CHAPITRE 1 : CONCEPTS FONDAMENTAUX EN SCIENCES DE L’EDUCATION
Cours n°01 : Définitions et caractéristiques de l’éducation
Introduction : L'étude de l'éducation passe par la connaissance d'un certain nombre de
concepts fondamentaux liés au processus éducatif. Il s'agit essentiellement de l'éducation,
l’enseignement, l’apprentissage, la didactique et la pédagogie. Cette liste ne se veut pas d’être
exhaustive. Néanmoins, le présent chapitre tentera d’explorer les principaux concepts
nécessaires à connaitre dans le cursus de formation des professionnels de l’enseignement.
I- L’Education :
L'éducation a toujours existé, à la différence des époques, des sociétés humaines et des
milieux. Ce processus (l’éduction) a toujours été orienté vers une finalité. Cependant, aussi
répandu qu’il puisse paraitre, le présent concept est assez polysémique et délicat à définir.
I-1 : Définition :
I-1-1- Définition étymologique : Etymologiquement, le mot éducation vient du latin educare
qui veut dire élever des animaux ou des plantes et par extension avoir soin des enfants, les
former et les instruire. L'éducation est ainsi un processus ayant pour finalité de faire sortir une
personne de son état premier et de mettre en évidence ses potentialités.
I-1-2- Définition conceptuelle : Au regard des approches classiques, Multiples auteurs
s’accordent sur le fait que les définitions de l’éducation peuvent être regroupées en deux
principales catégories à savoir :
a- Définitions insistant sur le développement des facultés individuelles : hormis les
auteurs adhérant à cette approche, nous citons Herbart qui affirme l’éducation en tant que
l’acte de former l’individu pour lui-même en éveillant en lui la multiplicité de ses intérêts
De son côté Kant évoque que l’éducation consiste en le développement dans l’individu de
toute la perfection dont il est susceptible
A la même approche se joint également Henri Joly qui décrit l’éducation comme « l'ensemble
des efforts ayant pour but de donner à un être la possession complète et le bon usage de ses
diverses facultés ».
Le point commun de ces définitions, plutôt considérées comme individualistes, c’est qu’elles
- Plus de références et documents sur Legaly Docsinsistent particulièrement sur les potentialités de la nature humaine que l’éducation vise à
développer
b- Définitions insistant sur la destination sociale de l’être humain : selon ces approches
l'éducation consiste à favoriser le développement aussi complet que possible des aptitudes de
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chaque personne à la fois comme individu et comme membre d'une société. L’éducation
constitue ainsi un déterminant potentiel de l’évolution social
A cette perspective adhère l’un des auteurs les plus influents dans le domaine de la sociologie
et de l’éducation, à savoir Durkhein qui définit l’éducation comme étant « l'action exercée par
les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a
pour objet de susciter chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et
moraux que réclame de lui le milieu social auquel il est destiné »
L’éducation pourrait alors être décrite comme étant un processus progressif ayant des vertus
tant sur le plan individuel que sur le plan social. Ce processus devrait prendre en
considération plusieurs facteurs influents qu’ils soient individuels ou contextuels. En milieu
scolaire, l’évolution des définitions de l’éducation a permis de passer de la perspective maitre-
élève à la notion de situation éducative qui prend en considération l’interaction de différents
facteurs et qui met en avant l’importance de l’aspect pluridisciplinaire
I-2- Caractéristiques de l’éducation : Il existe différents critères caractérisant l’éducation :
I-2-1- l’éducation est un processus complémentaire : l’éducation vise le développement de
plusieurs aspects qui se complémentent. A savoir, l’aspect physique, mental, psychologique et
moral.
I-2-2- L’éducation est un processus individuel et social : si l’éducation vise à former des
individus pourvus d’habilités, elle vise également de construire une société faite de citoyens
œuvrant en vue de son évolution. L’interaction entre les sujets et leur société fait que chacun
d’entre eux exerce un effet sur l’autre et contribue à son modelage
I-2-3- L’éducation varie en fonction du contexte spatio-temporelle : si l’éducation est
conçue principalement par l’être humain, elle se doit alors de s’adapter aux différents
contextes que celui-ci crée mais aussi aux changements qui s’y opèrent. C’est ainsi que
l’éducation varie en fonction de la société, de l’époque et au sein d’un même contexte elle
peut varier d’une région à une autre. L’éducation ne varie pas seulement en fonction des
contextes mais aussi en fonction de l’histoire personnelle des individus et de leurs expériences
qui peuvent significativement influer le processus éducatif. C’est ainsi que l’éducation crée le
changement en étant elle-même un processus évolutif et diversifié.
I-2-4- L’éducation est un processus continu : l’acquisition des expériences et des
connaissances est un processus qui se poursuit tout au long de la vie. C’est ainsi que
l’éducation continue d’impacter les individus et les sociétés tant que ces derniers continuent
d’exister.
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CHAPITRE 1 : CONCEPTS FONDAMENTAUX EN SCIENCES DE L’EDUCATION
Cours n°02 : Finalités, buts et fondements de l’éducation
I-3- Les finalités de l’éducation :
La finalité constitue l’approche sur laquelle se base la construction du système éducatif. C’est
ainsi l’ensemble des attentes vers lesquelles l’éducation doit mener sur le plan individuel et
social. Selon J. Maritain, la principale finalité de l’éducation demeure de former l’Homme en
tant que personne et en tant que citoyen. A cet intérêt l’éducation s’adonne aux missions
suivantes :
- Assurer l’épanouissement des individus : c’est-à-dire l’atteinte de l’évolution sur le plan
intellectuel, psychologique et physique.
- Assurer l’acquisition d’un socle de connaissances : c’est-à-dire l’acquisition d’une pluralité
de connaissances instructives, culturelles et sociales auxquelles doit parvenir l’apprenant à la
fin des cycles éducatifs
- Assurer l’autonomisation des individus : par l’éducation, l’individu forme progressivement
sa personne (développe son raisonnement, acquiert la capacité de gérer ses problèmes, de
prendre des décisions…etc.) mais aussi ses qualifications (acquiert un diplôme et des
compétences professionnelle). Ainsi l’autonomie s’atteint tant sur le plan psychologique et
mental que sur le plan professionnel et matériel. L’éducation autonomise également les
sociétés du moment où elle constitue le principal déterminant de l’évolution économique et
technologique
I-4 Les buts de l’éducation : Il est toujours nécessaire dans le milieu éducatif de déterminer
préalablement des buts dans la mesure où cela permet de :
Choisir et programmer les contenus ;
Sélectionner les méthodes et les outils appropriés pour la transmission des contenus ;
Organiser les activités des apprenants ;
Evaluer la réussite ou non du processus éducatif
Afin que les buts éducatifs soient pertinents, ils doivent recouvrir la globalité des aspects
d’une matière donnée. Ils doivent également être clairs, autant pour l’enseignant que pour
l’apprenant, et faisables au regard du temps dont on dispose et des conditions au sein
desquelles se déroule l’enseignement et l’apprentissage
I-4-1- les buts généraux :
Ils constituent l’ensemble de connaissances que comprend un programme scolaire ou une
matière et que l’apprenant doit parvenir à maitriser. Les buts généraux représentent ainsi les
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transformations et les évolutions qu’on vise à produire chez l’éprenant à la fin d’une année et
plus généralement à la fin d’un cycle scolaire donné. Ainsi définis, les buts généraux
touchent trois domaines principaux :
a- Le domaine cognitif : représente tous les acquis œuvrant en vue du développement
intellectuel de l’apprenant. Ce domaine recouvre six niveaux cognitifs selon la classification
de Bloom
La connaissance et la mémorisation ; la compréhension ; l’application ; l’analyse ; la synthèse
et l’évaluation. Après révision, un septième niveau a été ajouté à cette classification c’est : la
créativité.
b- Le domaine affectif : ce domaine concerne les valeurs, les croyances, les motivations et
les attitudes que les apprenants acquièrent le long de leur formation. Il s’agit ainsi d’acquis
abstraits délicats à évaluer
c- Le domaine psychomoteur : C’est le domaine qui vise de développer, chez l’apprenant,
l’usage et la coordination des habilités motrices (des mouvements), les sens, la perception
mais aussi la coordination entre les sens et les mouvements. L’acquisition de l’écriture est un
exemple illustrant le développement psychomoteur (l’usage des mouvements fins de la main,
la coordination entre la vue et les mouvements de la main).
I-4-2- Les buts spécifiques :
C’est des buts à court terme, ils concernent les visées d’une leçon au cours d’une séance
donnée. A partir de ces buts dérivent des objectifs plus opérationnels qui concernent les visées
des différentes parties d’une même séance.
I-5- Les fondements de l’éducation : Par fondements nous entendons les principes sur
lesquels nous devons nous baser afin de construire un système et des programmes éducatifs
qui peuvent mener à l’aboutissement des différents buts éducatifs.
I-5-1- Les fondements socio-culturels : le milieu éducatif constitue notamment un système
social régi par des règles structurant les rapports entre ses différents acteurs.
Ainsi, l’éducation est considérée comme un processus autant individuel que social et culturel
dans la mesure où elle est impactée par les motivations et les cognitions individuelles mais
aussi par les attentes sociales. L’éducation se base alors sur :
- Le respect des valeurs, des mœurs et du patrimoine culturel de la société.
- La prise en compte des besoins et des problématiques de la société
- La prise en compte des caractéristiques économiques, environnementales et géographique
- L’habilitation de la culture, de sa diversité et la promotion de son développement
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- La mise en œuvre de programmes respectant les différentes provenances socio-culturelles
(catégories socioéconomique, appartenance religieuse) des différents acteurs du milieu
éducatif
Il est vrai que le système éducatif doit veiller à respecter et véhiculer les valeurs et le
patrimoine culturel existant. Mais il doit, encore plus, développer la novation et le
changement au sein d’une société
I-5-2- Les fondements psychologiques de l’éducation : Afin d’assurer la pertinence et
l’efficacité de l’éducation, il est nécessaire de respecter les principes psychologiques
suivants :
a- Le niveau de développement des apprenants : la croissance ou le développement,
constituent des processus progressifs et continus. De là, le système éducatif doit veiller à
respecter les différents stades de développement des apprenants
b- Les besoins des apprenants : le besoin est défini comme étant un état de déséquilibre
auquel il est nécessaire d’apporter la réponse approprié afin de restaurer l’équilibre.
Ci-dessous, la classification des besoins en fonction de la pyramide de Maslow :
La pyramide des besoins selon Abraham Maslow
c- Les différences
individuelles : se rapportent aux multiples aspects physiques,
psychologiques, cognitifs et sociaux qui différencient les élèves les uns des autres.
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I-6- Sciences du langage et éducation :
La langue, cette habilité principalement humaine, constitue un processus plus complexe que
le simple fait de véhiculer des mots et des expressions. Diverses disciplines se sont alors
intéressées à la mise en évidence des multiples aspects (linguistiques, psychologiques, socio
culturels…etc.) liés à la langue et qui ne sont pas sans incidences vis-à-vis du processus
éducatif
Hormis ces disciplines, nous retrouvons la psycholinguistique dont l’objet d’étude constitue
principalement les processus cognitifs et psychologiques (la perception, la motivation, les
émotions…etc.) qui adossent les productions langagières explicites et observables. Par
ailleurs, la sociolinguistique s’intéresse pour sa part au rôle du contexte social et culturel dans
la construction d’une langue mais aussi à la place de la langue vis-à-vis des interactions
sociales et de la construction des identités notamment en milieu scolaire.
Du fait qu’elle soit l’outil central à travers lequel s’effectuent les processus d’enseignement et
d’apprentissage, la langue constitue un facteur potentiel pouvant mener à des apprentissages
scolaire différenciés. En effet, chaque enseignant déploie ses codes linguistiques en fonction
de ses objectifs mais aussi en fonction de sa personne et de son capital culturel
De même, chaque élève reçois décode et assimile les énoncés émis par l’enseignant en
fonction de son identité et de ses dispositions socio culturelles. C’est de là que la langue peut
devenir un facteur de difficultés scolaires socialement différenciées à partir du moment où
tous les élèves ne possèdent pas les mêmes dispositions linguistiques pour déchiffrer de la
façon la plus correcte les messages enseignants. Ceci en dehors des troubles proprement dits
du langage, telle que la dyslexie, qui peuvent être un réel obstacle à l’apprentissage pour
certains élèves.
II- Autres concepts en sciences de l’éducation :
II-1- L’enseignement : L’enseignement ne se réduit pas au simple fait de transmission.
Olivier Reboul définit l’enseignement comme étant une activité à long terme, qui se déroule
dans une institution spécifique, confiée à des personnes qualifiées, et dont le but intentionnel
est de permettre aux enseignés d’acquérir des connaissances, de les comprendre mais aussi
d’apprendre à agir. Dans cette optique l’enseignement transmet des savoirs, des savoirs faire
mais aussi éveille chez l’apprenant la lucidité et la curiosité d’apprendre. Il est important de
savoir qu’au cours de ce processus l’enseignant apprend à son tour du moment où pour
accomplir sa mission, ce dernier doit s’informer, sélectionner les contenus à transmettre, les
mémoriser et être capable de les expliquer aux apprenants
II-2- L’apprentissage :
Dans une approche générale et se référant à la psychologie cognitive, l’apprentissage pourrait
être définit comme étant la réception, l’intégration et la capacité de réutilisation des
connaissances lors des situations qui s’y prêtent.
A cet intérêt, L’élève doit avoir en mémoire des connaissances qui lui permettent d’établir des
liens avec les nouvelles informations qui lui sont fournies afin que ces dernières puissent être
assimilées et avoir du sens pour lui
Ainsi, la mise en relation de l’information présentée avec les connaissances antérieures
pourrait apporter une confirmation à ces dernières ou bien y ajouter des éléments (les enrichir)
ou bien les remettre en question et les débattre avant qu’une nouvelle information ne soit
intégrée. Il n’y a pas que les informations antérieures qui peuvent être infirmées, les nouvelles
informations subissent aussi un traitement et une analyse et peuvent être infirmées à leur tour.
En effet, Il n’y a pas un temps pour l’enseignement et un autre pour l’apprentissage. Les deux
actions sont interdépendantes et réajustées l’une en fonction de l’autre. L’enseignant doit alors
savoir articuler ses tâches pédagogiques en fonction des apprentissages des élèves
II-3- la pédagogie : étymologiquement ce terme fait référence à l’action de conduire les
enfants afin de les instruire. La pédagogie recouvre un aspect théorique qui fait référence à la
pédagogie en tant que réflexion philosophique et psychologique autour de l’enseignement et
l’apprentissage et leurs finalités. Mais d’une autre part, dans son aspect pratique, la pédagogie
traite des méthodes d’enseignement et des actions à exercer en situations d’apprentissage (en
classe) afin d’instruire et de former les élèves.
II-4- La didactique : le didacticien s’interroge sur ce qui est spécifique au savoir à enseigner.
C’est ainsi que la didactique renvoie à l’étude des techniques et des méthodes d'enseignement
propres à chaque discipline. Cette dimension épistémologique (en rapport avec la nature du
savoir enseigné) c’est la principale caractéristique qui distingue la didactique de la pédagogie.
Tableau comparatif entre la pédagogie et la didactique
Enseignement
Pédagogie
• Qu’est-ce que l’enseignement
la
théorique
de
(aspect
pédagogie)
• Les méthodes d’enseignement
et les actions à entreprendre en
classe afin de les mettre en
œuvre (sans préciser la matière
à enseigner)
Didactique
• Les méthodes d’enseignement
propres à chaque discipline
(dimension épistémologique)
• Ce qui se fait avant le cours
des
du
organisation
sélection
(préparation,
infos,
cours....etc.)
• Ce qui se fait après le cours
(évaluation de l’efficacité du
faut
cours, qu’est-ce qu’il
Apprentissage • Qu’est-ce
• Les
que
l’apprentissage
(aspect théorique de la pédagogie)
stratégies d’apprentissage
(stratégies
et
cognitives
métacognitives). Sans préciser les
de
stratégies
quelle matière
d’apprentissage
Contexte (social
et matériel dans
lequel se déroule
l’acte éducatif)
aux
• La pédagogie s'intéresse au
climat social de la classe mais
aussi
conditions
matérielles dans lesquelles on
enseigne et on apprend (tables,
chaises, tableaux, température
de classe, etc.)
correction
des
travaux
améliorer,
examens ou des
donnés aux élèves...etc.)
N.B : ces deux derniers points
sont généralement considérés
du domaine de la didactique
post-
(travail
la
pédagogique)
principale caractéristique qui
différencie la pédagogie de la
didactique
la
dimension épistémologique
et
mais
demeure
pré
• Les stratégies d’apprentissage
en fonction des différentes
disciplines
• Bien que
de
le contexte reste
des
principalement
préoccupations
la
pédagogie, il n’est pas non
plus à exclure de la didactique.
Mais dans ce cas-là, il faut
toujours veiller à ajouter la
dimension
épistémologique.
On peut donc, par exemple,
parler de matériel didactique
pour désigner le matériel dont
on
pour
a
d’une
l’enseignement
discipline précise (le manuel,
le matériel audio-visuel pour
langues,
l’enseignement des
etc.) .
besoin