Résumé analytique et opéRationnel
Migrations et environnement 
en Tunisie :
Relations complexes 
et défis pour le développement
Sonia Gsir
Abdelala BOUNOUH
Au service
des peuples
et des nations
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Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement
Les opinions exprimées dans le présent rapport sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les 
vues de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les dénominations utilisées et la présentation 
de  la  matière  contenue  dans  ce  rapport  ne  doivent  pas  être  interprétées  comme  l’expression  de  quelque 
opinion que ce soit de la part de l’OIM s’agissant du statut légal d’un pays, d’un territoire, d’une ville ou d’une 
région, ni de leurs autorités, pas plus que de leurs frontières.
L’OIM croit fermement que les migrations ordonnées, s’effectuant dans des conditions décentes, profitent à la 
fois aux migrants et à la société tout entière. En tant qu’organisme intergouvernemental, l’OIM collabore avec 
ses partenaires de la communauté internationale en vue de résoudre les problèmes pratiques de la migration, 
de mieux faire comprendre les questions de migration, d’encourager le développement économique et social 
grâce à la migration et de promouvoir le respect effectif de la dignité humaine et le bien-être des migrants.
Ce rapport n’a pas été revu par le service d’édition de l’OIM.
Publication réalisée grâce au soutien financier de :
Editeur: Organisation internationale pour les migrations OIM
6, Passage du Lac le Bourget
Les Berges du Lac 1 - 1053 - Tunis - Tunisie
Tel : (216) 71 860 312 / 71 861 097 
Fax : (+216) 71 962 385
E-mail : IOMTunis@iom.int
Site Internet : http://tunisia.iom.int
Photographie de couverture :
© Catastrophe, Jean Jacques MBIYA, 2017 (dimension 90x100)
«  Cette  peinture  traite  la  problématique  des  activités  dévastatrices  et  lance  une  nouvelle  réflexion  sur  les 
moyens  à  mettre  en  œuvre  pour  éviter  des  effets  désastreux.  C’est  aussi  une  façon  de  montrer  au  monde 
comment la nature nous parle et que nous lui devons la vie, parce que la nôtre dépend d'elle ».
© 2018 Organisation internationale pour les migrations (OIM)
Tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle de la présente publication est interdite sans autorisation écrite préalable 
de  l’éditeur.  Elle  ne  peut  être,  ni  enregistrée  dans  un  système  d’archives,  ni  transmise  par  voie  électronique  ou  mécanique,  par 
xérographie, par bande magnétique ou autre.
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Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement
Résumé analytique et opéRationnel
Migrations et environnement 
en Tunisie : 
Relations complexes 
et défis pour le développement
Sonia Gsir  
Abdelala BOUNOUH
Les migrations et les changements environnementaux sont désormais des processus structurants 
de  la  Tunisie  et  de  toutes  ses  régions.  Ces  deux  phénomènes  dynamiques  soulèvent  un 
certain nombre de défis sur le plan environnemental mais aussi sur le plan socio-économique 
et  sur  celui  de  la  gouvernance.  Les  politiques  à  mener  doivent  considérer  que  les  migrations 
liées  à  l’environnement  sont  aussi  dues  à  des  facteurs  socio-économiques,  et  que  si  ce  sont 
principalement des migrations internes, elles peuvent aussi se poursuivre hors des frontières de 
la Tunisie. Ces politiques nécessitent dès lors, une action gouvernementale proactive qui aide 
les  populations  des  zones  rurales  et  vulnérables  à  s’adapter  aux  changements  et  risques  liés 
à  l’environnement  mais  aussi  à  renforcer,  voire  à  rétablir  leur  confiance  dans  les  possibilités 
de développement équitable, responsable et durable de leur région et plus largement de leur 
pays.  L’étude  Migrations  et  environnement  en  Tunisie:  relations  complexes  et  défis  pour  le 
développement constitue sans conteste un premier état des lieux des relations entre migrations 
et environnement en Tunisie et une première balise pour les décideurs et planificateurs, mais 
aussi pour de nouvelles études de plus grande ampleur.
Ce  résumé  analytique  et  opérationnel  expose,  d’une  part,  le  contexte,  la  méthodologie  ainsi 
que les résultats et principales conclusions de l’étude Migrations et environnement en Tunisie
et d’autre part, il développe plusieurs recommandations présentées dans l’étude en spécifiant 
leurs destinataires mais aussi en proposant des actions concrètes. Dans cette optique, ce résumé 
s’adresse aux décideurs politiques tunisiens ainsi qu’aux organisations et acteurs nationaux et 
internationaux.  Il  vise  précisément  à  les  soutenir  dans  l’élaboration  et  la  mise  en  œuvre  de 
politiques et de mesures de développement durable qui tiennent compte à la fois des dynamiques 
migratoires et des enjeux environnementaux propres à la Tunisie. 
Afin  de  faciliter  la  transition  entre  ce  résumé  et  l’étude  complète,  les  références  aux  cinq 
chapitres de l’étude sont clairement mentionnées entre parenthèses et en petites majuscules 
dans  les  paragraphes  qui  suivent,  de  la  manière  suivante  :  (chap.  1  -  Cadre  conceptuel).  En 
outre, certains passages apparaissent en gras pour permettre, si nécessaire, une lecture ciblée 
ou accélérée.
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Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement
1. Introduction
Cette  étude  exploratoire,  interdisciplinaire  et  originale  porte  sur  les  relations  entre  les  migrations  et 
l’environnement  en  Tunisie.  Les  menaces  liées  au  changement  climatique  global  et  à  la  dégradation  de 
l’environnement,  ainsi  que  la  surexploitation  humaine  des  ressources  naturelles  sont  de  nature  à  porter 
atteinte au développement durable de la Tunisie. Un environnement dégradé ou menacé peut pousser les 
populations à se déplacer mais aussi, les en empêcher et contraindre les plus vulnérables, à une certaine 
immobilité.  Tout  en  reconnaissant  la  migration  comme  un  phénomène  complexe  et  multi-causal,  cette 
étude  cherche  à  comprendre  l’influence  du  facteur  environnemental  sur  les  migrations  ainsi  que  l’impact 
des  migrations  sur  l’environnement  des  zones  d’émigration  en  Tunisie.  Elle  vise  à  identifier  les  stratégies 
d’adaptation des populations face aux changements environnementaux et à proposer des recommandations 
qui tiennent compte des migrations et des dégradations ou menaces en lien avec l’environnement.  
2. Contexte
Les questions environnementales et celles liées à l’impact du réchauffement climatique global sont cruciales, 
voire vitales pour le bassin méditerranéen et en particulier, pour le développement de la Tunisie. Si l’aridité 
et  les  phénomènes  climatiques  extrêmes  caractérisent  le  climat  tunisien,  les  tendances  et  changements 
climatiques projetés font craindre une accentuation des vulnérabilités pour des écosystèmes déjà fragilisés par 
la désertification et l’urbanisation. En effet, les inondations sont en recrudescence, les grandes sécheresses 
sont récurrentes, et l’augmentation de la température moyenne, estimée à °1,1C à l’horizon 2030 et à °2,1C 
en 2050, contribuerait à une diminution des précipitations de %11 dans le Nord et de %29 dans le Sud, mais 
aussi à la perte de %28 des ressources hydriques et de %20 des terres arables à l’horizon 2030. Alors que 
des pans entiers de l’économie tunisienne, dont la production agricole, reposent sur l’environnement, ces 
changements ne manqueraient pas d’affecter les mouvements de la population tunisienne, déjà caractérisée 
par des exodes ruraux et des migrations internationales depuis des décennies.
Cette étude s’inscrit dans un vaste projet porté par l’OIM-Tunisie et ses partenaires nationaux et qui vise à 
intégrer la migration à la planification du développement, tant au niveau national que régional. La mobilité 
humaine est, en effet, porteuse de multiples enjeux en termes de développement. Examiner de manière plus 
spécifique les liens entre les migrations et l’environnement en Tunisie représente une étape indispensable 
pour permettre des réponses politiques en adéquation avec les enjeux de développement du pays et de ses 
régions, mais aussi en concertation avec les principales parties prenantes. Il importe donc de questionner 
si cette mobilité en lien avec les modifications de l’environnement et du climat est inéluctable. Garantir un 
développement durable et inclusif requiert aussi d’examiner si des mesures peuvent être mises en œuvre 
pour appuyer le potentiel de la mobilité humaine comme stratégie d’adaptation et celui de résilience aux 
changements climatiques et environnementaux mais aussi pour sensibiliser les populations à leur capacité 
de préserver leur environnement et augmenter leur résilience en multipliant les opportunités d’emplois verts 
ou écoresponsables.
3. Méthodologie
Menée par deux consultants, cette étude réalisée en un peu plus de 50 jours de travail s’est déroulée entre 
septembre et décembre 2017. Elle a bénéficié de l’appui du Comité de pilotage du Programme d’intégration de 
la migration dans les stratégies du développement et du Groupe thématique « Migrations et Environnement ». 
La  collecte  des  données  quantitatives  et  qualitatives  a  été  réalisée  grâce  à  une  étude  documentaire,  une 
enquête de terrain et un atelier de consultation (chap. 2 - Approche méthodologique). L’étude documentaire 
s’est focalisée sur les travaux scientifiques, publications et études produites par l’administration tunisienne 
et les institutions internationales sur les migrations, l’environnement et le changement climatique en Tunisie. 
Les données quantitatives sont issues des deux derniers recensements de l’INS, des six Schémas Directeurs 
d’Aménagement des Régions économiques (2013-2010) et du Tableau de bord sur l’état de l’environnement 
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Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement
dans  les  24  gouvernorats  (2012).  L’enquête  de  terrain  comportait  une  enquête  par  questionnaire  auprès 
de  150  personnes  dans  trois  zones  de  départ  identifiées  au  niveau  régional,  près  de  40  entretiens  semi-
directifs réalisés avec trois catégories d’acteurs (institutionnels, associatifs et migrants internes) et l’envoi de 
questionnaires auxquels 18 organisations de la société civile tunisienne ont répondu. Les questions portaient 
sur  la  perception  des  changements  environnementaux,  les  migrations  et  les  stratégies  d’adaptation.  Des 
données  qualitatives  additionnelles  et  des  recommandations  en  matière  de  développement  ont  aussi  été 
recueillies lors d’un atelier de consultation réunissant une vingtaine d’acteurs (représentants des institutions 
tunisiennes, de la société civile tunisienne, des organisations internationales et des experts académiques) et 
qui s’est tenu à Tunis, le 14 décembre 2017.
Comme les migrations induites par des dégradations environnementales sont généralement des migrations 
de courte de distance ou des migrations internes, l’étude s’est focalisée sur ce type de mobilité, sans pour 
autant négliger la migration internationale des Tunisiens dont les transferts d’épargne ou les investissements, 
voire les projets de développement peuvent influencer l’environnement des zones de départ. Considérant 
le processus migratoire dans sa totalité, l’enquête de terrain a été menée dans plusieurs zones de départ et 
de destination de migrants. Les zones de départ répondaient à trois critères : des soldes migratoires négatifs 
significatifs, des écosystèmes différents et menacés par diverses formes de dégradations environnementales. 
La  passation  des  questionnaires  a  donc  été  effectuée  dans  les  gouvernorats  de  (1)  Jendouba  avec  un 
écosystème de plaines alluviales et de massifs forestiers menacé par la déforestation, l’érosion et les risques 
d’inondation  ;  (2)  Kairouan  avec  un  écosystème  steppique  menacé  par  la  désertification  et  la  raréfaction 
de l’eau et (3) Gafsa avec un écosystème oasien dont les ressources en eau et en sol sont affectées, entre 
autres, par la pollution et le surpâturage. La capitale, en tant que pôle économique, administratif, politique et 
culturel, constitue une zone de destination privilégiée pour les populations des autres régions. Tunis, et plus 
précisément le Grand Tunis, a donc été choisi comme zone de destination. 
4. Résultats et principales conclusions
Cette  étude  se  fonde  principalement  sur  des  outils  théoriques  et  empiriques  issus  de  la  géographie,  de 
la  sociologie  des  migrations  et  du  développement  mais  aussi  sur  les  concepts  développés  par  l’étude  des 
migrations  environnementales  (chap.  1  -  Cadre  conceptuel).  La  revue  de  la  littérature  sur  les  migrations 
en  lien  avec  l’environnement  dans  le  contexte  tunisien  montre  qu’à  travers  l’histoire  migratoire  récente 
de  la  Tunisie,  le  facteur  environnemental  comme  cause  de  la  migration  n’a  pas  été  totalement  absent,  et 
cela  dans  différentes  régions  du  pays  (chap.  3  -  Etude  bibliographique  des  migrations  en  Tunisie  et  de 
leurs liens avec l’environnement). L’environnement, et en particulier la dégradation des écosystèmes, est 
considéré comme facteur d’émigration des populations avec un mode de vie rural, des activités agricoles 
et pastorales. Il apparaît comme un facteur indirect d’émigration associé à d’autres facteurs, généralement 
socio-économiques ou démographiques, voire socio-culturels, comme la tradition migratoire. La migration 
temporaire  ou  permanente,  interne  ou  internationale,  est  décrite  comme  une  stratégie  pour  s’adapter, 
entre  autres,  aux  conséquences  des  transformations  de  l’environnement,  notamment  en  permettant  de 
diversifier les revenus des familles rurales. La synthèse des données relatives aux migrations et à la situation 
environnementale ainsi qu’aux indicateurs de développement des différentes régions de la Tunisie a permis 
de cartographier les problématiques environnementales par région (chap. 4 - Les migrations internes et 
leurs relations avec la situation de l’environnement). Les régions sont, en effet affectées par des pressions 
et  risques  environnementaux  divers  qui  influencent  voire  perturbent  les  activités  économiques.  Elles  se 
caractérisent aussi par des développements économiques inégaux. Si les facteurs économiques permettent 
d’expliquer les soldes migratoires de certaines régions, les facteurs environnementaux sont plus difficilement 
mesurables sur base de ces données.
L’enquête de terrain montre que les migrants comme les populations interrogées dans les zones de départ 
perçoivent  les  changements  environnementaux  spécifiques  à  leurs  régions  ainsi  que  leurs  impacts  sur  les 
activités socio-économiques et les conditions de vie (chap. 5 - Migrations et environnement, des relations 
complexes). Ces populations reconnaissent aussi la migration comme solution là où les écosystèmes sont 
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Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement
menacés  et  où  l’activité  agricole  ne  suffit  plus  à  subvenir  aux  besoins  des  familles.  Les  migrants  gardent 
des  liens  avec  leurs  familles  dans  les  régions  de  départ  et  y  apportent  différentes  formes  de  soutien.  Et 
si  l’apport  matériel ou  technique  des  migrants  contribue  au  maintien  des  populations  non  migrantes et  à 
leur adaptation aux changements environnementaux, d’autres solutions locales sont aussi identifiées pour 
accroître la résilience. C’est le cas de diverses initiatives individuelles ou associatives, qui cherchent à lutter 
contre l’érosion ou la désertification, préserver les ressources en eau ou encore cultiver la terre de manière 
écoresponsable et durable. L’atelier de consultation a permis de mettre en avant les différents types d’actions 
développées par l’Etat tunisien dans le domaine de l’environnement, à savoir des actions d’aménagement, 
d’empowerment  (visant  à  diversifier  les  sources  de  revenus  pour  les  populations  rurales  dans  les  zones 
fragilisées) et de sensibilisation.
Les conclusions de cette étude soulignent d’une part, les liens indirects entre les migrations et l’environnement 
et d’autre part, que l’émigration est considérée comme une stratégie d’adaptation. Si elle n’est pas la seule 
solution possible, elle semble du moins privilégiée et va de pair avec la perception d’un environnement dégradé
et  d’absence  de  perspectives  économiques  et  socio-culturelles.  En  effet,  les  migrations  correspondent  à 
des  situations  où  le  changement  environnemental  progressif  augmente  les  difficultés  socio-économiques 
et  influence  les  autres  facteurs  d’émigration.  Les  migrations  en  provenance  d’écosystèmes  fragilisés  sont 
entreprises principalement pour assurer des moyens de subsistance alternatifs à l’agriculture. Les populations 
qui en ont les moyens vont chercher à diversifier leurs sources de revenus par une migration temporaire 
ou  permanente  et  qui  correspond  à  des  modes  de  migration  préexistants,  comme  les  migrations  rurales 
vers  les  villes  ou  les  migrations  internationales.  Ces  migrations  sont  induites  par  la  perception  qu’ont  les 
migrants des opportunités économiques dans les zones de destination et elles sont généralement internes. 
D’autres réponses aux changements environnementaux sont aussi identifiées : des solutions initiées et mises 
en œuvre par des populations locales avec le soutien de moyens locaux, nationaux ou internationaux; des 
solutions  mises  en  œuvre  localement  mais  soutenues  par  des  fonds  de  migrants  internes  ou  externes  et 
enfin, des solutions mises en œuvre directement par des migrants de retour au pays.
5. Recommandations pour des actions futures
Cette étude montre la complexité des liens migrations/environnement et atteste que l’émigration comme 
l’immigration peuvent avoir un impact sur l’environnement. Tout en reconnaissant que face aux dégradations 
environnementales et aux catastrophes naturelles, les réponses varient et n’incluent pas nécessairement la 
migration, elle démontre l’importance de reconnaître les déterminants environnementaux des migrations
pour que des mesures politiques de prévention et d’aménagement soient mises en œuvre, à court, moyen 
et plus long termes ainsi que des politiques environnementales et migratoires appropriées, et cela au niveau 
national,  régional  et  même  local.  Ces  politiques  peuvent  s’appuyer  à  la  fois  sur  des  stratégies  nationales 
comme la Stratégie Nationale sur le Changement Climatique (SNCC) mais aussi sur les outils internationaux 
comme la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) et plus récemment 
les Objectifs du Développement Durable (ODD). L’Objectif 15 invite à prendre des mesures pour préserver 
et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les 
forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin 
à  l’appauvrissement  de  la  biodiversité  tandis  que  l’Objectif  13  invite  en  particulier  de  prendre  d’urgence 
des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions. La mise en œuvre des 
recommandations ci-dessous participerait à la réalisation de ces deux objectifs mais aussi à l’Objectif 8 de 
promotion d’une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail 
décent  pour  tous.  Ces  objectifs  constituent  également  des  défis  pour  un  pays  en  transition  démocratique 
comme la Tunisie mais celle-ci bénéficie au niveau local, d’une société jeune, dynamique et mobile ainsi qu’au 
niveau international, d’une diaspora proactive.
La prise en compte des transformations environnementales et des dynamiques migratoires dans l’élaboration 
et la mise en œuvre des politiques de développement et des politiques migratoires nécessitent une capacité 
de réflexion et d’action à plusieurs niveaux gouvernementaux mais aussi la mobilisation de différents acteurs. 
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Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement
C’est  pourquoi  les  recommandations  présentées  sont  organisées  de  manière  à  mettre  en  avant,  d’une 
part,  les  recommandations  transversales  communes  aux  différentes  parties  prenantes  et  d’autre  part,  les 
recommandations spécifiques adressées aux principaux acteurs. Certaines de ces recommandations visent à la 
fois à appuyer le potentiel des migrations qu’elles soient internes ou internationales, à augmenter la résilience 
des populations affectées par les transformations de leur environnement mais aussi, dans une certaine mesure, 
à  prévenir  les  risques  environnementaux.  Des  actions  concrètes  sont  aussi  présentées  à  titre  d’exemple 
afin  d’aider  les  destinataires  de  ces  recommandations  à  élaborer  des  stratégies  appropriées.  Toutefois,  il 
revient à tous les acteurs (autorités, associations locales, universitaires, organisations internationales et non 
gouvernementales) de s’approprier ces recommandations et suggestions, et de prendre la responsabilité de 
les mettre en œuvre pour un développement durable et inclusif de la Tunisie.
5.1 Recommandations transversales
• Consolider la mise en œuvre de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques 
par une politique environnementale et climatique qui s’adapte aux défis socio-économiques;
• Promouvoir et soutenir de manière transversale l’Observatoire de l’environnement et du développement 
durable chargé de récolter les données relatives à l’environnement et d’établir des indicateurs d’évaluation 
des écosystèmes tunisiens afin de soutenir la mise en œuvre des politiques environnementales;
• Renforcer le partage d’informations et d’expériences en matière de développement et de gestion durable 
de l’environnement entre tous les acteurs et notamment entre les autorités locales, régionales et nationales;
• Développer la collaboration et la coordination des différents intervenants aux niveaux national, régional 
et  local  de  manière  à  mener  des  actions  concertées  en  matière  de  développement  socio-économique  et 
environnemental; 
les 
•  Encourager 
environnementales en soutenant leur accès aux outils financiers adaptés. 
jeunes  entrepreneurs  porteurs  de  projets  de  développement  et  de  stratégies 
Exemples d’actions :
•  La  plate-forme  du  développement  tunisien  : un  annuaire  regroupant  les  initiatives  de  développement 
entreprises depuis 2011 et qui intègre les projets en cours dans le domaine de l’environnement. Cet annuaire 
aurait  pour  objectif  de  faciliter  l’accès  à  l’information  aux  citoyen.nes  tunisien.nes  ainsi  qu’aux  acteurs 
institutionnels, à la société civile et aux organisations internationales. Cet annuaire pourrait prendre la forme 
d’une plate-forme informatique et interactive afin de faciliter la recherche et l’orientation des démarches. Le 
développement d’une application mobile liée à cette plate-forme serait également bienvenue, étant donné 
l’importance de l’usage des réseaux sociaux par la société tunisienne.
• L’organisation de rencontres et de concertations entre le Ministère des Affaires Locales et de l’Environnement, 
le Ministère de l’Agriculture, les Commissariats Régionaux au Développement Agricole, les municipalités, les 
organisations de la société civile mais aussi les organisations internationales et non-gouvernementales aux 
niveaux national, régional et local.
• Les micro-crédits à l’environnement c’est-à-dire des prêts destinés à démarrer ou à développer une petite 
entreprise ou des projets entrepreneuriaux avec une plus value environnementale voire sociale ou sociétale. 
Le développement de ce type d’outils financiers se base sur la concertation entre le Ministère de l’Economie, 
les banques partenaires et les ONG spécialisées. Ce type d’outil peut aussi se développer au niveau régional 
(voir ci-dessous).
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Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement
5.2 Recommandations spécifiques 
Recommandations aux autorités nationales
• Promouvoir et faciliter la migration de travail comme stratégie d’adaptation pour les populations provenant 
de zones particulièrement dégradées, notamment de le cadre du Partenariat pour la Mobilité conclu avec 
l’Union européenne; 
•  Favoriser  la  diffusion  de  l’information  et  l’accès  aux  conseils  en  matière  d’emplois  verts  au  niveau  du 
Ministère de l’Emploi et de l’Agence Nationale pour l’Emploi et le Travail Indépendant (ANETI) mais aussi de 
l’Office des Tunisiens à l’Etranger;
• Soutenir financièrement la création d’emplois verts;
•  Permettre  à  la  diaspora  tunisienne  de  soutenir  financièrement  et  techniquement  des  projets  de 
développement durable, avec une dimension environnementale en Tunisie par des mécanismes d’échange 
et de soutien;
• Veiller à une répartition équilibrée des projets de développement durable liés à l’environnement et qui soit 
en adéquation avec les besoins environnementaux et socio-économiques des régions.
Exemples d’actions :
•  La  promotion  d’une migration  circulaire de  travailleurs  tunisiens  et  la  prise  en  compte  des  dimensions 
environnementales de la migration en provenance d’écosystèmes dégradés ou menacés dans le cadre des 
négociations d’un accord de facilitation des visas avec l’UE.
•  La  prise  en  considération  de  la dimension  environnementale  dans  les  programmes  d’aide  au  retour
volontaire et à la réintégration (ARVV) élaborés dans le cadre des négociations d’un accord de réadmission 
avec l’UE, en particulier lors du retour des migrants dans des écosystèmes dégradés ou menacés. 
• La création de guichets emplois verts au sein du réseau des bureaux de l’ANETI afin de soutenir l’accès et 
la création d’emplois « qui contribuent à la préservation et la restauration de l’environnement, soit dans les 
secteurs traditionnels tels que la industrie manufacturière et construction, ou dans de nouveaux secteurs verts 
et émergents comme les énergies renouvelables et efficacité énergétique ».1
Recommandations aux autorités régionales et locales 
•  Faciliter  et  promouvoir  financièrement  les  initiatives  environnementales  entreprises  par  les  jeunes  au 
niveau local;
• Encourager et soutenir les jeunes à prendre des initiatives locales à travers la dissémination des success 
stories relatives à leurs projets environnementaux.
•  Soutenir  des  actions  de  commercialisation  des  produits  agricoles  locaux  et  notamment  en  créant  des 
synergies avec des migrants internes et des migrants vivant en dehors de la Tunisie.
•  Soutenir  des  projets  qui  valorisent  le  savoir-faire  local  mais  aussi  ceux  qui  proposent  des  techniques 
innovantes en matière de gestion et d’utilisation des ressources de manière durable et écologique.
• Soutenir l’utilisation de variétés locales et adaptées aux milieux dans les cultures agricoles.
1 - Définition d’emploi vert de l’Organisation Internationale du Travail (www.ilo.org)
8
Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement
Exemples d’actions :
• Les micro-crédits environnementaux régionaux à %0 sont des prêts dont les intérêts sont pris en charge 
par chaque région et qui permettent à des entrepreneurs de développer un projet au niveau régional avec une 
plus value environnementale correspondant aux défis environnementaux spécifiques de la région.
• Les green success stories  ou success stories de l’environnement  sont disséminées par divers canaux de 
manière à encourager les jeunes à prendre des initiatives locales. Voir par exemple les stories du programme 
de soutien à la transition démocratique en Tunisie, dans la région Nord-ouest du pays (http://fikra-tounisiya.
org).
• Les tibias, les « jessour », les « majen » sont autant de techniques issues d’un savoir-faire ancestral et local 
qui peuvent être promues et encouragées dans le cadre d’une gestion durable.
• La permaculture, l’agro-écologie ou l’agriculture intelligente sont des nouveaux concepts déjà utilisés dans 
certains projets tunisiens et sur lesquels les autorités peuvent capitaliser.
Recommandations aux associations tunisiennes
•  Soutenir  la  création  d’activités  génératrices  de  revenus  pour  les  populations  locales  en  soumettant  des 
propositions de projets relatifs à l’adaptation en Tunisie aux fonds « climats » comme le Fonds vert climat et 
le Fonds pour l’adaptation.
• Soutenir les stratégies d’adaptation portées par les migrants internes ou à l’étranger en facilitant leurs liens 
avec les zones d’origine par des projets trans-locaux ou transnationaux.
•  Soutenir  les  actions  de  sensibilisation  et  de  vulgarisation  notamment  par  l’organisation  de  foires  sur 
l’environnement et les moyens préserver et de gérer durablement les écosystèmes dégradés ou menacés.
• Promouvoir les échanges d’idées et de pratiques entre les associations des diverses régions.
Recommandations aux organisations internationales  
•  Veiller  à  la  prise  en  compte  de  la  dimension  environnementale  des  migrations  dans  les  projets  de 
développement durable;
• Soutenir et financer la mise en œuvre d’une plate-forme de l’environnement et du développement durable; 
•  Soutenir  des  projets  qui  permettent  aux  organisations  de  la  diaspora  tunisienne  et  aux  associations 
tunisiennes de réaliser des projets conjoints;
• Soutenir des projets d’aménagement et de développement des écosystèmes qui subissent une dégradation 
progressive en se basant sur les solutions proposées par les populations locales et les migrants porteurs de 
projets.
• A l’OIM, veiller à la prise en compte de la dimension environnementale des migrations dans les programmes 
d’aide au retour volontaire et à la réintégration (ARVV), en particulier lors du retour des migrants dans des 
écosystèmes dégradés ou menacés. 
Exemples de projets :
• Des projets de valorisation de l’énergie solaire au Sahara.
•  La  création  d’un  fonds  de  soutien  aux  projets  environnementaux  initiés  et  soutenus  par  les  associations 
tunisiennes et les organisations de la diaspora.
9
Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement
5.3 Recommandations en matière de recherche
• Etablir une catégorie statistique relative aux migrations induites par les changements environnementaux 
dans la collecte des données sur la mobilité humaine en Tunisie;
• Soutenir la réalisation d’études interdisciplinaires ciblées sur des écosystèmes en situation critique dans les 
régions afin d’identifier les besoins, les pratiques  et stratégies d’adaptation des populations des écosystèmes 
menacés sur le long terme;
•  Soutenir  la  réalisation  d’études  sur  les  migrations  internes  et  externes  afin  d’examiner  de  manière 
approfondie, d’une part, leurs impacts sur les zones d’accueil en termes de logement, d’emploi et d’apport 
économique, de coût de la vie, de transport, de modification environnementale et de développement urbain 
et d’autre part, leurs influences sur les zones de départ en matière d’environnement, d’activités rurales et de 
développement;
• Soutenir la réalisation d’études sur les migrations internationales et les migrations de transit en Tunisie, 
qu’elles  soient  originaires  des  pays  voisins,  d’Afrique  subsaharienne  ou  d’Europe  et  sur  leurs  impacts  en 
termes environnementaux dans les différentes régions de la Tunisie.
Exemple :
•  La  catégorie  dégradation  environnementale est  introduite  dans  la  collecte  des  données  statistiques 
relatives aux migrations du prochain recensement de l’Institut National des Statistiques, de manière à tester 
l’environnement comme motif migratoire en Tunisie.
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Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement
Au service
des peuples
et des nations
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