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LA PLACE DES FEMMES
DANS LA VIE POLITIQUE LOCALE
EN TUNISIE
Programme
MENA - OCDE
pour la Gouvernance
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LA VIE POLITIQUE LOCALE EN
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Programme
MENA - OCDE
pour la Gouvernance
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L’OCDE
L’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) est un organisme international dont la
vocation est de promouvoir des politiques publiques visant à améliorer le bien-être économique et social partout
dans le monde. Elle est composée de 35 pays membres, d’un Secrétariat basé à Paris et d’un comité formé d’experts
issus du gouvernement et d’autres organismes spécialisés dans chaque domaine d’intervention de l’Organisation.
L’OCDE offre un forum dans lequel les gouvernements peuvent travailler ensemble, partager leurs expériences et
rechercher des solutions aux problèmes communs auxquels ils font face, identifier les bonnes pratiques à la lumière
des nouveaux défis, travailler à coordonner les politiques nationales et internationales et promouvoir les décisions
et recommandations pour élaborer de meilleures politiques pour une vie meilleure.
L’AGENCE ESPAGNOLE POUR LA COOPÉRATION INTERNATIONALE AU
DÉVELOPPEMENT (AECID)
L’Agence espagnole pour la coopération internationale au développement est le principal organe de gestion
de la coopération espagnole, qui a pour objectif de combattre la pauvreté et de promouvoir un développement
humain durable. L’agence a été créée avec pour objectif de promouvoir le plein exercice du développement, conçu
comme un droit humain fondamental. À cette fin, les priorités de l’Agence sont la promotion du développement et
de l’équilibre dans les relations internationales, la prévention des situations de crise et leur résolution, ainsi que la
promotion de la démocratie et des relations avec les pays partenaires. L’Agence a de plus développé une boîte à
outils qui comprend des outils techniques, économiques, de coopération financière, d’aide humanitaire, d’éducation
pour le développement ainsi que des mesures de sensibilisation aux enjeux sociaux.
LE PROGRAMME MENA-OCDE POUR LA GOUVERNANCE
Le programme MENA-OCDE pour la gouvernance est un partenariat stratégique entre les pays de la région MENA
et de l’OCDE pour partager des connaissances et de l’expertise, en vue de diffuser les normes et les principes de
bonne gouvernance qui soutiennent le processus de réforme en cours dans la région MENA.
Le programme renforce la collaboration avec les initiatives multilatérales les plus pertinentes actuellement en cours
dans la région. Plus particulièrement, le programme soutient la mise en œuvre du partenariat de Deauville du G7
et aide les gouvernements à répondre aux critères d’admissibilité pour devenir membre du Partenariat pour un
Gouvernement Ouvert. Grâce à ces initiatives, le Programme agit comme un des principaux défenseurs de la gestion
des réformes de la gouvernance publique en cours dans la région MENA.
Le programme fournit une structure durable pour le dialogue de la politique régionale ainsi que pour des projets
pays spécifiques. Les projets reflètent l’engagement des gouvernements de la région MENA à mettre en œuvre
des réformes de leur secteur public afin de libérer leur potentiel de développement social et économique dans
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le contexte des attentes grandissantes des citoyens en matière de services publics de qualité, d‘inclusion dans
l’élaboration des politiques publiques et de transparence.
LA PLATEFORME DES FEMMES AU GOUVERNEMENT MENA-OCDE
L’OCDE possède une longue expérience en matière de promotion de l’égalité d’opportunités entre les femmes
et les hommes. Dans le cadre du Programme MENA-OCDE pour la Gouvernance, la Plateforme des Femmes au
Gouvernement MENA-OCDE fournit une plateforme d’échange de bonnes pratiques et d’enseignements tirés de
l’expérience pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes dans les pays membres de l’OCDE
ainsi que dans les pays partenaires. S’appuyant sur les orientations définies dans la Recommandation de 2015 du
Conseil de l’OCDE sur l’égalité hommes-femmes dans la vie publique, la Plateforme apporte des activités de soutien
spécifiques aux pays afin de renforcer la sensibilité aux questions de genre des parlements et administrations
publiques, mais aussi de renforcer la participation politique des femmes. Elle fournit également un soutien à la mise
en œuvre de ces orientations et développe des boîtes à outils ainsi que des guides offrant des conseils pratiques
pour réduire les écarts qui subsistent entre les femmes et les hommes.
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REMERCIEMENTS
Ce rapport a été préparé par la Direction de la Gouvernance Publique de l’OCDE, sous la direction de Marcos Bonturi,
Directeur de la Gouvernance Publique, et sous la supervision de Martin Forst, Chef de la Division des Examens de la
Gouvernance et des Partenariats, Direction de la Gouvernance Publique.
Il a été élaboré sous la direction stratégique de Tatyana Teplova, Cheffe de l’unité pour l’égalité femmes-hommes
et l’inclusivité, OCDE ; et Roula Sylla, Analyste en politiques publiques et Coordinatrice du portefeuille de l’égalité
entre les hommes et les femmes dans la vie publique – région MENA, OCDE, a géré et contribué au processus de la
conception, la rédaction et la révision de ce rapport.
Miriam Allam, Cheffe du Programme MENA-OCDE pour la Gouvernance a fourni des orientations et suggestions
méthodiques tandis que Sarah Hermanutz, Manon Epherre-Iriart et Elodie Le Fur, analystes en politiques publiques,
ont contribué à la structuration, la rédaction et la finalisation de ce rapport.
L’OCDE remercie Jinan Limam, enseignante universitaire à la Faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales
de Tunis, et Emna Gana Oueslati, docteur ès en sciences économiques à l’Institut Supérieur de Comptabilité et
Administration des Entreprises (ISCAE), Université de la Manouba pour leurs contributions à la rédaction de ce rapport.
L’OCDE remercie également Mme. Lara Ferguson, Conseillère juridique, Institut de la Femme et d’égalité des
opportunités de l’Espagne, et Mme. Socorro Prous Zaragoza, Conseillère des Affaires Internationales, Ministère
des Finances et de la Fonction Publique de l’Espagne pour leur importante contribution dans la conception et la
finalisation de ce rapport ainsi que dans la fourniture de bonnes pratiques de l’Espagne. L’OCDE remercie Benjamin
Jouannes et Robin Houng Lee pour leur soutien logistique durant l’élaboration de ce rapport et tout au long du
projet. L’OCDE remercie enfin Viviane Consoli pour son concours à la révision linguistique du rapport.
L’OCDE remercie la Tunisie et notamment Mme, Naziha Labidi, Ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance
et des Seniors, Mr Riadh Mouakher, Ministre des Affaires Locales et de l’Environnement, et les parties prenantes
rencontrées pour le soutien et la fourniture des informations essentielles à l’élaboration de ce rapport :
Ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors
Mme. Imen Zahouani Houimel, Directrice Générale des Affaires de la Femme et de la Famille
Mme. Sana Azouzi, Directrice Générale chargée de la Coopération Internationale et des Relations Extérieures
Mme. Anissa Saidi, Commissaire de la Ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance à Kairouan
M. Faycal Sahraoui, Directeur Général de la Gestion Budgétaire par Objectifs
M. Anis Zahraz, Responsable Genre
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Ministère des Affaires Locales et de l’Environnement
Mme. Inayet Soltani, Directrice Générale, Ministère des Affaires Locales et de l’Environnement
Assemblée des Représentants du Peuple
Mme. Kalthoum Badreddine, Députée
Mme. Hager Becheikh Ahmed, Députée
Mme. Samah Dammeg, Députée et présdiente de la commission des affaires de la femme, de la famille, de l’enfance,
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de la jeunesse et des personnes âgées
Mme. Ferida Laabidi, Députée
Mme. Rim Mahjoub, Députée
Mme. Olfa Soukri, Députée
Municipalité de Kairouan
M. Bassem El Chrigui, Maire de Kairouan

Les membres de la délégation spéciale de Kairouan
Municipalité de Tunis
M. Hatem Ben Kedim, Chef de Cabinet de la municipalité de Tunis
Mme. Souad Sassi, chargée de la communication et des relations extérieures, auprès de la Municipalité de Tunis
Mme. Anissa Ramoundi, membre de la délégation spéciale de Tunis
Centre de Recherches, d’Etudes de Documentation et d’Information sur la Femme
Mme. Dalenda Larguèche, Directrice Générale
Mme. Sonia Ben Jemai, Chargée des Etudes et de l’Observatoire Genre et Egalité des Chances
Mme. Houda Dridi, Chargée de la Formation Nationale et Internationale
Mme. Neila Saadi, Chercheure
Mme. Sonia Zekri, Chargée de la Communication et de l’Information
Mme. Imen Zouaoui, chargée d’études
Centre de Recherches, d’Etudes de Documentation et d’Information sur la Femme
Mr. Chafik Sarsar, ancien président de l’ISIE
Mme. Lamia Zargouni, ancienne membre du conseil de l’ISIE
Mr. Ahmed Kilani, ancien Directeur Régional de l’ISIE
Instance nationale de lutte contre la traite des personnes
Mme. Raoudha Laabidi, Présidente
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Membres de la société civile
Tunis


Ligue des Électrices Tunisiennes (LET)
Institut Tunisien pour la Démocratie et le Développement
Association Femmes et Leadership
Academia
Association Action associative
Association tunisienne pour le management et la stabilité sociale
Association Mourakiboum
Centre des femmes arabes de formation et de recherche (CAWTAR)
Kairouan
Association Femmes et Leadership
Association tunisienne de Protection de l’Environnement et Promotion de l’Emploi
Association SAWA-MED, de l’association Droit à la Différence
Association tunisienne des Femmes Démocrates
Association tunisienne de la Biodiversité et de la Protection Civile
Aassociation Atfal Wa Chabab
Academia
Association AKAD Pro et We love Kairouan.
Union Nationale de la Femme Tunisienne – Kairouan (UNFT- Kairouan)

Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH)
L’OCDE remercie particulièrement Mesdames Afaf Zaddem at Ayda Allani pour leur soutien durant l’organisation
et la conduite de la mission de collecte de données à Kairouan, ainsi que pour leur conseils, leur soutien et leurs
orientations stratégiques.
l’OCDE remercie l ‘Agence espagnole pour la coopération internationale au développement (AECID) pour le soutien
financier et l’accocmpagnement du projet et l’ambassade de l’Espagne en Tunisie pour le soutien continu et l’intérêt
porté à ce projet.
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TABLE DES MATIÈRES
Remerciements.................................................................................................................................................. 6
Méthodologie..................................................................................................................................................... 11
Abréviations et acronymes .......................................................................................................................... 13
Résumé exécutif .............................................................................................................................................. 14
L’importance de la présence et de la participation des femmes dans la vie politique en Tunisie
.............................................................................................................................................................................. 17
Processus de décentralisation et de démocratisation ......................................................................... 18
Considérations en matière de droits humains......................................................................................... 19
Arguments économiques ............................................................................................................................. 20
Considérations en matière de développement durable ..................................................................... 22
Chapitre 1 | Un aperçu de la participation politique actuelle des femmes en Tunisie ........... 23
Au niveau parlementaire .................................................................................................................... 23
Au niveau ministériel ........................................................................................................................... 25
Au niveau local ...................................................................................................................................... 27
Chapitre 2 | Le cadre juridique international et national vis-à-vis de l’égalité entre les femmes
et les hommes dans la vie publique........................................................................................................ 30
Les instruments internationaux relatifs aux droits humains ..................................................... 30
Les principaux textes nationaux fondateurs sur les droits des femmes en Tunisie : Cadre
législatif et stratégies nationales ..................................................................................................... 33
Les stratégies nationales ................................................................................................................... 44
Chapitre 3 | Le cadre institutionnel pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans la vie
publique en Tunisie ............................................................................................................................................. 49
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Le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors.................................... 49
Le Centre de Recherches, d’Études, de Documentation et d’Information sur la Femme : le
CREDIF....................................................................................................................................................... 51
Le Conseil des Pairs ............................................................................................................................. 52
Les instances constitutionnelles......................................................................................................... 54
L’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) .................................................. 55
Instance pour les droits de l’Homme ............................................................................................... 56
L’Institut National de la Statistique (INS) .......................................................................................... 57
Chapitre 4 | Les partis politiques : un acteur clé de la participation des femmes à la vie politique
locale ................................................................................................................................................................. 60
Chapitre 5 | Renforcer la société civile et sensibiliser les médias à l’égalité et la participation
des femmes dans la vie publique et politique ..................................................................................... 69
Renforcer la société civile.................................................................................................................... 69
Développer la sensibilisation des médias en faveur de l’égalité entre les femmes et les
hommes ................................................................................................................................................... 72
Chapitre 6 | Des défis socio-culturels et économiques qui entravent la participation politique
des femmes en Tunisie................................................................................................................................. 77
Les défis socio-culturels....................................................................................................................... 78
Les défis économiques......................................................................................................................... 83
Annexes............................................................................................................................................................. 86
Glossaire............................................................................................................................................................ 98
Références bibliographiques...................................................................................................................... 100
Notes.................................................................................................................................................................. 110
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MÉTHODOLOGIE
Ce rapport a pour objet d’étudier la participation des femmes dans la vie politique locale tunisienne. Il analyse les
administrations et institutions centrales et locales et tous les acteurs qui peuvent affecter la participation des femmes
dans la vie politique en général et au niveau local en particulier.
L’analyse et les recommandations de ce rapport se basent sur la Recommandation de 2015 du Conseil de l’OCDE
sur l’égalité hommes- femmes dans la vie publique et sur la boîte à Outils de l’OCDE pour l’Égalité Hommes-Femmes
au Niveau de la Gouvernance : Mettre en œuvre la Recommandation du Conseil de l’OCDE de 2015 sur l’égalité
hommes-femmes dans la vie publique.
Ce travail est effectué dans le cadre du projet pour « Le renforcement de la participation des femmes à la prise
de décision à tous les niveaux de l’administration publique et à la consolidation des conseils locaux élus en
Tunisie ». Il est soutenu financièrement et techniquement par l’Agence Espagnole pour la Coopération Internationale
au Développement (AECID-Espagne). Cette collaboration vise à établir à la fois une évaluation synthétique de l’accès
des femmes tunisiennes à la vie politique et plus précisément aux conseils élus locaux mais aussi à l’échange entre
les pairs de la Tunisie et de l’OCDE sur les réformes à engager, les pratiques qui peuvent marcher et les leçons à
apprendre afin que la participation efficace et effective des femmes dans les élections et ensuite dans la vie politique
locale puisse devenir une réalité incarnée dans les politiques publiques, les pratiques et les mœurs.
Dans le cadre de ce projet, deux gouvernorats-pilotes présentant des caractéristiques différentes et connaissant
des situations différentes en matière de participation des femmes dans la vie politique locale ont été sélectionnés:
Tunis et Kairouan. Tunis est la capitale économique et politique de la Tunisie et compte 1 056 247 habitants en
20141 . Kairouan est une ville riche en histoire. Elle fut la capitale d’Ifriqya (ancien nom donné à la Tunisie) sous les
Almohades en 1228, sous la dynastie des Hafsides, jusqu’à l’indépendance de la Tunisie le 20 mars 1956. Dans le
gouvernorat de Kairouan le nombre d’habitants était de 564 900 en 2014.
En tant que capitale de la Tunisie, Tunis fait partie des régions les plus avancées en termes de participation des
femmes à la vie politique ; de nombreux progrès ont déjà été réalisés pour promouvoir le rôle des femmes dans
la vie publique qui pourraient inspirer des réformes dans d’autres régions du pays. Le gouvernorat de Kairouan
est quant à lui une région rurale où la participation des femmes à la vie publique reste faible. Il s’agit également du
gouvernorat où le taux d’analphabétisme est le plus élevé (35%)2 et dans lequel les habitants sont plus réservés
quant à la participation des femmes à la vie politique3 .
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Un cadre analytique a été préparé et des entretiens avec une cinquantaine de personnes ont été menés au cours de
la mission officielle de collecte de données de l’OCDE qui prit place entre le 9 et le 12 mai 2017 à Tunis et à Kairouan
et qui a permis de dresser un état des lieux des opportunités et des défis rencontrés par les femmes tunisiennes
qui aspirent à intégrer la vie politique locale. Les informations et témoignages recueillis au cours de la mission de
collecte de données furent complétés par une recherche documentaire approfondie menée par l’OCDE, ainsi que
par les informations partagées par les parties prenantes tunisiennes. Deux consultations regroupant les principales
parties prenantes furent organisées à Kairouan le 5 mars et à Tunis le 12 mars 2018, à la suite de laquelle fut lancée
une consultation en ligne auprès de tous les partenaires tunisiens impliqués dans le projet afin de permettre à tous
de participer à la validation des informations et la finalisation de ce rapport.
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ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES
AECID
Agence Espagnole pour la Coopération Internationale au Développement
ANC
ARP
Assemblée Nationale Constituante
Assemblée des Représentants du Peuple
CAWTAR Centre des femmes arabes de formation et de recherche
(anglais)
CEDEF
Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des
femmes
CNP-EGAL
Comité National pour la Promotion de l’Égalité femmes-hommes dans la gestion des affaires locales
CREDIF
Centre de Recherches, d’Études, de Documentation et d’Information sur la Femme
CSP
FEMP
Code du Statut Personnel
Fédération Espagnole des Municipalités et des Provinces
FNUAP
Fonds des Nations Unies pour la Population
HAICA
Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle
IFEC
Institut de la Femme et pour l’Égalité des Chances d’Espagne
IFEDA
Centre d’information, de formation, d’études et de documentation sur les associations
INS
ISIE
LET
Institut National de la Statistique
Instance supérieure indépendante pour les élections
Ligue des Électrices Tunisiennes
MENA
Moyen-Orient et Afrique du Nord (Middle-East North Africa)
MEPI (anglais)
Initiative du Partenariat États-Unis-Moyen Orient (Middle East Partnership Initiative)
OCDE
Organisation de Coopération et de Développement Économiques
ONU
Organisation des Nations Unies
ONU Femmes Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
OSC
PANIG
PIB
Organisation de la société civile
Plan d’Action National d’Institutionnalisation du Genre
Produit Intérieur Brut
PNUD
Programme des Nations Unies pour le Développement
RCD
UE
Rassemblement Constitutionnel Démocratique
Union Européenne
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RÉSUMÉ EXÉCUTIF
Les femmes représentent 34% des parlementaires de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), faisant de
la Tunisie le premier pays arabe pour la représentation féminine au sein des parlements, et 47% des candidats élus
aux élections municipales du 6 mai 2018. La comparaison de ces chiffres à la situation des pays de l’OCDE, où les
femmes représentaient en moyenne 27,7% des élues parlementaires4 et 28,5% des élus dans les conseils locaux5 en
2017 (OCDE, 2017e), et avec les pays de la zone MENA, où les femmes représentaient en 2016 en moyenne 14% des
parlementaires (OCDE, 2017c), montre que la Tunisie est un pays avancé en matière de participation des femmes à
la vie politique du pays.
Depuis la promulgation du Code du Statut Personnel en 1956 qui fit de la Tunisie un pays pionnier dans la région
MENA en matière de droits des femmes, la législation tunisienne a enregistré des avancées notables en faveur de
l’égalité entre les femmes et les hommes et de la participation des femmes dans la vie publique et politique. L’égalité
en droits et en devoirs, l’égalité des chances, ainsi que la parité entre les sexes dans les assemblées élues et les
élections furent consacrées dans la Constitution de 2014 et dans le cadre juridique national avec l’adoption de lois
en 2014 et en 2017 consacrant la parité dans les élections, conformément aux engagements internationaux pris par
la Tunisie. Le cadre institutionnel a également été progressivement développé dans le but de renforcer l’intégration
de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines et de promouvoir les droits des femmes.
Les résultats des récentes élections municipales, bien que très encourageants, ne doivent cependant pas faire
oublier que de nombreux obstacles entravent encore l’accès des femmes à la vie politique, notamment au niveau
local. Ces chiffres doivent être pérennisés afin d’être significatifs d’un réel progrès de la participation politique des
femmes en Tunisie, et du développement d’un environnement favorable qui permet aux femmes d’exercer leurs
fonctions d’élues d’égal à égal avec les hommes et où les institutions soutiennent et sont engagées en faveur de
l’égalité des genres. Cela est particulièrement important dans le contexte de décentralisation que vit actuellement la
Tunisie, contexte dans lequel le Code des collectivités locales a été adopté le 26 avril 2018 à l’ARP. La participation
des femmes d’égal à égal avec les hommes dans ce processus de démocratie est essentielle pour permettre
l’adoption et la mise en œuvre de politiques publiques locales et pratiques justes et inclusives qui répondent aux
besoins de la société dans son ensemble.
Cette étude a été réalisée avant les élections, mais les résultats ne dissipent pas les difficultés et défis identifiés qui
affectent la participation des femmes aux élections en tant que candidates, leur réussite et la possibilité de participer
ensuite pleinement à la prise de décision et la pratique de leurs devoirs et droits en tant qu’élues. De nombreux
obstacles à la fois socio-culturels, politiques, économiques et institutionnels continuent de limiter la participation des
femmes tunisiennes à la vie politique, notamment au niveau local. Les études de cas menées à Tunis et à Kairouan
montrent que les femmes restent marginalisées dans la prise de décision au sein de l’espace politique et public dans
une société patriarcale où les traditions socio-culturelles l’emportent souvent face au cadre législatif, réglementaire
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et institutionnel, surtout dans les zones rurales. Les femmes, en particulier les jeunes, rencontrent également des
contraintes matérielles et pratiques - notamment dans l’accès à l’éducation et à la vie professionnelle - qui limitent
leur participation à la vie publique et politique.
Dans une société tunisienne avec une vision négative de la politique et peu informée des affaires publiques, la culture
et les pratiques des partis politiques continuent de s’opposer à la participation des femmes. L’appui institutionnel,
bien qu’en progression, souffre également d’une insuffisance des efforts, comme en témoigne notamment une
société civile présente mais qui reste timide, particulièrement dans les régions rurales. Enfin, l’absence de couverture
médiatique des femmes politiques, et plus généralement les stéréotypes du rôle de la femme dans la société
tunisienne qui sont véhiculés dans les médias, freinent cette participation à la vie publique.
Les expériences de plusieurs pays de l’OCDE ont montré que l’adoption de mesures et des politiques publiques
positives, ainsi que des pratiques inclusives des droits des femmes, à la fois dans le cadre légal national mais aussi
au sein des différentes institutions gouvernementales et non gouvernementales, est souvent nécessaire afin de
compenser les préjugés hérités des traditions patriarcales qui continuent d’entraver la participation des femmes à la
vie politique et le bon exercice de leur mandat d’élue.
L’OCDE considère que l’égalité entre les femmes et les hommes est aujourd’hui une préoccupation majeure des
institutions nationales et internationales qui sont désormais conscientes du rôle primordial que doivent jouer
les femmes dans la société. Leur participation à la vie politique et publique à tous les niveaux est essentielle au
développement d’une égalité effective entre les femmes et les hommes dans tous les aspects de la société et en
particulier à l’élaboration de lois et de politiques publiques inclusives et égalitaires, ainsi qu’à la relance sociale et
politique durable du pays. La participation des femmes dans la vie politique tunisienne sera également un facteur
moteur de la dynamisation de l’activité féminine dans la société, qui bénéficiera à la croissance de l’économie.
De nombreuses mesures et actions en matière juridique, institutionnelle, de politiques publiques, d’éducation et de
formation peuvent être appliquées, en particulier au niveau local.
Les recommandations de l’OCDE développées dans cette étude à l’intention des décideurs politiques et des
différents acteurs engagés sur cette question se résument par :

L’importance de la conformité du cadre juridique aux niveaux national et local, avec la nouvelle constitution
tunisienne et les outils internationaux ratifiés par la Tunisie ;

La mise en place de mécanismes visant l’application du cadre législatif et réglementaire national et international
promouvant l’égalité des genres ;
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La mise en place de politiques publiques innovantes et inclusives, en particulier au niveau local dans une
période historique ou le pays est amené à instaurer une vraie décentralisation ;
Des changements juridiques et structurels dans les partis politiques et les médias et une sensibilisation sur leur
rôle essentiel dans l’incarnation d’une égalité complète entre les femmes et les hommes ;

La promotion du rôle de la société civile dans la promotion des femmes comme acteurs politiques à part entière
et dans la préparation de celles qui souhaitent s’engager en politique ;

La mise en place d’actions d’éducation, de formation et de partage des connaissances sur l’égalité entre les
femmes et les hommes ;

Le développement d’une meilleure collecte des données désagrégées et détaillées par sexe, sur lesquelles
toutes les analyses et les décisions puissent se baser. Cela facilitera une prise de décision juste ainsi qu’une
élaboration et orientation des politiques et des lois précises et adaptées et qui contribuent à une parité, égalité
et équité réelles entre les femmes et les hommes en Tunisie.
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L’IMPORTANCE DE LA PRÉSENCE ET DE LA PARTICIPATION DES FEMMES
DANS LA VIE POLITIQUE EN TUNISIE
Les femmes restent sous-représentées au plus haut niveau des institutions et services publics, malgré de fortes
disparités entre les pays pour des raisons historiques et socio-économiques (OCDE, 2014).
En matière de représentativité politique et publique des femmes, la Tunisie ne fait pas exception. La situation au
niveau local n’avait pas beaucoup évolué depuis la révolution de 2011 et jusqu’aux élections du 6 mai dernier,
malgré un effort volontariste et réformiste important engagé grâce à la Constitution de 2014 qui consacre l’égalité
en droits et en devoirs (Article 21) ainsi que l’égalité des chances entre les femmes et les hommes pour l’accès aux
responsabilités et dans tous les domaines (article 46). Plusieurs facteurs peuvent expliquer la faible présence des
femmes dans les fonctions locales, notamment les difficultés liées à la conciliation entre la vie familiale et la vie
professionnelle, politique ou associative et la persistance de comportements sociaux valorisant le rôle de l’homme
dans l’espace public, professionnel et dans la gestion de la communauté, au détriment de celui de la femme (voir le
chapitre 3).
Pourtant, de nombreux arguments plaident en faveur de l’implication des femmes dans la vie politique et publique :
au niveau politique local, l’intégration systématique des femmes dans la gestion des affaires locales est cruciale
dans la mesure où « elle renforce le fondement démocratique, l’efficacité et la qualité des activités des collectivités
territoriales. Si le gouvernement local entend répondre aux besoins des femmes et des hommes, il doit s’appuyer
sur l’expérience des unes comme des autres, à travers une représentation égale à tous les niveaux et dans tous les
domaines de décision, recouvrant la large palette de responsabilités des gouvernements locaux »6. La mixité est en
effet un facteur primordial pour la performance d’une équipe, qu’il s’agisse du secteur public ou du secteur privé ;
A titre d’exemple, l’enquête « Gender Scan » (2016) montre ainsi qu’il existe dans le monde un écart positif de 23 %
entre la performance d’équipes mixtes et non-mixtes dans les entreprises du secteur des sciences, des techniques
et de l’innovation7.
Les conseils élus des collectivités locales doivent former un cadre efficace pour la mise en œuvre de l’égalité
des chances entre tous les acteurs de la société, c’est-à-dire à la fois les femmes et les hommes, dans tous les
domaines qui relèvent de leur responsabilité. L’accès des femmes aux mêmes perspectives leur permet d’exprimer
leurs besoins et leurs priorités et de les inscrire dans les politiques, les programmes, les projets, les plans de
développement et les budgets au niveau local, ceci de façon à les rendre plus efficaces et plus égalitaires. Les
femmes pourront ainsi bénéficier de leurs droits de citoyennes à part entière. En outre, l’article 139 de la Constitution
tunisienne hisse les citoyens des deux sexes et la société civile au rang d’acteurs-clés dans la gouvernance locale.
L’importance du rôle de la femme dans ce processus, les arguments économiques, les raisons liées aux droits
humains, et enfin les considérations en matière de développement durable sont discutés ci-dessous.
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Processus de décentralisation et de démocratisation
La décentralisation et la démocratisation sont deux processus qui s’accompagnent mutuellement. En particulier, la
décentralisation a pour corollaire indispensable l’instauration d’une véritable démocratie locale dans la mesure où
elle reconnaît la libre administration des collectivités locales par des conseils élus et autonomes. Le projet de code
des collectivités locales (voir le chapitre 2), voté par la Commission de l’organisation administrative et des forces
armées de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) en février 2018 et adopté par l’Assemblée plénière
de l’ARP le 26 avril 2018 - soit dix jours avant les élections municipales qui ont eu lieu le 6 mai 2018 - précise les
différents modes de la démocratie participative. De même, la réussite de la décentralisation repose sur l’ancrage
de la démocratie locale par le biais d’une forte participation de tous les citoyens à la vie publique locale et leur
appropriation. Cette configuration s’oppose à celle d’un État centralisé.
La Constitution du 27 Janvier 2014 a opté pour une nouvelle organisation de l’État fondée sur le principe de
la décentralisation dans le respect de l’unité de l’État (article 14) en mettant en place un véritable pouvoir local
(chapitre VII) qui se caractérise par sa généralisation sur l’ensemble du territoire et ce à travers trois catégories de
collectivités locales : les municipalités, les régions et les districts. Ainsi 86 nouvelles municipalités8 ont été créées et
les limites territoriales de certaines communes ont été modifiées9. La décentralisation repose donc sur des principes
fondamentaux tels que le renforcement de l’autonomie des collectivités locales, aussi bien au niveau politique
qu’aux niveaux fonctionnel et financier, et sur la consécration du principe de solidarité pour faire face aux disparités
régionales, qu’elles soient de nature spatiale, économique ou sociale.
Par cette nouvelle organisation, l’État vise à atteindre les finalités prévues par l’article 12 de la Constitution qui stipule
que « L’État agit en vue d’assurer la justice sociale, le développement durable et l’équilibre entre les régions, en
tenant compte des indicateurs de développement et du principe de l’inégalité compensatrice ».
Le renforcement de l’autonomie des collectivités locales, à travers le principe de libre administration ainsi que
l’élargissement et l’approfondissement de leur champ d’intervention par le biais du principe de subsidiarité, sont
deux éléments-clés qui traduisent le changement radical dans la problématique des affaires locales. Cette nouvelle
approche vise à surmonter l’échec de l’expérience tunisienne en matière de décentralisation, échec dû notamment
à l’hégémonie du niveau central/déconcentré sur les processus décisionnels au niveau local. Le développement
local souhaité doit par conséquent s’inscrire dans un cadre de gouvernance qui obéit à une démarche ascendante
(du bas vers le haut), contrairement à l’approche classique (du haut vers le bas).
Les collectivités locales apparaissent désormais comme des acteurs incontournables non seulement dans les
domaines traditionnels des services et des infrastructures de proximité, mais aussi en matière de développement
socio-économique et d’aménagement du territoire. La décentralisation et le renforcement de la gouvernance locale
sont ainsi des outils dont le but est d’élargir l’accès aux services, surtout pour les plus vulnérables, d’alimenter les
valeurs d’une culture démocratique et de proposer des programmes et des projets susceptibles de répondre aux
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besoins des citoyens femmes et hommes afin de générer un développement équilibré et égalitaire.
Dans ce cadre, l’égalité effective entre les femmes et les hommes ne pourra se réaliser sans la prise en compte
de cette dimension dans les politiques locales et sans la participation des femmes sur une base paritaire dans le
processus de prise de décision. En revanche, la méconnaissance des impacts différenciés des politiques locales sur
les femmes et les hommes et la persistance, au niveau du pouvoir, d’une approche qui ne tient pas compte de leurs
spécificités ne peuvent que fixer et amplifier les discriminations qui frappent les femmes.
L’inverse est également vrai : l’égalité entre les femmes et les hommes est une condition sine qua none pour une
mise en place d’une décentralisation et d’une démocratisation efficaces et réelles. La participation des femmes
d’égal à égal avec les hommes est essentielle pour mettre en place des processus décisionnels au niveau local qui
soient représentatifs de la société dans son intégralité, et qui permettent l’élaboration et l’application de politiques
publiques locales inclusives qui répondent aux besoins de tous les citoyennes et les citoyens. Cette participation
égale est au profit de toute la société : elle engendre d’une part des expertises différentes ainsi que des idées
innovatrices et diversifiées, et forme d’autre part un levier au processus de décentralisation et à ce chantier qui vient
de débuter. L’égalité engendre ainsi une politique locale plus riche, plus pointue et équitable, et une démocratie
locale juste et participative.
Considérations en matière de droits humains
La représentativité des femmes dans la sphère politique nationale ainsi qu’au sein de l’appareil exécutif local est
impérative afin de pouvoir défendre leurs droits sociaux et économiques, mais aussi ceux de la société et des
générations futures.
En effet, les institutions prennent des décisions et créent les règles qui touchent la qualité de vie des citoyens et la
distribution des biens et des services pour tous. Il est donc important, et même primordial, qu’il y ait plus de femmes
en position de leadership afin de garantir que les priorités et les besoins, mais aussi les droits de la moitié de la
société soient reflétés de façon égale dans les politiques publiques, conditions essentielles pour faire progresser le
bien-être économique et social de la population tunisienne (OCDE, 2014).
La participation des femmes à la vie politique est liée à leurs droits civils et politiques, qui vont du droit de vote au
droit d’exprimer son opinion et de se présenter à des élections, en passant par la possibilité d’accéder à la fonction
publique (OCDE, 2014).
Ces droits sont inscrits dans de nombreuses conventions internationales des droits humains comme ceux de la
Déclaration universelle des droits de l’Homme. Celle-ci stipule dans son article 21 que « toute personne a le droit
de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de
représentants librement choisis. Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d’égalité, aux fonctions
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publiques de son pays. »
De plus, la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes
(CEDEF) oblige les gouvernements à garantir l’égalité des chances ainsi que l’égalité dans l’accès des femmes et
des hommes à la vie politique et publique (OCDE, 2014). L’article 7 garantit plus spécifiquement aux femmes les
droits « (a) de voter à toutes les élections et dans tous les référendums publics et être éligibles à tous les organismes
publiquement élus ; (b) de prendre part à l’élaboration de la politique de l’État et à son exécution, d’occuper des
emplois publics et d’exercer toutes les fonctions publiques à tous les échelons du gouvernement ; (c) de participer
aux organisations et associations non gouvernementales s’occupant de la vie publique et politique du pays.10 »
L’article 8 exige des États parties à la Convention qu’ils garantissent que les femmes puissent représenter leur
gouvernement au niveau international et participer aux travaux des organisations internationales dans des conditions
d’égalité avec les hommes11 .
Par ailleurs, l’article 25 du Pacte International relatif aux droits civils et politiques adopté en 1966 fait obligation aux
États parties de s’assurer que « Tout citoyen a le droit et la possibilité, sans aucune des discriminations visées à l’article
2 et sans restrictions déraisonnables : (a) de prendre part à la direction des affaires publiques, soit directement, soit
par l’intermédiaire de représentants librement choisis ; (b) de voter et d’être élu, au cours d’élections périodiques,
honnêtes, au suffrage universel et égal, et au scrutin secret, assurant l’expression libre de la volonté des électeurs ;
(c) d’accéder, dans des conditions générales d’égalité, aux fonctions publiques de son pays.12 » (OCDE, 2014).
Enfin, la Déclaration et le Programme d’action de Pékin, adoptés en 1995 à l’issue de la quatrième Conférence
mondiale sur les femmes, constituent également une avancée majeure pour les droits des femmes. Le Programme
d’action13 détermine des objectifs stratégiques dans douze domaines définis comme « critiques » , ainsi que les
mesures à prendre pour atteindre ces objectifs et améliorer la condition de toutes les femmes à travers le monde
; parmi eux, les objectifs G.114 « Prendre des mesures propres à assurer aux femmes l’égalité d’accès et la pleine
participation aux structures du pouvoir et à la prise de décisions » et G.215 « Donner aux femmes les moyens de
participer à la prise de décisions et d’exercer des responsabilités » réaffirment l’importance de la participation des
femmes à la prise de décision à tous les niveaux, et déterminent les mesures à prendre afin de parvenir à une
représentation politique reflétant la société dans son ensemble ainsi qu’à « l’intégration d’une perspective égalitaire
dans l’élaboration des politiques»16.
Arguments économiques
Le renforcement de la position des femmes en politique permet de contribuer au développement économique du
pays, et ce en favorisant l’élargissement d’un cadre institutionnel incitatif et en encourageant davantage les autres
femmes à participer dans la sphère économique. En 2017, les femmes tunisiennes ne représentaient que 26,5 %
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de la population active17; elles étaient 23,0 % en 199018 . Cette situation résulte d’une volonté politique exprimée en
faveur de l’égalité des chances coexistant avec une ambition féminine qui reste bridée par la conscience qu’ont
les femmes des obstacles et des freins qu’elles rencontrent lorsqu’elles veulent s’engager dans la sphère publique
et économique (Union Européenne et Gouvernement de la République Tunisienne, 2014). De la même manière,
les femmes ne représentent qu’une faible part de la population active dans la zone MENA, bien que cette part
progresse, mais lentement (graphique 1). En 2017, seules 27 % des femmes d’âge actif de la zone MENA faisaient
partie de la population active (OCDE, 2018a).
Graphique 1 : Taux de participation des femmes dans la vie active
(dès 15 ans), 2000, 2011 et 2014
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Source: OECD (2017c), The Pursuit of Gender Equality: An Uphill Battle,
http://dx.doi.org/10.1787/9789264281318-en
Ainsi, une réduction de moitié de l’écart entre les taux d’activité des femmes et ceux des hommes dans les pays
membres de l’OCDE entraînerait une hausse du PIB d’environ 6 % d’ici 2030, et de 12 % si une convergence totale
était obtenue (OCDE, 2012). En faisant progresser l’égalité des sexes, le PIB mondial pourrait augmenter de 12 trillions
de dollars d’ici 2025 (McKinsey Global Institute, 2015). Dans un scénario de plein-emploi des femmes, le PIB annuel
mondial pourrait s’accroître de 28 trillions de dollars, soit 26 % d’ici 2025. Dans la zone MENA, les pertes dues aux
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effets des lois, pratiques et attitudes discriminatoires à l’encontre des femmes sont estimées à 575 milliards de
dollars par an (Ferrant et Kolev, 2016). En Tunisie, les disparités femmes-hommes sont responsables sur le long terme
d’une perte estimée à 36.63 % du revenu total (Cuberes et Teigner, 2016).
La participation des femmes dans la vie politique tunisienne sera donc un facteur moteur de la dynamisation de
l’activité féminine dans la sphère économique. Elle permettra d’améliorer le taux de croissance de l’économie
tunisienne de deux points supplémentaires, d’après les premiers résultats du rapport « Mesure et Bonnes Pratiques
de la Diversité des Genres dans les Entreprises Tunisiennes » présenté par le Think Tank de l’Institut Arabe des Chefs
d’Entreprises19 .
Considérations en matière de développement durable
Comme dans tous les pays, l’implication des femmes dans la vie politique tunisienne est importante et ne peut être
ignorée dans un contexte de transition démocratique vers un développement responsable et durable du pays. La
contribution des femmes à la vie politique et économique est primordiale pour provoquer des changements sociaux
et culturels, et constitue un vecteur de changement majeur.
Par son importance pour le développement des sociétés, l’égalité entre les sexes est un des 17 objectifs du Programme
de développement durable à l’horizon 203020 qui furent adoptés par les 193 États membres de l’Organisation des
Nations Unies en septembre 2015, et dont le but est de relever les principaux défis écologiques, politiques et
économiques auxquels le monde fait face aujourd’hui.
L’objectif de développement durable n° 5 est de « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et
les filles » ; il s’agit un engagement ambitieux qui s’attaque aux inégalités persistantes auxquelles sont confrontées les
femmes et les filles dans toutes les régions du monde. Il appelle les gouvernements à « mettre fin à toutes les formes
de discrimination et de violence subies par les femmes et les jeunes filles ; à reconnaître l’importance et la valeur
des tâches familiales et domestiques non rémunérées qui sont en majorité effectuées par les femmes ; à garantir
aux femmes l’égalité d’accès aux ressources économiques ; et enfin à promouvoir et à augmenter la participation
entière et effective des femmes et leur accès égal aux postes de décision dans la vie politique, économique et
publique » (OCDE, 2017b). La participation politique des femmes, conformément à l’ODD n° 5, permet également de
garantir une vraie contribution à l’intégration de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les objectifs de
développement durable.
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CHAPITRE 1
Un aperçu de la participation politique actuelle des
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Ce chapitre présente l’évolution et la situation actuelle de la participation des femmes tunisiennes
à la vie politique au niveau local, parlementaire et ministériel, ainsi que l’évolution de la participation
des femmes aux différents niveaux dans les autres pays de la zone MENA et du reste du monde
(notamment les pays de l’OCDE). Au niveau parlementaire, les femmes représentent 34 % de
l’ARP, faisant de la Tunisie le premier pays arabe en matière de représentation féminine au sein
des parlements. Au niveau ministériel, les femmes restent sous-représentées, et majoritairement
absentes des ministères de souveraineté. Au niveau local, 47% des candidats élus aux élections
municipales du 6 mai 2018 sont des femmes ; ces résultats ont inversé la tendance qui a dominé
entre 2011 et 2018, une période durant laquelle les femmes étaient peu présentes dans les conseils
municipaux. Ce phénomène fut renforcé par le fait que les conseils locaux étaient désignés et non
élus. Les dernières élections locales de mai 2018 ont changé la situation.
Au cours des dernières années, la Tunisie a enregistré des avancées notables en matière de participation des femmes
à la vie politique au niveau parlementaire et au niveau local, mais beaucoup moins au niveau ministériel et de la
haute fonction. Ces progrès sont essentiellement dus à l’introduction du principe de parité au sein des assemblées
élues dans la Constitution de 2014 et à l’inscription des principes de parité verticale, horizontale et d’alternance aux
élections et référendums dans la législation nationale par les lois de 2014 et de 201721, dont le but est de garantir une
représentation égale des femmes et des hommes dans les assemblées élues (OCDE, 2017c). Cependant, malgré
une hausse significative du nombre de femmes engagées dans la vie politique tunisienne à tous les niveaux, celles-
ci restent encore largement sous-représentées, notamment dans les fonctions les plus importantes.
Au niveau parlementaire
Jusqu’en 2011, la Tunisie n’avait pas adopté de mesures juridiques spécifiques visant à renforcer la représentation
des femmes au Parlement. Les élections de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) du 23 octobre 2011 ont
été les premières élections démocratiques, libres et transparentes en Tunisie. Grâce à l’insertion du principe de
parité verticale, soit une alternance entre femmes et hommes au sein même des listes électorales22, et l’alternance
obligatoire des candidats femmes et hommes dans le corpus juridique tunisien, 59 femmes ont pu être élues à l’ANC
et représentaient 27 % des 217 élus.
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Aux élections législatives du 26 octobre 2014, le taux de représentation des femmes au Parlement a progressé avec
31,3 % de femmes élues (soit 69 des 217 députés). Après le remplacement des élus nommés au gouvernement,
ce taux est passé à 34 % de femmes parlementaires, soit 73 des 217 députés23, dépassant ainsi la masse critique
de 30 % recommandée par l’Organisation des Nations unies et l’Union Interparlementaire pour que les femmes
puissent véritablement influencer les décisions politiques24 (graphique 3). Selon le classement des États arabes relatif
au nombre de femmes élues au Parlement25 (Union Interparlementaire et ONU Femmes, 2017), la Tunisie occupe
désormais la première place, bien que la représentation des femmes au sein des parlements de la zone MENA ait
doublé au cours de la dernière décennie. La Tunisie dépasse largement les moyennes arabe26 (16.1 %) et mondiale 27
(22.1 %) des femmes au Parlement.
Graphique 2 : Représentation des femmes au sein de l’ARP entre 1997 et 2017 (en %)
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1997
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2017
Source: Union Interparlementaire (UIP).
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Graphique 3 : Pourcentage de femmes parlementaires et établissement de
quotas par genre, 2015 et 2017
Chambre Basse ou Chambre Unique du Parlement
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Sources: Inter-Parliamentary Union (IPU) PARLINE (database), et IDEA Quota Project (database).

Les colonnes en bleu foncé représentent les pays de l’OCDE où il existe des quotas par genre pour les
parlementaires (données recueillies en mars 2017).

Les colonnes en jaune représentent les 4 pays du projet soutenu par le Fonds de Transition (Maroc, Égypte,
Tunisie et Jordanie).
La colonne en rouge représente la moyenne des pays de l’OCDE.
Les données montrent la proportion de femmes parlementaires au 1er décembre 2015 et au 1er janvier 2017.


Au niveau ministériel
Il est à signaler que la place de la femme tunisienne au niveau ministériel reste à renforcer, et sa part dans les
gouvernements qui se sont succédé depuis 2011 fut très timide. La Tunisie est classée 58e sur 174 pays selon
le nombre de ministres femmes en janvier 2017 (Union Interparlementaire, 2017). Il n’y a actuellement que quatre
femmes sur les 28 ministres que compte le gouvernement, et aucune n’a un ministère de souveraineté, et seulement
deux femmes sur 15 secrétaires d’État.
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Il faut rappeler que « c’est seulement en 1983 que les femmes ont eu accès au gouvernement. Mais jamais une
femme n’a été nommée à la tête d’un gouvernement ni à la tête de ministères de souveraineté tels que le ministère
des Affaires étrangères, le ministère de l’Intérieur, le ministère de la Défense ou le ministère de la Justice. Toutes
les femmes qui ont été nommées ont dirigé des ministères qui constituent le prolongement de leurs fonctions
traditionnelles dans la société et dans la famille, à savoir les enfants, les personnes âgées, malades ou handicapées,
et les femmes » (Chekir, 2013).
Dans le dernier gouvernement de Ben Ali, une seule femme avait été nommée ministre de la Femme et de la Famille
et trois femmes Secrétaires d’État : à la Promotion sociale auprès du ministre des Affaires Sociales, de la Solidarité et
des Tunisiens à l’étranger ; aux Affaires américaines et asiatiques auprès du ministre des Affaires Étrangères ; et la
troisième aux Technologies de l’Information auprès du ministre des Technologies de la Communication.
Tous les gouvernements de transition qui se sont succédé après 2011 sont de composition inégalitaire ; les femmes
ont été très peu représentées (deux ou trois postes).
Un nouveau gouvernement d’Union nationale a été élu en 2016 et comptait six ministres et deux secrétaires d’État
femmes. Après le remaniement ministériel du 6 septembre 2017, il y a aujourd’hui quatre femmes sur 28 ministres, et
deux femmes sur 15 secrétaires d’État28, ce qui place la Tunisie en deuxième position dans la zone MENA derrière
les Émirats Arabes Unis en termes de nombre de femmes ministres au sein du gouvernement29 ; cette proportion
(14.3 %) reste néanmoins faible par rapport au reste du monde (27.9 % des postes ministériels sont occupés par des
femmes dans les pays de l’OCDE).
Graphique 4 : Femmes aux postes ministériels (en %)
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Source : Union Interparlementaire (2017) - Données obtenues auprès des gouvernements nationaux, des missions et dans OCDE (2018a), Les femmes en politique
(indicateur)
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Au niveau local
Les femmes tunisiennes ont commencé à exercer leur droit électoral en tant qu’électrices et candidates en 1957,
dans le cadre des premières élections municipales organisées après l’indépendance, alors qu’elles ont été privées
de ce droit lors de l’élection des membres de l’Assemblée Nationale Constituante en 1956.
La Constitution de la Première République datant du 1er juin 1959 consacre le principe d’égalité comme fondement
de la jouissance de tous les droits et libertés. Toutefois, ni le code électoral (8 avril 1969), ni les lois organiques
relatives aux municipalités (14 mai 1975) et aux conseils régionaux (4 février 1989) n’ont prévu de mesures spécifiques
visant à renforcer la participation des femmes aux instances locales.
Avant la révolution de 2011, le pourcentage de femmes membres de conseils municipaux est passé de 13.3 % en
1990 à 16.6 % en 1995, pour atteindre 26 % en 2005 et 32.8 % en 2010 (graphique 5)30. À titre de comparaison, les
femmes représentaient 28,5% des élus dans les conseils locaux en 2017 dans les pays membres de l’OCDE, ce qui
montre que la Tunisie était avant la révolution de 2011 un pays avancé en matière de participation des femmes à la
vie politique au niveau local (graphique 6 ) (OCDE, 2017e).
Graphique 5 : Évolution du pourcentage de femmes membres des conseils
municipaux en Tunisie entre 1990 et 2010
35
30
25
20
15
10
5
0
32.8
26
16.6
13.3
1990
1995
2005
2010
Source : Ministère de l’Intérieur.
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Graphique 6 : Pourcentage de femmes dans les conseils élus locaux dans les pays de l’OCDE et de la
zone MENA (2017)
60
50
40
30
20
10
0


Source : OCDE (2017e), Assessment of women’s political participation - Egypt Country Report, version preliminaire31
Les colonnes en rouge représentent les pays de l’OCDE
Les colonnes en jaune représentent 3 des 4 pays du projet soutenu par le Fonds de Transition (Maroc,
Tunisie et Jordanie).

La colonne en bleu foncé représente la moyenne des pays de l’OCDE.
Cette progression est le résultat des quotas volontaires décidés par le parti au pouvoir (RCD).
Les municipalités dirigées par des femmes restent toutefois l’exception. Seules cinq mairies sur 264 étaient présidées
par des femmes entre 2005 et 2010, et la nomination de la première femme maire remonte seulement à l’année
1980. Quant aux conseils régionaux, le taux de participation des femmes était de 23 % grâce à la décision officielle,
adoptée en 1997, d’intégrer deux femmes au moins dans chaque conseil régional.
Après la chute du régime en 2011, les conseils municipaux et régionaux ont été dissous32 et des délégations spéciales
ont été désignées par le chef du gouvernement33 pour gérer provisoirement les affaires locales en attendant la tenue
des élections municipales et régionales. Même si les statistiques officielles ventilées par sexe sur la composition
de ces structures provisoires ne sont pas disponibles, force est de constater à travers des observations et en se
basant sur les informations recueillies lors des missions de collecte de données et de consultation qu’elles sont
majoritairement composées d’hommes.
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Entre 2011 et 2018, avant les élections municipales du 6 mai 2018, certaines délégations spéciales ne comptaient
aucune femme34, et dans d’autres, la représentation des femmes était largement symbolique35. En mai 2017, date
de la mission de collecte des données, quatre femmes faisaient partie de la délégation spéciale de Tunis (sur 21
membres), tandis qu’aucune femme n’avait jamais fait partie de la délégation spéciale de Kairouan.
Pour ce qui est des nominations au niveau de l’administration déconcentrée, bien qu’elles portent sur des fonctions
de nature administrative, elles reflètent souvent des choix politiques et font l’objet depuis 2011 de concertations
avec les partis politiques appartenant à la coalition gouvernementale. Actuellement, une seule femme occupe le
poste de gouverneur : Salwa Khiairi a été nommée à la tête du gouvernorat de l’Ariana (banlieue de Tunis), avant
d’être mutée au gouvernorat de Nabeul en octobre 2017.
Cette nomination n’est pas une première en Tunisie (Saloua Mohsni Labiadh a été gouverneur de Zaghouan de
2004 à 2008), mais elle vient confirmer que la femme tunisienne ne participe que très peu à la vie publique et
politique locale. Par ailleurs, le nombre de femmes déléguées, qui était de 60 en 2014, n’a cessé de diminuer
depuis, malgré les retours positifs sur leur travail, notamment en matière de gestion des conflits à l’échelle locale.
Il peut en être déduit que ces postes de responsabilité à l’échelle locale ou régionale restent la chasse gardée
des hommes. Ces chiffres confirment que, malgré les progrès significatifs accomplis en matière de participation
des femmes à la vie politique au niveau parlementaire et local, les femmes restent encore sous-représentées aux
différents niveaux, et en particulier dans les fonctions les plus prestigieuses.
47% des candidats élus aux élections municipales du 6 mai 2018 sont des femmes, ce qui montre les progrès faits
par la Tunisie après neuf ans d’absence d’élections locales. Il sera intéressant de voir quels postes occuperont
les femmes élues au sein des conseils municipaux, et en particulier si elles obtiennent le poste de maire, afin
de déterminer si les résultats des élections sont significatifs d’une réelle avancée durable de la participation
politique des femmes en Tunisie. Il sera également très important de suivre et de pouvoir influencer dès à
présent la façon dont les politiques publiques locales seront développées : prendront–elles en compte d’une
manière systématique et intégrée les besoins des femmes comme ceux des hommes ? Seront-elles décidées
équitablement par les femmes et les hommes, et pour les femmes et les hommes ? Les pratiques au sein des
conseils locaux et régionaux seront–elles sensibles au genre ? Permettront–elles aux femmes d’assurer leurs
responsabilités dans leur vie personnelle et familiale ainsi que professionnelle ?
Les chapitres suivants se concentreront sur les avancées réalisées mais aussi les obstacles qui subsistent au
niveau du cadre législatif, politique et institutionnel ainsi que dans les pratiques culturelles qui entravent la
participation politique des femmes en Tunisie.
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CHAPITRE 2
Le cadre juridique international et national vis-à-vis de
l’égalité entre les femmes et les hommes dans la vie
publique
Ce chapitre décrit le cadre juridique international et national actuellement en vigueur en Tunisie
en matière d’égalité entre les hommes et les femmes dans la vie publique et politique. Il expose
tout d’abord les instruments internationaux relatifs aux droits humains, et plus spécifiquement aux
droits des femmes, ratifiés par la Tunisie. Il présente ensuite la Constitution de 2014, les principaux
textes de la législation tunisienne en matière d’égalité entre les sexes, mais aussi les stratégies
nationales mises en œuvre ces dernières années pour la défense et la promotion des droits des
femmes. Cependant, il met le point sur certaines lacunes qui persistent dans le cadre réglementaire
tunisien et dans sa mise en œuvre, ce qui peut limiter l’application d’une égalité effective entre
les femmes et les hommes dans la participation à la vie publique et politique. Sont également
présentées des recommandations-clés ainsi que les bonnes pratiques qui peuvent aider l’Etat
à renforcer le cadre législatif national et sa mise en œuvre pour promouvoir la participation des
femmes à la vie politique.
La participation des femmes à la vie politique est liée à leurs droits civils et politiques, qui vont du droit de vote,
d’expression et de se présenter à des élections à la possibilité d’accéder à un poste au sein de l’administration
publique (OCDE, 2014). Au cours des dernières décennies, et plus particulièrement des dernières années, la Tunisie
s’est dotée d’un cadre juridique dont le but est de renforcer le respect des droits des femmes et l’égalité entre les
femmes et les hommes dans les différents aspects de la société, conformément aux engagements internationaux
pris par le pays. Cependant, certaines problématiques persistent dans le cadre réglementaire tunisien et dans sa
mise en œuvre, ce qui peut entraver l’atteinte de l’objectif de l’égalité.
LES INSTRUMENTS INTERNATIONAUX RELATIFS AUX DROITS HUMAINS
Les standards définis par les instruments internationaux relatifs aux droits humains en matière d’égalité et de
participation politique constituent la base de tout cadre juridique national. En effet, ils offrent « un ensemble
d’indicateurs et d’orientations stratégiques », en particulier concernant les dispositions relatives aux droits civils et
politiques et à la non-discrimination, essentiel afin de renforcer la participation des femmes dans les processus de
décision, y compris dans la vie politique (OCDE, 2014).
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À PROPOS

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La Tunisie a ratifié la grande majorité des instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme et ceux portant
d’une façon spécifique sur les droits des femmes. L’article 20 de la Constitution de 2014 stipule que : « les Conventions
approuvées par le Parlement et ratifiées sont supérieures aux lois et inférieures à la Constitution ». Ainsi, les traités
internationaux jouissent d’une valeur supra-législative dans la hiérarchie des normes, ce qui leur confère davantage
de valeur que les lois nationales et permettent ainsi la prévalence des traités internationaux en matière de droits
humains. Les autorités publiques chargées d’appliquer la loi doivent respecter les garanties constitutionnelles et les
traités internationaux, régionaux et bilatéraux ratifiés par la République tunisienne dans le domaine des droits de
l’Homme.
Parmi ces traités internationaux majeurs en matière de droits humains, peuvent être cités le Pacte international
relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits sociaux, économiques et culturels
élaborés dans le cadre de l’ONU en 1966. La Tunisie est devenue partie contractante à ces deux textes en vertu
de la loi n° 68-30 du 29 novembre 1968 autorisant l’adhésion de la Tunisie aux deux pactes36.
Quant aux conventions portant spécifiquement sur les droits des femmes, la Tunisie en a ratifié un grand nombre,
parmi lesquelles la Convention sur les droits politiques de la femme ratifiée en 1968, la Convention sur la nationalité
de la femme mariée ratifiée en 1968, la Convention sur le consentement au mariage, l’âge minimum du mariage et
l’enregistrement des mariages ratifiée en 1968 et la Convention contre la discrimination dans l’enseignement ratifiée
en 1969. La Tunisie a également ratifié la majorité des pactes internationaux relatifs aux droits socio-économiques
des femmes, dont en particulier la Convention internationale sur le travail de nuit de la femme en 1957 et le protocole
qui la complète en 2000, la Convention internationale du travail sur l’égalité de traitement (sécurité sociale) en 1965,
et la Convention de 1968 sur l’égalité de rémunération pour le même travail entre la main-d’œuvre masculine et la
main-d’œuvre féminine. La Tunisie n’a cependant pas ratifié la Convention concernant la sécurité sociale (norme
minimum) de 1962, ni la Convention sur les travailleurs ayant des responsabilités familiales (1981), ni la Convention
sur les services de santé au travail (1985), ni la Convention sur la protection de la maternité (2000) (OCDE, 2017b).
En 1985, l’État tunisien a ratifié la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination
à l’encontre des femmes (CEDEF), par la loi n°85-6837 (voir plus bas l’encadré 1). Il a ainsi suivi la tendance générale
des autres pays.
En ratifiant cette convention, et particulièrement son article 7 sur la vie politique et publique, la Tunisie s’est engagée
à respecter les valeurs universelles de l’égalité entre les sexes et de non-discrimination à l’encontre des femmes
sous toutes ses formes, et à poursuivre par tous les moyens appropriés et sans retard une politique tendant à éliminer
ces discriminations, y compris spécifiquement les discriminations à l’encontre des femmes dans la vie politique et
publique. La ratification de cette convention a permis d’abroger plusieurs réglementations discriminantes, sans pour
autant y mettre fin.
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Toutefois, l’État tunisien a d’abord émis un ensemble de réserves en même temps que plusieurs pays islamiques et
pays voisins (tableau 1) ce qui a permis à la Tunisie de ne pas souscrire à certaines dispositions. Le 23 avril 2014, la
Tunisie a officiellement levé les réserves-clés à la convention avec le maintien de la déclaration générale38.
La Tunisie a de plus adhéré en 2008 au Protocole facultatif à la CEDEF39 entré en vigueur le 22 décembre 2000.
Selon ce protocole, la Tunisie reconnaît la compétence du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard
des femmes en ce qui concerne la réception et l’examen des communications qui lui sont présentées - par des
particuliers ou groupes de particuliers ou au nom de particuliers ou groupes de particuliers relevant de la juridiction
d’un État partie - en cas de violation par la Tunisie d’un des droits énoncés dans la convention. Ce Comité n’examine
aucune communication sans avoir vérifié que tous les recours nationaux ont été épuisés, à moins que « la procédure
de recours n’excède des délais raisonnables ou qu’il soit improbable que le requérant obtienne réparation par ce
moyen40. »
Les acquis en matière de droits des femmes apportés par la ratification de la Convention CEDEF ont ouvert la voie
aux progrès instaurés par la loi nationale tunisienne, notamment les avancées législatives de 2017.
Tableau 1. État des ratifications et des réserves faites par les pays de la zone MENA concernant la
CEDEF (à la date de 2017)
41
Algerie
Egypte
Jordanie
Libye
Maroc
Tunisie
Ratification
1996
1981
1992
1989
1993
1985
Protocole facultatif
2004
2016
2008
Réserves à l’art. 2 (application
de laconvention/declaration
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
Oui
generale)
Réserves à l’art. 9 (droit a la
nationalite)
Réserves à l’art. 15 (egalite des
femmes avec les hommes et
capacite juridique)
Réserves à l’art. 16 (mariage,
rapports familiaux)
Oui (retirée en 2008)
Oui (retirée en 2008)
Oui (art 9 par.2)
Non
Oui (retirée en 2011)
Oui (retirée en 2014)
Oui (par. 4 sur la libérté de
circulation)
Non
Oui (retirée en 2009)
Non
Oui (par.4 sur la libérté
de circulation)
Oui (retirée en 2014)
Oui
Oui
Oui, par. 1 (c) (d) (g)
Oui, par.1 (c) et (d)
Oui
Oui
(retirée en 2011)
(retirée en 2014)
Informations à jour concernant l’état des ratifications et des réserves à la CEDEF http://www.un.org/womenwatch/daw/cedaw/reservations-country.htmhttps://treaties.
un.org/Pages/ViewDetails.aspx?src=TREATY&mtdsg_no=IV-8&chapter=4&lang=en
Source: OCDE (2017b). http://dx.doi.org/10.1787/9789264280434-fr;
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À l’échelle du continent africain, le Protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux
droits de la femme en Afrique et connu sous le nom de «Protocole de Maputo»42, vient en complément de la charte
africaine pour promouvoir les droits fondamentaux des femmes en Afrique, parmi lesquels notamment : l’interdiction
de la discrimination à l’égard des femmes (article 2) ; le droit à la dignité (article 3) ; le droit à la vie, à l’intégrité et à
la sécurité (article 4) ; l’accès à la justice et l’égale protection devant la loi (article 8 ) ; et le droit de participation au
processus politique et à la prise de décisions (article 9).
Le Protocole est signé et ratifié par 36 États africains ; de plus, 17 États l’ont signé sans pour autant le ratifier, comme
c’est le cas pour la Tunisie. Le président Essebsi a signé le Protocole à l’occasion du 24e sommet de l’Union Africaine
qui s’est tenu en janvier 201543 ; à la suite de cette signature, un projet de loi organique portant sur l’adhésion de la
Tunisie à ce Protocole a été préparé et soumis au Conseil des Ministres le 23 juin 201744.
Bien qu’essentielle, l’adhésion aux instruments internationaux relatifs aux droits humains ne suffit pas à garantir
l’engagement d’un pays en faveur du respect et la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes. Cet
engagement et l’égalité en droit des femmes et des hommes doivent être inscrits dans le cadre juridique national
mais aussi dans la Constitution (OCDE, 2014).
PRINCIPAUX TEXTES NATIONAUX FONDATEURS SUR LES DROITS DES
FEMMES EN TUNISIE : CADRE LÉGISLATIF ET STRATÉGIES NATIONALES
L’accès aux droits a toujours joué un rôle déterminant dans l’histoire de l’émancipation des femmes en Tunisie et
de la consécration égalitaire de leurs droits dans tous les domaines de la vie privée et publique. Le Code du Statut
Personnel a fait de la Tunisie le premier pays de la zone MENA à enregistrer des avancées notables en faveur de
l’égalité entre les femmes et les hommes dès 1956, notamment en interdisant la polygamie ; la Constitution de 2014
a consacré le principe d’égalité en droits et en devoirs, et les principes de parité verticale et horizontales furent
consacrés respectivement par la loi organique n°2014-16 relative aux élections et référendums (alternance entre
hommes et femmes sur les listes électorales) en 2014 par la loi n°2017-7 modifiant et complétant la loi n°2014-16
relative aux élections et référendums (alternance des candidats têtes de listes par genre) en 2017. Toutefois, des
disparités se manifestent toujours entre la consécration juridique des droits des femmes et l’exercice effectif de ces
droits ; les femmes restent plus exposées à la précarité économique et sont largement sous-représentées dans les
instances de décision et les postes de responsabilité, qu’elles soient désignées ou élues à l’échelle nationale ou
locale.
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La Constitution tunisienne de la deuxième République
Après la révolution de 2011, l’élaboration de la Constitution (2011-2014) a été un moment crucial ayant mis à l’épreuve
les différents acteurs politiques sur des problématiques fondamentales comme la démocratie, la nature civile de
l’État et la séparation entre religion et politique, l’universalité des droits humains et le statut des femmes. Durant cette
phase de transition, le statut des femmes était au cœur des controverses, fédérant et synthétisant les antagonismes
sur les sujets suivants :



La nature de l’État (État laïc/civil contre État islamiste) et les sources de la législation (droit positif contre la Chari’a) ;
L’approche des droits humains (approche universelle contre particularismes) ;
Le rapport entre droit interne et droit international et rang des accords internationaux dans l’ordre juridique
national.
De façon générale, les droits des femmes dans la première version de la Constitution étaient largement envisagés
dans une perspective conservatrice. À titre d’exemple, la parution du premier projet de Constitution en août 2012
a suscité un débat houleux et de vives protestations publiques, du fait que le texte faisait référence aux « rôles
complémentaires de l’homme et de la femme au sein de la famille » sans mentionner l’égalité entre eux (SIGI, 2014).
À la suite de tractations en 2012 autour du terme « complémentarité » proposé dans l’article 28 de l’avant-projet de
la Constitution en 201245, les dispositions controversées ont été supprimées et les versions successives du projet de
Constitution ont évolué.
La Constitution du 27 janvier 2014 s’inscrit dans la continuité des efforts menés par la Tunisie pour promouvoir et
protéger les droits des femmes, et confirme le rôle précurseur de la Tunisie dans ce domaine par rapport aux autres
pays de la région. Elle synthétise et cristallise les acquis juridiques tout en les inscrivant dans une perspective
dynamique et évolutive. La Constitution consacre l’égalité, notamment dans son préambule (paragraphe 3)46 ; l’article
15 prévoit l’égalité en tant que principe régissant le fonctionnement des services publics et l’article 21 stipule une
clause générale d’égalité. Les principes d’égalité entre les sexes et de non-discrimination sont également affirmés
dans l’article 21, avec une référence explicite aux citoyennes.
En ce qui concerne les droits politiques, l’article 34 garantit les droits d’élection, de vote et le droit de se porter
candidat(e). De plus, l’État est tenu de prendre les mesures nécessaires pour garantir la représentativité des femmes
dans les assemblées élues.
Dans ce cadre, l’article 46, consacré plus particulièrement aux droits des femmes, inscrit dans la Constitution la
protection des acquis de la femme, le principe de parité et la lutte contre les violences faites aux femmes.
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En consacrant les principes d’égalité des droits entre les sexes, de non-discrimination à l’égard des femmes et
de parité au niveau des conseils élus, la Constitution de 2014 affiche l’engagement de l’État à respecter l’un des
éléments fondamentaux de la démocratie (encadré 1).
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LES ARTICLES RELATIFS À L’EGALITE
DANS LA CONSTITUTION TUNISIENNE DE 2014
Article 21
Les citoyens et les citoyennes sont égaux en droits et en devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination.
L’État garantit aux citoyens les libertés et les droits individuels et collectifs. Il veille à leur assurer les conditions
d’une vie digne.
Article 34
Les droits d’élire, de voter et de se porter candidat sont garantis conformément à ce qui est prévu par la loi.
L’État veille à garantir la représentativité de la femme dans les assemblées élues.
Article 40
Le travail est un droit pour chaque citoyen et citoyenne. L’État prend les mesures nécessaires à sa garantie sur la
base de la compétence et de l’équité.
Tout citoyen et citoyenne a le droit au travail dans des conditions décentes et à salaire équitable.
Article 46
L’État s’engage à protéger les droits acquis de la femme et veille à les consolider et les promouvoir. L’État garantit
l’égalité des chances entre l’homme et la femme pour l’accès aux diverses responsabilités et dans tous les
domaines.
L’État s’emploie à consacrer la parité entre la femme et l’homme dans les assemblées élues.
L’État prend les mesures nécessaires en vue d’éliminer la violence contre la femme.
Source : Constitution de la République tunisienne (2014).
Le Code du Statut Personnel (CSP)
Depuis son indépendance en 1956, la Tunisie a enregistré des avancées notables sur la voie de l’égalité entre les
femmes et les hommes. La promulgation du Code du Statut Personnel (CSP) le 13 août 1956 a illustré le volontarisme
de l’État tunisien et son indépendance en matière de réforme des structures familiales par le droit, notamment en
interdisant la polygamie et la répudiation, en élevant l’âge minimum du mariage et en instaurant l’égalité entre les
sexes en matière de divorce, qui devient judiciaire. Cependant, des lacunes subsistent, y compris dans la législation
en matière d’héritage.
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LA LÉGISLATION EN MATIÈRE D’HÉRITAGE EN
ALGÉRIE, ÉGYPTE, JORDANIE, LIBYE, TUNISIE ET AU MAROC
La législation en matière d’héritage en Algérie, en Égypte, en Jordanie, en Libye, en Tunisie et au Maroc reste
discriminatoire envers les femmes. Chaque héritier reçoit une part spécifique de la succession selon son lien de
parenté avec le défunt et, en général, les héritiers de sexe féminin n’ont droit qu’à la moitié de la part à laquelle
les hommes peuvent prétendre. Une veuve recevra un huitième des biens de son époux décédé ou un quart s’il
n’a pas d’enfant.
Le Code du Statut Personnel tunisien établit que « l’héritier de sexe masculin a une part double de celle attribuée
à un héritier de sexe féminin ». Les cinq autres pays appliquent la même règle. Cette inégalité repose sur l’idée
que les hommes ont davantage besoin de biens, puisque c’est à eux que revient la responsabilité d’entretenir la
famille au sens large (y compris notamment leurs mères veuves ou leurs mères et sœurs non mariées), alors que
les femmes n’ont pas de telles obligations financières.
Les groupes de réflexion formés dans le cadre de ce travail de l’OCDE ont indiqué que les coutumes et les tra-
ditions pouvaient rendre encore plus difficile l’accès des femmes à l’héritage. Par exemple, il n’est pas rare que
la famille exerce des pressions sur les femmes ayant hérité pour qu’elles renoncent à la totalité de leurs droits
d’héritage au profit de parents de sexe masculin. De nombreuses femmes ignorent qu’elles peuvent refuser de
céder leurs droits ou s’en remettre aux tribunaux. Il arrive également qu’elles renoncent à faire valoir leurs droits
par crainte de représailles et pour éviter d’être stigmatisées par leur famille et par la société.
Source : Constitution de la République tunisienne (2014).
Certains pays membres de l’OCDE, comme l’Espagne, ont mis en place des lois en faveur de l’égalité entre les
femmes et les hommes dont le but est de lutter contre toute forme de discrimination fondée sur le sexe, et de
promouvoir l’égalité réelle en éliminant les obstacles et les stéréotypes sociaux qui en empêchent la réalisation dans
tous les domaines (encadré 3). L’élaboration d’un cadre réglementaire similaire pourrait permettre de fixer les bases
législatives solides et inclusives et de renforcer l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines.
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LA LÉGISLATION EN FAVEUR DE L’ÉGALITÉ EFFECTIVE
ENTRE FEMMES ET HOMMES EN ESPAGNE
La Loi Organique 3/2007 du 22 mars pour l’égalité réelle des femmes et des hommes vise à lutter contre toute
forme de discrimination, directe ou indirecte, fondée sur le sexe, et à promouvoir l’égalité réelle en éliminant les
obstacles et les stéréotypes sociaux qui en empêchent la réalisation.
Cette loi, fondée sur une vision transversale de l’égalité, définit pour la première fois la prévention de conduites
discriminatoires et prévoit des politiques actives visant à mettre en œuvre le principe de l’égalité.
De plus, dans l’optique du principe d’égalité et dans la perspective de genre, l’organisation générale des politiques
publiques se reflète dans les critères d’action établis à l’intention de toutes les autorités publiques.
Après une définition des concepts et des catégories juridiques fondamentales relatives à l’égalité ainsi que de la
protection juridique existant en matière de droit à l’égalité (Titre I), le Titre II établit les règles générales d’action
des pouvoirs publics en matière d’égalité et définit le principe de transversalité et les instruments permettant son
intégration dans l’élaboration, l´exécution et la mise en œuvre des normes.
Sont ensuite énoncées des mesures visant à promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes dans les
médias (Titre III), l’égalité des chances dans le droit et l’accès au travail ainsi que dans les conditions de travail,
l’accès à la promotion et à la formation (Titre IV), l’égalité dans l’emploi public (Titre V), l’égalité de traitement
dans l’accès aux biens et aux services, avec une référence particulière aux assurances (Titre VI), mais aussi des
mesures à mettre en place par les entreprises afin de promouvoir leur responsabilité sociale (Titre VII).
Enfin, le Titre VIII préconise un ensemble de dispositions organisationnelles, avec notamment la création d’une
Commission interministérielle sur l’égalité entre les femmes et les hommes et d’Unités d’égalité au sein de chaque
ministère. En outre, la Loi porte création d’un Conseil pour la Participation de la Femme, un organe consultatif
collégial qui fait office de canal de participation institutionnel.
Source : Informations recueillies auprès du gouvernement espagnol (2018)
La loi électorale n° 2017-7 du 14 février 2017, relative aux élections et référendums
Alors que les femmes tunisiennes n’ont pas pu voter lors de l’élection de la première assemblée constituante en
1956, elles ont pu voter et se porter candidates à partir des élections municipales de 1957. Il en est de même pour le
code électoral de 1969 qui assure les mêmes droits aux femmes et aux hommes. Toutefois, les femmes tunisiennes
sont restées sous-représentées dans la vie publique et politique.
Pour rompre avec cet état de fait, le décret-loi n° 35 du 10 mai 2011 relatif à l’élection de l’Assemblée Nationale
Constituante introduit dans son article 16 le principe de parité de candidature entre les femmes et les hommes, avec
alternance des noms féminins et masculins sur les listes électorales, et annule celles qui ne respectent pas cette
règle.
Depuis 2014, la parité est désormais un principe constitutionnel défini dans l’article 46 qui prévoit que « L’État
s’emploie à consacrer la parité entre la femme et l’homme dans les assemblées élues ». Pour mettre en œuvre
cette disposition constitutionnelle, l’article 24 de la loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014 relative aux élections et
aux référendums prévoit que « Les candidatures sont présentées sur la base du principe de parité entre femmes et
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hommes et de la règle d’alternance entre eux sur la liste. »
Des divergences de vues se manifestent cependant en Tunisie sur l’application dans la loi électorale de la parité
telle qu’elle est définie dans l’article 46 de la Constitution. Selon la décision n°2014-02 du 19 mai 2014 de l’Instance
provisoire de contrôle de constitutionnalité des projets de loi, l’État tunisien a une simple obligation de moyens en
vue d’atteindre la parité (position confirmée dans sa décision n°2015-02 du 8 juin 2015), ce qui fait de la loi électorale
une mise en application acceptable de la Constitution. Au contraire, d’autres commentateurs estiment que l’État a
une obligation de résultat en matière de parité femmes-hommes dans les assemblées élues ; selon cette lecture, la
mise en œuvre de la Constitution au niveau du texte de la loi électorale de 2014 et complétée en 2017 serait alors
insuffisante47.
En dépit de la reconnaissance formelle de l’égalité entre femmes et hommes et des progrès des textes juridiques,
les femmes et les hommes ne jouissent pas toujours des mêmes droits dans la pratique. Les inégalités persistantes
se traduisent entre autres par la sous-représentation des femmes en politique.
Les conseils municipaux et régionaux sont élus au suffrage universel direct selon un scrutin proportionnel au plus
fort reste 48. En ce qui concerne les femmes, l’article 49 paragraphe 9 de la loi n°2017-7 modifiant et complétant la
loi n°2014-16 relative aux élections et référendums prévoit, en plus de l’alternance et de la parité verticale, la parité
au niveau des têtes de listes candidates. Cette mesure vise à remédier aux défaillances constatées dans la mise en
œuvre de la parité lors des premières élections constitutives de 2011 où 7 % seulement des listes ont été présidées
par des femmes, et lors des élections législatives en 2014 où le taux était de 12 %.
Cette avancée semble conforme aux exigences de l’article 46 de la Constitution qui impose à l’État de prendre
des mesures juridiques et des politiques publiques adéquates pour atteindre une composition paritaire de tous les
conseils élus. De plus, la parité permet de multiplier les candidatures féminines, ce qui permettra à moyen et à long
terme l’émergence progressive d’une classe politique féminine. De surcroît, dans le but de renforcer le caractère
représentatif et inclusif des conseils locaux, la loi électorale de 2017, qui modifie et complète la loi organique n° 2014-
16 du 26 mai 2014, contient des dispositions spécifiques en faveur des catégories politiquement marginalisées : elle
prévoit ainsi l’éligibilité aux conseils locaux dès l’âge de 18 ans, en ajoutant un quota de candidatures pour les jeunes
et les personnes atteintes d’un handicap physique.
Toutefois, les partis politiques semblent se servir du principe de parité à des fins strictement électoralistes. Cette
approche formaliste et conjoncturelle pourra entraver la production des effets escomptés sur l’émergence et
l’ancrage du leadership féminin dans la vie politique. Des mesures positives favorisant une représentation équilibrée
des femmes non seulement sur les listes électorales mais aussi dans les instances dirigeantes des partis politiques
pourrait permettre le renforcement de la participation des femmes à la vie politique d’égal à égal avec les hommes,
et non seulement pour être en adéquation avec la loi (OCDE, 2018b).
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DES MESURES ASSURANT UNE REPRÉSENTATION ÉQUILIBRÉE DES FEMMES ET DES
HOMMES AU SEIN DES PARLEMENTS ET DES ORGANES LÉGISLATIFS
À TOUS LES NIVEAUX DANS LES PAYS DE L’OCDE
De nombreux pays membres de l’OCDE ont adopté des quotas légaux de femmes pour les listes de candidats ou
des partis afin de garantir la représentation des femmes. La
Belgique et la France ont adopté des quotas exigeant
la parité sur les listes des partis ; la
Belgique prévoit aussi que les listes ne respectant pas les quotas seront re-
jetées par la commission électorale. Certains partis politiques en
Hongrie, en République tchèque, en Norvège
ou en Islande ont adopté des quotas volontaires, et le Parti vert allemand a privilégié une « double présidence »,
un homme et une femme co-présidant le parti.
La Slovénie a adopté une approche souple des quotas, passant de quotas volontaires en 1992 et d’objectifs
adaptés en 1997 à des quotas obligatoires en 2005. La mesure de 2005 a introduit une approche graduelle pour
les élections nationales comme locales, avec une exigence de représentation des femmes augmentant de 10%
à chaque élection. Cette approche a permis à la société et aux dirigeants politiques de s’adapter aux nouvelles
mesures et de réfléchir à l’effet des mesures prises à chaque étape. La Pologne est passée de quotas facultatifs
introduits au niveau des partis, à des quotas obligatoires à l’échelle nationale et locale ; en 2006 un « Parti des
femmes » a même présenté des candidates dans sept districts pour attirer l’attention sur la sous-représentation
politique des femmes.
Dans certains cas, les partis politiques qui n’ont pas respecté les dispositions légales sur les quotas peuvent être
sanctionnés par des pénalités financières. Au Portugal, les partis qui ne se conforment pas au quota obligatoire
de femmes perdent entre 25 % et 80 % de leurs subventions publiques, tandis qu’en Irlande les partis en perdent
50 % s’ils ont moins de 30 % de représentants de chaque sexe. En France, les partis peuvent perdre trois-quarts
de leur financement public si la différence entre la représentation de chaque sexe dépasse 2 %. De la même
manière, en Italie, le financement public des partis est réduit en proportion du nombre de candidats excédant le
pourcentage maximal autorisé pour chaque sexe ; la « prime » est alors répartie entre les partis qui respectent la
loi.
En Espagne, la loi du 22 mars 2007 pour l’égalité effective entre les femmes et les hommes a modifié le Régime
Général de la Loi électorale, obligeant les listes des partis politiques candidats aux élections (à la chambre basse
du Parlement, aux municipales, aux conseils insulaires, pour les membres du Parlement européen et pour les
élections législatives des régions autonomes) à atteindre une composition équilibrée de femmes et d’hommes, de
façon à ce que chaque sexe représente au minimum 40 % des candidats de la liste complète. Ce quota minimum
sera vraisemblablement maintenu pour chaque groupe de cinq candidats. Les listes ne respectant pas ces règles
sont retirées par les autorités électorales. De plus, la Direction Générale de Politique Interne du ministère de
l’Intérieur procède à des analyses, à partir de données détaillées, de l’effet qu’a pu avoir l’obligation de respecter
le principe de représentation équilibrée des femmes et des hommes sur les listes de candidats aux élections
nationales, locales et au Parlement Européen. La première analyse a été publiée après les élections locales de
2007, celles-ci ayant eu lieu après l’entrée en vigueur de la Loi organique 3/2007, du 22 mars49. Cet amende-
ment a contribué à augmenter la présence des femmes dans la vie politique : aux dernières élections générales
espagnoles de juin 2016, les femmes y ont obtenu 39 % des sièges au Congrès des Députés, à 1 % d’une com-
position équilibrée, et l’Espagne est le troisième pays de l’Union Européenne à avoir la meilleure représentation
de femmes au Parlement (les deux chambres confondues pour les pays ayant un parlement bicaméral) après la
Suède (43,6 %) et la Finlande (42 %). Les femmes représentent 36.5 % des élus du Sénat. Ce pourcentage est
supérieur au sein des Parlements des régions autonomes, où les femmes ont obtenu 45 % des sièges en 2016.
Cette progression peut également être observée au niveau local, où la proportion de femmes maires et con-
seillères municipales a augmenté très sensiblement ; en 2015, il y avait 19 % de femmes maires et 36 % de con-
seillères municipales, plus de deux fois plus que dix ans auparavant (6.53 % et 16.45 %) (1995).
Source : Boîte à Outils de l’OCDE pour l’égalité hommes-femmes au niveau de la gouvernance : Mettre en œuvre la recommandation du Conseil
de l’OCDE de 2015 sur l’égalité hommes-femmes dans la vie publique, Chapitre III « Parvenir à une représentation équilibrée des hommes et des
femmes dans les parlements ou organes législatifs à tous les niveaux ».
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La loi organique des collectivités locales
Après plusieurs mois de travaux au sein des commissions parlementaires, le projet de Code des collectivités locales,
soumis à l’examen de la Commission de l’organisation administrative et des forces armées de l’ARP depuis le 7 juin
2017 et voté par ladite commission en février 2018, a été adopté par l’Assemblée plénière de l’ARP le 26 avril 2017
avec 147 voix en faveur, 10 abstentions et aucune opposition, soit 10 jours avant la tenue des élections municipales
qui ont eu lieu le 6 mai 201850.
Le code est une pièce maîtresse dans le processus de mise en œuvre de la décentralisation. Dans cette perspective, le
code fixe le cadre juridique global régissant les collectivités locales. Il repose sur des principes fondamentaux, tels que
l’autonomie des collectivités locales et la libre administration, le renforcement des compétences des collectivités locales
par le biais des principes de subsidiarité et de libre administration ; le renforcement des ressources aussi bien humaines
que matérielles des collectivités locales ; la synergie entre les collectivités locales et les autorités centrales ; la démocratie
participative prévue par l’article 139 de la Constitution et organisée dans le code en vue d’accroître la participation
citoyenne au processus de décision et de renforcer la responsabilité des conseils locaux élus.
Les mécanismes de la décentralisation sont étayés par une gouvernance locale participative : selon l’article 139
de la Constitution de 2014, « Les collectivités locales adoptent les mécanismes de la démocratie participative et
les principes de la gouvernance ouverte, afin de garantir une plus large participation des citoyens et de la société
civile à l’élaboration des projets de développement et d’aménagement du territoire et le suivi de leur exécution,
conformément à la loi ». La décentralisation du pouvoir s’organise à trois niveaux, conformément au découpage
territorial énoncé dans l’article 131 de la Constitution : « La décentralisation est concrétisée par des collectivités
locales comprenant des communes, des régions et des districts. Chacune de ces catégories couvre l’ensemble du
territoire de la République conformément à un découpage déterminé par la loi. »
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Graphique 7 : Découpage territorial de la Tunisie et répartition des pouvoirs
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La composition et les attributions du
conseil supérieur des collectivités
locales sont fixés par la loi (Décret
131 de la constitution, 2014)
ETAT
CENTRAL
Les conseil de districts sont élus par
les membres des conseils munici-
paux et regionaux
DISTRICT 1
DISTRICT 2
“Les conseils municipaux et régionaux
sont élus au suffrage universel, libre, di-
rect, secret, honnête et transparent. La
loi électorate garantit la représentation
des jeunes au sein des conseils des
collectivités locales. Les collectivités
locales sont dirigées par des conseils
élus”. Article 133 de la constitution,
2014
REGION A
REGION B
REGION C
Municipalité/
commune
urbaine et
rurales
Municipalité/
commune
urbaine et
rurales
Source : Selon la Constitution de la Deuxième République Tunisienne.
La dimension genre n’était pas présente dans les premières moutures du projet de Code des Collectivités locales,
dont l’élaboration a commencé en 2015. Ce n’est que dans la mouture de juin 2016 que la dimension du genre a
été insérée, grâce notamment au travail du Comité National pour la Promotion de l’Égalité femmes-hommes dans la
gestion des affaires locales (CNP-Égal)51.
Toutefois, le projet de code voté par la Commission parlementaire en février 2018 et transmis à l’Assemblée plénière
de l’ARP, avait connu plusieurs régressions, dont la suppression des dispositions se référant au genre, à l’égalité des
sexes ou à l’égalité des chances entre les sexes, comme par exemple la priorité accordée à « l’égalité entre les sexes,
à la lutte contre la pauvreté, au développement équilibré et à la planification urbaine » du plan de développement
local, l’obligation de « prendre en considération une approche sensible au genre lors de la préparation du budget »,
ou encore l’obligation de « réserver une séance annuelle du conseil municipal pour la discussion du rapport sur les
affaires d’égalité des chances entre les sexes ».
Cependant, dans la version finale du code qui fut votée à l’ARP et publiée dans le Journal Officiel, contient des articles
qui évoquent les principes de parité et d’égalité, sans toutefois mentionner explicitement l’égalité des genres52.
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Le code des collectivités locales garantit tout d’abord le respect du principe de parité à la tête de la commune (selon
l’article 7, le président et le vice-président de la commune doivent être de sexe différent, sauf en cas d’impossibilité),
mais aussi dans la composition des différentes structures nationales en charge de la décentralisation et dans les
commissions et comités au sein des conseils municipaux.
De plus, le code des collectivités locales introduit le principe de l’égalité qui doit être respecté par les communes,
les régions et les districts dans l’ensemble de leurs actions et des politiques publiques et programmes mis en place.
De la même façon, les contractants des instances locales et régionales doivent respecter ce principe de l’égalité. Ce
dernier est également garanti dans les processus de recrutement et de promotion au sein de l’administration à tous
les niveaux de décentralisation. Toutefois, le texte de loi ne mentionne pas explicitement l’égalité entre les femmes
et les hommes.
Néanmoins, le code introduit des mesures en faveur de la promotion des droits des femmes, avec une attention et
des fonds destinés spécifiquement aux femmes vivant dans les zones rurales, aux femmes victimes de violence ainsi
qu’au développement d’une économie sociale et solidaire. Des commissions en charge de la parité et de l’égalité
des chances entre les sexes sont également créées au niveau régional.
Enfin, le code des collectivités locales prévoit le développement d’une base de données statistiques désagrégées
par sexe et par secteur au niveau local, en collaboration avec l’Institut National de la Statistique. Ces statistiques
seront mises à disposition des autorités publiques, des chercheurs mais aussi du grand public afin de permettre
une intégration effective de la dimension genre dans les programmes de développement et politiques publiques du
gouvernement qui seront mis en place au niveau local53 . Grâce à l’inclusion des principes de parité et d’égalité dans
ce code qui définit la composition et l’action des structures décentralisées dont les conseils locaux, ces derniers
pourront ainsi proposer et exécuter des politiques publiques, des plans de développement, des budgets54 et des
projets locaux selon une approche participative, inclusive et intégrant la dimension genre pour répondre aux besoins
et aux aspirations tant des femmes que des hommes.
La loi sur la lutte contre la violence faite aux femmes (violence politique)
La loi organique n° 58 du 11 août 2017 sur l’élimination des violences (conjugales, sexuelles, politiques et autres) à
l’encontre des femmes a été approuvée par l’ARP à l’unanimité lors de sa session plénière du 26 juillet 2017. Cette
loi est une avancée majeure pour la protection juridique des femmes dans la lutte contre les violences qui leur sont
faites ; elle reconnaît et définit la violence politique comme « tout acte ou pratique fondé sur la discrimination entre
les sexes dont l’auteur vise à priver la femme ou l’empêcher d’exercer toute activité politique, partisane, associative
ou tout droit ou liberté fondamentale ». Elle fixe également une sanction financière de 1 000 dinars à toute personne
commettant un acte de violence politique.
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L’augmentation du nombre de femmes au pouvoir et dans l’arène politique est un facteur important pour la lutte
contre la violence dont celles-ci peuvent être victimes. Les femmes politiques, soutenues par les institutions, les
organisations de la société civile, leurs homologues hommes qui appuient ce combat mais aussi l’opinion publique
peuvent faire pression afin de changer la situation et prôner la mise en place d’un cadre réglementaire et d’un système
d’application de cette loi qui ne laissent plus la violence et l’agressivité envers les femmes impunies. De même, offrir
une protection juridique aux femmes pour les violences auxquelles elles peuvent être soumises, notamment au
cours de leurs activités politiques, peut aussi les encourager à s’engager en politique, et à rapporter le harcèlement
et les pressions qu’elles sont susceptibles de subir. Cela éradiquera ou du moins limitera la déstabilisation que
peuvent subir les femmes, afin de les faire renoncer à leur candidature ou par la suite à leurs fonctions comme élues.
LA LOI ORGANIQUE 1/2004 DU 28 DÉCEMBRE RELATIVE AUX MESURES DE PROTEC-
TION INTÉGRALE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES EN ESPAGNE
En Espagne, la Loi organique 1/2004 du 28 décembre relative aux mesures de protection intégrale contre les
violences faites aux femmes a été adoptée à l’unanimité. Dans cette loi-cadre, ces violences sont abordées d’une
manière globale et multidisciplinaire, en envisageant des dispositions relatives aux mesures de sensibilisation, de
prévention et de détection (dans les domaines de l’éducation, de la santé, et de la publicité et des médias), aux
droits des victimes, à la protection institutionnelle, à la protection pénale, et enfin à la protection juridictionnelle.
La loi englobe dans la définition des violences tout acte de violence physique et psychologique, y compris les
atteintes à la liberté sexuelle, les menaces, les actes de contrainte ou la privation arbitraire de liberté dont les
femmes sont victimes de la part de leur conjoint, de leur ex-conjoint, ou de personnes auxquelles elles ont été
unies par des liens affectifs, même en l’absence de cohabitation.
Source : Informations recueillies auprès du gouvernement espagnol (2018)
Ces nombreuses avancées juridiques en matière d’égalité entre les femmes et les hommes n’occultent pas les
lacunes qui subsistent dans le cadre réglementaire tunisien. La mise en œuvre d’une meilleure égalité entre les
femmes et les hommes nécessite l’élimination de toute disposition discriminatoire qui peut exister dans le cadre
réglementaire actuel ; il est également essentiel de veiller à ce que la future législation ne contienne pas de
dispositions discriminatoires envers les femmes, ceci grâce à l’intégration du genre dans les processus d’élaboration
de la loi dans son ensemble (OCDE, 2014).
Abrogation de la circulaire n°216 du 5 novembre 1973
L’abrogation de la circulaire du ministre de la Justice du 5 novembre 1973 sur le mariage de la « Tunisienne
musulmane » avec un non-musulman résulte de l’appel du Président de la République du 13 août 2017 (à l’occasion
de la fête de la femme) au Chef du gouvernement et au ministre de la justice.
Cette circulaire interdisait le mariage entre les musulmanes et les non-musulmans pour des motifs liés à la protection
de la famille et à la préservation de sa pureté.
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LES STRATÉGIES NATIONALES
Au cours des dernières années, deux stratégies nationales ont été mises en place en Tunisie pour la défense des
droits des femmes : la « Stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes à travers le cycle de vie
» adoptée en 2008 et actuellement en cours de révision, et la « Stratégie nationale d’autonomisation économique
et sociale des femmes et des filles en milieu rural 2017-2020 ». La mise en œuvre de stratégies nationales en plus
de l’adoption ou de la réforme du cadre juridique est essentielle pour obtenir des résultats significatifs dans la
promotion des droits et du rôle des femmes (OCDE, 2014).
La stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes à travers le cycle de
vie, de 2008 (actualisée en 2012)
La Stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes à travers le cycle de vie a été élaborée par le
ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors, avec le soutien du Fonds des Nations Unies pour
la Population (FNUAP). Elle définit un cadre général et des composantes spécifiques pour faire face aux violences
que subissent les femmes. Cette stratégie repose sur les quatre axes stratégiques suivants :
1.
La collecte et l’utilisation des données sur les violences faites aux femmes ;
2. La mise en place de services appropriés et diversifiés ;
3. Une mobilisation sociale et une sensibilisation de la société aux changements des comportements et des
institutions ;
4. Un plaidoyer pour la révision et l’application des lois, en vue de prévenir et de lutter contre les violences faites
aux femmes.
Cette stratégie est actuellement en cours de révision par le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des
Seniors après l’adoption en 2017 de la loi contre les violences faites aux femmes.
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LA MISE EN PLACE DE STRATÉGIES DESTINÉES À COMBATTRE LES
VIOLENCES FAITES AUX FEMMES DANS CERTAINS PAYS DE L’OCDE ET EN ÉGYPTE
Le Mexique a adopté une approche multidimensionnelle en développant un programme intégral visant à prévenir,
prendre en charge, réprimer et éliminer la violence à l’encontre des femmes. Cette approche implique différents
acteurs à tous les niveaux du gouvernement. Une des mesures adoptées est la possibilité pour le ministère
de l’Intérieur d’émettre des « alertes » qui obligent les autorités à mettre en œuvre des moyens de protéger
les droits mais aussi l’intégrité physique des femmes, à mener des enquêtes plus complètes et approfondies
dans les cas de violences, et à accroître les efforts dans la lutte contre les violences là où elles sont répandues.
Des centres juridiques spécialisés et financés par le secteur public ont été créés au niveau local dans le cadre
de ce programme afin d’aider les femmes victimes de violences et leur offrir des soins médicaux et une aide
psychologique. Ces centres proposent également une aide juridique ainsi qu’une formation en auto-défense
contre les violences (OCDE, 2017c).
L’Australie a mis en place un plan national de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants pour
2010-2022. Ce plan définit six résultats que le gouvernement doit atteindre au cours des douze années que dure
le plan : (1) des collectivités sûres et exemptes de violence, (2) des relations respectueuses, (3) des collectivités
indigènes sécurisées, (4) des services répondant aux besoins des femmes et de leurs enfants victimes de
violences, (5) une réponse efficace de la part du système de justice, (6) des auteurs de violences empêchés de
nuire et tenus responsables de leurs actes. En plus du plan national, le gouvernement australien a octroyé 100
millions de dollars au « Women’s Safety Package », un système de financement dont le but est d’améliorer le
soutien et les services mis en place pour répondre aux besoins des femmes et des enfants exposés aux risques
de violence (OCDE, 2017c).
L’Égypte a lancé une stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes 2015-2020, en partenariat
avec les organisations gouvernementales ainsi qu’avec les organisations de la société civile concernées. Un
cadre légal élargit la définition des violences pour y inclure la privation de l’accès à l’éducation et impose des
sanctions plus sévères pour les actes de violences. Le projet de loi a été soumis au vote du Parlement pour
adoption au cours du cycle législatif actuel.
La Suède a adopté en 2016 une stratégie sur dix ans, dont le but est de prévenir et de combattre les violences
faites aux femmes par les hommes, y compris la violence domestique, les violences pour raisons d’honneur, la
prostitution et le trafic d’êtres humains. Les objectifs sont : (1) accroître les efforts de prévention de la violence ; (2)
mieux détecter les violences, mieux protéger et mieux soutenir les femmes et les enfants victimes de violences
; (3) appliquer plus fermement la loi ; et (4) élargir les connaissances et la méthodologie sur ces sujets (OCDE,
2017c).
Source OCDE (2017e), Assessment of women’s political participation - Egypt Country Report, version préliminaire
La stratégie nationale d’autonomisation des femmes et des filles rurales (2017-2020)
La Stratégie nationale d’autonomisation des femmes et des filles rurales pour la période 2017-2020 est élaborée par
le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors. Cette stratégie retient quatre axes principaux :
1.
L’autonomisation économique et sociale des filles et des femmes dans les zones rurales ;
2. La participation des filles et des femmes à la vie publique ;
3. L’amélioration de la qualité de vie des filles et des femmes dans les zones rurales ;
4. La satisfaction de besoins précis pour les victimes de la pauvreté.
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LES FEMMES EN MILIEU RURAL EN ESPAGNE
En Espagne, de nombreux obstacles s’opposent à la présence des femmes aux postes de décision dans les
zones rurales, reléguant ainsi les femmes aux travaux domestiques et limitant leur rôle à la sphère privée alors
que les hommes ont un emploi, sont présents dans la vie publique et accèdent aux postes de décision.
Une autre difficulté que rencontrent les femmes est la conciliation entre leur vie familiale et une vie professionnelle
à responsabilité qui demandent toutes deux beaucoup de temps et de sacrifices. Les données indiquent que les
femmes souhaitent participer à la vie publique locale dans les villes à faible densité de population, principalement
dans les villes rurales, comme en témoigne le nombre croissant, mais toujours insuffisant, de femmes maires et
conseillères municipales. De plus, le pourcentage de femmes présentes dans les conseils des coopératives agro-
alimentaires reste également faible.
En réponse à cette situation, et comme le prévoit le Plan stratégique espagnol en matière d’égalité des chances
2014-2016, un Plan pour la promotion des femmes en milieu rural 2015-2018 (Plan para la Promoción de las
Mujeres del Medio Rural) a été mis en œuvre pour renforcer l’intégration du principe d’égalité entre les sexes
dans les différentes actions de l’administration centrale espagnole dans ce domaine.
Certains des objectifs spécifiques de ce plan sont de donner plus de visibilité au rôle social de la femme dans les
zones rurales ; de donner les moyens de mener de front la vie personnelle et familiale et la vie professionnelle ; de
répartir plus équitablement les responsabilités familiales entre les femmes et les hommes ; de promouvoir l’accès
des femmes à la prise de décision et aux organes de participation politique ; et enfin, de soutenir le travail des
associations de femmes rurales en tant que sources de revitalisation sociale, culturelle et économique.
Source : Informations recueillies auprès du gouvernement espagnol (2018)
Le Plan d’action national d’institutionnalisation du genre (PANIG)
Un premier projet de Plan d’action national d’institutionnalisation du genre élaboré en 2009 n’a pas été validé ni mis
en oeuvre. Ce projet, relancé en 2016 par le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors, a reçu
le soutien de l’UNFPA et de la Commission Européenne en Tunisie. Cette initiative sera suivie par d’autres ministères
en vue de développer une politique générale d’institutionnalisation du genre au niveau national.
Le développement et la mise en œuvre d’une stratégie pangouvernementale nationale en faveur de l’égalité entre les
femmes et les hommes, où sont définies clairement les responsabilités des différentes structures du gouvernement,
est essentielle afin de mettre en place les priorités du gouvernement en matière d’égalité femmes-hommes de
manière structurée et efficace, de procéder aux réformes institutionnelles nécessaires et d’élaborer des politiques
publiques sensibles au genre (OCDE, à venir).
Certains pays de l’OCDE ont adopté une stratégie nationale autonome en faveur de l’égalité entre les femmes et
les hommes. La plupart de ces stratégies en matière d’égalité sont développées au niveau central ou fédéral du
gouvernement, mais seule une minorité d’entre elles sont mises en œuvre à tous les niveaux du gouvernement,
y compris au niveau régional et local. Ces stratégies se concentrent en particulier sur la conciliation entre la vie
privée et la vie professionnelle, l’autonomisation économique des femmes, la lutte contre les violences et les
discriminations liées au genre, mais aussi l’intégration du genre dans les politiques et le budget du gouvernement
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dans son ensemble (OCDE, à venir). La Tunisie pourrait inclure ces différents domaines dans le plan d’action national
d’institutionnalisation du genre afin de développer une stratégie pangouvernementale globale qui permettrait le
renforcement de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les secteurs et à tous les niveaux.
Au-delà de stratégies nationales dont le but est de lutter ou de promouvoir un aspect spécifique des droits des
femmes, la mise en place d’un plan stratégique interministériel en faveur de l’égalité de sexes est essentielle afin
que l’ensemble des institutions, politiques et programmes intègrent pleinement la problématique des rapports
hommes-femmes à leur travail et produisent des politiques meilleures et plus justes au bénéfice des hommes et
des femmes dans tous les secteurs, dans une perspective d’égalité (OCDE, 2018b). Cela permettra d’avoir une
approche coordonnée et de créer une homogénéité au niveau des institutions concernées, des politiques publiques
développées mais aussi des actions à entreprendre.
RECOMMANDATIONS CLÉS
L’Etat pourrait considérer :
La mise en application des instruments internationaux :
■ Prévoir des mécanismes essentiels à la mise en application des instruments
internationaux ratifiés par la Tunisie. Établir des rapports périodiques sur la bonne
application des conventions et autres instruments internationaux.
■ Accélérer la révision de la législation tunisienne afin d’abroger tous les textes législatifs
et réglementaires établissant une discrimination fondée sur le sexe au sens de l’article 1
de la CEDEF (dispositions du Code du Statut Personnel, du Code pénal, du Code de la
nationalité tunisienne, textes régissant l’emploi).
La mise en application de la Constitution tunisienne :
Prévoir des cadres juridiques et des mécanismes essentiels à la mise en application
de la Constitution tunisienne, et notamment des articles 21, 34, 40 et 46 afin d’assurer
l’égalité de droits et de devoirs entre les femmes et les hommes dans le travail, dans la
vie politique et dans la société en général.
Réviser les lois tunisiennes qui ne sont pas en conformité avec les principes d’égalité
en droits et en devoirs énoncés dans la Constitution.
La révision du cadre juridique aux niveaux national et local :
■ Créer une loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes (en s’inspirant d’autres
expériences comme celle de l’Espagne avec la Loi organique 3/2007 du 22 mars, pour
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l’égalité effective des femmes et des hommes) dans le but de pouvoir mettre en
œuvre l’égalité telle que définie dans la Constitution de 2014 en éliminant les
obstacles et les stéréotypes sociaux qui en empêchent la réalisation.
■ Ajouter le principe de la parité horizontale (en plus de la parité verticale déjà
garantie) aux dispositions de la Loi organique du 26 mai 2014 relatives aux
élections législatives, en amont des élections législatives prévues pour 2019.

Intégrer l’approche genre dans la démocratie locale par le biais de l’approche
participative, notamment par la mise en place d’un budget genre.
■ Mettre en place des mécanismes juridiques afin de :
Faciliter l’accès des femmes à la justice, en particulier dans les régions où les
femmes sont particulièrement soumises à l’autorité masculine et victimes de
violence, afin que les femmes puissent avoir accès plus facilement à l’espace
public et donc participer à la vie politique.
■ S’assurer que la loi et les jugements rendus par les tribunaux soient respectés
et exécutés.
La mise en place de politiques publiques égalitaires aux niveaux local et national
■ Mettre en application le Plan d’action national d’institutionnalisation du genre en
tant que stratégie intégrale et intersectorielle en faveur de l’égalité entre les
femmes et les hommes.
■ Élaborer des plans d’action au niveau local tenant compte des spécificités de
chaque localité quant à l’égalité entre les femmes et les hommes.
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CHAPITRE 3
Le cadre institutionnel pour l’égalité entre les femmes
et les hommes dans la vie publique en Tunisie
Ce chapitre décrit le cadre institutionnel mis en place en Tunisie et qui favorise la participation
des femmes à la vie politique. Les institutions engagées sur la question de l’égalité entre les
femmes et les hommes ont été créées après l’indépendance et renforcées après la révolution
de 2011, prouvant une véritable avancée de la Tunisie sur ce sujet. Sont également présentées
des recommandations-clés ainsi que des bonnes pratiques qui peuvent aider les institutions
publiques et le gouvernement dans leurs efforts pour renforcer le cadre institutionnel en faveur
d’une meilleure égalité entre les femmes et les hommes dans tous les secteurs.
Le cadre institutionnel tunisien a été progressivement développé depuis l’indépendance (Chekir, 2013), et plus
particulièrement au cours des dernières années, dans le but de renforcer l’intégration de l’égalité entre les femmes
et les hommes dans tous les domaines et de promouvoir les droits des femmes.
LE MINISTÈRE DE LA FEMME, DE LA FAMILLE, DE L’ENFANCE ET DES
SENIORS
La création en Tunisie d’un ministère consacré aux affaires de la femme en 1983 est une étape importante dans la
prévention et la lutte contre les discriminations à l’encontre des femmes et dans la volonté politique de promouvoir
les droits des femmes dans la société. Aujourd’hui, le ministère est chargé d’exécuter la politique du gouvernement
dans les domaines du genre, de la famille, de l’enfance et des Seniors, de promouvoir leur rôle et leur place dans
la société tunisienne, mais aussi de développer la coopération internationale sur ces thèmes. Le ministère assure
également la tutelle des établissements publics qui œuvrent dans les domaines de la femme, de la famille et
de l’enfance, et désormais des Seniors. Le ministère est représenté au niveau décentralisé dans chacun des 24
gouvernorats du pays par un commissariat régional55 .
Au cours des dernières années, le ministère a mis en place plusieurs programmes et projets en faveur de l’égalité
femmes-hommes en Tunisie. Le programme Moussawat, mis en œuvre en collaboration avec des organisations
gouvernementales et non-gouvernementales tunisiennes et internationales, vise à réduire les inégalités entre les
femmes et les hommes aux niveaux national, régional et local et à améliorer la coordination et la cohérence des
actions entreprises en faveur des droits des femmes par les différents acteurs institutionnels et non-institutionnels.
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L’un des objectifs du programme Moussawat est l’amélioration de la participation de la femme dans la vie économique
et publique56.
Toutefois, le lien maintenu depuis la création du ministère, avec les affaires de la famille, de l’enfance et des personnes
âgées dénote une vision particulière de la place de la femme dans une société dont la base reste essentiellement
la famille patriarcale57.
Un réseau national de 15 femmes désignées comme points focaux genre a été créé en 2012 par le ministère de
la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors et réparti dans les départements ministériels partenaires afin
d’aider à identifier et à définir les changements, actions ou mesures à prendre pour atteindre une plus grande équité
et égalité entre les sexes, et poser ainsi les premiers jalons de l’institutionnalisation du genre en Tunisie (Union
Européenne et Gouvernement de la République Tunisienne, 2014).
Les institutions centrales chargées de l’égalité des hommes et des femmes sont généralement considérées comme
des instruments fondamentaux pour amener le secteur public à renforcer l’égalité et intégrer cette cause à la politique
gouvernementale et dans toute la société. Au sein de l’OCDE, les institutions centrales chargées de l’égalité des
hommes et des femmes peuvent consister en un ministère spécialisé, être adjointes à d’autres portefeuilles au sein
d’un ministère unique comme c’est le cas en Tunisie, ou être intégrées au cabinet du chef de gouvernement ou de
l’État. Les conseils ou commissions chargés de l’égalité des sexes fonctionnant de manière autonome, avec un statut
constitutionnel indépendant ou en consultation avec le gouvernement, représentent un autre type de configuration
institutionnelle (OCDE, 2018b).
Dans toutes ces configurations, plusieurs facteurs peuvent favoriser un bon fonctionnement des institutions centrales
chargées de l’égalité des hommes et des femmes. En premier lieu, ces institutions sont encouragées à partager la
responsabilité de cet agenda au sein du gouvernement. Elles devraient plutôt être chargées de faciliter une mise
en œuvre cohérente de la stratégie gouvernementale d’égalité hommes-femmes en offrant conseil et orientations
au gouvernement et ministères sectoriels, en suivant les améliorations en la matière et en aidant à la formulation et
à la mise en œuvre des politiques qui prennent en compte la question de l’égalité entre les femmes et les hommes
dans toute l’administration publique. En deuxième lieu, les institutions chargées de l’égalité des hommes et des
femmes doivent avoir suffisamment de ressources pour coordonner une initiative transversale en jouissant de la
visibilité et de l’autorité qui découlent d’un positionnement au sommet du gouvernement (OCDE, 2018b). À travers
le renforcement du rôle du Ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors, la Tunisie pourrait
réaffirmer l’engagement politique du gouvernement en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.
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L’INTÉGRATION DE L’ÉGALITÉ DES SEXES DANS LES PROCESSUS ET PROGRAMMES
D’ÉLABORATION DES POLITIQUES PUBLIQUES EN ESPAGNE
En Espagne, les unités spécialisées et les points focaux contribuent à promouvoir l’égalité entre les femmes et les
hommes ; ils ne sont pas les seuls à le faire. Des unités spécialisées dans l’égalité des sexes aident les pouvoirs
exécutifs à assumer leurs responsabilités de pilotage dans ce domaine.
Pour faire de l’égalité des sexes une partie intégrante des politiques publiques, l’Espagne a créé des unités
spécialisées dans tous les ministères, conformément à l’Article 77 de la Loi 3/2007 du 22 mars 2007 en faveur
d’une réelle égalité entre les femmes et les hommes. Tous les ministères, quel que soit leur domaine d’action,
assignent à un organe gestionnaire unique des obligations relatives à cet objectif, et notamment celles-ci :
fournir une information statistique pertinente ;

■ élaborer et mener des enquêtes pour renforcer l’égalité entre hommes et femmes dans les domaines



d’action des ministères ;
conseiller les organes compétents des ministères sur la formulation d’un rapport d’impact sur l’égalité des
sexes ;
aider les personnels des ministères à mieux comprendre la portée et la signification du principe de l’égalité
entre les femmes et les hommes;
surveiller les politiques d’application pour parvenir à une réelle mise en œuvre de la Loi 3/2007 sur l’égalité
des sexes.
Source : OCDE (2014), Women, Government and Policy Making in OECD Countries: Fostering Diversity for Inclusive Growth, Éditions OCDE, Paris,
http://dx.doi.org/10.1787/9789264210745-en. w
LE CENTRE DE RECHERCHES, D’ÉTUDES, DE DOCUMENTATION ET
D’INFORMATION SUR LA FEMME : LE CREDIF
Créé en 1990, le Centre de Recherches, d’Études, de Documentation et d’Information sur la Femme est un
établissement public sous la tutelle du ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors. Depuis sa
création, le CREDIF est devenu un pilier majeur dans la consolidation des droits et des acquis des femmes grâce aux
études et documents qu’il produit et à l’accompagnement des femmes de différentes régions et de différents profils
et domaines d’activité en vue de les encadrer pour le plein exercice de leurs droits.
Le CREDIF dispose de deux structures actives entrant dans le cadre de la consolidation des droits et de la sécurité
des femmes :
L’Observatoire genre et égalité des chances
Mis en place immédiatement après la création du CREDIF, l’observatoire a repris de l’importance après le soulèvement
de 2010/11. Ses principales missions sont la réalisation d’études et de recherches ainsi que la collecte et analyse de
données sur la femme et l’évolution de sa condition dans la société tunisienne, on encore l’organisation d’activités
de communication pour assurer une meilleure diffusion et connaissance des droits de la femme.
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Le Comité national pour la promotion de l’égalité femmes-hommes dans la gestion des affaires locales
(CNP-EGAL)
Créé en 2015 à l’initiative du CREDIF et du Centre de développement international pour la gouvernance locale,
l’objectif du CNP-EGAL est de susciter une dynamique favorable à l’égalité entre les femmes et les hommes en
élaborant des arguments capables d’insuffler des changements politiques, juridiques et sociaux visant à intégrer
la dimension genre dans les politiques, programmes, plans, projets et budgets des collectivités locales, réduire les
inégalités sociales fondées sur le sexe et fournir aux organisations un espace d’échanges et de débats afin de
promouvoir des actions en faveur de l’égalité femmes-hommes.
Le CNP-EGAL a ainsi pu organiser plusieurs ateliers de travail et un cycle de formation itinérante dans différentes
régions qui ont permis de réunir les principaux acteurs institutionnels concernés, ainsi que des formations ciblées
destinées aux différents acteurs en rapport avec la situation des femmes : les parlementaires, les autorités régionales,
les autorités sécuritaires, les juristes, la société civile.
DES FORMATIONS SUR L’ÉGALITÉ
DES SEXES EN ESPAGNE
En Espagne, l’École virtuelle d’égalité (Escuela Virtual de Igualdad) offre une formation en ligne sur l’égalité entre
les femmes et les hommes.
Deux niveaux de formation y sont offerts : un niveau d’initiation et un niveau avancé. Le niveau d’initiation est des-
tiné à la population dans son ensemble, aux forces armées et de sécurité et aux personnels du secteur de l’entre-
prise et de l’éducation. Le niveau avancé s’adresse aux personnes ayant déjà des connaissances sur l’égalité des
sexes, et offre une formation plus spécifiquement axée sur le secteur de l’emploi juridique, des services sociaux,
de l’entreprise et des ressources humaines, l’objectif étant de permettre aux participants d’intégrer la perspective
de l’égalité dans leur pratique professionnelle.
L’École virtuelle d’égalité en est actuellement à sa 8e édition (2017-2018) et 21 000 places ont été offertes à l’oc-
casion de cette dernière édition.
Source : Informations recueillies auprès du gouvernement espagnol (2018)
LE CONSEIL DES PAIRS
Afin d’assurer une intégration transversale de l’égalité femmes-hommes dans la planification, la programmation,
l’évaluation et le budget des différentes politiques publiques, un nouveau « Conseil des Pairs pour l’égalité et
l’équivalence des chances entre la femme et l’homme » (CPE) a été créé par le décret gouvernemental n° 2016-
626 du 25 mai 2016. Le Conseil est présidé par le Chef du Gouvernement depuis le 8 août 2017 ; il a été chargé de
mettre en place un plan d’institutionnalisation de l’approche genre aux niveaux national et sectoriel. Le CPE œuvre
sous l’égide du Ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors, en coordination avec les acteurs
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concernés.
Le souci d’une représentation équilibrée des différents acteurs concernés est pris en considération. Ainsi, le
conseil est composé d’un représentant de la Présidence de la République, d’un représentant de la Présidence
du Gouvernement, d’un membre de l’Assemblée des Représentants du Peuple, de l’agent chargé de l’approche
genre auprès de chaque ministère, d’un représentant du comité supérieur des droits de l’Homme et des libertés
fondamentales, d’un représentant de l’Office national de la famille et de la population, d’un représentant du Centre
de recherches, d’études, de documentation et de l’information sur la femme, d’un représentant de l’Observatoire
national de la jeunesse, d’un représentant de l’Institut National de la Statistique et de quatre membres des associations
actives dans le domaine de l’autonomisation de la femme.
Les missions du Conseil sont la conception des politiques, l’observation et le contrôle. Conformément à l’article 2 du
décret, le Conseil des Pairs est chargé de l’intégration de l’approche genre dans la planification, la programmation,
l’évaluation et dans le budget, afin d’éliminer toute forme de discrimination entre les femmes et les hommes et de
concrétiser l’égalité des droits et des devoirs entre eux. Le Conseil des Pairs pour l’égalité est chargé des fonctions
suivantes :






l’élaboration du plan national d’intégration de l’approche genre ;
l’approbation des plans exécutifs annuels sectoriels pour la réalisation du plan national d’intégration de l’approche
genre ;
le suivi de l’exécution et de l’évaluation du plan national ;
l’observation des difficultés rencontrées dans l’intégration de l’approche genre et la soumission de propositions
de réformes législatives et réglementaires et de mesures administratives pour surmonter lesdites difficultés ;
la préparation d’un programme national de formation en matière d’égalité ;
la préparation de rapports annuels contenant des indicateurs quantitatifs et qualificatifs sur l’autonomisation de
la femme dans les domaines économique, social, culturel et politique.
De plus, le Conseil des Pairs donne son avis sur tous les projets de textes juridiques ayant trait aux droits de la femme
qui lui sont soumis par le Chef du gouvernement.
La création d’une structure chargée d’assurer et de contrôler l’intégration transversale de l’égalité femmes-
hommes dans les politiques du gouvernement est importante pour la mise en œuvre de l’agenda d’égalité des
sexes : l’existence d’une responsabilité et d’une surveillance claires, impliquant une redevabilité au plus haut niveau
possible du gouvernement, maximise les chances pour les initiatives de prise en compte de l’égalité des sexes d’être
concluantes et pérennes, et ainsi permet à cet objectif de demeurer une priorité législative (OCDE, 2018b).
De nombreux pays de l’OCDE disposent de mécanismes de surveillance, qui peuvent inclure à la fois les parlements,
les institutions supérieures de contrôle ou les services de médiateur. Les attributions de ces structures peuvent
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varier, mais la majorité d’entre elles sont en charge de l’élaboration de la législation en matière d’égalité entre
les femmes et les hommes et révisent tous les projets de textes juridiques ayant trait aux droits de la femme. En
revanche, il n’existe que peu de pays dans lesquels ces structures ont la possibilité d’examiner l’ensemble des textes
de lois préparés selon une perspective genre (OCDE, à venir).
Ces institutions peuvent également jouer un rôle important dans la communication autour des résultats des politiques
d’égalité des sexes à destination des citoyens, la sensibilisation et la vigilance par rapport à la mise en œuvre
des stratégies de prise en compte de l’égalité des sexes, et enfin la promotion des campagnes d’information et
de communication sur les différentes thématiques liées à l’égalité, et ce en coopération avec les médias et les
organisations de la société civile (OCDE, 2018b).
Au-delà de mettre en évidence l’utilité de ces organes de contrôle et de redevabilité (OCDE, à venir), les expériences
des pays de l’OCDE ont par ailleurs montré que la performance de ces structures est optimisée lorsqu’elles sont
associées à des instances publiques qui disposent des moyens et des capacités d’analyse nécessaires pour mettre
en place et coordonner une stratégie pangouvernementale en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes
(OCDE, 2017d). De la même façon, l’action du Conseil des Pairs pourrait être maximisée à travers le renforcement de
la collaboration entre le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors, et les différents acteurs
engagés sur la question de l’égalité femmes-hommes pour l’intégration transversale de la dimension genre dans
l’action du gouvernement tunisien.
LES INSTANCES CONSTITUTIONNELLES
Le chapitre VI de la Constitution tunisienne prévoit la création de cinq instances indépendantes œuvrant au «
renforcement de la démocratie » avec le soutien de toutes les institutions de l’État (article 125). Ces cinq instances sont
l’Instance supérieure indépendante pour les élections (article 126 de la Constitution) ; l’Instance de la communication
audiovisuelle (article 127) ; l’Instance des droits de l’Homme (article 128) ; l’Instance du développement durable et des
droits des générations futures (article 129) et l’Instance de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption
(article 130).
Ces cinq instances constitutionnelles constituent des mécanismes institutionnels indispensables pour la protection
et la garantie des droits humains sur la base des principes d’égalité et de non-discrimination. L’un des traits originaux
de ces instances réside dans l’élection de leurs membres par l’Assemblée des Représentants du Peuple. Par ailleurs,
elles sont dotées de la personnalité juridique ainsi que de l’autonomie administrative et financière ; elles disposent
également d’un rôle important de vérification et d’examen des actions des organismes publics. Ces instances doivent
obligatoirement être consultées pour tout projet de loi en rapport avec leur domaine de compétence respectif.
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L’INSTANCE SUPÉRIEURE INDÉPENDANTE POUR LES ÉLECTIONS (ISIE)
Les instances électorales ont un rôle clé à jouer dans la promotion de la participation électorale et politique des
femmes (PNUD et ONU Femmes, 2015). Elles sont en charge de l’organisation et de la supervision du processus
électoral, et sont donc garantes de la tenue d’élections libres et honnêtes.
En Tunisie, l’ISIE est l’instance chargée « de l’administration des élections et des référendums, de leur organisation et
de leur supervision au cours de leurs différentes phases. Elle assure la régularité, la sincérité et la transparence du
processus électoral et proclame les résultats des différentes élections.» 58
Pour ce qui est de la composition des instances de l’ISIE, des dispositions législatives ont été adoptées pour renforcer
la participation des femmes au niveau de l’administration électorale, aussi bien par le décret-loi n°2011-27 du 18 avril
2011 - portant création de l’ISIE59 - que par la loi organique n°2012-23 du 20 décembre 2012, qui pérennise l’ISIE60.
Si le principe de parité entre femmes et hommes est prévu pour ce qui est des candidatures, il ne concerne que le
Conseil de l’Instance ; aucune mesure analogue n’est prévue pour les instances régionales des élections ou pour
les centres et bureaux de vote.
La condition de parité a été supprimée de l’article 6 de la loi de 2012 lors de la révision de la loi organique du 28
décembre 201361 . Ce recul pose un véritable problème de constitutionnalité de la loi créant l’ISIE en ce qu’elle ne
prend pas en compte les dispositions de l’article 46 de la Constitution qui exige de parvenir à la parité au niveau
des conseils élus. Actuellement, sur les neuf membres que comprend le Conseil de l’ISIE, trois sont des femmes62 .
En ce qui concerne son action, l’ISIE mène également des activités de formation destinées à différents publics ainsi
que des sessions de formation à l’intention des formateurs, des coordinateurs et des autres membres des instances
régionales de l’ISIE. Le but est de les former aux pratiques à suivre lors d’élections, telles que les procédures de
vote, de dépouillement et de traitement des résultats du vote63. Une plateforme de formation à distance a également
été lancée en 2017, faisant de la Tunisie le deuxième pays au monde à disposer d’une plateforme d’enseignement
à distance en matière électorale. Cet outil destiné principalement aux agents et collaborateurs locaux de l’ISIE,
comporte également un site ouvert au public, facilitant ainsi l’accès à l’information en matière électorale de la
population tunisienne, et qui peut être utile aux femmes candidates64 .
Puisqu’elles jouent un rôle décisif dans l’élaboration et la mise en place des politiques relative à l’organisation
des élections, les instances électorales peuvent contribuer de manière importante à la promotion de structures
électorales, de règles et de procédures qui soient sensibles au genre et qui peuvent donc favoriser une plus
grande participation des femmes à la vie politique en Tunisie (OCDE, 2017e). Il est donc important que les instances
électorales soient paritaires dans leur composition afin d’être représentatives des principes de parité définies dans
les lois électorales qu’elles mettent en œuvre. L’ISIE peut également considérer la mise en œuvre de structures
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électorales, de règles et de procédures qui favorisent la parité dans les assemblées élues, comme cela est garanti
par la Constitution de 2014 et les lois de 2014 et de 2017 relatives aux élections et référendums.
Enfin, il est important de développer et de renforcer les différentes actions de formation mises en place par l’ISIE
au niveau national et au niveau local en y intégrant une mesure genre concernant la participation des femmes en
tant qu’électrices et candidates. Ceci contribuera à la sensibilisation de l’ensemble de la population tunisienne aux
pratiques électorales transparentes, égalitaires et justes, ce qui pourra ainsi favoriser l’implication des femmes dans
la vie politique du pays.
INSTANCE POUR LES DROITS DE L’HOMME
Cette instance a pour objectif de vérifier que les libertés et les droits humains sont respectés en Tunisie et d’œuvrer à
leur renforcement. Il est obligatoire de la consulter sur tout projet de loi se rapportant à son domaine de compétence.
L’instance formule également des propositions visant à développer le système des droits humains ; elle enquête sur
les cas de violation de ces droits en vue de les régler ou de les soumettre aux autorités compétentes65 . L’Instance
est composée de membres indépendants dont le mandat de six ans n’est pas renouvelable.
Les institutions indépendantes de surveillance ont un rôle primordial en ce qu’elles peuvent porter un regard
global sur l’action du gouvernement et rester neutres et objectives dans leur évaluation de l’élaboration, la mise
en œuvre et l’étude des résultats des politiques publiques mises en place (OCDE, 2018b). Des études montrent
que les institutions indépendantes jouent un rôle de surveillance important pour le respect des droits humains et
en particulier des droits de la femmes dans certains pays de l’OCDE (OCDE, à venir). Certains pays de l’OCDE ont
mis en place une commission permanente indépendante des droits de l’homme, qui est consultée sur les questions
relatives à la défense et à la promotion des droits humains, y compris des droits des femmes. Dans certains pays
comme la Lettonie, ces commissions indépendantes sont également responsables de la promotion de l’intégration
de la dimension genre dans les politiques nationales, mais aussi de la coordination des plans d’action en faveur de
l’égalité des genres. De la même façon, le rôle de l’Instance constitutionnelle pour les droits de l’Homme pourrait être
renforcé afin de lui permettre de traiter toutes les questions relatives aux droits fondamentaux des femmes et lutter
contre les discriminations et violences à leur encontre.
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L’INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE (INS)
Créé en 1969, l’INS est un organisme public rattaché à l’État tunisien qui est au cœur du système national de
statistiques. Ses attributions comprennent entre autres la coordination avec les autres bureaux publics de collecte,
de traitement, d’analyse et de diffusion de l’information statistique, de l’élaboration de recensements, d’enquêtes
et d’indices démographiques, sociaux et économiques ainsi que de l’organisation de la documentation nationale
rassemblant les données recueillies par les différentes structures nationales de statistiques (administrations publiques
ou organismes privés subventionnés ou contrôlés par l’État)66.
L’INS est également présent au niveau régional, où les représentations sont chargées de réaliser les opérations
de collecte et de chiffrage des informations qui seront analysées au niveau national, mais aussi de recueillir des
statistiques portant sur leur zone géographique.
Au cours des dernières années, l’INS a commencé à intégrer l’approche genre dans la production d’indicateurs
statistiques et à organiser des enquêtes démographiques, sociales et économiques relatives à la situation des
femmes en Tunisie.
L’UTILISATION DE DONNÉES VENTILÉES PAR SEXE DANS LES STATISTIQUES
ET ENQUÊTES DES AUTORITÉS PUBLIQUES EN ESPAGNE
En Espagne, l’article 20 de la Loi sur l’égalité réelle des femmes et des hommes prévoit l’inclusion systématique
de données ventilées par sexe dans les statistiques et enquêtes des autorités publiques. Le Plan national statis-
tique, qui couvre une période de quatre ans, est l’instrument principal utilisé par l’Administration Générale de l’État
pour ses annuaires statistiques. Il est approuvé par décret royal et une évaluation ex ante de l’impact selon le sexe
est réalisée au cours de sa rédaction. Une fois le plan approuvé, il est mis en œuvre au moyen de programmes
annuels. Le Plan national actuellement en vigueur couvre la période 2017-2020.
D’autre part, la base de données Mujeres in Cifras (les femmes en chiffres) de l’Institut de la Femme et pour
l’Égalité des Chances (IFEC) contient plus de 300 indicateurs sur la situation des femmes dans différents secteurs.
L’IFEC travaille en étroite collaboration avec l’Institut National des Statistiques espagnol afin de publier en ligne
Mujeres y Hombres en España (les femmes et les hommes en Espagne), qui contient des données actualisées sur
la situation des femmes et des hommes dans les principaux domaines économiques et sociaux.
Source : Institut de la Femme et pour l’Égalité des Chances, Espagne (2018)
Partant du constat que les données relatives au genre publiées par différentes entités et acteurs gouvernementaux,
nationaux et internationaux, ou par la société civile, restent éparpillées et donc difficilement accessibles, l’INS a mis
en place avec le soutien d’ONU Femmes un programme d’analyse approfondie des données disponibles sur les
femmes, ainsi qu’un mécanisme de diffusion périodique de données sur les femmes.
Dans ce cadre, l’INS a ainsi réalisé en 2015 un rapport national d’analyse des indicateurs genre en Tunisie, dont le
but est de regrouper les données relatives aux femmes et aux hommes dans les différents secteurs en Tunisie et de
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les rendre accessibles au plus grand nombre67 .
De plus, une analyse selon l’approche genre des données recueillies lors du Recensement Général de la Population
et de l’Habitat de 2014 (RGPH2014) a été élaborée en 2016, donnant ainsi une vision globale de la situation des
femmes en Tunisie qui sera nécessaire pour l’élaboration de lois et de politiques publiques favorisant l’égalité entre
les hommes et les femmes68.
L’utilisation de données dans l’élaboration des politiques publiques permet aux gouvernements d’améliorer leur
performance, de soutenir une croissance inclusive et de renforcer la confiance de la population dans les institutions
en prenant en compte la différence d’impact que peut avoir une politique sur différents groupes (OCDE, 2014).
L’utilisation de données ventilées par sexe dans l’élaboration des différentes politiques sectorielles et la prise en
compte de l’impact différencié des politiques publiques sur les femmes et les hommes sont essentielles à l’intégration
effective de la dimension genre dans les politiques du gouvernement. Ainsi, les données sensibles au genre doivent
être collectées et analysées selon un cadre clairement défini qui reflète la stratégie du gouvernement ; cela permet
de s’assurer que les priorités en matière d’égalité entre les femmes et les hommes sont en adéquation avec la
stratégie générale, et que les progrès et les résultats obtenus puissent être mesurés de façon simple (OCDE, 2017d).
Au contraire, l’absence de données ventilées par sexe complique fortement la compréhension et la mesure de
l’impact des politiques en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.
De nombreux pays de l’OCDE ont mis en place une unité spécifique au sein de leur institut national de statistiques
qui est chargée de mettre en place des mécanismes de coordination pour déterminer les besoins transversaux
en matière de données ventilées par sexe, et qui est également responsable de l’identification systématique des
informations manquantes en matière d’égalité des genres. Les institutions nationales en charge de la question du
genre peuvent également jouer un rôle important dans la conception d’indicateurs genre qui pourront être utilisés
pour élaborer les politiques publiques. Par exemple, le Conseil de la Maison Blanche sur les femmes et les filles
a publié en 2011 un ensemble d’indicateurs mesurant le bien-être social et économique selon cinq domaines –
individus, famille et salaire ; éducation ; emploi ; santé ; crime et violence – afin de rassembler des données sur
l’évolution de la situation des femmes aux États-Unis au cours du temps (OCDE, 2014).
La Tunisie pourra considérer le renforcement de la production des données ventilées par sexe, qui sont essentielles
pour élaborer et orienter des politiques et des lois pertinentes et adaptées.
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RECOMMANDATIONS CLÉS
L’Etat pourrait considérer :
1 - La révision du cadre institutionnel :
Réviser la loi organique relative à l’instance supérieure indépendante pour les
élections afin d’y inclure une obligation légale de parité dans les conseils élus, à la
fois au sein du Conseil et des instances régionales de l’ISIE.
■ Doter l’Instance constitutionnelle des droits de l’Homme des attributions et des
moyens nécessaires à son fonctionnement effectif (lui permettre de traiter toutes
les questions relatives aux droits fondamentaux des femmes et lutter contre les
discriminations et violences à leur encontre).
2 - La collecte et l’analyse des données :
■ Mettre en place des systèmes de collecte de données ventilées par sexe et des
analyses de données plus précises et plus régulières pour pallier la volatilité
des indicateurs mesurés, comme le nombre d’organisations de la société civile.
Ces données ventilées par sexe sont essentielles pour élaborer et orienter des
politiques et des lois pertinentes et adaptées qui intègrent l’égalité entre les
femmes et les hommes.
■ Améliorer la collecte, l’analyse et la compilation de données, ventilées par sexe, sur
le nombre de femmes aux postes de décision dans l’administration publique et aux
postes d’élus, en mettant l’accent sur le niveau local.
Inclure une dimension genre dans tous les plans statistiques nationaux.
■ Publier les statistiques et les rendre accessibles aux institutions publiques
au niveau central mais aussi au niveau local, aux organes chargés des droits de
l’Homme, aux organisations de la société civile, voire à tous les citoyens dans leur
ensemble, afin d’organiser la prévention et la lutte à partir de preuves précises.
■ Élaborer des indicateurs pertinents pour suivre l’évolution de l’égalité femmes-
hommes et de la non-discrimination.
Utiliser et valoriser le travail des institutions académiques, telles que les
universités, et des centres de recherches indépendants comme sources de
collecte et d’analyse des données.
Renforcer les capacités matérielles, humaines et financières des organisations
de la société civile afin qu’elles puissent mener des collectes et analyses de
données fiables et performantes.
Réviser l’étude du CREDIF de 2013 sur les associations qui œuvrent pour l’égalité
femmes-hommes en Tunisie et y inclure des données sur la présence des femmes
dans les autres organisations de la société civile.
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À RETENIR

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CHAPITRE 4
Les partis politiques : un acteur clé de la participation
des femmes à la vie politique locale
Les partis politiques sont un acteur clé de la participation politique des femmes. Le rôle que jouent
les partis politiques, leurs réglementations, leurs structures et leurs pratiques peuvent affecter
positivement ou négativement la participation des femmes à la vie politique. Les partis sont
légalement tenus de respecter dans leur constitution, leur fonctionnement et leurs programmes
les principes fondamentaux d’égalité et de non-discrimination ; cependant, les femmes restent
largement sous-représentées au sein des partis et en particulier au sein des instances dirigeantes.
Ce chapitre présente le cadre légal et structurel régissant l’organisation et le fonctionnement
des partis politiques, les nombreux obstacles à la participation des femmes à la vie politique en
Tunisie qui sont liés à la fois à la vision négative de la politique en général et du rôle des femmes
en politique qui se développe dans le pays, et à des pratiques et une culture persistantes au
sein des partis qui peuvent exclure les femmes. Les recommandations présentées à la fin de ce
chapitre préconisent la réforme de la loi sur les partis politiques et la mise en place de mesures
volontaristes pour améliorer la présence politique, l’autonomie, la progression de carrière et le
leadership des femmes au sein des partis. Elles invitent également les partis politiques à favoriser
la mise en place de pratiques et de mécanismes permettant aux femmes de participer pleinement
à tous les aspects de la vie politique.
Dans les pays de l’OCDE, les partis politiques sont un acteur clé de la vie démocratique et de la participation
politique des femmes, en particulier au niveau local où la majorité des femmes entre dans la vie politique par
l’intermédiaire d’un parti politique. Les partis sont responsables de la préparation et de la sélection des candidates
qui se présentent aux élections. De plus, au sein même du Parlement, les partis ont un rôle déterminant dans
l’attribution des postes de décision dans les différents groupes parlementaires et les commissions. Ils collectent,
analysent et diffusent également des informations sur la participation des femmes comme candidates. Enfin, les
partis politiques ont une fonction de soutien essentielle au développement et à l’avancement professionnel des
femmes à la fois comme candidates puis comme élues (OCDE, 2018b).
La transition démocratique en Tunisie s’est accompagnée de l’émergence d’un système partisan pluraliste mais
qui demeure fluctuant et marqué par son faible ancrage territorial. Cette dynamique partisane s’est traduite par la
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À PROPOS

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création de plus de 200 nouveaux partis politiques.
Les principes d’égalité et de non-discrimination sont explicitement inscrits dans la Constitution, dans le décret-loi
n°2011-87 du 24 septembre 2011 portant sur l’organisation des partis politiques69 ainsi que dans les statuts, règlements
internes et programmes des partis politiques.
L’article 2 du décret-loi n°87 de 2011 définit le parti politique comme « une association constituée sur la base d’un
accord entre citoyens tunisiens qui contribue à l’encadrement politique des citoyens et à la consécration des valeurs
de la citoyenneté. Il a pour objectif la participation aux élections en vue d’exercer le pouvoir au niveau national,
régional ou local ».
L’article 35 de la Constitution garantit la liberté de former des partis politiques. Ceux-ci sont tenus dans leurs statuts
et leurs activités de respecter les dispositions de la Constitution et de la loi ainsi que la transparence financière et le
rejet de la violence. Le décret-loi garantit aux femmes et aux hommes, sur une base égalitaire, le droit de former un
parti politique et d’agir dans son cadre tout en subordonnant cette liberté à certaines conditions prévues aux articles
6 et 7 du décret-loi, telles que la condition de nationalité, la jouissance de droits civils et politiques et un âge minimum
de 16 ans pour les adhérents.
En tant que principaux acteurs de la vie démocratique, les partis politiques obéissent dans leur constitution, leur
fonctionnement et leurs programmes, aux principes fondamentaux d’égalité et de non-discrimination. Selon l’article
3 du décret-loi, les partis politiques sont tenus, dans le cadre de leurs statuts, activités et financement, de respecter
« les principes de la République, la primauté de la loi, la démocratie, la pluralité, l’alternance pacifique au pouvoir, la
transparence, l’égalité, la neutralité de l’administration, des lieux de culte et des services publics, l’indépendance
de la justice et les droits de l’Homme tels que définis dans les conventions internationales » ratifiées par la Tunisie.
Il est en outre interdit aux partis, selon l’article 4 du même texte, de s’appuyer dans leurs statuts, communiqués,
programmes ou activités sur l’incitation à la violence, à la haine, à l’intolérance et à la discrimination fondée sur la
religion, la catégorie, le sexe ou la région.
En comparant ces dispositions avec l’article 8 de la Constitution de 195970, nous constatons que ce dernier était plus
restrictif quant aux conditions et critères à respecter par les partis politiques. Ainsi, outre la souveraineté du peuple,
les valeurs de la République, les droits de l’Homme, les partis étaient dans l’obligation de respecter les principes
relatifs au statut personnel. Ils s’engageaient aussi à bannir toute forme de violence, de fanatisme, de racisme et toute
forme de discrimination. De surcroît, un parti politique ne pouvait s’appuyer fondamentalement, dans ses principes,
objectifs, activités ou programmes, sur une religion, une langue, une race, un sexe ou une région.
Cependant, les femmes restent largement sous-représentées dans les partis politiques et les possibilités pour elles
de participer à la vie politique au sein des conseils élus locaux et aux postes de leadership dans les collectivités
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territoriales sont rares. Depuis la révolution de 2011, plus de 200 partis ont été créés, mais seuls quelques-uns
sont présidés par des femmes. Il s’agit notamment de Maya Jribi à la tête du Parti républicain (ex-Parti Démocrate
Progressiste), d’Emna Mansour Karoui du Mouvement démocratique pour la réforme et la construction, de Meriem
Mnaour du Parti tunisien et d’Abir Moussi du Parti destourien libre. Les femmes représentent à peu près 10% des
militants des partis politiques. Bien qu’elles soient plutôt bien représentées dans les partis au niveau local ou dans
des rôles subalternes, elles sont particulièrement sous-représentées aux postes de pouvoir.
L’absence des femmes dans les postes les plus importants au sein des partis politiques est due en partie à l’égalité
neutre définie dans la loi régissant la Constitution et le fonctionnement des partis politiques. En effet, si la loi garantit
le principe de non-discrimination entre les femmes et les hommes au sein des partis politiques, elle n’instaure pas
de mesures positives en vue de renforcer la participation des femmes. Cela peut désavantager les femmes qui ont
souvent des responsabilités familiales prenantes ; leur manque de disponibilité peut ainsi limiter ou même les faire
renoncer à leur engagement politique.
De la même façon, les statuts et règlements internes des partis se caractérisent généralement par l’absence de
sensibilité au genre, perpétuant ainsi la faiblesse du niveau de participation féminine, notamment dans les postes
de décision.
Toutefois, depuis quelques années certains partis ont instauré quelques correctifs plus au moins efficaces, tels que
des quotas volontaires de femmes pour la composition des organes dirigeants aux niveaux national et régional et
l’institutionnalisation d’un groupe « femmes » au sein du parti. Ainsi, le mouvement d’Ennadha a voté en 2016, lors de
la session du conseil de la Choura, une proposition portant modification au statut interne du mouvement et prévoyant
la représentation des femmes au sein du Conseil de la Choura avec un quota de 10 %. Le règlement intérieur du
mouvement révisé en 2016 prévoit également un quota de 30 % de femmes et de jeunes pour les seuls conseils
locaux. Quant au mouvement Nidaa Tounes, ses textes internes prévoient la création d’un secrétariat national chargé
de la femme, d’une commission nationale des femmes et de commissions régionales des femmes dont les membres
sont d’office représentés dans le bureau exécutif et les bureaux régionaux. Est également prévue la création d’une
organisation des femmes du mouvement Nidaa Tounes, instituée sur la base de l’article 34 du statut (Limam, 2017).
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LA SENSIBILISATION DES PARTIS POLITIQUES AUX QUESTIONS DE GENRE
DANS LES PAYS DE L’OCDE
En Allemagne, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) a adopté en 1996 un quota de 33% pour les responsables du
parti. Si ce quota n’est pas atteint, de nouvelles élections internes doivent être organisées.
Aux États-Unis, le Parti démocrate a adopté une série de mesures en faveur de la participation des femmes
déléguées aux Conventions nationales de nomination du Parti démocrate. À la suite d’une campagne de lobby-
ing interne menée par les femmes au sein du parti, qui fut soutenue par les dirigeants du parti, la Charte du parti
exige désormais qu’il y ait un nombre égal de femmes et d’hommes parmi les délégués à la Convention nationale.
En Australie, l’Organisation des Femmes au sein du Parti travailliste organise chaque année une conférence pour
permettre aux femmes d’échanger sur les questions de politique, de faire pression sur des questions spécifiques,
mais aussi de constituer un réseau.
Au Mexique, le Parti action nationale (PAN) a transformé l’association de femmes présentes au sein du parti en
une plateforme opérationnelle pour promouvoir l’accès des femmes aux postes de décision. Par exemple, lors
des élections, le Secrétariat National pour la Promotion Politiques des Femmes du PAN a fait pression sur les
dirigeants locaux et nationaux du parti afin que le parti présente plus de femmes candidates. Le parti s’assure
également que les projets de textes du parti soient envoyés à la section des femmes du parti afin qu’ils soient
examinés dans une optique sexospécifique avant d’être finalisés.
Source: Ballington, Julia (2011), Empowering Women for Stronger Political Parties: A Guidebook to Promote Women’s Political Participation, Nation-
al Democratic Institute for International Affairs and United Nations Development Program, pp.15-20,
https://www.ndi.org/sites/default/files/Empowering-Women-Full-Case-Study-ENG.pdf
Les parlements et autres organes délibératifs sont mandatés pour représenter et servir la population. Pour ce faire,
il est important que ces organes reflètent la composition de cette dernière, ce qui passe par une représentation
équilibrée des femmes et des hommes au sein des partis politiques (OCDE, 2018b). Cette parité numérique n’aboutit
à une vraie égalité que si elle se reflète dans l’importance des postes qu’occupent les femmes et les hommes, afin
qu’elles soient capables d’exercer une réelle influence sur l’élaboration des lois et politiques d’égal à égal avec leurs
collègues masculins.
En tant que « gardiens » de l’accès des femmes aux mandats politiques, par exemple, les partis politiques jouent
de manière générale un rôle décisif dans la sélection au sein du vivier des candidates potentielles ; ils continuent
d’influencer l’accès des femmes aux positions dirigeantes au sein des assemblées élues, qu’il s’agisse du Parlement
ou bien d’une municipalité.
Les partis sont encouragés à renforcer leurs capacités de rassembler des informations sur le nombre de femmes
candidates et la nature de leurs compétences afin de les aider à identifier des candidates adaptées pour leurs listes
et pour les postes les plus importants au sein des assemblées élues, et aussi mettre en place des mesures efficaces
pour renforcer la participation des femmes au sein des partis politiques, en particulier aux postes de décision.
Dans de nombreux pays de l’OCDE, les partis politiques ont mis en place un large éventail de mesures qui part des
quotas volontaires aux quotas obligatoires de femmes pour les candidats ou les listes des partis, avec un plancher
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de 30%, des obligations relatives au positionnement des femmes sur les listes (comme le principe d’alternance),
des mécanismes d’exécution comme des sanctions (par exemple, le rejet d’une liste de candidats ou des pénalités
financières) ou des incitations, comme l’accès à des financements publics additionnels si les femmes sont représentées
en nombre suffisant au sein du parti (OCDE, 2018b).
De la même façon, une réforme de la loi régissant le fonctionnement et l’organisation des partis politiques en Tunisie
afin d’y inscrire l’obligation de fixer un quota de femmes à atteindre sur les listes électorales et de développer un
système de représentation équilibrée entre femmes et hommes dans les instances dirigeantes des partis politiques
pourra favoriser la participation des femmes à la vie politique d’égal à égal avec les hommes.
Des mesures positives non obligatoires, comme par exemple la mise en place de mesures positives volontaristes
(comme les quotas ou objectifs non obligatoires), peuvent également être adoptées par les partis politiques ; en plus
de promouvoir les candidatures et la représentation des femmes en leur sein, ces mesures positives volontaristes
peuvent montrer l’adhésion d’un parti au principe de l’égalité et à une égale représentation, et démontrer ainsi la
sincérité de son engagement envers l’égalité entre les femmes et les hommes (OCDE, 2018b).
Il existe de nombreux autres obstacles à la participation des femmes à la vie politique en Tunisie. Ils sont liés à la
fois à la vision négative qu’ont les Tunisiennes et Tunisiens de la politique en général mais aussi de l’engagement
des femmes en politique, et à des pratiques et une culture persistantes au sein des partis qui peuvent exclure les
femmes. Ces obstacles sont présentés dans les parties qui suivent.
Une vision négative de la politique dans la société tunisienne
Une apathie politique générale et un désintérêt politique peuvent être observés chez les Tunisiens. Ces derniers
gardent un goût amer des événements qui ont suivi la révolution (attaques terroristes, attentats, corruption71,
malversations, forte inflation, chômage72 en particulier chez les diplômés, enrichissement illicite, conflits d‘intérêt),
en particulier dans un contexte marqué aujourd’hui par une forte instabilité politique, économique et sociale : « Le
système souffre d’une image négative des partis en général, et plus spécifiquement de la démocratie représentative
qui façonne le choix de la participation politique » (Centre de recherches pour le développement international, s.d.).
Selon un sondage d’opinion mené en mai 2016 sur les partis politiques à l´épreuve des aspirations des régions73, 72 % des
Tunisiens ont une mauvaise image des partis politiques, dont 44 % en ont une très mauvaise image ; 86 % des personnes
interrogées considèrent que les partis politiques ne se présentent dans leurs régions que pendant les campagnes électorales
et 66 % pensent qu´il est difficile d´accéder aux élus et chefs des partis dans leur région. Seuls 25 % des Tunisiens pensent
que les partis politiques interprètent correctement les attentes des citoyens, 24 % que les partis politiques sont actifs dans leur
région et 22 % que les partis politiques traitent sérieusement leurs problèmes. Ces taux traduisent l’ampleur de la défiance
des Tunisiens à l’égard des partis pour des motifs à la fois conjoncturels et structurels.
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Les jeunes Tunisiens sont particulièrement déçus par le contexte politique actuel du pays (OCDE, 2016a) : moins de
50% des jeunes entre 15 et 29 ans font confiance en leur gouvernement, taux nettement moindre que celui du groupe
des plus de 50 ans. La confiance des jeunes dans les institutions politiques en général est encore plus faible ; seuls 8.8
% des jeunes des zones rurales et 31.1 % des jeunes citadins ont confiance dans les institutions politiques (BIRD, 2014).
Actuellement, cette perte de confiance et d’intérêt de la population tunisienne à l’égard de la politique se reflète
également dans la baisse du taux de participation aux élections. Si 67.7 % des électeurs inscrits ont voté lors des
législatives de 2014 (IND, 2015), seulement 33,7% des électeurs inscrits sur les listes électorales ont voté pour les
élections municipales du 6 mai dernier74. Le taux de participation était plus bas que la moyenne dans les gouvernorats
de Tunis (26% à Tunis I et 33% à Tunis II) et de Kairouan (33%)75.
Des connaissances politiques locales encore limitées au sein de la population tunisienne
D’après de nombreux témoignages recueillis à Kairouan et à Tunis, seule une fraction minoritaire de la population a
déjà participé aux élections municipales, en tant que candidats ou même en tant qu’électeurs. Par conséquent, une
grande partie de la population, dont les candidates aux prochaines élections, n’a qu’une connaissance limitée des
mandats et fonctions au sein des conseils locaux, du budget et des services que ces derniers peuvent ou non offrir
aux citoyens. Ces témoignages ont en outre mis en avant le manque d’information de certaines candidates au sujet
de leur position sur la liste de leur parti.
RENFORCER LES CAPACITÉS DES FEMMES CANDIDATES
AUX ÉLECTIONS MUNICIPALES EN TUNISIE
Dans le cadre du projet entre l’OCDE et la Tunisie « Gouvernement ouvert et inclusif : au niveau du Parlement,
des conseils municipaux et de l’élaboration des politiques publiques en Tunisie », l’OCDE a organisé en mars et
avril 2018 à Kairouan, Tunis, Sfax, Béja et Nabeul, en coopération avec l’ARP,
cinq formations à l’intention des
candidates
se présentant aux élections municipales du 6 mai 2018.
Le but du projet est de promouvoir la participation des femmes dans la vie politique aux niveaux national et local
ainsi qu’à l’élaboration des politiques publiques en Tunisie. Ainsi, les formations ont pour objectif de renforcer les
capacités des femmes candidates au leadership politique et de bien les préparer à se lancer dans le processus
électoral. Pour ce faire, les sessions s’articulent autour de quatre thèmes principaux : l’introduction au cadre ju-
ridique local ; l’organisation de campagnes efficaces ; le financement de campagne et la gestion financière des
candidates/membres élues ; enfin, le renforcement des capacités et de la confiance en soi des femmes candi-
dates. Elles sont dispensées par des formateurs hommes et femmes préalablement formés par l’OCDE au cours
de deux « formations des formateurs », organisées à Tunis en septembre 2017 et en février 2018.
Plus de 300 candidates ont participé à ces cinq formations, qui ont rassemblé des participantes de neuf partis
politiques présents au sein de l’ARP ainsi que des candidates d’une quinzaine de listes indépendantes.
Au cours de ces formations, les candidates ont pu bénéficier du témoignage de députées tunisiennes et d’une
élue locale française, qui ont partagé avec elles leur expérience en tant que candidates mais également en tant
qu’élues.
Au cours de leur intervention, chacune des élues a insisté sur l’importance de proposer un programme réaliste
qui reflète les intérêts des citoyens de leur municipalité, mais aussi sur l’importance de communiquer avec leurs
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électeurs ; ces éléments sont essentiels pour construire une campagne efficace pouvant convaincre les électeurs
et leur donner l’envie de s’investir dans la vie politique locale à travers leur vote.
Les participantes ont également en apprendre davantage sur les différentes fonctions et attributions d’une mu-
nicipalité ainsi que sur le cadre légal régissant le déroulement des élections municipales au cours d’une session
donnée par un représentant du ministère des Affaires Locales et de l’Environnement.
Sur les 315 candidates formées à Kairouan, Tunis, Béja, Sfax et Nabeul, 97 ont obtenu un siège de conseillère
municipale lors des élections du 6 mai 2018, soit un taux de réussite de
30.8 %.
De plus, dans le cadre du projet pour « Le renforcement de la participation des femmes à la prise de décision
à tous les niveaux de l’administration publique et à la consolidation des conseils locaux élus en Tunisie »
soutenu par AECID-Espagne, deux séances de travail auxquelles ont participé des représentants d’institutions
publiques clés, des députées, des organisations de la société civile, des médias, des femmes et des hommes
candidats aux élections municipales furent organisées à Kairouan le 5 mars et à Tunis le 12 mars 2018. Ces
séances ont permis aux femmes engagées dans la vie politique locale d’échanger entre elles mais aussi avec
les autres acteurs politiques et de la société civile tunisienne ainsi qu’avec les pairs de l’OCDE sur les obstacles
à surmonter, les réformes à engager, les pratiques qui peuvent fonctionner, les leçons à apprendre et les recom-
mandations de l’OCDE afin que la participation efficace et effective des femmes dans les élections et ensuite
dans la vie politique locale puissent devenir une réalité.
Une perception du rôle des femmes dans la vie politique qui reste négative, notamment dans
les zones rurales et chez les jeunes
Les jeunes sont les plus réfractaires à la participation des femmes à la vie politique : seuls 30 % des 18-29 ans la
soutiennent, tandis que 71 % des 45-59 ans y sont favorables. De la même façon, 43 % seulement des 18-29 ans
encouragent l’application de la parité femmes-hommes sur les listes électorales, contre 57 % des 60 ans et plus
(PNUD, 2013).
COMMENT LES HABITANTS DE TUNIS ET DE KAIROUAN PERCOIVENT-ILS
LA PARTICIPATION DES FEMMES À LA VIE POLITIQUE EN TUNISIE ?
Tunis est classé en 7e position et Kairouan en 17e position des gouvernorats tunisiens en faveur de la participation
des femmes à la vie politique.
Parmi les personnes interrogées à Tunis, 71 % sont pour la participation des femmes à la vie politique ; 23 % d’entre
elles évoquent le principe de l’égalité hommes-femmes pour étayer leur opinion. De plus, 61 % des habitants de
Tunis sont favorables à l’application de la parité hommes-femmes sur les listes électorales des prochaines élec-
tions tandis que 31 % n’y sont pas favorables.
Les habitants femmes et hommes de Kairouan interrogés sont 60 % à être favorables à la participation des femmes
à la vie politique ; 37 % des hommes interrogés sont favorables à l’application de la parité hommes-femmes sur les
listes électorales des prochaines élections.
Source : Sondage sur la perception des Tunisiens de la participation de la femme à la vie politique en Tunisie, Rapport d’Analyse, PNUD, Décem-
bre 2013.
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Des partis politiques aux moyens inégaux mais dont la culture et les pratiques excluent les
femmes
Les élections municipales se sont déroulées dans 350 circonscriptions électorales avec un nombre total de 7 206
sièges. Or, le maillage territorial des partis politiques est fortement limité et inégalitaire. Ainsi, certains partis n’ont
pas mobilisé de femmes parce qu’ils n´ont pas ou ne se donnent pas les moyens politiques de le faire. Il existe aussi
de grandes différences de moyens matériels entre les partis, ce qui affecte fortement la mobilisation mais aussi plus
généralement le fonctionnement du parti.
Un monde politique qui reste difficile d’accès pour les femmes
La politique reste largement une affaire d’hommes. Les partis politiques, supposés être un espace d’apprentissage
de la citoyenneté et de la conquête du pouvoir, sont toujours le pré-carré des hommes. Les femmes y sont peu
représentées et la question de l’égalité femmes-hommes, récurrente dans la rhétorique, n’est généralement pas
déclinée en programmes et principes organisationnels concrets.
Si la parité reste enfermée par les partis politiques dans une logique conjoncturelle et cyclique, elle ne pourra
avoir aucun effet réel et profond sur l’ancrage du leadership féminin dans la société. Un tel objectif ne peut être
atteint sans l’engagement des partis en faveur des valeurs de l’égalité et de la non-discrimination, non seulement
diffusées par le discours mais aussi illustrées par des mesures positives prises dans ce sens, pour ce qui est de leur
composition et de leur fonctionnement internes.
De surcroît, il existe un décalage important entre la forte capacité d’engagement, de mobilisation et de participation
des femmes et leur représentation effective dans les structures des partis politiques, notamment au plus haut niveau.
Les obstacles qui empêchent une participation aux instances exécutives décisionnaires des partis persistent parce
que le nombre d’hommes y est de loin supérieur à celui des femmes, mais aussi parce que celles-ci ont du mal à
disposer des ressources et des réseaux qui leur sont nécessaires pour une telle ascension. D’autres obstacles sont
à relever : d’abord l’inadaptation des pratiques de la vie partisane aux responsabilités quotidiennes des femmes et
à leur budget-temps ; ensuite la prédominance de la culture masculine dans les partis politiques, ce qui pousse les
femmes à préférer l’activisme dans des espaces moins fermés pour elles, d’où une plus forte participation dans la
société civile. Aussi la « perfection » exigée des femmes qui sont actives dans des domaines considérés comme
masculins, fait que les femmes hésitent à prendre l’initiative ou la parole quand elles sont entourées d’une majorité
d’hommes. De plus, selon les témoignages recueillis durant les missions de collecte de données, les femmes sont
parfois victimes de harcèlement et de pressions de la part de certains hommes qui cherchent à les déstabiliser dans
le seul but de gagner les élections contre elles. Cette discrimination visant les femmes puise ses racines profondes
dans le système de valeurs patriarcales qui emprisonne les femmes dans la sphère domestique, décourage leur
participation à la vie publique, et scelle leur subordination aux hommes. Ce système met également l’accent sur la
discrétion, la maternité et le dévouement aux enfants comme étant des valeurs féminines premières.
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RECOMMANDATIONS CLÉS
L’État pourrait considérer :
1 – l’insertion de certaines mesures dans la loi sur les partis politiques pour permettre
aux femmes d’accéder aux postes de décision, et notamment :

la mise en place, sur une base légale, d’un système de représentation
équilibrée entre femmes et hommes dans les instances dirigeantes des partis
politiques.
l’adoption des mesures volontaristes pour améliorer la présence politique,
l’autonomie, la progression de carrière et le leadership des femmes au sein
des partis, grâce, par exemple, à des procédures et à des méthodes de travail
claires et transparentes en matière de recrutement et de développement de
carrière qui intègrent une perspective de genre.
2 – Inviter les partis politiques à:
■ Favoriser la mise en place de pratiques et de mécanismes permettant aux femmes
de participer pleinement à tous les aspects de la vie politique.
Adopter des mesures en faveur de l’équilibre entre vie professionnelle et vie
personnelle pour permettre aux femmes de s’engager plus fermement dans le
parti politique, grâce, par exemple, à des heures de travail plus convenables et des
méthodes plus inclusives et plus participatives.
■ Utiliser un langage inclusif pour le travail et la communication du parti politique.
Mettre en place des organes « genre » formels et informels au sein des partis
politiques, comme
■ une commission de l’égalité des sexes et de l’intégration de la perspective
genre ;
■ des canaux et réseaux permettant aux femmes d’exprimer leurs opinions et de
prendre ces opinions en compte, notamment au niveau local.
Sensibiliser les membres des partis politiques à l’égalité femmes-hommes, au
travers d’actions de formation à l’égalité (formation, guides, mentorat, coaching)
et à la sensibilisation des anciens et des nouveaux membres du parti, hommes et
femmes, en particulier ceux qui occupent des postes à responsabilités.
■ Organiser des programmes spécifiques de formation au leadership, d’encadrement
et de mentorat pour les femmes avant, pendant et après les élections locales.
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CHAPITRE 5
Renforcer la société civile et sensibiliser les médias
à l’égalité et la participation des femmes dans la vie
publique et politique
Les organisations de la société civile et les médias peuvent jouer un rôle primordial dans la
promotion des femmes comme acteurs politiques à part entière. La société civile est aussi un
acteur clé dans la préparation et la formation des femmes qui souhaitent se lancer dans la
politique. Ce chapitre montre que si la société civile s’est développée au cours des dernières
années en Tunisie, elle manque souvent de ressources et d’organisation. Les médias ont quant à
eux un rôle clé à jouer dans la lutte contre les stéréotypes liés au genre et plus particulièrement
dans la promotion de la participation des femmes à la vie publique ; cependant, la couverture
médiatique de la vie politique en Tunisie reste pour le moment largement discriminatoire envers
les femmes. Ce chapitre abordera les défis, opportunités et recommandations proposées par
l’OCDE afin que les organisations de la société civile et les médias s’engagent plus en faveur de
l’égalité entre les femmes et les hommes.
Les expériences ont montré que, afin de renforcer la participation politique des femmes et en particulier au niveau
local, il est important de promouvoir les droits et le rôle que les femmes doivent avoir dans la vie politique afin d’être
les égales des hommes dans l’espace public. Les organisations de la société civile et les médias jouent un rôle
primordial dans la promotion des femmes comme acteurs politiques à part entière en ce qu’ils donnent de la visibilité
à ces femmes auprès de l’ensemble de la société tunisienne, une visibilité qui est essentielle pour faire évoluer les
mentalités et lutter contre les stéréotypes liés au genre qui entravent aujourd’hui la participation des femmes à la vie
publique.
RENFORCER LA SOCIÉTÉ CIVILE
Le paysage associatif tunisien a connu une dynamique nouvelle qui s’est accélérée avec la mise en place en 2011 d’un
nouveau cadre légal régissant les associations. Désormais, la société civile tunisienne est composée d’une multitude
d’organisations, souvent récentes, en plus de plusieurs associations pionnières, militantes et expérimentées.
Selon les statistiques nationales, le nombre d’associations de la société civile en Tunisie est passé de 173 en 2010, à
1 939 en 2011 et à 3 228 en 2012. En 2014, près 16 000 associations étaient enregistrées dans le pays (INS et ONU
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Femmes, 2015) ; ce nombre a atteint 21 198 en mars 2018 (IFEDA, 2018). Le nouveau contexte politique tunisien après
2011 et l’application de la nouvelle loi sur les associations la même année expliquent le rythme rapide de création
d’associations au cours des dernières années (CREDIF, 2013a).
Selon le Centre d’information, de formation, d’études et de documentation sur les associations (IFEDA), les associations
féminines représentaient en 2017 0.85 % du nombre total d’associations tunisiennes, soit 180 associations dont 46
ont leur siège à Tunis76. En 2013, 244 associations tunisiennes étaient identifiées comme intégrant l’égalité des
chances entre les femmes et les hommes à des degrés divers dans leurs actions et/ou leurs pratiques (CREDIFa,
2013).
L’étude du CREDIF (2013a) montre que « la parité est réalisée dans les associations qui œuvrent pour l’égalité des
chances entre les sexes » en Tunisie, dans la mesure où, dans ces associations, « plus de la moitié des postes
décisionnels sont occupés par des femmes »77. Il serait intéressant d’analyser la situation de toutes les autres
associations afin de déduire dans quelle mesure celles-ci sont sensibles à l’égalité et incluent dans leurs structures
et composition un nombre égal de femmes et d’hommes.
Même s’il existe aujourd’hui de nombreuses associations féminines en Tunisie, des défis persistent néanmoins en
ce qui concerne le fonctionnement et l’impact que peuvent avoir ces associations sur la société dans son ensemble.
L’étude menée par CAWTAR et al. (2012) met ainsi en avant « le manque de professionnalisme dans la définition et la
mise en œuvre des interventions des associations, les besoins en financements, la persistance de l’héritage d’une
‘culture du parti unique et de la présidence à vie’ menaçant la démocratie interne, une faible intégration de l’approche
genre, les difficultés d’identifier des besoins communs et des actions ». Les principales recommandations de cette
étude portent sur le renforcement des compétences, l’aide à l’identification des besoins, et le développement de
mesures d’accompagnement dont le but est de « changer les attitudes dans les relations de genre » et de « faire des
droits des femmes l’affaire de tous et pas seulement des militantes féministes », comme le fit, par exemple, la Ligue
des Électrices Tunisiennes (LET).
Le faible développement et le manque de ressources des organisations civiles est particulièrement visible dans
les zones rurales, comme par exemple dans la région de Kairouan. Le gouvernorat étant en grande partie rural, la
société civile s’est chargée de former les habitants à des compétences humaines (soft skills). Des associations dont
l’objet est de soutenir les femmes qui se présentent comme candidates se sont multipliées et s’attachent à renforcer
les capacités des femmes candidates. D’autres associations encouragent les électrices à s’inscrire et à voter, ou
surveillent la bonne marche des élections. La collecte de données organisée en mai 2017 fut l’occasion de voir que
deux associations féminines avaient été créées récemment à Kairouan : « Femmes et Leadership » et « Association
Tunisienne des Femmes Démocrates ».
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Cependant, malgré les efforts de la société civile, la dynamique reste faible : selon certains témoignages recueillis
durant la mission de collecte de données à Kairouan, s’il existe des réseaux d’associations ainsi qu’un réseau spécial
d’associations contre les violences faites aux femmes, il s’agit toutefois d’initiatives associatives et de groupes
d’associations qui sont encore peu actifs. Ces témoignages révèlent aussi que le manque de fonds est un obstacle
important à la création de réseaux d’associations dans le gouvernorat.
LE SOUTIEN AUX ORGANISATIONS DE FEMMES EN ESPAGNE
La participation des associations de femmes, dont le rôle est crucial en ce qu’elles encouragent la participation
des femmes à la vie politique, est favorisée par la mise en place de subventions annuelles destinées aux asso-
ciations nationales et autres organisations qui leur permettent de mener des projets et des activités. D’autres
actions de soutien à ces associations ont également été mises en place, telles que la mise à disposition de locaux
gratuits à titre permanent, ou encore une aide et assistance techniques destinées aux organisations non-gouver-
nementales.
Source : Informations recueillies auprès du gouvernement espagnol (2018)
Les organisations de la société civile jouent un rôle majeur dans le renforcement de la participation des femmes
dans la vie politique. En donnant une voix à la fois aux femmes et aux hommes, ces organisations sont un instrument
clé qui peut influencer des réformes politiques et la mise en place de politiques publiques en faveur de l’égalité
(OCDE, 2014).
Elles peuvent également être un moyen de compenser l’exclusion des femmes des postes de décision politique et
syndicale en leur permettant de donner une autre forme à l’exercice de leurs droits et devoirs de citoyennes sans
adhérer aux partis politiques, et de proposer à ces derniers des modèles d’égalité là où ils ont échoué à les instaurer.
Par l’intermédiaire de ces organisations et associations, les femmes peuvent avoir accès à des campagnes de
sensibilisation, des programmes de formations, des ateliers et des conférences afin de se préparer à se lancer dans
la politique. Enfin, ces organisations offrent la possibilité aux femmes de se constituer un réseau de connaissances
dans lequel elles peuvent partager leur expérience et mettre en commun leurs relations et leurs ressources, un
réseau qui est un avantage significatif lorsque les femmes veulent se lancer en politique.
Certains pays de l’OCDE comme l’Espagne ont mis en place des subventions financières et une aide matérielle
et technique à destination des organisations de femmes afin de les soutenir dans la mise en œuvre de projets et
d’actions destinés à promouvoir la participation des femmes à la vie publique. De la même façon, un soutien financier,
matériel ou humain aux organisations de la société civile qui sont engagées sur la question de la participation des
femmes au niveau local, et en particulier dans les zones rurales, pourrait permettre à ces associations de développer
leurs activités et d’ainsi renforcer le soutien apporté aux femmes qui veulent s’engager en politique, mais aussi à
l’ensemble des femmes.
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DÉVELOPPER LA SENSIBILISATION DES MÉDIAS EN FAVEUR DE L’ÉGALITÉ
ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES
Les médias ont un rôle clé à jouer dans la lutte contre les stéréotypes liés au genre et plus particulièrement dans
la promotion de la participation des femmes à la vie publique. En effet, les médias ont le pouvoir de véhiculer une
image des femmes qui façonne leur représentation et rôle dans la société. Ainsi, il est utile que les femmes politiques
soient non seulement visibles, mais qu’elles soient également représentées de manière positive et qu’elles aient
une espace dédié sur l’écran, à la radio et dans la presse écrite, égal à celui de leurs homologues hommes dans le
domaine politique.
Depuis la révolution de 2011, les médias se sont multipliés et leur influence n’est pas négligeable. La Haute Autorité
Indépendante de la Communication Audiovisuelle78 (HAICA), créée en Novembre 201179, suit la situation dans le
domaine de l’information audiovisuelle.
La HAICA est une instance constitutionnelle dotée de pouvoirs réglementaires et consultatifs. Elle est notamment
en charge de la promotion de la culture de régulation et de pluralisme, de l’instauration d’un nouveau mode de
gouvernance de l’audiovisuel, de soutenir le rôle des médias en tant qu’espace de débat démocratique et de
garantir l’indépendance des médias audiovisuels80. Ses attributions comprennent ainsi « la consécration d’un
paysage médiatique audiovisuel pluraliste, diversifié et équilibré de nature à respecter les valeurs de liberté, de
justice et d’exclusion de la discrimination de race, de sexe ou de religion » 81 dans lequel les femmes et les hommes
sont représentés de manière juste et égalitaire, y compris en ce qui concerne la politique.
discriminatoire envers les femmes. Les témoignages recueillis au cours de la mission de collecte de données
Cependant, en pratique, la couverture médiatique de la vie politique en Tunisie reste pour le moment largement
organisée en mai 2017 montrent que les médias ont tendance à donner le beau rôle aux hommes dans les débats
politiques (presse écrite, médias télévisés ou radiophoniques) alors que les femmes sont à peine entendues. De plus,
quand ces dernières sont sollicitées, les journalistes leur posent toujours les mêmes questions d’ordre personnel,
comme par exemple « Comment faites-vous pour mener de front votre, vie professionnelle et votre vie privée ? », et
rarement pour parler de leur domaine d’expertise.
Comme le soulignent des députées interrogées durant la mission de collecte de données, « Je suis rarement invitée
sur les plateaux télé, alors que je suis la présidente de la commission législative, j’occupe tout de même un poste
de responsabilité au sein de l’ARP, ce n’est pas rien ». Les autres députées témoignant lors de ce même entretien
déploraient toutes d’être rarement invitées, contrairement à leurs confrères masculins. De même, des personnalités
majeures de la lutte pour les droits des femmes sont rarement vues sur les plateaux de télévision, et leurs propos
sont parfois interprétés sans conviction.
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La médiatisation des femmes engagées en politique, même en période électorale, reste faible, comme ce fut le
cas durant la campagne pour les élections municipales du 6 mai 2018. Selon une étude menée par la HAICA sur
la campagne électorale des municipales 2018, le temps alloué aux candidates femmes à la télévision durant la
campagne a varié entre 18.3 % et 27.9 % (selon les chaînes) du temps total alloué aux candidats femmes et hommes.
A la radio, les femmes candidates ont bénéficié d’entre 20.4 % et 51.5 % (selon les stations) du temps total alloué aux
candidats femmes et hommes. Ainsi, même si le taux de présence féminine a été plus élevé parmi les candidats que
dans la catégorie des autres acteurs politiques - les principes de parité et d’alternance imposés par la loi électorale
aux listes des candidats étant probablement à l’origine de ce résultat -, la parité dans la couverture médiatique des
femmes et hommes politiques est encore loin d’être atteinte dans la quasi-totalité des médias.
De plus, les médias tunisiens continuent de véhiculer les stéréotypes du rôle de la femme dans une société patriarcale
(HAICA, 2017). Selon une étude menée par la HAICA sur la place et la représentation des femmes dans les téléfilms
tunisiens, les femmes sont rarement perçues comme des exemples (9.41 %) contre 14.47 % pour les hommes. De plus,
les fictions télévisées montrent trop souvent des femmes assujetties à la division traditionnelle du travail et à leurs
rôles sociaux mais également victimes de violences, d’injures et d’insultes, notamment de la part de leur conjoint
(HAICA, 2017).
LA PROMOTION DE L’ÉGALITÉ DES SEXES DANS LES MÉDIAS
DES PAYS DE L’OCDE ET DE LA RÉGION MENA
Les médias ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre les stéréotypes liés au genre.
L’Espagne a mis en place un cadre légal et réglementaire qui oblige les médias à jouer un rôle actif dans la
promotion de comportements sociaux non-sexistes et de rôles modèles. La
Loi sur l’Égalité contient des mesures
visant à promouvoir l’égalité dans les médias avec des dispositions particulières pour les médias publics, ainsi
que des instruments de contrôle des cas de publicité à contenu discriminatoire.
Les médias publics sont obligés de transmettre une image égalitaire, plurielle et non stéréotypée des femmes
et des hommes dans la société et de diffuser le principe d’égalité entre les femmes et les hommes. Des règles
spécifiques s’appliquent également aux médias publics (Radio et Télévision Espagnoles – RTVE) qui doivent
refléter adéquatement la présence des femmes dans la vie sociale, utiliser le langage inclusif, promouvoir l’égalité
femmes-hommes (par autorégulation), et contribuer à éradiquer la violence, mais aussi promouvoir l’accès des
femmes aux postes de décision et encourager à consulter des associations de femmes et autres groupes pour
identifier leurs besoins en communication.
Pour ce qui est des médias privés, la Loi sur l’Égalité exige que soit respectée l’égalité entre femmes et hommes
et que ne soit faite aucune discrimination. Elle appelle également les administrations publiques à promouvoir
l’adoption d’accords d’autoréglementation par les médias privés en accord avec la législation sur l’égalité des
sexes, y compris dans les domaines de la publicité et des activités de vente.
Le Plan Stratégique pour l’Égalité des Chances 2014-2016 comprenait une section spécifique dédiée à l’image
des femmes dans les médias afin d’éviter toute discrimination sexiste. Le nouveau plan stratégique pour l’Égalité
des Chances, actuellement en cours d’élaboration, poursuivra dans cette voie.
Doit aussi être mentionné l’Observatoire de l’Image de la Femme, créé par l’Institut de la Femme et pour l’Égalité
des Chances, et qui est chargé de
dénoncer toute publicité illégale ou déloyale dans les médias. L’Observatoire
reçoit et traite des plaintes déposées après la diffusion de contenus sexistes dans les médias ou dans la publicité.
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Les sociétés prises en faute sont tenues de modifier ou d’annuler leur campagne de publicité, ou d’en supprimer
les messages discriminatoires.
En 2014 et 2015, l’Observatoire a reçu un total de 1 522 plaintes concernant 711 sociétés ainsi que les médias,
dont 56 % (846 plaintes) relevaient du contenu publicitaire et 44 % (676) d’autres types de contenu. L’activité de
l’Observatoire a par ailleurs augmenté de 283 % entre 2012/13 et 2014/15.
Dans le cadre du travail de l’Observatoire et conformément à la législation en vigueur sur la publicité et les
violences faites aux femmes,
l’Institut de la Femme et pour l’Égalité des Chances s’est engagé dans des
poursuites judiciaires concernant la publicité sexiste,
poursuites qui ont été maintenues par les tribunaux de
deuxième instance. De plus, des sessions de formation sur l’égalité, destinées aux professionnels des médias
travaillant dans les médias publics sont offertes à la suite d’accords de collaboration entre la RTVE et l’Institut de
la Femme et pour l’Égalité des Chances, au moyen de
l’École virtuelle de l’égalité (voir l’encadré 10).
En Jordanie et au Yémen, des ateliers sont organisés dans le but de former les journalistes au reportage sensible
au genre. L’Institut Jordanien des Médias s’est associé à l’UNESCO pour organiser ces ateliers, et la Commission
Européenne a quant à elle créé un partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement
pour former le « Projet d’Assistance Électorale Conjoint », qui supervise l’organisation des formations au Yémen.
En Égypte, Le Conseil National des Femmes a ajouté une formation pour les professionnels des médias à son
offre annuelle de formation.
Le Royaume-Uni fait la promotion de programmes de coaching pour les femmes travaillant dans l’industrie du
cinéma et de la télévision. « Women in Film and Television UK » a ainsi mis en place un programme annuel de six
mois pour 20 femmes qui comprend du mentorat, des activités de formation et des possibilités de réseautage.
Chaque participante a un mentor venant de l’industrie télévisuelle ou du cinéma.
Aux Pays-Bas, VIDM (Vaker in de media – « Plus souvent dans les médias ») organise des formations pour les
expertes visant à leur donner les moyens de comprendre comment l’information se fait mais aussi comment les
inégalités entre femmes et hommes se développent dans les médias. Les personnes participant à la formation
peuvent ainsi acquérir une expérience pratique concrète du comportement à adopter dans un environnement
médiatique (par exemple sur un plateau de télévision, dans une émission de radio). VIDM sert également
d’intermédiaire entre les expertes et les médias, et aide également les journalistes à trouver des expertes pour
participer à leurs programmes.
Source : OCDE (2017), Assessment of women’s political participation - Egypt Country Report, version préliminaire
Au niveau local, la marginalisation médiatique des femmes actives dans les partis politiques n’est pas nouvelle. Elle
est même amplifiée en raison du désintérêt des médias de la capitale pour les dirigeantes locales. De surcroît, la
quasi-absence de médias et de journaux régionaux ne fait qu’aggraver l’invisibilité médiatique des femmes politiques
actives dans les périphéries.
Cette invisibilité médiatique a un impact important sur le succès des femmes en politique (OCDE, 2017e). En effet,
l’absence de visibilité des femmes a pour conséquence de perpétuer les stéréotypes liés au genre qui entravent leur
participation politique, mais aussi de limiter le nombre de « modèles positifs » diffusés dans les médias qui pourraient
inspirer, en particulier les plus jeunes, à s’engager en politique ; cela peut créer un cercle vicieux qui peut être un
obstacle supplémentaire à la participation politique des femmes.
Certains pays de l’OCDE comme l’Espagne ont mis en place un cadre légal et réglementaire obligeant les médias à
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promouvoir dans leur contenu des comportements sociaux non-sexistes et des rôles modèles de femmes. D’autres
pays ont également développé des mesures et des programmes de formation au sein même des médias (dans les
médias publics et en collaboration avec les médias privés) afin de sensibiliser et de former les personnels et les
journalistes sur la question de l’égalité entre les hommes et les femmes (OCDE, 2017e). La mise en place d’un cadre
juridique et de mesures similaires en Tunisie pourrait permettre le développement d’un environnement médiatique
sensible au genre, et dans lequel la participation des femmes à la vie politique est encouragée.
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RECOMMANDATIONS CLÉS
1 - Renforcement de la société civile
L’État pourrait envisager de :
soutenir et encourager les organisations de la société civile dans leurs initiatives
à travers la mise en place d’aides financières et techniques (subventions annuelles,
prêt de locaux et de ressources matérielles et humaines)
soutenir et encourager le renforcement de son rôle dans les zones rurales, afin de
dynamiser la participation des femmes dans la vie politique et publique
encourager le développement des réseaux associatifs regroupant plusieurs organisations
afin de sensibiliser et de former aux moyens de renforcer l’égalité et de lutter contre la
discrimination.
2 - Sensibilisation des médias à l’égalité femmes-hommes
L’Etat et la HAICA pourraient considérer améliorer l’image et la présence des femmes par
les moyens suivants :

Intégrer des dispositions sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans la loi
audiovisuelle pour les médias publics et privés.
Élaborer, en collaboration avec les médias publics et privés, une stratégie médiatique
à destination du grand public visant à :
■ Développer des codes de conduite et de valeurs qui aident à mettre fin aux
stéréotypes et images négatives et dégradantes des femmes
■ Valoriser les rôles et le leadership des femmes dans les différents secteurs, par
exemple en diffusant des success stories de femmes dans les médias
■ Adopter des mesures pour assurer la présence des femmes candidates dans
les médias, ainsi que leur « sécurité », en particulier en période électorale :
■ Garantir des chances égales pour les femmes et les hommes sur les plateaux
politiques: temps de présence, temps de parole, sujets de discussion, etc.
Sanctionner les comportements agressifs envers les femmes dans les médias,
et en particulier durant les débats politiques, etc.
■ Organiser, en coopération avec les médias, des campagnes de sensibilisation
à l’intention de la société dans son ensemble sur l’importance de l’implication et
de la responsabilisation politique des femmes
■ Renforcer l’accès des femmes aux postes de responsabilité au sein des médias.
■ Mener des activités de sensibilisation de la presse et des journalistes femmes
et hommes à la question du genre.
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CHAPITRE 6
Des défis socio-culturels et économiques qui entravent
la participation politique des femmes en Tunisie
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Ce chapitre présente les principaux obstacles socio-culturels et économique qui limitent la
participation politique des femmes au niveau local. Les études de cas menées à Tunis et à
Kairouan montrent que les femmes restent marginalisées et absentes de l’espace public qui
constitue pour elles un « lieu de passage » dans une société patriarcale où les traditions socio-
culturelles l’emportent souvent face au cadre législatif, réglementaire et institutionnel, en particulier
dans les zones rurales. Les femmes, surtout les jeunes, rencontrent également des contraintes
matérielles et pratiques - notamment dans l’accès à l’éducation et à la vie professionnelle - qui
limitent leur participation à la vie publique et politique. Les recommandations présentées à la fin
de ce chapitre préconisent de promouvoir la participation des femmes à travers la mise en place
de politiques publiques et de programmes. Elles invitent également à promouvoir l’égalité des
droits et des devoirs ainsi que l’égalité des chances entre les femmes et les hommes dès le plus
jeune âge, afin que les jeunes filles et les femmes puissent plus tard participer à la vie politique.
Malgré l’image positive que projette la Tunisie en matière de droits de la femme comme étant le pays de la région
MENA « le plus avancé en termes d’égalité homme-femme » (Groupe Banque africaine de développement et al.,
2012), réputation confortée par l’adoption de plusieurs textes de loi promouvant la défense des droits des femmes
en politique depuis 2017, les femmes peinent à s’engager dans la vie politique à cause, comme dans les autres
pays arabes ou d’Afrique subsaharienne82, des contraintes d’ordre social, culturel, économique, financier mais aussi
pratique auxquelles elles peuvent faire face (OCDE, 2017b).
À Tunis et Kairouan - les deux gouvernorats-pilotes de cette étude – les femmes font face à des défis et obstacles
semblables, mais aussi à des obstacles, peut-être plus importants, spécifiques aux zones rurales, comme c’est le cas
pour Kairouan.
Les principaux obstacles socio-culturels et économiques auxquels font face les femmes tunisiennes lorsqu’elles
souhaitent s’engager dans la vie politique au niveau local sont présentés dans les parties suivantes.
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LES DÉFIS SOCIO-CULTURELS
Indice de violence physique et morale élevé
Malgré une situation générale jugée « moyenne » à l’échelle mondiale, les différents indices genre présentant la
situation de la femme en Tunisie montrent une forte violation de l’intégrité physique des femmes tunisiennes (avec
un taux de 0.1598 sur 0.6). De plus, si les femmes sont respectueuses des codes de la famille (0.4314 sur 0.6), leurs
droits civils sont moyennement respectés (0.4505 sur 0.6) dans une société où la préférence pour les garçons et les
hommes est clairement affichée (0.4782 sur 0.6) (SIGI, 2014).
De plus, le type et le taux de violences à l’endroit des femmes diffèrent selon les villes ; Tunis est une ville où les
femmes sont le plus victimes de violences physiques (50.0 %). Les taux de violence psychologique (79.6 %) et
sexuelle (75 %) sont également élevés mais restent dans la moyenne des villes tunisiennes. À Kairouan, les femmes
sont en majorité victimes de violences sexuelles (70.4 %) ; les taux de violence psychologique (59.3 %) et physique
(40.7 %) sont également élevés mais restent en deçà de la moyenne tunisienne (CREDIF et ONU Femmes, 2016).
Les violences morales et physiques dont sont victimes un grand nombre de femmes en Tunisie peuvent décourager
ces dernières de s’engager en politique mais aussi rendre difficile leur campagne, pendant laquelle elles peuvent
être victimes de pression ou de harcèlement dont l’objectif est de les faire renoncer (OCDE, 2017e).
L’adoption de la loi organique n° 58 du 11 août 2017 sur l’élimination des violences à l’encontre des femmes est une
avancée majeure pour la protection juridique des femmes dans la lutte contre les violences qui leur sont faites. Une
mise en œuvre efficace de cette loi imposant des sanctions pénales strictes aux auteurs de violences et prévoyant
des recours civils pour les victimes pourrait encourager les femmes à être présentes dans l’espace publique et à
participer à la vie politique (OCDE, 2014).
Une place complexe pour les femmes dans la vie publique et politique dans une société
tunisienne restée patriarcale
L’autocensure des femmes est un obstacle important à leur participation à la vie politique. Certaines femmes tunisiennes,
surtout en milieu rural, refusent parfois de s’afficher publiquement : « L’espace public étant extrêmement normé, il
constitue sans doute un espace où la domination masculine trouve un contexte (prétexte) de plus pour se cristalliser
et se renforcer». (CREDIF et ONU Femmes, 2016). De plus, les femmes restent de manière générale «invisibles » dans
l’espace public : « L’espace public n’est pas celui des femmes. Pour les femmes, il s’agit d’un espace de transit, de
passage, un passage obligatoire qu’elles empruntent dans un but bien déterminé et à des horaires bien précis. Les
femmes n’investissent pas la rue, elles la subissent plutôt si elles n’obéissent pas à des normes bien déterminées »
(CREDIF et ONU Femmes, 2016). Selon cette même étude, 64 % des femmes et des jeunes filles doivent demander à
un membre de leur famille l’autorisation de sortir (contre seulement 18.6 % des jeunes hommes) ; de la même manière,
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63 % des femmes mariées demandent à leur mari l’autorisation de sortir, quand seuls 17.3 % des hommes mariés
demandent l’accord de leur épouse. Les contraintes qui limitent la présence des femmes dans l’espace public
restreignent de la même manière leurs opportunités de s’engager dans la vie politique.
De plus, souvent cloisonnées entre la famille et, pour certaines d’entre elles, le travail, les femmes tunisiennes n’ont
pas l’occasion de se constituer un réseau de connaissances qui serait un atout pour une plus grande ouverture sur la
vie publique et politique. En effet, le réseautage se fait majoritairement de façon informelle en dehors des heures de
travail, ce qui est incompatible avec les responsabilités familiales et au sein du foyer pour les femmes. De plus, rares
sont celles qui bénéficient d’un appui familial ou amical qui pourrait les encourager quand elles souhaitent s’engager
en politique ou quand elles occupent des postes de responsabilité ou d’élues. Le caractère patriarcal de la société
tunisienne - et plus particulièrement la persistance de comportements sociaux valorisant plus le rôle de l’homme
dans l’espace public, professionnel et dans la gestion de la communauté - est également un frein à la carrière des
femmes : l’homme est souvent considéré comme ayant de meilleures chances de mener une carrière brillante que
la femme, même si celle-ci est plus diplômée que lui, ce qui est également le cas lorsque les femmes cherchent à
s’engager dans la vie politique.
Le manque de partage des responsabilités familiales et domestiques au sein du foyer est également un obstacle
majeur à l’implication des femmes dans la vie publique et politique. Toute participation active de la femme dans cette
vie exige d’elle une réelle conciliation entre vie professionnelle et vie familiale (36.7 % des femmes abandonnent leur
travail pour se consacrer à la vie de famille et à l’éducation des enfants, contre 1.6 % des hommes83) d’une part, et
vie politique d’autre part. En effet, étant donné leurs responsabilités domestiques en plus de leurs heures de travail,
la plupart des femmes ont une « double journée de travail ». La participation politique des femmes dans les sphères
politiques officielles, dont l’Assemblée des Représentants du Peuple, est d’ailleurs aujourd’hui encore affectée par
cet obstacle : déjà en 2014, lors des élections législatives, « aucun des partis politiques n’a présenté un nombre
égal de listes dirigées par des hommes et par des femmes, y compris les partis qui avaient préconisé d’inclure dans
la loi électorale une exigence de parité horizontale, ou l’alternance de candidats en tête de listes par genre. Les
partis ont attribué ce résultat à la difficulté qu’ont les femmes à trouver un équilibre entre les rôles traditionnels de la
famille et la carrière politique, ainsi qu’à l’apathie politique générale chez les Tunisiens » (IND, 2015). Le faible partage
des responsabilités familiales et domestiques entre les femmes et les hommes, ainsi que l’absence de mesures
- en particulier au sein des partis politiques (voir chapitre 4) - permettant aux femmes de concilier vie politique et
vie familiale peuvent décourager les femmes de s’engager dans une activité politique qui leur demanderait une
disponibilité importante et donc de faire de nombreux sacrifices.
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LA CONCILIATION ENTRE VIE PERSONNELLE ET FAMILIALE ET VIE
PROFESSIONNELLE AU NIVEAU LOCAL EN ESPAGNE
Le projet sur l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle au niveau local fut réalisé par l’Institut
de la Femme et pour l’Égalité des Chances (l’IFEC) de juin 2013 à décembre 2015 dans le cadre du programme
sur « l’Égalité des Genres et l’Équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle ». Il avait pour but de
favoriser les échanges de bonnes pratiques entre l’Espagne et la Norvège afin d’élaborer des plans d’action
locaux visant à permettre de concilier la vie personnelle et familiale et la vie professionnelle, ainsi que de partager
équitablement les responsabilités familiales (voir ci-après des plans d’action pour équilibrer la vie professionnelle
et la vie personnelle) dans une série de municipalités espagnoles et norvégiennes.
Ce projet représente la seconde phase d’un projet pilote transnational mis en place entre 2008 et 2011 par
l’IFEC et financé par l’Espace Économique Européen, auquel participaient également la Fédération Espagnole
des Municipalités et des Provinces (FEMP) et l’Association Norvégienne des Autorités Locales et Régionales
(KS en norvégien) ; à l’issue de ce projet, un guide regroupant les bonnes pratiques sur l’équilibre entre vie
professionnelle et vie personnelle
84 au niveau local en Espagne et en Norvège a été publié.
Une des principales conclusions tirées des programmes-pilotes réalisés entre 2008 et 2011 est le besoin « de
généraliser » les plans d’action en faveur de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle de manière
à ce que, une fois les plans d’action mis en œuvre, les conseils municipaux ne soient pas les seuls à y participer,
mais au contraire toutes les parties prenantes, y compris les partenaires sociaux, les organismes éducatifs et les
citoyens en général.
Par conséquent, l’objectif fondamental de la seconde phase du projet était de développer dans 12 municipalités
espagnoles et dans trois municipalités norvégiennes des plans d’action pour trouver l’équilibre entre vie
professionnelle et vie personnelle selon une perspective globale incluant les partenaires sociaux des différentes
municipalités dès le tout début du projet. Ainsi la conception, le développement et la mise en œuvre subséquente
de ces plans d’action sont le fruit d’un processus de construction participatif, permettant ainsi d’obtenir de meilleurs
résultats de toutes les parties prenantes engagées dans le projet.
Un autre objectif majeur du projet était de diffuser et de communiquer les expériences et les initiatives déjà mises
en place, et ce pour que les résultats des expériences lancées entre 2008 et 2011 soient mieux pris en compte, en
invitant dans le projet certains des conseils municipaux qui avaient participé aux programmes-pilotes. Des bonnes
pratiques ont ainsi été développées dans le cadre de ce projet.
La collaboration entre l’IFEC et la FEMP
L’accord de collaboration entre l’IFEC et la FEMP (Fédération espagnole des municipalités et des provinces),
actuellement en vigueur, a pour but de favoriser l’intégration de l’égalité des genres dans les politiques publiques
locales et de promouvoir la mise en œuvre et le développement de mesures de conciliation, en particulier des
plans de conciliation et de coresponsabilité. Dans le cadre de cette collaboration, un guide des bonnes pratiques
sur la conciliation au niveau local (en espagnol
85) a été publié.
Source : Informations recueillies auprès du gouvernement espagnol (2018)
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Des contraintes matérielles et pratiques importantes qui limitent la participation des femmes
à la vie publique et politique
Selon l’ISIE, environ 30 000 femmes tunisiennes n’ont toujours pas de carte d’identité nationale en 2017. Malgré le
développement par l’ISIE d’une politique incitative visant à permettre au plus grand nombre de femmes d’obtenir leur
carte d’identité, les femmes sont confrontées à un certain nombre d’obstacles lors de leurs démarches (difficultés
pécuniaires, lourdeurs administratives, pressions familiales, contraintes sociales, éloignement des bureaux locaux
pour celles qui vivent dans une localité rurale isolée). Ces obstacles ont été confirmés par tous les membres de la
société civile ainsi que par les représentants locaux rencontrés à Tunis et à Kairouan. L’absence dans l’espace public
des femmes n’ayant pas de papiers d’identité empêche pour ces dernières toute participation à la vie politique, en
tant qu’électrices mais aussi en tant que candidates ou élues.
De plus, l’accès aux moyens de transport reste limité ; les femmes restent essentiellement dépendantes des
transports en commun pour se déplacer, notamment dans les zones rurales comme à Kairouan ; 36.1 % des femmes
utilisent les transports publics contre seulement 22.4 % des hommes, tandis que seulement 4.5 % des femmes
utilisent leur propre véhicule pour se déplacer contre 22 % des hommes (CREDIF et ONU Femmes, 2016). Les
témoignages recueillis confirment que les zones rurales sont plus particulièrement affectées par l’absence de
transports en commun ; c’est là un frein supplémentaire à la mobilité et à l’autonomie des femmes, et donc à leur
participation à la vie publique.
Un accès à l’éducation parfois difficile pour les femmes, notamment dans les zones rurales
Il est essentiel que les jeunes filles et les femmes aient accès à l’éducation afin qu’elles puissent plus tard participer
à la vie politique. Cependant, de nombreux obstacles limitent toujours cet accès et la poursuite d’études des jeunes
tunisiens, et plus particulièrement des jeunes filles dans les zones rurales.
Selon l’Institut National de la Statistique (2015), le taux d’analphabétisme en Tunisie était de 25.6 % chez les femmes
contre 12.8 % chez les hommes en 2014. L’écart est très faible chez les jeunes générations, mais augmente chez
les populations plus âgées ; ainsi, pour la classe d’âge des 30-34 ans, 12.5 % des femmes sont analphabètes pour
seulement 6.3 % des hommes ; cette proportion atteint 47.6 % chez les femmes entre 55 et 59 ans, contre seulement
18.1 % des hommes du même âge.
Dans le gouvernorat de Tunis86 . 15.7 % des femmes sont analphabètes. Il faut signaler que Kairouan est le gouvernorat
où le taux d’analphabétisme est le plus élevé (35 %), et atteint 44.1 % pour les filles87.
L’analphabétisme est lié, entre autres, aux problèmes d’accès à l’éducation et aux écoles dans certaines parties de
la Tunisie, notamment dans les zones rurales où les transports en commun sont peu développés. Selon certains
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témoignages recueillis au cours de la mission de collecte de données à Kairouan, pour accéder à l’école, les enfants
des zones rurales doivent marcher entre quatre et six kilomètres par jour, ce qui représente un obstacle important
dans l’accès à l’éducation, surtout pour les filles.
Paradoxalement, le taux de scolarisation des filles dans les deux cycles de l’enseignement de base ainsi que dans
l’enseignement supérieur dépasse celui des garçons. Ceux-ci quittent l’école plus tôt que les filles, lesquelles sont
46.9 % à abandonner les études lors de la dernière année de l’enseignement secondaire (INS, 2016c) ; ces abandons
sont dus en particulier à la pression économique qui leur est imposée.
Une jeunesse tunisienne vulnérable et peu soutenue, en particulier les jeunes femmes
En mai 2017, le taux de suicide à Kairouan était de 7.25 % pour 100 000 habitants. Neuf cas de suicide de collégiens
ont été enregistrés entre 2012 et 2015, principalement causés par la pauvreté, et par l’absence de soutien familial
ou à l’école (données de mai 2017). Une étude du ministère de la Santé de 2015 révèle que la majorité des cas de
suicide en Tunisie touche les jeunes de 20 à 30 ans, pour la plupart de sexe masculin88.
Les témoignages recueillis au cours de la mission de collecte de données révèlent de plus qu’il n’existe que peu
de centres culturels ou d’associations pour les jeunes de Kairouan qui pourraient aider les jeunes en difficulté ; ces
associations disposent de plus souvent d’un budget limité. D’une façon générale, si les jeunes filles tunisiennes
participent plus activement aux activités des « maisons des jeunes » que les jeunes hommes, des disparités persistent
entre zones urbaines et zones rurales : dans les milieux ruraux, les parents sont plus réticents lorsqu’il s’agit de
laisser leurs jeunes filles prendre part aux activités extrascolaires (OCDE, 2016a) et plus généralement de les laisser
participer à la vie publique, ce qui peut également entraver leur participation à la vie politique.
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LES DÉFIS ÉCONOMIQUES
La dépendance financière des femmes est un réel handicap pour accéder à la politique, particulièrement au niveau
local. La plupart des femmes ne travaillent pas : les femmes tunisiennes représentent 50.5 % de la population et 66
% des diplômés de l’enseignement supérieur (World Economic Forum, 2015), mais 27.8 % seulement participent à la
vie active (World Economic Forum, 2017). En 2014, le taux de chômage des femmes diplômées de l’enseignement
supérieur dans le gouvernorat de Kairouan atteignait 37.51 % contre 17.40 % dans le gouvernorat de Tunis (la moyenne
nationale était de 28.8 %)89.
À Kairouan-ville, le taux de chômage des diplômés était de 17 % en 2017, date de la mission de collecte de données (8 000
chômeurs sont diplômés de l’université et inscrits au bureau de l’emploi), « dont 70% sont des femmes ; 65 % des élèves
scolarisés sont des filles et ce pourcentage se maintient chez les diplômées. Les abandons scolaires sont le plus souvent
le fait des garçons alors que les filles quittent rarement l’école » d’après un conseiller régional de l’éducation de Kairouan
rencontré lors de la réunion du 12 mai 2017 qui s’est tenue à Kairouan. Cependant, même si elles mènent la plupart du
temps leur scolarité à terme, la majorité des femmes n’intègrent pas le marché du travail et se consacrent exclusivement
aux responsabilités familiales et domestiques au sein de leur foyer.
Quant aux femmes qui ont un travail, elles préfèrent en général ne pas s’engager en politique de peur de perdre
leur emploi et donc leur source de revenu car aucune disposition n’est prévue dans la législation tunisienne pour
permettre aux élus d’avoir quelques libertés et une certaine sécurité financière dans leur activité professionnelle
durant l’exercice de leur mandat.
UN « STATUT DE L’ÉLU » RECONNU LÉGALEMENT AFIN
DE PERMETTRE AUX ÉLUS MUNICIPAUX D’EXERCER LEUR MANDAT
En France, les textes officiels définissent des attributions pour les élus municipaux et leur assurent un certain
nombre de garanties et de droits ; ils définissent ainsi un véritable « statut de l’élu » légalement reconnu,
permettant aux élus d’avoir une certaine disponibilité ainsi qu’une certaine sécurité financière dans leur activité
professionnelle pendant l’exercice de leur mandat électif.
Les élus municipaux - maires, adjoints et conseillers municipaux - peuvent tout d’abord bénéficier d’autorisations
d’absence de leur travail afin de participer aux différentes activités qui leur incombent en tant qu’élus. Ils peuvent
également disposer de crédits d’heures forfaitaires trimestriels, dont le nombre dépend à la fois de leur fonction
et de la taille de la commune. Ces crédits d’heures sont destinés à libérer le temps nécessaire aux tâches
administratives de la commune (ou de l’organisme qu’ils représentent) et à la préparation des différentes réunions.
Les élus ont également le droit de disposer d’un congé de formation de 18 jours pris en charge par la collectivité
au cours de leur mandat afin de suivre des formations adaptées à leurs fonctions.
De plus, si les employeurs ne sont pas obligés de rémunérer les élus au cours de leurs temps d’absence,
ceux-ci peuvent néanmoins bénéficier d’indemnités de fonction qui compensent les dépenses et contraintes
liées au mandat électoral. Les élus ne recevant pas d’indemnités de fonction peuvent également recevoir une
compensation de la part de la commune ou de l’organisme auprès duquel ils représentent cette commune. De
plus, les élus bénéficient d’un régime de protection spécifique dans l’exercice de leurs fonctions en leur qualité
d’agent de l’État.
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La loi française offre également aux élus un certain nombre de garanties dans le cadre de leur activité
professionnelle, afin qu’ils ne soient pas pénalisés par leur mandat municipal. Les élus ne peuvent pas être
licenciés ou recevoir toute autre sanction pour les absences liées à leur activité d’élu. Ces absences sont, de
plus, assimilées à une durée de travail effective dans la détermination des congés payés ainsi que des droits liés
à l’ancienneté de l’employé élu. Les élus des communes de plus de 3 500 habitants bénéficient également d’un
congé d’une durée de 10 jours pour participer à la campagne électorale.
Les élus ayant les fonctions locales et régionales les plus élevées – maires, présidents de communauté urbaine,
d’agglomération et de communes, présidents des conseils généraux et régionaux, etc. – et certains élus des
communes de plus de 20 000 habitants ont quant à eux la possibilité de suspendre leur activité professionnelle
le temps de leur mandat, avec la garantie de retrouver leur emploi ou un emploi analogue au même niveau de
rémunération à l’expiration de leur mandat.
Enfin, les élus locaux reçoivent également des garanties et des droits à l’issue des activités de leur mandat
électoral, notamment les élus ayant suspendu leur activité professionnelle durant leur mandat. Ils peuvent en effet
bénéficier s’ils le souhaitent de stages de remise à niveau lors du retour dans l’entreprise, ou d’une formation
professionnelle et d’un bilan de compétences, mais aussi d’une allocation différentielle de fin de mandat pendant
six mois maximum afin de les aider à réintégrer le monde du travail.
Source: Statut de l’Élu, sur Collectivités-locales.gouv.fr (2017).
https://www.collectivites-locales.gouv.fr/statut-lelu-0
Les principaux obstacles rencontrés par les femmes lorsqu’elles souhaitent s’engager dans une carrière politique
sont liés à leur statut socio-économique et aux normes discriminatoires héritées des traditions patriarcales qui
persistent en Tunisie (OCDE, 2017e). À cause de ces préjugés, les femmes ont souvent du mal à se voir comme des
acteurs légitimes dans l’espace public, et préfèrent donc rester à la maison, loin de la vie politique.
Lutter contre les stéréotypes de genre afin de changer l’image que la société a des femmes - et que ces dernières
peuvent avoir d’elles-mêmes – dès le plus jeune âge, et promouvoir la participation des femmes à la vie publique au
travers de mesures qui leur permettent d’exister dans l’espace public d’égal à égal avec les hommes, est essentiel
pour renforcer la participation des femmes à la vie politique en Tunisie, en particulier au niveau local.
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RECOMMANDATIONS CLÉS
L’État et les collectivités locales pourraient considérer :
1 - Promouvoir la participation des femmes à la vie publique et politique en :
■ Développant les mécanismes et les outils permettant aux femmes de se sentir en
sécurité dans tous les lieux publics, notamment dans les transports publics, et en
particulier dans les zones rurales, afin de leur permettre de participer sereinement à
la vie publique.
■ Créant légalement un « statut de l’élu » afin de permettre aux femmes de disposer
des moyens (notamment financiers) et d’une protection légale (par exemple contre
les sanctions au travail liées à l’engagement politique) nécessaires pour s’engager
en politique.
2 - Promouvoir l’égalité des droits et des devoirs ainsi que l’égalité des chances entre
les femmes et les hommes dès le plus jeune âge, afin que les jeunes filles et les femmes
puissent plus tard participer à la vie politique, et :
■ Renforcer et généraliser l’apprentissage de l’égalité femmes-hommes dans
l’éducation (primaire et secondaire) dès le plus jeune âge, en tant que question de
droits humains et de justice sociale.
Supprimer les images stéréotypées des femmes dans les matériels scolaires.

Intégrer des « modèles positifs » de femmes, et en particulier de femmes politiques,
dans les manuels scolaires et autres supports (vidéos, contenus audio).
Sensibiliser et former les enseignants des cycles primaire, secondaire et universitaire
à la question de l’égalité entre les femmes et les hommes.
■ Prévoir une pédagogie et des programmes scolaires basés sur les valeurs de
l’égalité, de la paix et des droits de l’Homme dans leur dimension universelle,
notamment pour l’enseignement des matières d’instruction civique, d’éducation
religieuse, d’histoire et de philosophie afin de déconstruire les fondements du
discours radical diffusé notamment par le biais des réseaux sociaux.
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À RETENIR

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ANNEXES
ANNEXE A : CADRE D’ÉVALUATION ET QUESTIONNAIRES DU PROJET AECID
Évaluation 1a : Environnements normatif, juridique, règlementaire et institutionnel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Cadres politiques et
légaux
Législation et politiques
attentives aux inégalités
hommes/femmes
Ministres,
Ministères,
instances locales,
parlementaires,
OSC






Parmi les lois en matière d’élection et d’encadrement des partis politiques,
certaines font-elles référence aux femmes et à l’égalité hommes/femmes ?
Dans l’affirmative, précisez leurs titres et dispositions principales.
Quel système électoral est en place et
quelles en sont les conséquences
pour les femmes ?
Existe-t-il des mesures affirmatives dans la législation (Constitution,
Loi organique de la Cour constitutionnelle, Loi organique de l’ANC, Loi
organique de l’ARP, Règlement intérieur de l’ARP, législation électorale) qui
garantissent la participation politique des femmes ?
Existe-t-il des lois ou des réglementations en matière de harcèlement
sexuel, d’intimidation, de violence ou de discrimination à l’encontre des
femmes candidates et électrices ?

Dans ce cas, quel organe est responsable de l’application de ces
lois et de leur respect par les acteurs ?
Existe-t-il des rapports rassemblant et analysant les comportements
de ce type ?
Quelles recommandations feriez-vous pour garantir que les femmes
participent à la vie politique en toute sécurité et sans craindre de
violences ?


Existe-t-il des réglementations qui font dépendre le financement public du
respect par les partis politiques, d’exigences en matière d’égalité hommes/
femmes (par exemple, la présence de femmes sur les listes, la détention
par des femmes de fonctions dirigeantes au sein du parti) ?
Quels obstacles à l’adoption de cadres légaux et politiques attentifs aux
questions de genre peuvent être identifiés (tels un manque de volonté
politique, résistance de certains groupes de l’assemblée aux opinions «
extrêmes », ou d’autres – précisez) ?
Évaluation 1a : Environnements normatif, juridique, règlementaire et institutionnel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Cadres politiques et
légaux
Législation sur l’égalité
hommes/femmes
Parlementaires, organismes
compétents (ou services du
gouvernement traitant des
questions d’égalité hommes/
femmes), OSC, ISIE (Instance
supérieure indépendante
des élections)


Comment les lois nationales garantissant l’égalité hommes/femmes
ont-elles été proposées ou réformées par le Parlement ? Est-il pertinent
de vouloir améliorer ce processus ?
Comment le Parlement s’assure-t-il que les lois existantes et projetées
sont conformes à la Constitution et aux obligations internationales
et régionales de la Tunisie (CEDAW, Résolution 1325 du Conseil de
sécurité de l’ONU et autres obligations) ?
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Évaluation 1a : Environnements normatif, juridique, règlementaire et institutionnel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Cadres politiques et
légaux
Intégrer les questions de genre
aux processus parlementaires
et locaux
Parlementaires, organismes
compétents (ou services du
gouvernement traitant des
questions d’égalité hommes/
femmes), OSC, ISIE (Instance
supérieure indépendante des
élections)


Le Parlement/conseil local consacre-t-il du temps en session plénière aux
questions d’égalité hommes/femmes ?
Comment les questions orales et écrites au gouvernement sur l’égalité
hommes/femmes sont-elles accueillies par les ministres (sont-elles prises
au sérieux ou négligées ? Obtiennent-elles des réponses rapides ?
Complètes ?)
Évaluation 1a : Environnements normatif, juridique, règlementaire et institutionnel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Cadre électoral
favorable
Des réglementations internes
aux partis politiques attentives
aux inégalités
Représentants
et dirigeants des
partis, membres du
parlement, ISIE







Parmi les partis politiques, certains ont-ils mis en place des plateformes
sur l’égalité hommes/femmes, ou introduit des sections consacrées à
cette question dans leur programme ?
Existe-t-il des incitations (financières, politiques) amenant les partis
politiques à offrir à des femmes des positions « gagnables » sur leurs
listes ?
Les partis politiques ont-ils adopté des mesures (quota, objectif) pour
promouvoir l’accès des femmes à des fonctions dirigeantes en leur sein
(et non pas seulement au statut de candidates)?
Parmi les partis politiques, certains publient-ils une information
(statistiques, noms, durée du mandat) au sujet des femmes détenant des
fonctions dirigeantes en leur sein?
Parmi les partis politiques, certains ont-ils mis en place des structures
dédiées à l’égalité? Ces dernières ont-elles étudié des mécanismes
promouvant l’intégration des questions d’égalité des sexes dans les
discussions et les décisions du parti ?
Comment les partis prennent-ils en compte les avis, intérêts et besoins
des femmes ? Comment ces opinions sont-elles traduites dans les
réglementations, politiques ou engagements ?
Quelles mesures sont déployées par les partis politiques pour inciter les
femmes à participer à la vie politique (par exemple, sensibilisation des
électeurs, formation, tutorat, etc.) ?
Évaluation 1a : Environnements normatif, juridique, règlementaire et institutionnel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Cadre électoral
favorable
Dispositifs électoraux attentifs aux
inégalités hommes/femmes
ISIE, experts des
questions de genre






La commission électorale recueille-t-elle des données ventilées par sexe
sur la participation politique des femmes – en tant qu’électrices inscrites,
électrices, candidates, ou élues ?

Si c’est le cas, ces données ont-elles été publiées et archivées (pour
autoriser une analyse des évolutions) ?
Si ce n’est pas le cas, quels obstacles empêchent le recueil de ces
données ? Existe-t-il des obstacles légaux ? Un tel recueil est-il prévu
à l’avenir ?

Une recherche a-t-elle été conduite sur l’« électabilité » des candidates en
regard de celle des hommes ?
Les pratiques d’« achat de voix » ou de « vote familial » sont-elles
développées ?
Existe-t-il un code de conduite en matière de campagne électorale ? Ce
code, s’il existe, fait-il référence à la discrimination, au harcèlement sexuel et
à d’autres problèmes d’égalité hommes/femmes ?
Dans quelle mesure la commission électorale peut-elle participer à des
évaluations post-électorales ? Dans ce cas, a-t-elle tiré des enseignements
sur la participation des femmes aux élections, en tant qu’électrices ou
candidates, et formulé des recommandations pour les futures élections ?
Ces recommandations ont-elles été prises en compte ?
Pensez-vous que la commission électorale est attentive aux questions
de genre (des femmes y occupent-elles des positions de responsabilité ?
Existe-t-il une politique ou une stratégie d’égalité hommes/femmes ? Les
employées ont-elles accès à des possibilités de formation ? Les employés
sont-ils formés à ces questions ? Sont-ils en mesure d’équilibrer travail et
vie privée ?
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Évaluation 1a : Environnements normatif, juridique, règlementaire et institutionnel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Changement des
procédures
Mettre en place des
mécanismes de suivi de
contrôle de l’égalité hommes/
femmes
Parlementaires,
experts des
questions de genre,
conseil locaux




Le règlement intérieur du Parlement / conseil local intègre-t-il la parité
homme/femmes dans ses structures (bureau, différentes commissions
et structure) ? Si oui, comment, sinon pourquoi ?
Quels mécanismes ou structures sont dédiés à l’institutionnalisation de
l’égalité hommes/femmes au travail parlementaire et local ?

Existe-t-il une commission dédiée sur l’égalité ou un caucus des
femmes parlementaires ?
Existe-t-il des points focaux pour l’égalité hommes/femmes ?
Existe-t-il un bureau spécifique pour les femmes, ou une unité
fournissant information et conseils ?
Est-il nécessaire de mettre en place l’un de ces mécanismes ou
structures ?



Les organes responsables de l’égalité hommes/femmes au sein du
Parlement /conseil local sont-ils efficaces ?

Quelles relations ont-ils avec les organismes compétents en
matière d’égalité hommes/femmes, les organisations de la
société civile, le secteur privé, les médias et autres ?
Ont-ils des pouvoirs suffisants pour travailler efficacement ?
Sont-ils dotés de ressources suffisantes (personnel, salles de
réunion, budget) ?
Quels changements sont-ils parvenus à obtenir ?



De quels outils dispose le Parlement/le conseil communal pour la prise
en compte des questions de genre ?

Le Parlement a-t-il développé des listes de critères permettant
d’évaluer la législation dans une perspective de genre ?
Le Parlement et le conseil local ont -t-il accès à des données
ventilées par sexe et, si oui, comment sont-elles utilisées ?
D’autres outils se sont-ils avérés utiles à l’intégration des
questions de genre dans le travail parlementaire et communal ?


Évaluation 1a : Environnements normatif, juridique, règlementaire et institutionnel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Changement des
procédures
Comprendre l’égalité hommes/
femmes
Parlementaires,
membres du conseil
local, ministères et
instances locales,
OSC



De manière générale, comment l’égalité hommes/femmes est-elle
perçue au sein du Parlement/conseil local ?

Des mesures sont-elles prises pour renforcer la compréhension
de l’égalité hommes/femmes et le soutien qui lui est apporté ?
Quelles autres mesures seraient utiles pour améliorer cette
compréhension de l’égalité hommes/femmes (par exemple,
formation, développement des compétences, implication de la
société civile) ?

Comment décrivez-vous la culture existante (langage, coutumes, code
vestimentaire)?
Existe-t-il des stéréotypes discriminatoires ou distinctifs au sujet des
femmes députées ou élues locales en politique ?

Si oui, comment pensez-vous qu’ils puissent être éliminés ?
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Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
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Partage de la
responsabilité des
actions en vue de
l’égalité hommes/
femmes
Égalité dans les
Instances et fonctions
dirigeantes
Parlementaires,
partis politiques,
OSC






Quels facteurs ont permis l’élection de femmes au Parlement ? Quels
obstacles pèsent sur une plus grande représentation des femmes dans
les prochains conseils « élus locaux » ?
Les députées élues sur la base des listes paritaires et les conseillères
nommées sur la base de quotas, sont-elles perçues de la même
manière que les députés et conseillers de sexe masculin?
Quel pourcentage de fonctions dirigeantes sont détenues par des
femmes ?


Quelles fonctions détiennent-elles ?
Comment ces fonctions sont-elles allouées – selon quels
critères ?
Existe-t-il des mesures garantissant l’accès des femmes à des
fonctions dirigeantes au sein du parlement/conseil local ? Si oui,
de quelle nature ?

Sont-elles les présidentes de certaines de ces commissions ?
À quelles commissions les femmes tendent-elles à participer ?

Selon quels critères les opportunités de voyager (visite d’étude
ou délégation parlementaire, par exemple) sont-elles offertes aux
parlementaires ?
Existe-t-il un accord permettant leur distribution égale aux femmes et
aux hommes ?
Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Partage de la
responsabilité des
actions en vue de
l’égalité hommes/
femmes
Égalité dans les
Instances et fonctions
dirigeantes
Parlementaires des
deux sexes
Prochains élus
locaux des deux
sexes
Partis politiques





Des hommes ont-ils été impliqués dans le lancement ou la promotion
conjointe de la législation sur l’égalité hommes/femmes ?

Quels enjeux les hommes tendent-ils à privilégier dans ce
domaine ?
Avec quelle régularité les hommes prennent-ils la parole dans une
discussion sur ce thème ?

À quel rythme les parlementaires hommes font-ils mention des
inquiétudes de leurs électeurs en matière d’égalité hommes/
femmes ?
Les femmes sont-elles sensibles à l’implication des hommes dans les
enjeux de l’égalité hommes/femmes, et aux apports qui peuvent être
les leurs ?
Les hommes et les femmes peuvent-ils, et doivent-ils, partager la
direction des commissions/organes sur l’égalité hommes/femmes ?
Les hommes sont-ils parties prenantes des visites d’étude ou
délégations en rapport avec l’égalité homme/femmes ou la prise en
compte du genre ?
Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Partage de la
responsabilité des
actions en vue de
l’égalité hommes/
femmes
Égalité dans les
Instances et fonctions
dirigeantes
Parlementaires des
deux sexes
Prochains élus
locaux des deux
sexes
Partis politiques





Des hommes ont-ils été impliqués dans le lancement ou la promotion
conjointe de la législation sur l’égalité hommes/femmes ?

Quels enjeux les hommes tendent-ils à privilégier dans ce
domaine ?
Avec quelle régularité les hommes prennent-ils la parole dans une
discussion sur ce thème ?

À quel rythme les parlementaires hommes font-ils mention des
inquiétudes de leurs électeurs en matière d’égalité hommes/
femmes ?
Les femmes sont-elles sensibles à l’implication des hommes dans les
enjeux de l’égalité hommes/femmes, et aux apports qui peuvent être
les leurs ?
Les hommes et les femmes peuvent-ils, et doivent-ils, partager la
direction des commissions/organes sur l’égalité hommes/femmes ?
Les hommes sont-ils parties prenantes des visites d’étude ou
délégations en rapport avec l’égalité homme/femmes ou la prise en
compte du genre ?
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Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Partage de la
responsabilité des
actions en vue de
l’égalité hommes/
femmes
Implication des partis
politiques
Partis politiques,
experts des
questions de genre
OSC


Les partis politiques sont-ils attentifs aux inégalités hommes/
femmes ?

Leurs programmes intègrent-ils l’objectif politique de
l’égalité hommes/femmes ?
Les femmes y occupent-elles des fonctions
dirigeantes ? Y a-t-il des femmes dirigeant un ou des
partis ?
Existe-t-il des mécanismes au sein des partis dédiés
à l’égalité homme/femme ?


Les questions d’égalité hommes/femmes sont-elles intégrées
aux décisions politiques ?
Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Capacité des
Capacité technique
femmes à concourir
et à influencer les
politiques en faveur
de l’égalité
OSC, élues/
parlementaires
des deux sexes en
fonction ou passés,
organisations
internationales


Quels programmes ont été introduits pour renforcer les
compétences techniques des femmes en matière de
participation aux campagnes électorales (pour formuler des
messages de campagne, prendre la parole publiquement,
échanger avec les électeurs, négocier et développer des
stratégies politiques, élaborer des politiques publiques, lever
des fonds, notamment) ?

Combien de femmes ont pris part à ces programmes
avant la dernière élection? Des formulaires d’évaluation
ont-ils été distribués, et des enseignements tirés et
synthétisés ? (dans ce cas, merci de fournir cette
synthèse).
Quels étaient les principaux enseignements tirés ? À qui
s’adressaient-ils ?

Quel a été le rôle des hommes dans le renforcement des
compétences des femmes candidates en matière de campagne
électorale ? Est-il malaisé de demander à des hommes de
partager leurs expériences avec des femmes ?
Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Capacité des
femmes à concourir
et à influencer les
politiques en faveur
de l’égalité
L’acquisition d’une
capacité de direction
par les femmes

Elus et députés en
fonction et sortants
Partis politiques
OSC
Les femmes sont-elles actives au sein des Parlements et
conseils locaux actuels ?

Des lois ont-elles été adoptées pour garantir la
participation des femmes à la suite d’une initiative des
femmes parlementaires ou élus en fonction ?
Ces dernières promeuvent-elles et mettent-elles en
place des réformes en faveur de l’égalité des sexes –
merci de préciser ?

90
© OECD 2018 | La place des femmes dans la vie politique locale en Tunisie | Page
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Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
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Capacité des
femmes à concourir
et à influencer les
politiques en faveur
de l’égalité
Possibilités de
financement des
campagnes
Partis politiques,
commissions
électorales, femmes
parlementaires et
élues locales



Dans quelle mesure l’argent est-il déterminant pour la conduite des
campagnes électorales ?
La commission électorale encadre-t-elle (ou fournit-elle une
information publique au sujet de) certains aspects du financement
public des campagnes, comme :

Des interdictions ou des limites de dépenses pesant sur les
partis politiques et/ou les candidats,
L’interdiction de contributions aux partis ou candidats
provenant de certaines sources comme des bailleurs
étrangers,
Une limitation de la durée des campagnes, ou
L’obligation de rendre publics tous les dons faits aux partis
politiques et candidats ?



Quelles expériences ont eues les femmes élues/parlementaires
de la levée de fonds ? Quels ont été les principaux obstacles et
comment les ont-elles surmontés ?
Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Capacité des
femmes à concourir
et à influencer les
politiques en faveur
de l’égalité
Réseaux de soutien
mis en place
Femmes élues /
parlementaires,
OSC, universitaires,
représentants des
médias favorables


(Aux femmes parlementaires) Quels ont été vos plus fervents soutiens ?
Qu’est-ce qui a fait leur importance à vos yeux ? Comment entretenez-
vous cette relation ?
(Aux autres) Comment appuyez-vous les femmes élues ? Qu’attendez-
vous de cette relation ? La considérez-vous comme un partenariat
égal ? Comment l’entretenez-vous ? (des propositions en faveur de
l’égalité hommes/femmes sont-elles faites et adoptées au Parlement, par
exemple ? Ou autres ? – précisez)
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Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Sensibilisation
culturelle et sur le
lieu de travail
Équilibre travail/vie
privée
Parlementaires,
personnel du
Parlement


Les conditions de travail au sein du Parlement/conseil local permettent-
elles aux parlementaires d‘équilibrer leurs obligations professionnelles
et familiales ?

Les horaires de session des parlementaires et communales
leur permettent-ils de passer suffisamment de temps avec leurs
familles ?
Les parlementaires ont-ils des congés de maternité ou de
paternité suffisants ?
Que devient le vote des parlementaires lorsqu’ils sont en congé
parental ?


Les infrastructures répondent-elles aux besoins des parlementaires qui
ont des nourrissons ou des enfants en bas âge (existe-t-il une garderie ou
une pièce réservée aux familles, une pièce pour les mères qui allaitent ?
Les nourrices sont-elles admises dans le bâtiment ? Les nourrissons sont-
ils acceptés en session ?)
Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Sensibilisation
culturelle et sur le
lieu de travail
Egalité au niveau des
installations et espaces
de travail
Parlementaires,
personnel du
Parlement





Le Parlement/conseil local peut-il être considéré comme un espace de
travail attentif à la dimension du genre ?

Quels critères déterminent l’allocation d’espaces et d’équipement
de bureau ?
Les espaces de travail sont-ils totalement mixtes ?
Les noms des salles de l’édifice reflètent-ils la contribution et le
rôle dirigeant des femmes comme des hommes ?


L’édifice parlementaire/communal est-il accueillant et fonctionnel pour les
hommes et les femmes ?
Les installations élémentaires, comme les toilettes, sont-elles aisément
accessibles aussi bien aux élus et personnel hommes et femmes ?
Les installations de restauration sont-elles ouvertes également aux
femmes et aux hommes ?
Les femmes élues (parlement et communes) ont-elles tendance à se
rassembler dans les mêmes lieux que les hommes ? Si non, pourquoi
cette différence?
Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
La valorisation de
la participation
politique des femmes
par l’électorat
Une sensibilisation
accrue de la société
à l’égalité hommes/
femmes
OSC, commissions
électorales,
organisations
internationales







Dans ce cas, quelles évolutions se dégagent ?
Des rapports de recherche ont-ils été produits sur l’acceptation sociale
de la participation des femmes à la vie publique ?

Comment décririez-vous la situation des femmes dans le pays ? Est-
elle similaire partout dans le pays, ou existe-t-il des différences selon
les régions, dans les centres urbains, selon les conditions socio-
économiques, la race, la religion, etc.?
Quels sont les principaux obstacles à la participation politique des
femmes – sur le plan social, économique, culturel, religieux ?
Quels programmes ont déployés les organisations de la société civile
pour promouvoir la participation politique des femmes ?

Des groupes de la société civile suivent-ils les élections et posent-ils des
questions liées aux inégalités hommes/femmes au cours du processus
électoral ?
Les commissions électorales ont-elles promu l’égalité des sexes
lorsqu’elles ont mené des campagnes de sensibilisation des électeurs ?
Quels autres groupes sont impliqués dans la formation des électeurs, et
intègrent-ils les questions d’égalité hommes/femmes à leur cursus ?
Dans quelle mesure ce plaidoyer a-t-il été efficace ?
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Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
La valorisation de
Le vote des femmes
la participation
politique des femmes
par l’électorat
Commissions
électorales, partis
politiques



Existe-t-il des obstacles identifiés à l’inscription électorale des femmes
(par exemple, la nécessité d’une identification photographique ou
d’un document prouvant la capacité de voter, des moments et lieux
d’inscription inadéquats, des traditions culturelles, ou autres ? – merci
de préciser). Dans ce cas, les commissions électorales ont-elles tenté
de les supprimer ?
Existe-t-il des obstacles identifiés au vote des femmes ? Sont-ils
distincts aux échelles nationales et locales ?
Les partis politiques encouragent-ils le vote des femmes ?
Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
La valorisation de
la participation
politique des femmes
par l’électorat
La promotion de
l’égalité hommes/
femmes par les médias
Médias,
parlementaires,
OSC



Les organisations des médias rendent-elles favorablement compte de
la participation des femmes aux élections ?
Des rapports de recherche ont-ils été produits sur la couverture
médiatique de la participation des femmes aux élections?

Dans ce cas, avec quelle fréquence a-t-il été fait référence au
cours de la campagne aux femmes candidates, en regard des
hommes candidats?
Que disaient ces rapports (propositions politiques, choix
vestimentaires et présentation de soi, autres – merci de
préciser)?

Des organisations des médias sont-elles parties prenantes des
formations des OSC à l’égalité hommes/femmes ?
Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
La valorisation de
la participation
politique des femmes
par l’électorat
La promotion de
l’égalité hommes/
femmes par les médias
Dirigeants de partis,
parlementaires


Les dirigeants politiques ont-ils démontré leur engagement en faveur
de l’égalité hommes/femmes et de la participation des femmes aux
élections (la nomination des femmes dans des fonctions dirigeantes,
l’engagement d’adopter une législation en la matière, la promotion de
l’égalité dans la société, autres ? – merci de préciser) ?
Que pourraient faire de plus ces dirigeants pour démontrer leur
engagement ?
Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
La valorisation de
la participation
politique des femmes
par l’électorat
La prise en compte des
femmes dirigeantes
par les institutions
politiques
Personnel
parlementaire
dirigeant,
parlementaires


Comment les femmes sont-elles accueillies lorsqu’elles prennent la
parole au sein du conseil local ?

Un silence ou des interpellations inhabituels font-ils suite à
cette prise de parole ? La tenue vestimentaire des femmes
est-elle commentée ?
Les conseils locaux disposent-ils d’un mécanisme pour intégrer
les questions de genre, comme un caucus de femmes, une unité
technique ou un service de documentation spécialisé, ou encore un
réseau de points focaux sur le genre ?

Quelles sont les principales entraves à l’obtention de résultats
favorables à l’égalité hommes/femmes ?
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Évaluation 2a: Environnements politique, social et culturel favorables à l’égalité et à la parité politique
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
La valorisation de
la participation
politique des femmes
par l’électorat
La perception des
femmes comme
modèles à suivre
Elues locales/
Parlementaires,
OSC, dirigeants
politiques

Les femmes au sein des conseils locaux ont-elles parrainé des
aspirantes aux élections ?

Dans ce cas, quelles ont été les expériences des femmes
mentors et de celles qu’elles ont parrainées ?
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© OECD 2018 | La place des femmes dans la vie politique locale en Tunisie | Page
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Évaluation : Administration publique et conseils élus locaux égalitaires, paritaires et performants
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Engagement
politique
Cadres légaux et
dispositifs politiques et
administratifs
Responsables
conseils locaux,
Hauts fonctionnaires
et personnel
administratif
Experts, OSC
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Existe-t-il une volonté et un engagement pour intégrer le genre dans
les activités dans l’administration publique et au dans les conseils
locaux de votre institution ?
Comment cet engagement est manifesté et à quel niveau et par
quelles types d’actions s’exprime-t-il ?
L’administration publique/ conseil local a-t-il une politique globale en
matière d’égalité hommes/femmes ?

Si oui, comment cette politique a-t-elle été formulée ? Cette
politique est-elle mise en œuvre, suivie et évaluée ?
Quelles sont les obstacles qui freinent ou le cas échéant limitent
l’engagement envers l’intégration du genre au sein de votre
institution ? Quelles sont les propositions d’amélioration ?
Qui influence cet engagement (la hiérarchie politique/administrative,
groupes de femmes de la société civile, autres partenaires nationaux
et internationaux) ?
Quelles sont les appréciations globales, du point de vie de la parité
et de l’égalité de genre, des dispositions des lois organiques
réglementant les élections locales et les collectivités territoriales ?
Évaluation : Administration publique et conseils élus locaux égalitaires, paritaires et performants
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Engagement
politique
Égalité dans la
participation et les
fonctions dirigeantes
Responsables
conseils locaux,
Hauts fonctionnaires
et personnel
administratif
Experts, OSC
1.
2.
3.
4.
Quels facteurs ont permis l’élection / nomination des femmes aux
postes de responsabilités ?
Quels obstacles pèsent sur une plus grande représentation /présence
des femmes dans ces instances ?
Existe-t-il des mesures garantissant l’accès des femmes aux fonctions
de responsabilité ? Si oui, de quelle nature et selon quels critères sont-
elles nommées à ces postes (appel à candidature ou désignation) ?
Les femmes dans les hauts postes de responsabilités sont-elles
perçues de la même manière que les hommes occupant les postes de
responsabilité ?
Évaluation : Administration publique et conseils élus locaux égalitaires, paritaires et performants
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Planification sensible
au genre
Implantation
de l’égalité de
genre dans les
programmes, projets
et activités
Responsables
et personnel de
l’exécutif et des
conseils locaux
OSC et
organisations
féministes
Experts
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
Comment et de quelle manière les principes préconisés dans l’article
15 de la constitution concernant l’administration sont-ils pris en
compte : neutralité, égalité, continuité du service public, respect des
règles de transparence, de redevabilité et d’efficience ?
Comment les décisions et priorités concernant l’intégration du
genre sont-elles prises ? Des personnes sont-elles exclues, incluses,
informées partiellement, en temps opportun ?
Dans quelle mesure hommes et femmes peuvent-ils prendre part à la
prise de décision ? Qui est toujours inclus dans la prise de décision ?
Ceci est-il lié à la fonction ou à d’autres facteurs et priorités ?
Comment le genre est-il incorporé au niveau :
a.
de l’élaboration et la planification des programmes et des
projets ?
de l’exécution des programmes et projets ?
des budgets ?
de suivi et d’évaluation ?
b.
c.
d.
Quels sont les obstacles rencontrés en matière d’implantation de
genre dans les activités dans la planification, l’exécution et l’évaluation
des programmes et des projets ?
Est-ce que les politiques et les stratégies sont fondées sur une analyse
de genre et une analyse des acteurs ?
Quelles sont les activités spécifiquement orientées vers l’égalité entre
les sexes ?
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Évaluation : Administration publique et conseils élus locaux égalitaires, paritaires et performants
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Implantation
de l’égalité de
genre dans les
programmes, projets
et activités
Responsabilité
et mécanismes
institutionnels
Élus/représentants
locaux,
responsables
et personnel
administratif
Experts genre
OSC
1.
2.
3.
4.
5.
L’administration publique/ le conseil local disposent-ils de mécanismes
institutionnels de promotion de l’égalité : points focaux, services ou
bureaux, commission ministérielle et interministérielle, observatoire de
l’égalité/parité, etc. ?

Si oui, que pensez-vous du statut et rôle des personnes en
charge de ces mécanismes au sein de l’institution - Leur
mission est-elle claire, acceptée par tous (ex. par la hiérarchie)
et respectée par les membres de l’institution?
Ces personnes ont-elles des pouvoirs suffisants, un accès et un
contrôle appropriés des ressources, compétences etc. nécessaires
pour remplir leur rôle ? Si oui, comment, sinon, pourquoi ?
Les organes responsables de l’égalité hommes/femmes au sein de
l’administration/ conseil communal sont-ils efficaces ? Si oui, comment?
Sinon, pourquoi ?
Quelles sont leur relations avec les OSC, les organisations de
défense des droits des femmes, universités, les médias et autres ?
Quelles sont vos propositions et suggestions pour l’amélioration
institutionnelle de la responsabilité pour l’intégration du genre ?
Évaluation : Administration publique et conseils élus locaux égalitaires, paritaires et performants
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Performance,
efficience et
transparence
Connaissance et
compétences
Elus locaux,
personnel, experts
des questions de
genre
OSC
1.
2.
3.
4.
Le personnel possède-t-il la connaissance, les compétences et les
aptitudes nécessaires pour l’intégration /institutionnalisation du genre ?
Existe-t-il un programme de formation continue en genre et au profit
de qui ? Quelle évaluation faites-vous de ce programme et de ses
impacts ?
Est-ce que le personnel en charge de l’objectif de l’égalité de genre
partage une compréhension commune des concepts de base ? Quel
est le processus ayant conduit à cela ?
L’information sur les questions de genre est-elle collectée, adaptée,
diffusée et utilisée de façon structurée ? Y a-t-il une personne chargée
de cette tâche ?
Évaluation : Administration publique et conseils élus locaux égalitaires, paritaires et performants
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Performance,
efficience et
transparence
Gestion des ressources
humaines
Responsables RH
Personnel
1.
2.
3.
4.
5.
Y a-t-il un centre de documentation bien fourni, opérationnel, où sont
réunis des documents, des supports audio/visuels sur les questions
de genre ?
Les documents en matière de genre sont-ils disponibles et diffusés
de façon active auprès du personnel de cette institution et des
organisations partenaires ?
Existe-t-il une politique de gestion des ressources humaines qui
prend en compte le genre dans le recrutement, nomination, mobilité,
promotion et évaluation du rendement du personnel ?
Comment l’équilibre entre les sexes dans le personnel et dans la
direction est-il promu/préservé : mesures incitatives, sensibilisation
des gestionnaires RH et des comités de sélection, etc. ?
Les femmes et hommes ont-ils la même information/connaissance des
référentiels des emplois et compétences (REC) pour une meilleure
gestion de carrière ? Si non, pourquoi ?
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Évaluation : Administration publique et conseils élus locaux égalitaires, paritaires et performants
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Culture
institutionnelle et
pratiques favorables
à l’égalité et parité
Gestion des ressources
humaines
Haut fonctionnaire,
Responsables élus
Personnel
OSC
1.
2.
3.
4.
5.
Quelles sont les valeurs fondamentales de l’institution par rapport à
l’égalité ? Comment et où se déclinent ces valeurs ?
La fonction publique/collectivités locales ont-elles une politique visant
à :


Lutter contre les discriminations sexistes ?
Lutter contre le harcèlement sexuel ? si oui, quels types
de mesures (y compris mécanismes de plainte en cas de
harcèlement/ discrimination et traitement des plaintes) ?
Existe-t-il un mécanisme de plainte en cas de harcèlement et de
discrimination ?
Des plaintes ont-elles été enregistrées ? Comment ont-elles été
traitées ?
Comment évaluez-vous ces mesures ? sont-elles suffisantes ? sinon,
que faut-il envisager ?
Évaluation : Administration publique et conseils élus locaux égalitaires, paritaires et performants
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Culture
institutionnelle et
pratiques favorables
à l’égalité et parité
Conditions de travail
favorables à l’équilibre
travail/vie privée
Haut fonctionnaire,
Responsables élus
Personnel
1.
2.
3.
4.
Les conditions de travail au sein de l’administration /conseil local sont-
elles favorables à l’équilibre permettent-elles aux femmes d‘équilibrer
leurs obligations professionnelles et familiales ?

Les horaires des réunions et sessions du conseil communal
leur permettent-ils de passer suffisamment de temps avec leurs
familles ?
Les infrastructures répondent-elles aux besoins des élus et personnel qui
ont des nourrissons ou des enfants en bas âge (garderie ; pièce pour les
mères qui allaitent) ?
Le genre est-il intégré dans les mécanismes en place pour le
développement du personnel (formation, promotion, recrutement,
avancement dans la carrière, etc.) ?
Dans quelle mesure les besoins des femmes et des hommes ont-ils
été pris en compte par ces mécanismes (ex. horaires des réunions,
disponibilité des femmes pour des formations durant le weekend
end, dans d’autres villes, à l’étranger) par rapport aux responsabilités
familiales ?
Évaluation : Administration publique et conseils élus locaux égalitaires, paritaires et performants
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Culture
institutionnelle et
pratiques favorables
à l’égalité et parité
Environnement
physique du travail
favorable à l’égalité
et parité
Elus et personnel
administratif
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Le conseil local /administration publique peut-il être considéré comme un
espace de travail attentif à la dimension du genre ?
Quels critères déterminent l’allocation d’espaces et d’équipement de
bureau ?
Les noms des salles de l’édifice reflètent-ils la contribution et le rôle
dirigeant des femmes comme des hommes ?
La disponibilité de crèches et jardins d’enfants
Les installations élémentaires, comme les toilettes, sont-elles aisément
accessibles aussi bien aux élus et personnel hommes et femmes ?
Les installations de restauration sont-elles ouvertes également aux
femmes et aux hommes ?
Évaluation : Administration publique et conseils élus locaux égalitaires, paritaires et performants
Dimension/Domaine
Sous-composantes
Partenaire(s)
Guide d’entretien
Culture
institutionnelle et
pratiques favorables
à l’égalité et parité
Redevabilité et
coopération et
partenariat avec les
OSC
Responsables dans
l’administration et
dans les conseils
locaux
OSC
1.
2.
3.
4.
Quels types de relations l’institution développe-t-elle avec les OSC et
avec les organisations féministes : partenariats formalisés, relations
informelles, confiances, méfiance ?
Comment et par quels moyens les citoyens ont-ils accès à l’information
sur les activités de la commune et sur les processus budgétaires pour
les rendre permettant de renforcer la transparence et la redevabilité.
Quelles sont les mécanismes mis en place pour faciliter la participation
des OSC/associations féministe à l’identification des priorités politiques
et dans les programmes et projet ?
Quels sont les mécanismes de soutien aux OSC mis en place :
renforcement des capacités, subventions, etc. ? Quelle est la part
accordée aux associations de défense des droits des femmes ?
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GLOSSAIRE
Décentralisation : « La décentralisation consiste dans le transfert de compétences de l’État vers des institutions
distinctes de lui, parfois appelées collectivités locales. Ces dernières jouissent de l’autonomie de décision et de
finances propres, de manière plus ou moins étendue selon les pays » (OCDE, 2017b). Peuvent être distinguées
la décentralisation politique (transfert des pouvoirs politiques), fiscale/budgétaire (réallocation des ressources
financières) et administrative (transfert des pouvoirs de prise de décisions et de responsabilité en matière de
prestation de services publics) (OCDE, 2017b)
Déconcentration : « La déconcentration administrative, c’est-à-dire la délégation des attributions de l’État à des
agents ou à des organismes locaux qui restent soumis à l’autorité de l’État et ne jouissent que d’une autonomie
limitée » (OCDE, 2017b)
Démocratie participative : L’ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent de stimuler l’implication des
citoyens dans la vie politique et d’accroître leur rôle dans les prises de décision (http://www.toupie.org/Dictionnaire/
Democratie_participative.htm).
Démocratisation : Processus par lequel un régime politique ou une institution s’efforce de mettre en pratique les
principes démocratiques. (https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/d%C3%A9mocratisation/23432)
Dispositif national en faveur de l’égalité des genres : Un réseau de structures coordonnées au sein du gouvernement
et en dehors de lui, qui facilitent les modes de transformation politique, sociale, économique et autre pour aplanir les
inégalités systémiques et promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes (OCDE, 2018b).
Données ventilées par sexe : Données recueillies et compilées séparément pour les hommes et les femmes. Elles
permettent de mesurer les différences entre les femmes et les hommes sur différents plans sociaux et économiques
(OCDE, 2018b).
Égalité entre les genres : L’égalité devant la loi, ou l’égalité des chances, mais aussi l’égale expression (la capacité
d’influencer l’élaboration des politiques publiques et d’y participer). Ceci inclut le concept d’équité entre les sexes,
c’est-à-dire l’accès juste et égal à l’information, aux services, à la justice, aux ressources, aux bénéfices et aux
responsabilités (OCDE, 2018b).
Équité entre les genres : Le fait d’être juste envers les femmes et les hommes. Afin d’assurer l’équité des genres,
des mesures sont souvent nécessaires pour compenser les déséquilibres historiques et sociaux qui empêchent les
femmes et les hommes de vivre sur un pied d’égalité (« Une approche intégrée à l’analyse comparative entre les
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Genre : Comprend les comportements des êtres humains et leurs attentes socialement construites et inculquées.
Toutes les cultures interprètent les différences biologiques entre femmes et hommes comme faisant partie d’un
ensemble d’attentes sociales au sujet des comportements et activités jugés acceptables, et de droits, ressources
et pouvoirs que les hommes et les femmes possèdent. Au même titre que la race, l’ethnicité et la classe sociale,
le genre est une catégorie sociale qui détermine largement les chances de chacun de ses membres. Le genre
influence la participation de chacun dans la société et l’économie (OCDE, 2018b).
Organisation non-gouvernementale : Organisation créée par des personnes physiques ou morales, qui agit
en dehors d’un gouvernement quel qu’il soit. Le terme a son origine dans les Nations Unies. Il est normalement
utilisé pour faire référence à des organisations qui ne font pas partie du gouvernement ni ne sont des entreprises
conventionnelles à but lucratif. Lorsque les ONG sont financées en tout ou en partie par des gouvernements, elles
gardent leur statut non-gouvernemental en excluant de leurs membres les représentants de l’État. Le terme ne
s’applique normalement qu’aux organisations qui entendent servir un objectif social large ayant les aspects politiques
sans pour autant pouvoir être assimilé à un parti politique (OCDE, 2018b).
Parité horizontale : Alternance de candidats têtes de listes par genre (Institut National Démocratique, 2015, https://
www.ndi.org/sites/default/files/Tunisia%20Election%20 Report%202014 _FR_ SOFT%20(1).pdf
Parité verticale : Alternance entre femmes et hommes au sein d’une même liste électorale (ONU Femmes, 2016,
http://maghreb.unwomen.org/fr/actualites-evenements/actualites/2016/06/tunisie-parite-horizontale-et-verticale)
Quotas ou cibles sexe : Plusieurs pays mobilisent des quotas (relatifs), ou cibles, annuels qui doivent être atteints à
des dates préétablies afin d’améliorer la représentation des femmes dans la vie publique (OCDE, 2018b).
Quotas ou cibles sexe dans le service public : Plusieurs pays ont imposé des quotas ou cibles sexe dans le service
public afin de parvenir à un équilibre de la représentation des sexes ou à une meilleure représentation des femmes
dans les comités et commissions du gouvernement (OCDE, 2018b).
Quotas ou cibles politiques : Trois principaux types de quotas ou cibles politiques existent. En premier lieu, des
quotas, ou cibles volontaires, adoptés par les partis politiques dans divers pays : un parti s’engage à nommer
un certain pourcentage de femmes candidates sur les listes électorales. En deuxième lieu, des quotas ou cibles
candidats exigés par la législation d’un pays, qui dispose qu’un certain nombre de positions éligibles doivent être
réservées à des femmes. Dans certains cas, des conditions sont prévues quant à la position des femmes sur la liste
électorale, par exemple lorsqu’il est exigé que chaque deuxième rang sur une liste soit affecté à une femme. Enfin,
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les sièges réservés désignent des positions pour lesquelles seules des femmes peuvent concourir ; ils sont utilisés
pour réguler de manière plus directe le nombre de femmes en position éligible (OCDE, 2018b).
Violence politique : « tout acte, ou pratique, fondé sur la discrimination entre les sexes dont l’auteur vise à priver une
femme du droit d’exercer toute activité politique, partisane, associative ou tout droit ou liberté fondamentale, ou à
l’empêcher de l’exercer » (Loi organique tunisienne n° 2017-58 du 11 août 2017 relative à l’élimination de la violence
à l’encontre des femmes) (OCDE, 2018b).
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Union Européenne et Gouvernement de la République Tunisienne (2014), Profil Genre de la Tunisie 2014, https://
eeas.europa.eu/sites/eeas/files/rapport_national_genre_ tunisie_2014_complet_fr.pdf
Union Interparlementaire (2016), Sexisme, harcèlement et violence à l’encontre des femmes parlementaires, 22
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Union Interparlementaire (2008), Equality in Politics: A Survey of Men and Women in Parliaments, Reports and
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Wikigender (s.d.), « « Jeunes femmes et participation politique en Tunisie: mobilisation informelle et participation
institutionnelle balisant la voie pour des actions futures » www.wikigender.org/fr/wiki/jeunes-femmes-et-
participation-politique-en-tunisie-mobilisation-informelle-et-participation-institutionnelle-balisant-la-voie-pour-
des-actions-futures/ (consulté le 16 août 2017).
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report-2017/
World Economic Forum (2015), Global Gender Gap 2015, https://www.weforum.org/reports/global-gender-gap-
report-2015
2014-ناسنلاا قوقحل بيرعلا دهعلما ،ةينهلما تايعمجلاو تاباقنلاو ةيسايسلا بازحلاا ةبرجت : ةيسايسلا ةكراشلماو ءاسنلا ،راصصر قيفش دمحم ،يرقش ةظيفح
2006-نميلا ،سنوت ،نانبل ،صرم ،رئازجلا في ليحلما مكحلاو ةيبرعلا ةارلما ،ثوحبلاو بيردتلل ةيبرعلا ةأرلما زكرم
2014-
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ANNEXE 3 : NOTES
1
Institut National de la Statistique, TUNIS à travers le Recensement Général de la Population et de l’Habitat
2014, milieu communal féminin http://census.ins.tn/sites/default/files/1_TUNIS-1_0.pdf
2
Taux d’analphabétisme des femmes de 10 ans et plus dans le gouvernorat de Kairouan, milieux communal
et non-communal confondus, http://www.ins.nat.tn/sites/default/files/publication/pdf/16_KAIROUAN.pdf
3
Sondage sur la perception des Tunisiens de la participation de la femme à la vie politique en Tunisie, Rapport
d’Analyse, PNUD, Décembre 2013.
4
Inter-Parliamentary Union (IPU) PARLINE (database), et IDEA Quota Project (database)
5
Les données proviennent de sources multiples : ComundadMujer (2014), El Kharouf, Amal Mohummad Ali ey
Al-Jribia, Mohummad (2017), Eto, Mikito (2013), Parlement Européen (2012), Federation des Municipalités Canadiennes
(2015), Ministère du Développement Socialn, Gouvernement de Nouvelle-Zélande (2016), Nagid, Moran (2013),
OCDE, ONU Femmes Maghreb (2015), Parlement d’Australie(2012), Savas-Yavusçehre, Pinar et Cigeroglu-Öztepe,
Misra (2016), Statut des Femmes aux Etats-Unis (2015), Sundström, Aksel (2013), et le Programme DES Nations Unies
pour le Développement (2014).
6
Article 11 : Déclaration mondiale de l’Union internationale des villes et pouvoirs locaux (IULA) sur les femmes
dans le gouvernement local, 1998.
7
Étude Gender Scan, Global contact Études&Conseil, 2016.
8
Décret gouvernemental n° 2016-600 du 26 mai 2016, relatif à la création de nouvelles communes au
gouvernorats de l’Ariana, Ben Arous, Sidi Bouzid, Gabès, Médenine, Gafsa et Kébili, Décret gouvernemental n° 2016-
601 du 26 mai 2016, relatif à la création de nouvelles communes au gouvernorats de Ben Arous, Manouba, Bizerte,
Nabeul, Zaghouan, Béja, Jendouba, Kef, Siliana, Kasserine, Sidi Bouzid, Kairouan, Sousse, Mahdia, Sfax, Gafsa, Kébili,
Gabès, Médenine et Tataouine, Journal Officiel de la République Tunisienne — 27 mai 2016 N° 43, pp 1689- 1692.
9
Décret gouvernemental n° 2016-602 du 26 mai 2016, portant modification des limites territoriales de
certaines communes concernant les gouvernorats de l’Ariana, Ben Arous, Manouba, Bizerte, Nabeul, Zaghouan,
Béja, de Jendouba, Kef, Siliana, Kasserine, Sidi Bouzid, Kairouan, Sousse, Mahdia, Sfax, Gafsa, Tozeur, Kébili, Gabès,
Médenine et Tataouine, Journal Officiel de la République Tunisienne — 27 mai 2016 N° 43, pp 1699-1727.
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10 Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979), Article 7.
11
Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979), Article 8.
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12
Pacte International relatif aux droits civils et politiques (1966), Article 25.
13 Déclaration et Programme d’action de Pékin.
http://www.un.org/womenwatch/daw/beijing/pdf/BDPfA%20F.pdf
14
Programme d’action de Pékin, Articles 181-194.
15
Programme d’action de Pékin, Articles 195-202.
16
Programme d’action de Pékin, Article 181.
17
La population active totale comprend les personnes âgées de 15 ans et plus qui correspondent à la
définition de la population économiquement active de l’Organisation internationale du Travail : toutes les personnes
qui fournissent du travail pour la production de biens et de services au cours d’une période donnée. Cette définition
comprend à la fois les travailleurs et les demandeurs d’emploi. Alors que les pratiques nationales varient dans le
traitement des groupes tels que le personnel des forces armées et les ouvriers saisonniers ou à temps partiel, en
général, la population active comprend le personnel des forces armées, les demandeurs d’emploi et les personnes à
la recherche d’un premier emploi, mais exclut les femmes au foyer et les autres personnels soignants et les ouvriers
du secteur informel qui ne sont pas payés. (Banque Mondiale d’après l’Organisation internationale du Travail.)
18
Banque Mondiale, “Population active, femmes (% de la population active) - Source : Utilisation des estimations
de la Banque mondiale sur la population, Organisation Internationale du Travail. https://donnees.banquemondiale.
org/indicateur/SL.TLF.TOTL.FE.ZS?end=2017&locations=TN&name_desc=false&start=1990 – Consulté le 7 mars
2018.
19
Les premiers résulats du rapport «Mesure et Bonnes Pratiques de la Diversité des Genres dans les
Entreprises Tunisiennes», commandé par le Ministre Fédéral de la Coopération Économique et du Développement
en Allemagne et mis en œuvre par Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), ont été présentés
dans le cadre du Forum de la Diversité organisé par l’IACE.
20 Projet de résolution renvoyé au Sommet des Nations Unies consacré à l’adoption du programme de
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développement pour l’après-2015 par l’Assemblée générale à sa 69e session, « Transformer notre monde : le
Programme de développement durable à l’horizon 2030 » A/70/L.1.
21
Loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014 relative aux élections et aux référendums et loi n°2017-7 modifiant
et complétant la loi n°2014-16 relative aux élections et référendums
22 http://maghreb.unwomen.org/fr/actualites-evenements/actualites/2016/06/tunisie-parite-horizontale-et-
verticale.
23 http//majless.marsad.tn/2014/assemblée.
24 OCDE (2016), Improving Women’s Access to Leadership: What Works? – Background Report, p. 8.
25
Union interparlementaire http://www.ipu.org/press-f/pressrelease201503051.htm
26 Si la proportion de femmes parlementaires dans le monde arabe a progressé de 11.8 points entre 1995 et
2015, pour s’établir à 16.1%, la région demeure malgré tout avant-dernière en termes de femmes parlementaires en
2015.
27 Cette moyenne mondiale enregistrée en 2015 a doublé en 20 ans. Elle était de 11.3% en 1995.
28 https://www.ipu.org/fr/ressources/publications/infographies/2017-03/les-femmes-en-politique-2017.
29
UIP et ONU Femmes (2017), « Femmes en politique : 2017 » - données obtenues auprès des gouvernements
nationaux.
30 Toutes les statistiques portant sur la participation des femmes aux instances locales avant 2011 viennent du
Ministère de l’Intérieur.
31
Les données proviennent de sources multiples : ComundadMujer (2014), El Kharouf, Amal Mohummad Ali ey
Al-Jribia, Mohummad (2017), Eto, Mikito (2013), Parlement Européen (2012), Federation des Municipalités Canadiennes
(2015), Ministère du Développement Socialn, Gouvernement de Nouvelle-Zélande (2016), Nagid, Moran (2013),
OCDE, ONU Femmes Maghreb (2015), Parlement d’Australie(2012), Savas-Yavusçehre, Pinar et Cigeroglu-Öztepe,
Misra (2016), Statut des Femmes aux Etats-Unis (2015), Sundström, Aksel (2013), et le Programme DES Nations Unies
pour le Développement (2014).
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Les données se rapportent de plus à différentes années selon les pays : 2015 (Etats Unis, Canada et Maroc),
2014 (Turquie), 2013 (Autriche, Belgique, République Tchèque, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France,
Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Israel, Italie, Japon, Jordanie, Lettonie, Luxembourg, Mexique, Pays-Bas,
Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse et Royaume-Uni), 2012 (Chili),
2011 (Australie), 2010 (Corée du Sud et Tunisie) et 2008 (Egypte).
32
Conformément à l’article 13 de la loi n° 75-33 du 14 mai 1975, portant promulgation de la loi organique des
communes: “En cas de dissolution d’un conseil municipal ou de démission de tous ses membres en exercice et
lorsqu’un conseil municipal ne peut être constitué, une délégation spéciale en remplit les fonctions.
33 Voir à titre d’exemple le décret n° 778 du 25 juin 2011 portant désignation de certaines délégations spéciales
pour des municipalités; le décret n°1122 du 10 août 2012 portant sur la désignation de délégations spéciales pour
tous les conseils régionaux dissous.
34
Voir à titre d’exemple: Décret gouvernemental n° 2017-456 du 12 avril 2017, portant désignation d’une
délégation spéciale à la commune de Rakada du gouvernorat de Kairouan, Journal Officiel de la République
Tunisienne, n° 30, 14 avril 2017, page 1425; Décret gouvernemental n° 2017-936 du 16 août 2017, portant désignation
d’une délégation spéciale à la commune d’El Ain El Beidha du gouvernorat de Kairouan, Journal Officiel de la
République Tunisienne, n° 68, 25 août 2017 , page 2761.
35
Voir à titre d’exemple le décret n°778 du 25 juin 2011 portant designation de délégations spéciales à certaines
communes; Décret gouvernemental n° 2017-935 du 16 août 2017, portant désignation d’une délégation spéciale à la
commune de Chaouachi du gouvernorat de Kairouan, Journal Officiel de la République Tunisienne, n° 68, 25 août
2017, page 2760.
36
Journal Officiel de la République Tunisienne des 29 novembre au 3 décembre 1968, p. 1260.
37
Loi n° 85-68 du 12 juillet 1985, portant ratification de la Convention sur l’élimination de toutes les formes
de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), Journal Officiel RT n° 54 du 16 juillet 1985, p. 919. Par le décret-loi
n°103 du 24 octobre 2011, les réserves à la CEDAW ont été levées mais avec maintien de la déclaration générale. La
procédure fut achevée en avril 2014 avec la notification de la levée des réserves au dépositaire du Traité. Voir le lien
vers la https://treaties.un.org/doc/Publication/CN/2014/CN.220.2014-Eng.pdf
38
La Tunisie a émis une Déclaration générale selon laquelle «le gouvernement tunisien déclare qu’il n’adoptera,
en vertu de la Convention, aucune décision administrative ou législative qui serait susceptible d’aller à l’encontre
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des dispositions du chapitre premier de la Constitution». Dans la version arabe du texte, en revanche, c’est l’article
premier de la Constitution qui est spécifiquement visé.
39
Conformément à l’article 17 du protocole facultatif, « Le présent Protocole n’admet aucune réserve …».
40
Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des
femmes, article 4.
41
Les notes concernant le tableau sur l’état des ratifications et des réserves faites par les pays de la zone
MENA concernant la CEDEF sont les suivantes :
1.
« Le gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire se déclare disposé à appliquer
les dispositions de cet article à condition qu’elles n’aillent pas à l’encontre des dispositions du code algérien
de la famille. ».
2. « Réserve sur l’ensemble des dispositions de l’article 2 dont la République arabe d’Égypte est prête à appliquer
les différents alinéas à condition qu’ils n’aillent pas à l’encontre des dispositions de la charia musulmane
3. « Pour l’application de l’article 2 de la Convention, il y a lieu de tenir dûment compte des normes péremptoires
édictées par la charia islamique en ce qui concerne la détermination de la part revenant à chaque héritier
dans la succession d’une personne décédée, de sexe masculin ou de sexe féminin ».
4. « 1. En ce qui concerne l’article 2 : Le Gouvernement du Royaume du Maroc se déclare disposé à appliquer
les dispositions de cet article à condition :

qu’elles n’aient pas d’effet sur les dispositions constitutionnelles régissant les règles de succession au
trône du Royaume du Maroc ;

qu’elles n’aillent pas à l’encontre des dispositions de la charia islamique, étant donné que certaines
dispositions contenues dans le Code marocain du statut personnel (qui donnent à la femme des droits
qui diffèrent de ceux octroyés à l’époux) ne pourraient être transgressées ou abrogées du fait qu’elles
sont fondamentalement issues de la charia islamique qui vise, entre autres, à réaliser l’équilibre entre les
conjoints afin de préserver la consolidation des liens familiaux ».
5. « Le Gouvernement tunisien déclare qu’il n’adoptera en vertu de la Convention, aucune décision administrative
ou législative qui serait susceptible d’aller à l’encontre des dispositions du chapitre 1er de la Constitution
tunisienne ».
6.
1(c) : mêmes droits et responsabilités au cours du mariage et lors de sa dissolution ; (d) : mêmes droits et
mêmes responsabilités en tant que parents, quel que soit leur état matrimonial ; (g) : mêmes droits personnels
au mari et à la femme, y compris en ce qui concerne le choix du nom de famille, d’une profession et d’une
occupation.
7. Voir note précédente.
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42
Pour consulter le texte du Protocole, voir :http://www.un.org/fr/africa/osaa/pdf/au/protocol_rights_women_
africa_2003f.pdf
43
Voir le tableau de ratification: Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux
droits des femmes en Afrique à l’adresse suivante : http://www.achpr.org/fr/instruments/women-protocol/ratification/
44
Par la représentante du ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes Agées, 12 mars
2018 à Tunis.
45 http://www.albawsala.com/uploads/documents/Version_finale_de_la_traduction_FR_-_verifie.pdf
46
Le préambule dispose que « l’État garantit la suprématie de la loi, les libertés et les droits de l’Homme,
l’indépendance de la justice, l’égalité en droits et en devoirs entre les citoyens et les citoyennes ».
47
Rapport de Democracy Reporting International (DRI), La mise en œuvre de la Constitution tunisienne au
niveau du cadre juridique pour la période : du 27 janvier 2014 au 30 septembre 2015 », disponible en ligne à cette
adresse : http://democracy-reporting.org/newdri/wp-content/uploads/2016/03/dri_fr_print_finalis__.pdf
48
La répartition au plus fort reste implique que dans chaque circonscription, les sièges non pourvus soient
attribués à chaque liste selon l’ordre décroissant des suffrages inemployés après la première répartition. Cette
méthode avantage les petites formations notamment celles qui n’ont pas réussi à obtenir le quotient électoral mais
qui s’en sont approchées et disposent de forts restes. (https://www.interieur.gouv.fr/Elections/Les-elections-en-
France/Les-modalites-d-elections/Les-differents-modes-de-scrutins)
49 https://www.huffpostmaghreb.com/entry/larp-adopte-le-code-des-collectivites-locales_mg_
5ae2cf03e4b04aa23f21b7a5 (Consulté le 27 avril 2018).
50 https://www.huffpostmaghreb.com/entry/larp-adopte-le-code-des-collectivites-locales_mg_
5ae2cf03e4b04aa23f21b7a5 (Consulté le 27 avril 2018).
51
Le Comité national pour la promotion de l’égalité femmes-hommes dans la gestion des affaires locales (CNP-
EGAL), est créé le 6 Avril 2015 par une initiative conjointe du CREDIF et de CILG - VNGI, et parrainé par le ministère de
la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors, avec la participation de plusieurs structures gouvernementales
et associations actives dans le domaine de la citoyenneté et de la défense des droits des femmes en Tunisie.
52 Loi 2018-29 du 9 mai 2018 relative au Code des Collectivités Locales (en arabe)
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www.cnudst.rnrt.tn/jortsrc/2018/2018a/ja0392018.pdf
53
Dans ce cadre, il est important de souligner l’existence d’une initiative qui n’est pas encore institutionnalisée.
Il s’agit de la création d’un Comité national de promotion de l’égalité femmes-hommes dans la gestion des affaires
locales (CNP-EGAL), fondé le 6 Avril 2015 par une initiative du Centre de recherche, de documentation et d’information
sur la femme (CREDIF) et du Centre de développement international pour la gouvernance locale-Bureau régional
de l’agence de coopération internationale de l’association des communes néerlandaises (CILG - VNGI), et parrainé
par le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes Agées, avec la participation de plusieurs
structures gouvernementales et associations actives dans le domaine de la citoyenneté et de la défense des droits
des femmes. Ce Comité a procédé à l’élaboration d’une charte nationale pour promouvoir l’égalité femmes-hommes
en optant pour une approche intégrée. Cette charte résulte d’un processus d’élaboration participatif et inclusif visant
à coordonner et fédérer les efforts de différents acteurs réunis dans le cadre du CREDIF. L’adhésion à la charte est
volontaire, elle est ouverte à tous les acteurs de la vie locale, tels que les collectivités locales, et le pouvoir central.
Cette charte est aussi ouverte aux partis politiques, associations, syndicats, entreprises publiques et privées. Leur
adhésion à la charte suppose qu’ils œuvrent pour la concrétisation des principes évoqués.
54
Le projet de code des collectivités locales prévoit une budgétisation sensible au genre. Cet instrument
a été lancé depuis les années mi-80 à 90 par certains pays pionniers tels l’Australie et l’Afrique du Sud. Mais cette
technique a évolué progressivement dans presque toutes les parties du monde, y compris en Afrique (Maroc et
Sénégal).
Le comité de la CEDEF considère que la budgétisation est une activité-clé du gouvernement, laquelle s’intéresse
notamment au processus d’évaluation des conséquences pour les femmes et les hommes de toute action planifiée,
y compris la législation, les politiques ou les programmes, dans tout domaine et à tous les niveaux. L’utilisation
efficiente des crédits budgétaires à partir d’une analyse des besoins spécifiques des hommes et des femmes
permettra ainsi d’améliorer le bien-être de la société. Le budget sensible au genre vise ainsi à réduire les inégalités
socio-économiques entre les couches sociales et à considérer les principes de l’équité et de l’égalité puisqu’il
permet d’étudier les effets de répartition des recettes et des dépenses sur les hommes et les femmes ; de répondre
équitablement aux besoins pratiques et stratégiques des femmes et des hommes des différentes couches de la
société.
55
Créé par le décret n°2013-4063 du 16 septembre 2013
56 http://www.moussawat.tn/content/programme-de-promotion-de-l%E2%80%99%C3%A9galit%C3%A9-entre-
les-femmes-et-les-hommes.
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Sana Ben Achour: violences à l’égard des femmes, les lois du genre. Euro Med Droits, mai 2016
58
Constitution Tunisienne (2014), Article 126.
59
L’article 8 dispose que l’instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme
politique et de la transition démocratique veille au respect du principe de parité entre hommes et femmes.
60
L’article 6 prévoit qu’il incombe à la commission spéciale, mise en place par l’ANC, de choisir 36 candidats
à raison de 4 candidats pour chacune des catégories prévues par l’article 5, sur la base de la parité.
61
Loi organique n° 52 du 28 décembre 2013.
62
A la date du 12 mars 2018, date de la séance de consultation sur le rapport organisée par l’OCDE à Tunis
63 http://www.isie.tn/communiques/2014/11/07/session-de-formation-des-formateurs-des-coordinateurs-et-des-
membres-des-instances-regionales/
64 https://www.webmanagercenter.com/2017/06/10/407674/isie-lance-une-plateforme-de-formation-a-
distance-en-matiere-electorale/
65
Constitution de la République Tunisienne (2014), Article 128.
66
Site de l’Institut National de la Statisitique - www.ins.tn/fr/page-presentation
67
Rapport National Genre Tunisie 2015. www.ins.tn/sites/default/files/publication/pdf/rapport%20national%20
genre%20Site%20_0.pdf
68
Les disparités genre à partir des résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat 2014
http://www.ins.tn/sites/default/files/publication/pdf/rapport%20analyse%20genre%20recensement%20site.pdf
69
Ce décret-loi abroge la loi organique n° 88-32 du 3 mai 1988, portant organisation des partis politiques et la
loi n° 97-48 du 21 juillet 1997, relative au financement public des partis politiques.
70
Les paragraphes 3, 4, 5, 6 et 7 ont été ajoutés à l’ancien article 8 par la loi constitutionnelle n° 97-65 du 27
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octobre 1997.
71
Transparency International : Tunisie https://www.transparency.org/country/TUN
72
Banque mondiale, Country Profile Tunisia.
h t t p : / / d a t a b a n k .w o r l d b a n k . o r g / d a t a / V i e w s / R e p o r t s / R e p o r t W i d g e t C u s t o m . a s p x ? R e p o r t _
Name=CountryProfile&Id=b450fd57&tbar=y&dd=y&inf=n&zm=n&country=TUN
73
Présentation des résultats : Les partis politiques à l´épreuve des aspirations des régions, Sondage réalisé
par SIGMA en mai 2016.
74
https://www.webmanagercenter.com/2018/05/07/419567/elections-municipales-tunisie-2018-taux-de-
participation-par-gouvernorat/
75
www.isie.tn/actualites/2018/05/07/elections-municipales-2018-taux-de-participation/
76
IFEDA (2017) Statistiques des associations, http://www.ifeda.org.tn/stats/francais.pdf
77
CREDIF, Étude sur les associations œuvrant pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes en
Tunisie 2014
78
« C’est une instance constitutionnelle dotée de pouvoirs réglementaires et consultatifs. Elle œuvre à la
promotion de la culture de régulation et de pluralisme, et à l’instauration d’un nouveau mode de gouvernance
de l’audiovisuel. Créée par le décret-loi n° 2011-116 du 02 novembre 2011, relatif à la liberté de la communication
audiovisuelle, la HAICA a été annoncée officiellement le 3 mai 2013, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté
de la presse ». Haica.tn
79
Décret-loi n° 2011-116 du 2 novembre 2011, relatif à la liberté de la communication audiovisuelle et portant
création d’une Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA).
80 http://haica.tn/fr/instance/haica/
81
Décret-loi n° 2011-116 du 2 novembre 2011, relatif à la liberté de la communication audiovisuelle et portant
création d’une Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA), article 15
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En Afrique Subsaharienne, « les contraintes à la progression des femmes en politique sont pour la plupart
structurelles : ainsi en est-il de l’idéologie traditionnelle que ni la politique coloniale, ni ensuite les systèmes législatifs
nationaux n’ont supplantée » dans Adjamagbo-Johnson, K. (2013), « Le politiques est aussi l’affaire des femmes »
http://www.politique-africaine.com/numeros/pdf/065062.pdf
83
Les hommes quittent un travail en raison d conditions inadaptées pour 49.4 % (CREDIF et ONU Femmes,
2016, p. 55).
84
Taux d’analphabétisme des femmes de 10 ans et plus dans le gouvernorat de Tunis, milieux communal et
non-communal confondus, http://census.ins.tn/sites/default/files/1_TUNIS-1_0.pdf
85
Taux d’analphabétisme des femmes de 10 ans et plus dans le gouvernorat de Tunis, milieux communal et
non-communal confondus, http://census.ins.tn/sites/default/files/1_TUNIS-1_0.pdf
86
Taux d’analphabétisme des femmes de 10 ans et plus dans le gouvernorat de Tunis, milieux communal et
non-communal confondus, http://census.ins.tn/sites/default/files/1_TUNIS-1_0.pdf
87
Taux d’analphabétisme des femmes de 10 ans et plus dans le gouvernorat de Kairouan, milieux communal
et non-communal confondus, http://www.ins.nat.tn/sites/default/files/publication/pdf/16_KAIROUAN.pdf
88
http://www.radioexpressfm.com/lire/rapport-national-365-cas-de-suicide-en-2015-4927
89
Institut National de la Statistique, TUNIS à travers le Recensement Général de la Population et de l’Habitat
2014 : Répartition des chômeurs de 15 ans et plus selon le niveau d’instruction, le milieu et le sexe (%), milieu communal
féminin http://census.ins.tn/sites/default/files/1_TUNIS-1_0.pdf
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Programme
MENA - OCDE
pour la Gouvernance
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