Rapport sur les droits humains en Tunisie
préparé par L’ATUPRET et l'ATLMSTSIDA
Parler des droits humains en Tunisie nous oblige à parler de deux périodes :
1. La première qui date depuis l’indépendance jusqu’à la révolution
tunisienne du 14 janvier 2011.
2. La deuxième qui date depuis le 15 janvier jusqu’à nos jours.
Pour la première il faut noter que la Tunisie a beaucoup souffert du paradoxal
entre ce qui se disait à travers les medias et la réalité sur le terrain.
Le résumé du rapport du conseil des droits de l’homme qui revient aux nations
unies a mis l’accent sur cette contradiction en parlant du :
1) Droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne
L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) indique dans sa
communication que bien que l’incrimination de torture existe dans le droit
tunisien, il a été constaté ces dernières années une généralisation du
recours à la torture à tous les niveaux de la procédure pénale et que l’entrée
en vigueur de la loi antiterroriste a coïncidé avec la recrudescence de ce
fléau. Cette dernière constatation a été faite également par la Fédération
Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH), le Conseil national
pour les libertés en Tunisie (CNLT) et la Ligue tunisienne des droits de
l’homme.
En ce qui concerne la question de la détention, Amnesty International
rapporte avec préoccupation que les conditions carcérales en Tunisie sont
telles qu’elles constitueraient un traitement cruel, inhumain ou dégradant,
voire une torture, et note que malgré la décision encourageante des autorités
tunisiennes d’autoriser le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à
visiter les prisons, les détenus politiques continuent d’observer des grèves de
la faim pour protester contre leurs conditions de détention. L’OMCT fait le
même commentaire et le recommande au Gouvernement de prendre des
mesures visant à rendre les lieux de détention conformes aux normes
internationales. recommande au Gouvernement tunisien de prendre des
mesures efficaces de prévention contre l’usage de la torture et d’autres
traitements cruels, inhumains et dégradants à l’encontre des personnes
détenues par la police ou emprisonnées, d’assurer pour toutes les allégations
de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants
une enquête immédiate, indépendante et impartiale et de poursuivre en
justice, le cas échéant, les auteurs de tels actes.
2) Respect de la vie privée
. Dans une communication rédigée conjointement avec d’autres
associations, l’Association lesbienne et gaie internationale (ILGA) souligne
que la législation tunisienne continue de réprimer pénalement les actes
sexuels entre adultes consentants. L’article 230 du Code pénal tunisien
(1913) dispose: «La sodomie, si elle ne rentre dans aucun des cas prévus aux
articles précédents, est punie de l’emprisonnement pendant trois ans.».
3) Liberté de la religion
Alkarama pour les droits de l’homme fait savoir que la liberté religieuse est
fortement restreinte et indique que les femmes qui portent le hijab et les
hommes barbus et habillés de vêtements islamiques (qamis) sont
systématiquement harcelés. Des policiers en civil les agressent
physiquement, par exemple en arrachant le voile dans la rue. Le Conseil
islamique des droits de l’homme signale en outre que la loi N° 108 de 1981
interdit aux femmes tunisiennes de porter le hijab dans les organismes
publics et que certaines femmes ont reçu l’ordre de retirer leur hijab avant
d’entrer dans une école, une université ou leur lieu de travail. Amnesty
International fait part des mêmes préoccupations et recommande au
Conseil des droits de l’homme d’engager les autorités tunisiennes à faire
respecter la liberté de religion et à prendre des mesures pour protéger les
femmes qui portent le hijab contre la discrimination et le harcèlement,
notamment de la part des agents de la force publique.
En outre, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, le
Conseil national pour les libertés en Tunisie et la Ligue tunisienne des droits
de l’homme indiquent que la société civile indépendante tunisienne
continue de subir diverses atteintes à la liberté de réunion.
D’après leur communication, de nombreuses organisations, notamment la
Ligue tunisienne des droits de l’homme, le Conseil national pour les libertés
en Tunisie et l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD)
peuvent témoigner des pressions continues exercées par les autorités sur
les établissements privés afin de les inciter à ne pas louer leurs salles à des
organisations indépendantes, du blocage quasi systématique de l’accès aux
locaux des associations et aux lieux de réunion ad hoc par les forces de
police et de la multiplication des procédures judiciaires pour vice de bail
introduites contre les organisations de la société civile. Les mêmes
préoccupations ont été exprimées par Alkarama pour les droits de
l’homme, par Human Rights Watch, par Front Line, par la Fédération
internationale des PEN Clubs et par Amnesty International, cette dernière
rapportant en outre que la police empêche ou interrompt les
manifestations ou les réunions qui n’ont pas été officiellement autorisées.
L’OMCT ajoute que depuis 2007 des informations indiquent que les
intimidations de la police politique envers les membres des organisations
de défense des droits de l’homme ne cessent de s’intensifier.
Recommandations du conseil des droits de l’homme à la
Tunisie
1. Poursuivre ses programmes et son approche globale en faveur de la
promotion et de la protection de tous les droits de l’homme, notamment dans
le domaine de l’éducation, de la santé et de la promotion du statut des femmes
et de leur émancipation.
2. Encourage la Tunisie à travailler en étroite collaboration avec les organes
internationaux de surveillance des droits de l’homme, notamment dans le
contexte du suivi des recommandations formulées lors de l’Examen périodique
universel.
- Plus de références et documents sur Legaly Docs 3. Tout en reconnaissant les progrès considérables accomplis par la Tunisie
dans le domaine des droits des femmes et de l’égalité entre les sexes,
recommande à la Tunisie d’envisager le retrait de ses réserves à la Convention
sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
4. Recommande l’harmonisation du mandat du Comité supérieur des droits de
l’homme et des libertés fondamentales avec les Principes de Paris
5. Encourage la Tunisie à poursuivre ses efforts pour promouvoir la solidarité
internationale et éradiquer la pauvreté et la prie de partager l’expérience
qu’elle a acquise dans la promotion des valeurs de solidarité, en particulier au
moyen de son Fonds de solidarité nationale et recommande aussi à la Tunisie
de continuer à œuvrer pour la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée
générale des Nations Unies portant création du Fonds de solidarité mondial
pour éliminer la pauvreté dans le monde.
6. Recommande à la Tunisie de poursuivre ses efforts dans le domaine des
droits économiques, sociaux et culturels et la prie de partager ses meilleures
pratiques en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté et l’établissement du
délicat équilibre entre les droits économiques, sociaux et culturels.
7. Encourage la Tunisie à renforcer la liberté d’expression et de réunion, en
particulier en révisant l’article 51 du Code de la presse.
8. Encourage la Tunisie à faciliter l’enregistrement des organisations de la
société civile, des associations et des partis politiques.
9. Recommande à la Tunisie de donner suite à la décision de ne plus appliquer
la peine de mort.
10. Recommande à la Tunisie d’envisager de ratifier le Protocole facultatif à la
Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains
ou dégradants dès que possible
11. Recommande à la Tunisie de poursuivre son effort d’intensification du
dialogue entre les civilisations, les cultures et les religions.
12. Recommande à la Tunisie d’envisager de coopérer avec, par exemple, le
Rapporteur spécial sur la question de la torture et le Rapporteur spécial sur la
promotion et la protection des droits de l’homme dans la lutte antiterroriste.
Les droits humains en Tunisie après la révolution du
14 janvier 2011
Il faut dire que la situation dans laquelle vivait le peuple tunisien était l’une des
facteurs qui ont déclenché la révolution et qu’après la révolution les droits
humains deviennent en quelques sortes respectés. La société civile, depuis la
date de la révolution, essaie de contribuer à la reconstruction de la nouvelle
Tunisie
L’ATLMSTSIDA (L’association tunisienne de lutte contre les maladies
sexuellement transmissibles et le sida) ET L’ATUPRET (L’association
tunisienne de prévention de la toxicomanie) qui sont deux associations
thématiques ont beaucoup travaillé pour le respect des droits humains.
Elles recommandent la mise en place d’un cadre juridique pour la
promotion des droits humains et de la dignité de la personne et pour la
réduction de la stigmatisation et de discrimination dans tous les contextes
de la riposte au VIH/SIDA.
Elles proposent la révision des textes juridiques en vue de lever la
criminalisation de la consommation de drogues et de faciliter la prévention
et de la prise en charge des consommateurs de drogue et la dépénalisation
des rapports sexuels entre des personnes du même sexe sans oublier de
réviser les textes juridiques qui criminalisent le commerce du sexe
clandestin.