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Le secteur du numérique en Tunisie
En 2016, le secteur du numérique en Tunisie représentait 7,5% du PIB, soit plus que le secteur du tourisme,
ce qui en fait l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie tunisienne. Ainsi, la Tunisie ambitionne de
devenir une référence régionale et internationale, notamment grâce au développement d’un tissu d’entreprises
compétitives et innovatrices avec des compétences locales en ingénierie informatique fortement reconnues. La
France est bien positionnée sur le marché tunisien grâce à une coopération bilatérale très dense et axée sur
le développement de la co-localisation rendue possible grâce à la proximité géographique et linguistique entre
les deux pays. En effet, des partenariats commerciaux ont pu se concrétiser au travers de l’Alliance Franco-
Tunisienne pour le Numérique. En outre, la France s’est engagée dans des projets structurants, notamment
dans le domaine de la e-santé via un financement FEXTE (Fonds d'expertise technique et d'échanges
d'expériences) et via le Club Santé animé par co-animé par Business France et Pierre Fabre. Enfin, des
travaux sont en cours dans l’objectif d’une future communauté French Tech Tunisie.
Le secteur des TIC constitue un relais important pour la
croissance tunisienne
Sur le plan économique, le secteur des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication
(NTIC) ainsi que des télécommunications est un pilier de la reprise économique. Le secteur contribue à hauteur
de
7,5% du PIB avec un taux de croissance annuel moyen de 11% entre 2009 et 2014, et une croissance
de 7,7% entre 2015 et 2016. De plus, le secteur du numérique représente 20% des exportations dans le
secteur des services et environ 3% des exportations totales du pays, soit 1 milliard de dinars tunisiens.
Ce montant est inchangé depuis 2011, ce qui montre donc une résilience du secteur face à la crise. De plus, le
secteur est composé de
1 800 entreprises (dont 120 totalement exportatrices) et emploie entre 95 000 et 100
000 emplois. Actuellement, le marché tunisien des télécoms se partage entre trois opérateurs téléphoniques :
Oredoo (n°1 dans la téléphonie mobile); Tunisie Télécom (l’opérateur historique qui détient encore 40% des
parts de marché, même si cette part recule chaque année) et
Orange Tunisie. La filiale tunisienne du groupe
français est classée à la 3
ème place avec 30% de parts de marché et enregistre une forte progression ces dernières
années, en gagnant des parts de marché dans la téléphonie mobile face à Oredoo et Tunisie Telecom (3% de
croissance des parts de marché pour Orange Tunisie en 2017).
Par ailleurs, en 2015, la Tunisie figure parmi les pays d’Afrique les plus développés en matière de TIC
(
5ème rang selon l’indice NRI du Forum économique mondial – Network Readiness Index). Les raisons de cette
réussite sont d’une part, la Tunisie a misé sur la
formation d’ingénieurs dans les secteurs public et privé
puisque près de
12 000 jeunes ingénieurs informatique sont diplômés chaque année. Cet enseignement de
qualité bénéficie ainsi aux entreprises qui se positionnent sur des segments d’activité de niche, avec des
services de qualité équivalente à celle requise sur les marchés européens. D’autre part, le facteur compétitivité-
prix de la main d’œuvre tunisienne formée selon les standards européens rend le site Tunisie attractif pour
l’externalisation des processus, notamment pour les activités de services informatiques et de centres d’appels
(219 centres de services partagés sont installés sur le sol tunisien). Enfin, notons que le
segment des
télécommunications
(ligne fixe voix et data, sans fil voix et data) représente 66 % du secteur des services
numériques en Tunisie et le segment du
matériel (revente de serveurs, PC, tablettes et écrans) représente
quant à lui 24 %.
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La réalisation du plan sectoriel « Tunisie Numérique 2020 » doit
permettre au pays de conquérir de nouveaux marchés
La Tunisie ambitionne de se positionner en hub technologique régional. Pour ce faire, les autorités
tunisiennes ont élaboré plusieurs plans stratégiques nationaux, dont le plus récent est
le plan national «
Tunisie Numérique 2020 » avec une enveloppe globale de 5,5 milliards de dinars pour la période 2014-
2020
(1/3 public, 2/3 privé), visant à faire de la Tunisie une référence numérique internationale et à promouvoir
les NTIC comme levier essentiel pour le développement socio-économique du pays. En outre, le plan
ambitionne
la création de 95 000 emplois sur 5 ans et permettra d’augmenter les exportations de 1
milliard à 6 milliards de dinars en 2020
. Plus précisément, le plan est axé autour de trois volets prioritaires
:
le développement de l’infrastructure de haut débit, estimé à 721 millions d’euros.
le développement
d’e-services pour un coût total de 270 millions d’euros avec un focus sur
(i)
(ii)
l’
e-government, l’e-santé et l’e-education.
(iii)
l’industrie du savoir et de l’innovation soutenue par le programme Smart Tunisia, doté
d’un fonds de 1,4 milliard de dinars pour la période 2014-20 et qui vise à terme la création de 50 000
emplois. Ce programme destiné à encourager l’implantation d’entreprises dans le secteur de
l’externalisation (
offshoring) et de la colocalisation (partenariat entre un privé tunisien et une entreprise
étrangère).
Notons enfin que la mise en œuvre de la stratégie est assurée par le « Conseil stratégique de l’économie
numérique », présidé par le Chef du Gouvernement et composé de sept ministres (finances, affaires sociales,
enseignement, développement, industrie, emploi, commerce), six entrepreneurs et trois experts techniques.
La France est très présente dans ce secteur grâce à
l’implantation de nombreuses entreprises et à travers une
coopération bilatérale renforcée
Les entreprises françaises implantées se situent principalement dans le secteur de la téléphonie avec le groupe
Orange,
3ème opérateur en Tunisie. Le groupe Orange totalise 1 000 emplois en Tunisie et plus d’un
milliard de dinars d’investissements depuis 2009 (licences comprises).
Sa filiale bureau d’études
Sofrecom, spécialisée dans le conseil et l’ingénierie télécom, emploie 500 ingénieurs en Tunisie. Par ailleurs,
le secteur du conseil en transformation digitale a été massivement investi par les entreprises françaises telles
que
Talan Tunisie, filiale du groupe français de services informatiques qui emploie plus de 400 personnes en
Tunisie et vise le recrutement de 1000 nouveaux salariés d’ici 2020. La société
Altran qui a créé un joint-
venture avec le tunisien Telnet emploie 200 personnes en Tunisie. Egalement,
Neoxam, spécialisé dans
l’édition de logiciels pour le secteur financier, emploie 150 personnes dans sa filiale tunisienne, située dans le
technoparc d’El Ghazala (Tunis). La société française
Helpline a plus de 500 salariés basés dans ses locaux à
Tunis. Enfin, l’entreprise
Sopra Steria a établi une filiale pour ses activités dans le secteur bancaire et des
ressources humaines.
De plus, on note la présence d’implantations industrielles françaises telles que l’entreprise Alcatel-Lucent
(depuis racheté par le finlandais Nokia) qui a signé en 2014 un accord de trois ans avec Tunisie Télécom pour
déployer des services très haut débit. Egalement, l’entreprise
Sagemcom, spécialisée dans la production de
compteurs, décodeurs et box internet, emploie plus de 3000 personnes en Tunisie, la majorité sur son site
industriel à Ben Arous (Tunis).
Enfin, le numérique est également un secteur porteur en matière de partenariats industriels et commerciaux
franco-tunisiens
comme en témoigne le partenariat signé en 2013 par le groupe tunisien Poulina et le groupe
français lntrinsec pour l’exploitation d’un centre de données conçu par Schneider Electric. Plus récemment,
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Teleperformance, groupe français leader dans le secteur des centres d’appels, a signé une convention de
partenariat avec Smart Tunisia. Via cette convention, l’entreprise s’engage à poursuivre son développement
dans le pays et à recruter 400 diplômés de l’enseignement supérieur d’ici 2019.
Dans le domaine de la coopération bilatérale, l’AFD est chef de file sur le volet infrastructures et e-santé
du plan Tunisie Digitale 2020 qui se décline principalement en quatre composantes : (i) soutien à la conception
des projets prioritaires d’e-santé (ii) développement d’une approche territoriale de l’e-santé, (iii) appui à la
numérisation des services de la CNAM (réflexions sur un système équivalent à la Carte Vitale), et (iv)
animation d’une dynamique de réflexion transversale e-santé sur ces sujets. L’agence publique
Expertise
France
mobilise de l’expertise française et s’implique notamment sur les volets liés au Dossier Médical
Informatisé (DMI), l’e-pharmacie, les pôles de santé numérique et le projet « Tunisie sans films »
permettant l’archivage et la communication d’imagerie médicale.
De plus, Expertise France, est également cheffe de file aux côtés de l’Italie et de l’Espagne dans un jumelage
européen d’appui à l’Instance Nationale des Télécommunications
, démarré en janvier 2015 et qui s’est
achevé en janvier 2017, visait à accompagner le renforcement de compétences de l’institution ainsi que le
cadre juridique et réglementaire en vigueur. Expertise France, en partenariat avec le groupe La Poste, est
également impliqué depuis 2016 sur un jumelage européen avec la
Poste tunisienne, dans l’objectif d’appuyer
sa modernisation et le renforcement de sa compétitivité.
Par ailleurs, l’Alliance franco-tunisienne pour le numérique, lancé le 5 juillet 2013 à l’occasion de la visite
d’Etat de François Hollande visait à encourager la création de binômes (colocalisation) entre acteurs tunisiens
et français du secteur du numérique (public ou privé) afin d’accroître leur compétitivité pour leur
développement sur des marchés tiers, notamment en Afrique subsaharienne francophone et au Moyen-Orient.
En outre, des travaux sont en cours dans l’objectif de constituer une future communauté French Tech Tunisie.
Le bureau Business France à Tunis a investi le secteur du numérique en 2017 à travers l’organisation de deux
séminaires dédiés à la
Cybersécurité et à l’Internet des Objets et du Smart-grid.
Enfin, notons que des engagements ont été pris dans le cadre de la coopération décentralisée entre la région
Ile-de-France et le gouvernorat du grand Tunis ainsi qu’entre la région Normandie et le gouvernorat de
Médénine. Ainsi, suite à sa venue en Tunisie courant 2017, la région Ile-de-France s’est engagée en faveur de
l’entrepreneuriat via le pôle de compétitivité francilien Systematic, le réseau d’écoles Simplon (propose aux
jeunes décrocheurs des formations clés en main aux métiers du codage) et l’incubateur INCO, qui devraient
tous trois mettre en place des programmes de coopération avec des partenaires tunisiens (dont le Technoparc
Al-Gazala à Tunis). De même, la région Normandie souhaite soutenir des projets de développement
d’applications numériques pour le secteur touristique dans le cadre de sa coopération avec le gouvernorat de
Médenine.
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