ) : comment prendre en
compte les difficultés d'apprentissage , les troubles « dys », développer une école inclusive est définitivement
terminé. Le partenariat fut fructueux et loué par les responsables.
Toutefois ce partenariat se poursuit avec l'Archevêché sur 2 sites :éloignés de la capitale : Menzel Bourguiba et Aîn
Drahem ,
Améliorer les compétences en langue française des enseignants et la construction de compétences dans
le domaine numérique.

Une mission RP est prévue en Mai 2022 pour une formation GREF en Novembre 2022 ( en cours ) .

Quelques constats généraux sur l'Education en Tunisie :
Le premier problème est le fossé qui se creuse entre les
établissements publics qui se dégradent tant d'un point de
vue structurel ( pas d'eau, ni électricité, ni moyen matériel )que pédagogique avec des classes surchargées ( 45/50 ),
des enseignants peu formés , d'où des établissements privés qui fleurissent .
Les programmes sont lourds , leur philosophie est basée sur un apprentissage par mémorisation et accumulation
indépendamment de la compréhension et l'analyse critique .
La langue française est enseignée à raison de 8 h/semaine jusqu'à la fin du Collège.
Les passages automatiques de changement de niveau, d'écoles ou d'établissements , témoignent d'une non maîtrise
des compétences de base élémentaires , d'où un décrochage massif en 6/5 ème au Collège constaté dans les régions
fragilisés par la crise économique lié au tourisme et lpar les orientations politiques ( concentration de tous les
pouvoirs au Président )

Quelques références littéraires ou géo/politique :
- « Bel abîme » de Yamen Manai ( prix des cinq continents de la Francophonie ) Ed Elysad : une critique féroce
de la société tunisienne
- « Par le fil, je t'ai cousue » de Fawzia Zouari raconte l'histoire de l'émancipation de l'autrice (Plon)
- La langue française dans le monde : organisation internationale de la francophonie (Gallimard/OIF )
Rolande Lourie RP Tunisie
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