POUR DIFFUSION IMMEDIATE
28 Octobre 2014
Contacts : à Tunis, Don Bisson +216 21 768 208 ou don.bisson@tunisia.cceom.org et à 
Atlanta, Soyia Ellison, soyia.ellison@emory.edu 
Le Centre Carter fait part d’un processus électoral calme, ordonné et 
transparent pendant des élections historiques en Tunisie 
Les élections législatives historiques que la Tunisie a tenues le 26 octobre ont été organisées 
d’une  manière  calme,  ordonnée  et  transparente  à  travers  le  pays.  Dans  une  déclaration 
préliminaire  publiée  aujourd’hui  par  le  Centre  Carter,  les  observateurs  électoraux  ont 
remarqué  que  beaucoup  de  Tunisiens  ont  attendu  patiemment  dans  de  longues  files,  afin 
d’exercer  leur  droit  de  vote  dans  les  premières  élections  organisées  sous  la  nouvelle 
constitution  tunisienne,  adoptée  en  Janvier  2014.  Les  élections  législatives  constituent  une 
étape importante dans l’histoire de la Tunisie de l’après-révolution puisqu’elles établissent des 
institutions représentatives après un régime dictatorial de plusieurs années. 
La  Tunisie,  qui  a  donné  naissance  au  printemps  arabe,  demeure  une  lueur  d’espoir  pour  la 
gouvernance  démocratique  dans  une  région  où  d’autres  pays  traversant  des  changements 
politiques continuent d’affronter d’importants défis. Bien que la période de transition ait été 
plus  longue  que  prévue,  l’Assemblée  nationale  constituante  a  réussi  à  surmonter  ses 
difficultés  en  accomplissant  un  certain  nombre  de  prouesses,  notamment  l’adoption  d’une 
nouvelle constitution sur la base d’un large consensus politique, la création d’une commission 
électorale indépendante et permanente chargée d’organiser les élections, ainsi que celle d’un 
cadre juridique. 
Bien que les élections se soient déroulées de manière relativement harmonieuse et ordonnée, 
les observateurs du Centre Carter ont noté des irrégularités mineures dans un nombre limité 
des bureaux de vote qu’ils ont observés, y compris l’absence d’instruction aux électeurs sur la 
manière  de  voter,  des  campagnes  illégales  devant  les  bureaux  de  vote,  et  un  personnel  de 
bureaux  de  vote  en  nombre  inadapté.  Les  résultats  sont  en  cours  de  compilation,  et  les 
résultats préliminaires n’ont pas encore été annoncés. L’ISIE a révélé un taux de participation 
en Tunisie de 61.9%. 
Dans l’ensemble, les autorités électorales sont parvenues à organiser une journée réussie, et à 
mener  un processus inclusif d’inscription des  électeurs  et d’enregistrement des candidatures 
dans  des  délais  serrés.  Malheureusement,  beaucoup  des  difficultés  rencontrées  par  l’ISIE 
ressemblaient à celles rencontrées lors des élections de l’Assemblée nationale constituante en 
2011,  notamment  l’absence  de  communication  efficace  avec  les  acteurs  électoraux  et  le 
manque de transparence.  
1 
Les conclusions principales de la mission d’observation du Centre Carter concernent : 
• L’administration  des  élections :  Même  si  l’Instance  supérieure  indépendante  des 
élections  (ISIE)  avait  peu  de  temps  pour  organiser  les  élections,  et  a  été  au  départ 
submergée par l’ampleur du travail, elle a mené à bien ces élections sans irrégularités 
importantes.  L’ISIE  a  toutefois  connu  des  problèmes  d’organisation  et  de  gestion, 
notamment  l’absence  d’une  stratégie  de  communication  claire  avec  les  acteurs 
électoraux, le manque de transparence dans son processus décisionnel, et le manque de 
personnel. 
• L’inscription des électeurs : L’ISIE, les Instances régionales indépendantes pour les 
élections (IRIE), l’administration chargée des élections régionales, les organisations de 
la  société  civile  ainsi  que  les  partis  politiques  ont  travaillé  de  concert  et  ont  veillé 
efficacement  à  ce  que  tous  les  citoyens  tunisiens  désireux  de  voter  aux  prochaines 
élections législatives et présidentielles aient la possibilité de s’inscrire. 
• Le  processus  de  vote :  Les  membres  des  bureaux  de  vote  ont  largement  suivi  les 
procédures, et le vote s’est déroulé dans une atmosphère calme et ordonnée. Certains 
électeurs ont été refoulés, soit parce qu’ils étaient dans le mauvais bureau de vote, soit 
parce qu’ils ne trouvaient pas leurs noms sur la liste. La majorité des bureaux de vote 
ont ouvert à l’heure. Si de longues files d’attente étaient signalées à l’ouverture, elles 
ont diminué au fur et à mesure de la journée. 
• Le cadre juridique : Bien que le cadre juridique électoral tunisien fournisse dans son 
ensemble  une  base  solide  pour  la  conduite  d’élections  conformes  aux  normes 
internationales  et  régionales,  certains  domaines  gagneraient  à  être  améliorés,  y 
compris  en  ce  qui  concerne  les  réglementations  trop  restrictives    des  activités  de 
campagne  et  le  plafond  de  financement  trop  faible  pour  permettre  une  véritable 
campagne. 
• La  participation  des  observateurs  et  des  représentants  des  candidats :  Comme 
preuve  d’une  participation  active  dans  le  processus  politique,  les  observateurs 
domestiques et  les  représentants des  candidats étaient présents dans tous les bureaux 
de  vote  visités,  contribuant  ainsi  à  la  transparence  du  processus.  Ils  semblaient  bien 
organisés et bien informés des procédures. 
• La  campagne :  Bien  que  l’ISIE  ait  signalé  plusieurs  manquements,  l’écrasante 
majorité de ces infractions n’a pas eu d’impact substantiel sur la campagne ou sur le 
processus  électoral  dans  son  ensemble.  Ces  infractions  concernent  des  affiches 
arrachées,  ou  bien  collées  dans  des  endroits  illicites,  l’utilisation  de  la  publicité 
politique,  ainsi  que  des  événements  publiques  de  campagne  non  autorisés.  Les 
observateurs  du  Centre  Carter  ont  indiqué  que  l’obligation  de  notifier  l’IRIE  deux 
jours avant chaque événement, dont certaines des listes candidates n’étaient même pas 
au  courant,  n’a  pas  été  toujours  respectée  par  celles-ci.  Cela  a  donné  lieu  à 
l’organisation  de  nombreux  événements  sans  notification  préalable,  dont  certains 
furent annulés par les autorités électorales. 
• La participation des femmes : Bien que la loi requiert que toutes les listes électorales 
alternent  les  hommes  et  les  femmes,  elle  ne  prescrit  pas  la  parité  horizontale,  ou 
encore la nomination de candidates comme tête de listes. Ainsi, peu de partis ont mis 
des femmes en tête de leurs listes. Seules  145 listes sur 1327 avaient une  femme tête 
de liste, alors même que 47% des candidats étaient des femmes. 
• Le  contentieux  électoral :  Les  tribunaux  de  première  instance  et  le  tribunal 
administratif  se  sont  efforcés  de  manière  louable  à  statuer  sur  toutes  les  requêtes  en 
temps  opportun  conformément  à  la  procédure  accélérée  prévue  par  la  loi.  Toutefois, 
un  grand  nombre  de  décisions  des  tribunaux  de  première  instance  ont  révélé  des 
2 
divergences d’interprétation de la loi électorale. Le tribunal administratif a fait preuve 
d’un  degré  considérable  d’impartialité,  prenant  ses  décisions  sur  la  base  d’un 
raisonnement juridique solide et probant. 
Contexte : 
La  mission  d'observation  électorale  est  menée  par  le  Centre  Carter  conformément  à  la 
Déclaration de principes pour l’observation internationale d’élections. En tant qu'organisation 
indépendante d’observation, le Centre Carter avisera immédiatement les autorités ainsi que le 
peuple tunisien de ses conclusions via la publication d'une déclaration préliminaire de constats 
et  conclusions,  peu  après  le  jour  du  scrutin,  suivi  d'un  rapport  final  complet  dans  les  mois 
suivants les élections.  
Le  Centre  Carter  était  accrédité  par  l’ISIE  afin  d’observer  les  élections  et  a  déployé,  à  cet 
effet,  72  observateurs  qui  ont  visité  348  bureaux  de  vote  et  centres  de  compilation  des 
résultats  dans  l’ensemble  des  27  circonscriptions  de  Tunisie.  La  mission  était  dirigée  par 
l’ancien  premier  ministre  du  Yémen,  Abdelkarim  Ali  Al-Eryani.  Plus  de  25  nationalités 
différentes étaient représentées  dans cette mission d’observation. 
Le  centre  est  présent  en  Tunisie  depuis  2011,  et  a  observé  les  élections  de  l’Assemblée 
nationale  constituante  en  2011  ainsi  que  le  processus  d’élaboration  de  la  constitution  qui  a  
abouti à l’adoption de cette dernière en janvier 2014. La mission d’observation électorale a été 
lancée en juin 2014 avec le déploiement de dix observateurs de longue durée à travers le pays 
ainsi qu’une équipe d’experts basée à Tunis.  Le Centre demeurera en Tunisie pour observer 
le processus final de compilation des résultats ainsi que la phase de contentieux électoral. Une 
mission d’observation sera également déployée pour les élections présidentielles prévues pour 
le 23 novembre et pour l’éventuel second tour prévu, au plus tard, le 28 décembre. 
La  mission  d’observation  du  Centre  Carter  en  Tunisie  a  pour  objectif  de  fournir  une 
évaluation impartiale de la qualité du processus électoral, de promouvoir un processus inclusif 
pour tous les Tunisiens et de manifester son appui à la transition démocratique. L’évaluation 
du processus électoral se fait sur la base du cadre juridique national ainsi que des obligations 
internationales de la Tunisie relatives à la tenue d’élections  démocratiques réelles.  
La  mission  d’observation  du  Centre  Carter  est  menée  conformément  à  la  Déclaration  des 
principes pour  l’observation  internationale électorale  ainsi que le Code de Conduite adopté 
par l’ONU en 2005 et entériné  actuellement par 49 organisations. 
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« Faire progresser la Paix. Combattre les Maladies. Construire l’Espoir ». 
#### 
Organisation non gouvernementale à but non lucratif, le Centre Carter a aidé à améliorer les 
conditions  de  vie  des  populations  dans  plus  de  70  pays,  par  la  résolution  de  conflits,  la 
promotion  de  la  démocratie,  des  droits  de  l'homme  et  des  opportunités  économiques,  par  la 
prévention de maladies, en améliorant les soins de santé mentale. Le Centre Carter a été fondé 
en  1982  par  l'ancien  Président  des  États-Unis  Jimmy  Carter  et  son  épouse  Rosalynn  en 
3 
partenariat  avec  l’Université  Emory,  dans  l’objectif  de  faire  progresser  la  paix  et  la  santé  à 
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4 
Déclaration Préliminaire du Centre Carter sur les Elections Législatives de la Tunisie 
28 octobre 2014 
Cette déclaration est préliminaire ; un rapport final sera publié quatre mois après la fin du 
processus électoral. 
Déclaration sur les résultats et conclusions préliminaires 
Contexte politique 
Les  élections  législatives,  les  premières  qui  se  sont  tenues  sous  la  nouvelle  Constitution 
tunisienne  adoptée  par  l’Assemblée  nationale  constituante  (ANC)  le  27  janvier,  constituent 
une  étape  historique  dans  la  transition  du  pays  vers  la  démocratie1.  Anticipées  depuis  la 
formation de l’ANC en 2011, elles représentent l’accomplissement de l’espoir du Printemps 
arabe  en  Tunisie  ainsi  que  dans  le  monde  arabe.  Ensemble,  les  législatives  ainsi  que  les 
présidentielles  viennent  parachever  la  phase  transitoire  allant  de  l’ANC,  un  organe  qui  a 
fonctionné  comme  une  assemblée  tout  à  la  fois  constituante  et  législative,  à  l’élection 
démocratique d’un corps législatif et d’un président. 
Les dirigeants des partis politiques et l’ANC ont longuement débattu des dates des élections 
législatives et présidentielles, ainsi que de l’ordre dans lequel elles devaient avoir lieu. Après 
des semaines de blocage, les parties impliquées dans le dialogue national sont parvenues à un 
accord  sur  l’ordre  des  élections  :  les  élections  législatives  se  dérouleraient  les  premières, 
suivies par les élections présidentielles, sans chevauchement de dates entre les deux2. Le vote 
fut décidé par une majorité de douze contre six. Conformément aux dispositions transitoires 
de la loi de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), l’ANC a fixé la date 
des élections législatives au 26 octobre 20143. 
Cadre juridique
L’organisation des élections doit être réglementée par un cadre juridique clair, intelligible et 
transparent,  qui  aborde  toutes  les  composantes  nécessaires  afin  d’assurer  des  élections 
démocratiques4. Le cadre juridique pour les élections en Tunisie fournit une base solide pour 
la  conduite  d’élections  conformes  aux  normes    internationales  et  régionales  ainsi  qu’aux 
bonnes  pratiques.  Certains  aspects  gagneraient  à  être  améliorés.  Le  cadre  juridique  est 
disséminé à travers plusieurs documents, et il est principalement composé de la Constitution 
1La Constitution a été adoptée par une écrasante majorité avec 200 voix sur 216. 
2 Le dialogue national lancé en octobre 2013 était arbitré par le quartet, à savoir l’Union Générale Tunisienne du 
Travail  (UGTT),  l’Union  Tunisienne  de  l’Industrie,  du  Commerce  et  de  l’Artisanat  (UTICA),  la  Ligue 
Tunisienne  des  Droits  de  l’Homme  (LTDH),  et  l’Ordre  des  Avocats,  comme  un  mécanisme  dont  le  but  était 
d’apaiser  les  tensions  politiques.  Il  a  été  établi  tout  d’abord  par  l’UGTT.  Ce  dialogue  a  joué  un  rôle  dans  le 
désamorçage de la crise en octobre 2013. 
3 Article 33 de la loi sur l’ISIE. 
4 Les normes internationales des élections, Lignes directrices pour la révision du cadre juridique des élections, 
International IDEA, 2002. 
1 
de janvier 2014, la loi électorale de 2014, la loi de l’ISIE et  la loi relative à la liberté de la 
communication audiovisuelle qui a créé la Haute autorité indépendante de la communication 
audiovisuelle (ci-après «  la HAICA »)5.  
Malheureusement,  à  cause  de  pressions  politiques  exercées  au  sein  de  l’ANC  durant 
l’élaboration  de  la  loi  électorale,  quelques  dispositions  de  cette  loi  sont  ambiguës,  ou  peu 
concluantes,et il incombe à l’administration électorale  de clarifier des détails importants par 
l’intermédiaire  de  textes  réglementaires  à  caractère  général6.  Ces  textes  concernent,  par 
exemple, les règles relatives à la parité des sexes et à l’alternance hommes - femmes pour la 
liste  complémentaire,  les  règles  sur  la  campagne  et  le  financement  de  la  campagne,  celles 
encore  sur  la  vérification  des  signatures  pour  le  parrainage  des  candidats  à  l’élection 
présidentielle, et les règles sur les pouvoirs du tribunal durant l’examen des recours contre les 
résultats. L’ISIE ayant dû adopter de nombreux règlements, le cadre législatif est disséminé à 
travers  plusieurs  documents,  dont  certains  ont  été  circulés  ou  modifiés  après  le  début  de  la 
phase  du  processus  électoral  correspondante.  Ceci  a  parfois  empêché  les  acteurs  électoraux 
d’obtenir les informations à temps, ce qui a miné la certitude juridique. 
La  Tunisie  a  également  ratifié  un  nombre  de  traités  internationaux  et  régionaux  dont  les 
dispositions  relèvent  du  processus  électoral.  Ceux-ci  comprennent  entre  autres  le  Pacte 
international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP)7, le Pacte international relatif aux 
droits économiques, sociaux et culturels, la Convention sur l’élimination de toutes les formes 
de  discrimination  raciale  (CEDR),  la  Convention  sur  l’élimination  de  toutes  les  formes  de 
discrimination  à  l’égard  des  femmes  (CEDEF)8  ,  la  Convention  contre  la  torture,  ou  les 
traitements  inhumains  ou  dégradants  (CAT),  la  Convention  sur  les  droits  des  personnes 
invalides 9, et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP)10. 
Système électoral  
L’essence  de  tout  système  électoral  doit  être  de  traduire  la  volonté  du  peuple  dans  un 
gouvernement  représentatif.  Les  critères  internationaux  ne  prescrivent  pas  un  système 
électoral  spécifique  pour  atteindre  ce  but11.    Le  système  électoral  tunisien  respecte  les 
principes d’élections libres, justes et périodiques, et garantit le suffrage universel et le secret 
du vote. 
Le  système  a  conservé  de  nombreuses  caractéristiques  des  élections  de  2011.  L’Assemblée 
nationale constituante a choisi de maintenir un système proportionnel à listes fermées, où les 
sièges  sont  répartis  selon  la  méthode  du  plus  fort  reste12.  Conformément  aux  dispositions 
5  La  loi  organique  No.16-2014  du  26  mai  2014,  relative  aux  élections  et  aux  référendums  (ci-après  "la  loi 
électorale"), et la loi organique No 23-2012 du 20 décembre 2012 relative à l’Instance supérieure indépendante 
pour les élections, comme modifiée et complétée par la loi organique No 44-2013 du 1 novembre 2013, et la loi 
organique No 52-2013 du 28 décembre 2013 (ci-après "la loi de l’ISIE"). Le cadre électoral juridique comprend 
également  la  loi  No  36-2014  du  8  juillet  2014,  fixant  les  dates  des  premières  élections  législatives  et  des 
premières élections présidentielles après l’adoption de la Constitution, le décret-loi No 87-2011 du 24 septembre 
2011  sur  l’organisation  des  partis  politiques  et  le  décret  No  1088-2011  du  3  août  2011,  relatif  aux 
circonscriptions  électorales  et  déterminant  le  nombre  de  sièges  par  circonscription  pour  les  élections  de 
l’Assemblée nationale constituante. 
6 L’ISIE a adopté en total 32 arrêtés tout au long du processus électoral. 
7 Ratifié le 18 mars 1969. 
8 Ratifié le 20 septembre 1985. 
9 Ratifié le 2 avril 2008. 
10 Ratifié le 2 avril 2008. 
11  PIDCP,  article  25  (b) ;Comité  des  droits  de  l’homme  des  Nations  unies,  Observation  générale,  No  25 
paragraphe 21 ; Normes électorales, International IDEA : Lignes directrices pour la révision du cadre juridique 
des élections, p. 28. 
12 Selon la méthode du plus fort reste, le nombre des voix pour chaque parti est divisé par le quotient électoral, 
qui est le nombre total de voix validées au niveau de la circonscription divisé par le nombre de sièges dans cette 
circonscription. Chaque parti reçoit un nombre de sièges égal au quotient.  Les  sièges qui ne sont pas attribués 
2 
transitoires de la loi  électorale, l’ISIE  a organisé  les élections de 2014 en utilisant  le même 
découpage  des  circonscriptions  qu’en  2011,  conservant  ainsi  33  circonscriptions  électorales 
avec une moyenne de sept sièges13.  Il n’existe pas de seuil requis pour gagner un siège. Ce 
système  est  considéré  comme    accordant    de  plus  grandes  opportunités  aux  petits  partis  et 
auxcoalitions  politiques,  puisque  la  formule  électorale  pour  le  calcul  de  la  répartition  des 
sièges  augmente  la  possibilité  d’obtenir  une  représentation  pluraliste  à  l’Assemblée 
législative. 
L’actuel  découpage  est  issu  du  Décret  No  2011-1088  du  3  août  2011,  qui  prévoit  la 
subdivision en circonscriptions et définit le nombre de sièges par circonscription dans le pays 
et à l’étranger. Ce décret a également introduit une discrimination positive en allouant plus de 
sièges  aux circonscriptions  sous-développées, principalement dans  le sud du pays14.   Il  en a 
résulté des variations significatives du nombre d’habitants en rapport avec la répartition des 
sièges par circonscription, ce qui n’a pas totalement permis d’assurer le principe d’égalité du 
suffrage15 . 
Le président et les membres de l’Assemblée législative sont élus pour un mandat de cinq ans, 
selon  la  Constitution.  Il  s’agit  d’un    intervalle  raisonnable,  en  accord  avec  les  engagements 
internationaux  et  les  bonnes  pratiques16.  La  Constitution  garantit  le  droit  de  vote  à  tous  les 
citoyens ayant 18 ans ou plus la veille du scrutin, jouissant de leurs droits civils et politiques 
et qui ne sont sujets à aucun cas de privation de leur droit de vote tels que ceux  prévus par la 
loi électorale.  
Enregistrement des candidats 
Le droit des individus à participer aux affaires publiques est une obligation en vertu du droit 
international17. Bien que le droit d’être élu soit un principe largement reconnu dans les traités 
régionaux et internationaux, il ne constitue pas un droit absolu et peut être limité sur la base 
de critères objectifs et raisonnables établis par la loi18.   Le cadre juridique national permet un 
processus inclusif d’enregistrement des candidats qui est de manière générale  conforme aux 
normes  internationales  et  régionales  relatives  à  la  liberté  d’association  et  au  droit  de  se 
sont alloués aux partis sur la base de la fraction restante; les partis dont la fraction est la plus large reçoivent un 
siège supplémentaire jusqu'à la répartition de tous les sièges. 
13 Comme dans l’ANC, la future Assemblée des représentants du peuple se composera de 217 sièges, divisés en 
199  sièges  pour  les  27  circonscriptions  électorales  dans  le  pays  et  18  sièges  pour  les  six  circonscriptions  à 
l’étranger. 
14  Selon  l’article  31  de  la  loi  électorale  de  2011,  les  sièges  sont  répartis  sur  une  base  d’un  siège  pour  60  000 
habitants, tandis qu’un siège supplémentaire est alloué aux circonscriptions où, après détermination du nombre 
des sièges, il existe un reliquat de plus de 30 000 habitants. Toutefois, alors que la population de Kebili s’élève, 
selon  les  dernières  estimations  démographiques  de  2013,  à  156  893  habitants,  et  la  population  de  Zaghouan  à 
176 027, ces deux circonscriptions se sont vu allouer cinq sièges chacune au lieu de trois comme ça devrait être 
le cas selon l’article susmentionné, alors que Nabeul 2 avec une population de 363 229 a reçu six sièges. De la 
même manière, Tozeur avec une population de 108 676 habitants a obtenu quatre sièges au lieu de deux, alors 
qu’avec une population de 234 069 habitants la circonscription de Siliana s'est vu allouer six sièges au lieu de 
quatre. Il apparaît donc qu’un écart important existe dans la valeur de chaque voix 
15 Cf. Article 25 du PIDCP, CDH, Observation générale, No 25, paragraphe 21, met l’accent sur le principe selon 
lequel « dans le cadre du système électoral de chaque Etat, le vote d’un électeur doit compter autant que celui 
d’un  autre.  Le  découpage  des  circonscriptions  électorales  et  le  mode  de  scrutin  ne  devraient  pas  orienter  la 
répartition des électeurs dans un sens qui entraîne une discrimination à l’encontre d’un groupe quelconque ». De 
la même manière, « l’écart maximal de la force électorale ne devrait pas dépasser 10 % et en tout cas pas 15 % », 
Commission de Venise, Code de bonne conduite en matière électorale, 2002, p.17. 
16 PIDCP, article 25 (b) ; Observation générale No 25, paragraphe 9 et 19 ; Déclaration universelle des droits de 
l’homme,  art.  21  (3) ;  le  Code  de  bonne  conduite  en  matière  électorale  du  Conseil  de  l’Europe,  sec.  1.1.6 ; 
paragraphe 7.1 du document de 1990 de Copenhague de l’OSCE. 
17 PIDCP, article 25 (a) ; PIDCP, article 21 ; CDH, Observation générale No 25, paragraphe 26 
18 PIDCP, article 25; OUA, CADHP, article 13 ; Charte arabe des droits de l’homme, article 24. 
3 
présenter aux élections19. La Constitution prévoit les droits politiques des citoyens, y compris 
le droit de former un parti politiqueet de participer à ses activités, ainsi que le droit de réunion 
et d’association. Dans l’ensemble, il n’y a aucune  restriction discriminatoire ou déraisonnable 
pour se présenter aux élections législatives20. 
Plus  de  1  500  listes  candidates  ont  été  soumises ;  à  charge  pour  les  autorités  électorales 
régionales  d’examiner  et  d’approuver  les  listes  dans  chaque  circonscription.  Elles  ont 
approuvé  1  327  listes,  comprenant  plus  de  9  500  candidats.  Les  partis  ont  soumis  61%  des 
listes ;  le  reste  était  réparti  entre  des  listes  indépendantes  (26%)  et  des  listes  de  coalitions 
(13%).  Le  cadre  juridique  favorise  une  abondance  de  listes  candidates  pour  les  élections 
législatives,  d’autant  que  la  loi  prévoit  l’attribution  d’un  financement  public  à  chaque 
candidat  ou  liste  candidate21.  Plusieurs  partis  politiques  se  sont  plaints  que  le  nombre  élevé 
des listes candidates pouvait entraîner une fragmentation des votes ainsi qu’un nombre élevé 
de votes « gaspillés » pour des partis qui au bout du compte n’allaient pas gagner de sièges à 
l’Assemblée  législative.  Les  listes  qui  n’obtiennent  pas  3%  des  voix,  ou  un  siège,  ont 
l’obligation de rembourser tout financement public reçu.  
En dépit des difficultés techniques rencontrées par le système informatique pendant les deux 
derniers jours de la période d’enregistrement des candidats, lorsque la majorité des listes ont 
soumis leurs candidatures, les observateurs du Centre Carter ont indiqué que les IRIE avaient 
bien  géré  le  processus.  La  plupart  des  partis  politiques  ont  reconnu  que  les  IRIE  s’étaient 
montrées coopératives et ont exprimé leur satisfaction quant au processus.  
Les critères de sélection des candidats ont considérablement varié d’un parti à l’autre et d’une 
région à l’autre,  y compris au sein d’un même parti. Pour beaucoup de partis politiques, les 
listes ont été proposées au niveau régional et approuvées au niveau central. Dans certains des 
principaux  partis  politiques,  le  processus  de  sélection  des  candidats  a  été  turbulent  et  a 
entraîné  la  démission  d’adhérents.  Quelques-uns  d'entre  eux  ont  rejoint  d’autres  partis 
politiques ou ont formé leurs propres listes indépendantes.  
Bien que la loi requière que toutes les listes électorales alternent les hommes et les femmes, 
elle  ne  prescrit  pas  la  parité  horizontale,  ou  encore  la  nomination  de  candidates  en  tête  de 
liste.  De  ce  fait,  peu  de  partis  ont  nommé  des  femmes  comme  têtes  de  liste.  Des  femmes 
étaient têtes de liste dans seulement 145 listessur 1 327, alors même que 47% des candidats 
étaient  des  femmes22.  A  la  lumière  des  aspirations  progressistes  de  la  Tunisie  en  matière  
d’égalité  des  sexes,  telle  que  garantie  par  la  nouvelle  constitution  et  la  loi  électorale,  les 
législateurs  tunisiens  devraient  envisager  des  mesures  supplémentaires  pour  appuyer  une 
participation plus égalitaire des femmes dans des fonctions d’élues. 
Si  de  nombreux  partis  ont  déclaré  qu’il  était  facile  de  recruter  des  candidates,  d’autres  ont 
signalé  des  difficultés  à  identifier  des  femmes  qui  étaient  prêtes  à  se  présenter  comme 
candidate. Cela était particulièrement fréquent dans les régions intérieures du sud tunisien, où 
certains partis ont mentionné que les femmes étaient contraintes par des proches de s’abstenir 
19  PIDCP,  article  25  « tout  citoyen  a  le  droit  et  la  possibilité  […]  de  voter  et  d’être  élu  au  cours  d'élections 
périodiques et honnêtes. »  Voir aussi l’article 13 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. 
20 Les candidats aux élections législatives doivent être des électeurs inscrits, de citoyenneté tunisienne depuis au 
moins 10 ans, être âgés d’au moins 23 ans le jour de la présentation de leur candidature, et ne pas être dans un 
cas d'interdiction légale. 
21. Articles 75, 78 et 81 de la loi électorale et décret No.2761 du 1 août 2014. 
22 Les listes avec le plus grand nombre de candidates têtes de liste étaient l’Union pour la Tunisie et le Parti Al-
Amen. 
la 
famille :http://www.lecourrierdelatlas.com/797530092014Tunisie.-Les-electrices-tunisiennes-desormais-plus-
nombreuses-que-les-electeurs.html 
Secrétaire 
femme 
d’Etat 
Cf. 
de 
de 
la 
et 
4 
de participer aux élections. Certains interlocuteurs ont aussi affirmé que pour les recrutements 
de  candidates,  partis  et  candidats  indépendants  n'étaient  pas  intéressés  par  des  femmes 
expérimentées en politique, mais cherchaient seulement à remplir une obligation légale. Dans 
certains cas, la difficulté à recruter des femmes a été en partie le résultat de conflits internes 
aux partis pour le classement sur les listes.  
Administration électorale
Une autorité électorale indépendante et impartiale qui fonctionne de manière transparente et 
professionnelle  est  reconnue  internationalement  comme  un  moyen  efficace  de  s'assurer  que 
les citoyens sont en mesure de participer à des élections véritablement démocratiques et que 
d'autres  obligations  internationales  relatives  au  processus  électoral  sont  satisfaites23. 
Malgrédes  critiques  de  la  part  des  partis  et  de  la  société  civile,  l’ISIE  s'est  acquittée  de  ses 
obligations  d’une  manière  indépendante  et  impartiale.  Malheureusement,  de  nombreuses 
difficultés auxquelles elle s’est heurtée, ressemblaient à celles rencontrées lors des élections 
de  l’Assemblée  nationale  constituante  en  2011,  notamment  l’absence  de  communication 
efficace avec les acteurs électoraux, et le manque de transparence.  
L’ISIE a été créée le 20 décembre 2012, par l’adoption de la loi sur l’ISIE. Elle est composée 
d’un  conseil  de  neuf  membres,  et  d’un  organe  exécutif  au  niveau  central  et  régional. 
Conformément à la loi, l’ISIE a été créée en tant qu’institution permanente et indépendante. 
Après des décennies de gouvernance autoritaire durant lesquelles les élections étaient gérées 
par  le  ministère  de  l’Intérieur  et  contrôlées  par  le  régime,  cela  représente  une  rupture 
significative  et  positive  avec  le  passé,  qui  permet  à  la  Tunisie  d'honorer  ses  obligations 
internationales à cet égard. 
Bien  que  l’ISIE  ait  été  créée  à  la  fin  de  2012,  il  a  fallu  plus  d'une  année  pour  la  former. 
L’élection  de  ses  membres  par  l’ANC  s'est  prolongée,  et  il  a  fallu  plusieurs  mois  pour  la 
conclure. L’instance n’a été élue qu’en janvier 2014, à l’issue d’une longue période de recours 
et  d'appels  devant  le  Tribunal  administratif24.  L’assassinat,  le  25  juillet  2013,  du  député  de 
l’ANC, Mohamed Brahmi, a également interrompu toutes les activités de l’ANC pendant près 
de  deux  mois.  Les  membres  de  l'ISIE  ont  été  choisis  par  vote  à  bulletin  secret  et  par  une 
majorité des deux tiers de l’ANC. Du fait des dispositions de la loi de l’ISIE qui requièrent 
que  des  femmes  soient  représentées  dans  le  processus  de  sélection  des  candidats,  trois  des 
neuf membres du Conseil sont des femmes.  
Les retards dans la formation de l’ISIE, ainsi que l’adoption tardive de la loi électorale et le 
fait que les élections législatives et présidentielles devaient avoir lieu avant la fin de l’année, 
ont eu pour conséquence de laisser très peu de temps aux autorités électorales pour organiser 
deux élections séparées avec trois scrutins possibles. Malgré tout, l’ISIE a géré les élections 
d’une manière impartiale et adéquate, montrant une volonté d’ajuster sa stratégie de mise en 
œuvre afin de répondre aux préoccupations des parties prenantes.  
L’ISIE  a  éprouvé  des  difficultés  à  organiser  son  travail,  à  s'acquitter  de  ses  tâches  et  à 
informer  le  public  de  ses  réussites  ainsi  que  des  défis  auxquels  elle  faisait  face.  Comme  en 
2011, il n’y avait aucune division du travail claire au sein du Conseil de l’ISIE. Ce dernier a 
fonctionné  davantage  comme  un  organe  administratif  qu’un  organe  décisionnel.  Cette 
dynamique a été aggravée par l’absence d’un directeur exécutif pour une grande partie de la 
23CDH, Observation générale No 25, paragraphe20. 
24  Le  Tribunal  administratif  a  examiné  plusieurs  recours  concernant  l’application  des  critères  de  sélection  des 
candidats à l'ISIE utilisés pour établir une liste courte à soumettre pour considération à l'assemblée plénière  de 
l'ANC.  
5 
période  électorale25.  Cela  a  entravé  le  processus  décisionnel  et  a  retardé  l’adoption  des 
règlements nécessaires pour administrer les élections dans les délais26. En outre, le conseil de 
l’ISIE  n’a  pas  exercé  ses  fonctions  ni  la  prise  de  décisions  de  manière  transparente.  Le 
Conseil a omis de publier les procès-verbaux de ses délibérations sur le site de l’ISIE et dans 
le Journal Officiel tel que requis par la loi de l’ISIE et les règlements intérieurs de l’organe, et 
n’a pas divulgué des renseignements clés en temps opportun27. Ce manque de transparence a 
créé  l’impression  auprès  de  certains  intervenants  que  l’ISIE  dissimulait  des  informations 
délibérément ou était en proie à des divisions internes28. 
Bien  que  les  autorités  électorales  aient  connu  plusieurs  réussites,  l’ISIE  n'a  pas  su 
communiquer de manière claire et concise avec le public, les médias, les partis politiques et 
les IRIE pendant le processus électoral. Cela a affecté la crédibilité du Conseil et a entraîné 
des critiques de la part des partis politiques et des organisations de la société civile. Dans de 
nombreux  cas,  l’ISIE  aurait  pu  éviter  cette  situation  en  expliquant  le  processus  de  façon 
claire,  précise  et  concise.  Lorsque  le  Conseil  de  l’ISIE  communiquait  avec  les  médias  et 
d’autres  intervenants,  ses  déclarations  étaient  souvent  désordonnées  et  incohérentes.  Par 
exemple, le Conseil a communiqué de manière périodique sur le nombre de listes candidates 
aux  élections  législatives  et  des  candidats  aux  élections  présidentielles ;  toutefois  les 
informations étaient contradictoires et les chiffres donnés ne correspondaient pas les uns aux 
autres.29
Comme prévu par la loi, le conseil de l’ISIE a créé 33 organes décisionnels régionaux (IRIE) 
en  juin  2014  –    une  instance  régionale  pour  chacune  des  27  circonscriptions  électorales  en 
Tunisie et les six circonscriptions à l’étranger – leur déléguant  cinq prérogatives concernant  
l’inscription des électeurs, la candidature aux élections législatives, la campagne électorale, le 
vote et le dépouillement, et la formation et la sensibilisation30. Bien que leur création ait joué 
un rôle positif dans l’inscription des électeurs et l’enregistrement des candidats au niveau de 
la circonscription, l’absence d’une délinéation claire entre les rôles et les tâches des IRIE et 
ceux des organes exécutifs régionaux a créé des situations dans lesquelles on ne savait pas qui 
25  Le  1er  août,  l’ISIE  a  accepté  la  démission  du  directeur  exécutif  Nabil  Salmi,  pour  des  raisons  de  santé. 
M.Salmi  avait  subi  une  opération  à  cœur  ouvert  en  juin.  L’ISIE  a  nommé  son  chef  de  cabinet,  SabeurEzzoug 
comme directeur exécutif intérimaire. 
26 Bien qu’elle ait commencé à travailler pendant l'été sur les procédures relatives au vote, au dépouillement et à 
la  compilation  des  résultats,  l’ISIE  n'a  publié  les  arrêtés  correspondants  que  trois  semaines  avant  le  jour  des 
élections pour le vote et le dépouillement, et une semaine pour la compilation des résultats. Ce retard a eu, entre 
autres  conséquences,  que  pour  respecter  les  échéances  pour  leur  formation  en  cascade,  les  organisations  de  la 
société  civile  et  les  partis  politiques  ont  dû  utiliser  les  procédures  de  2011  pour  former  leurs  observateurs  et 
représentants. 
27 L’ISIE a publié sur son site internet en août les procès-verbaux des délibérations en date du 14 Mai 2014. Ces 
procès-verbaux n’ont pas été publiés dans le Journal Officiel. Il a également fallu plus d’une semaine pour l’ISIE 
pour  publier  des  statistiques  sur  le  nombre  d’électeurs  inscrits.  Elle  n’a  pas  encore  publié  les  statistiques  du 
dernier  jour  d’inscription.  L’ISIE  a  également  annoncé  le  nombre  définitif  d’électeurs  inscrits  moins  de  trois 
semaines avant le jour du scrutin. 
28Mourakiboun, par exemple, a prétendu tout au long de la période électorale que le fait que l'ISIE n'avait pas 
publié la liste électorale définitive démontrait que le registre des électeurs était déficient. 
29 Alors que Mr Sarsar a annoncé le 6 septembre que 1 316 listes avaient été acceptées de manière préliminaire et 
192  rejetées,  le  9  septembre  dans  une  émission  sur  Nessma  TV  il  a  déclaré  que  le  nombre  de  listes  rejetées 
s’élevait à 194. Le lendemain, L’ISIE a publié sur facebook une déclaration indiquant que le nombre de listes 
acceptées était 1 317, tandis que 191 étaient rejetées. Lorsque l’ISIE a commencé à publier les listes acceptées 
sur son site officiel le 12 septembre, le nombre total de celles-ci était de 1 314, 
30  Contrairement  à  l’ISIE  et  aux  bureaux  administratifs  régionaux,  les  IRIE  ne  sont  pas  des  institutions 
permanentes. Le terme arabe pour L’IRIE signifie en fait « organes subsidiaires pour les élections » ce qui par 
extension peut être décrit comme « organes régionaux ». Néanmoins, la plupart des partis prenantes, dont l’ISIE, 
ont continué à utiliser le terme de 2012, soit IRIE, pour se référer à cet échelon. 
6 
détenait  l’autorité,  ce  qui  a  créé  des  tensions  entre  les  entités31.  Alors  que  les  organes 
exécutifs régionaux étaient destinés à fournir un appui administratif et opérationnel aux IRIE, 
ils étaient systématiquement en pénurie d’effectifs. Il en est résulté que les IRIE ont assumé 
plus  de  tâches  opérationnelles  que  celles  qui  ne  leur  étaient  attribuées  dans  le  cadre 
réglementaire. Ces problèmes d’organisation et de gestion ont créé des insuffisances dans le 
processus  que  les  IRIE  et  l’administration  locale  des  élections  ont  pu  résoudre  grâce  à  une 
certaine dose de flexibilité et inventivité32
Tout  au  long  du  processus  électoral,  les  IRIE  et  l’administration  centrale  ont  eu  des 
interprétations différentes et contradictoires de certaines des procédures. Cela était manifeste 
pendant  le processus  d’inscription  des électeurs,  mais également visible lors du recrutement 
du personnel des bureaux de vote, lorsque les IRIE et l'ISIE ont mis en œuvre des procédures 
différentes  pour  répondre  aux  recours  contre  les  candidats  recrutés.  Dans  certains  cas,  les 
IRIE  ont  examiné  chaque  cas  individuellement  et  ont  demandé  une  preuve  de  l’affiliation 
politique  si  cela  était  le  cas;  dans  d’autres,  les  IRIE  ont  réagi  sur  tous  les  recours  en 
remplaçant  le  personnel  concerné  des  bureaux  de  vote33.  Le  recrutement  du  personnel  des 
bureaux  de  vote  a  été  clivant;  à  partir  du  moment  où  les  critiques  des  partis  et  des  
représentants  des  listes  ainsi  que  des  organisations  de  la  société  civile  se  sont  faites  plus 
nombreuses, l’ISIE a chargé les IRIE d’écarter les membres des bureaux de vote qui n’avaient 
pas l'air d'être impartiaux. 
Inscription des électeurs 
L’inscription  des  électeurs  et  l’établissement  d’une  liste  d'électeurs  complète,  actualisée  et 
précise sont reconnus comme un moyen important de s’assurer que chaque citoyen a le droit 
de  voter.  Lorsqu’elle  est  requise,  l’inscription  des  électeurs  doit  être  facilitée  et  elle  ne  doit 
pas rencontrer d'obstacle déraisonnable34. La procédure d’inscription des électeurs en Tunisie 
est  généralement  conforme  aux  normes  internationales  et  régionales35.  Malgré  quelques 
difficultés  techniques,  l’ISIE  a  mené  une  procédure  d’inscription  des  électeurs  inclusive, 
veillant à ce que les citoyens tunisiens intéressés et éligibles puissent participer aux élections.  
Certaines mesures pourraient être prises pour mettre les pratiques de la Tunisie concernant le 
droit  de  vote  en  plus  grande  conformité  avec  les  normes  internationales.  Les  restrictions  au 
droit  de  vote  des  militaires  et  du  personnel  de  la  sécurité  édictés  par  l’article  6  de  la  loi 
électorale ne sont en effet pas conformes aux normes internationales36 En outre, même si tous 
les prisonniers, sauf ceux qui sont spécifiquement privés par un tribunal, ont le droit de vote, 
il n’y a aucune possibilité dans la loi électorale pour le vote mobile, le vote par procuration ou 
le  vote  par  correspondance,  et  l’ISIE  n'a  pas  adopté  de  procédures  pour  l’inscription  des 
électeurs dans  les établissements  pénitentiaires, et  a donc de  ce fait arbitrairement privé  ces 
31Ce fut la cas à Gafsa, où le Président de l’IRIE a pris le relais du coordonnateur régional une semaine avant la 
date limite initiale de la première période d’inscription des électeurs. De même, un conflit a éclaté entre l’IRIE et 
l’administration régionale des élections à Tozeur au début du mois d’août 
32Par  exemple,  au  cours  de  la  période  de  campagne  électorale  pour  les  élections  législatives,  les  IRIE  de 
Kasserine  et  de  Sidi  Bouzid  ont  crée  des  sections  locales  au  niveau  des  délégations  afin  de  faciliter  la 
coordination entre les IRIE et les candidats. En outre, les IRIE de Sousse et Monastir ont mené  des formations 
pour les têtes de liste sur le financement des campagnes 
33A Monastir, une liste partisane a critiqué l’IRIE pour avoir demandé des preuves de l’affiliation politique des 
agents  des  bureaux  de  vote,  alors  qu’au  Kef  l’IRIE  a  remplacé  des  individus  uniquement  lorsque  les  partis 
politiques  étaient  en  mesure  de  fournir  des  preuves  de  leur  absence  de  neutralité.  En  revanche,  à  Beja  et  Sidi 
Bouzid les IRIE ont préféré ne pas exiger de preuves en cas de contestation de la neutralité politique. 
34CDH, Observation générale No 25, « le droit de prendre part à la direction des affaires publiques, de voter et 
d'être élu, et le droit d'accéder aux fonctions publiques » paragraphe 11 
35PIDCP, Observation  générale No 25, paragraphe 11. 
36PIDCP, Observation  générale No 25, paragraphe 4 stipule que les limites placées sur le suffrage universel dans 
le cadre de l’inscription des électeurs  doivent être fondées sur des critères objectifs et raisonnables. 
7 
électeurs37. De même, l’ISIE n’a pas procédé à l’inscription systématique des personnes dans 
les hôpitaux, qui sont donc également privés de leur droit de vote. 
Le fichier électoral pour ces élections a été compilé sur la base des listes d’électeurs inscrits 
activement  en  201138.  L’ISIE  a  établi  33  centres  d’inscription  correspondant  aux 
circonscriptions électorales au sein et en dehors du pays, pour l’inscription des électeurs qui 
ne  s’étaient  pas  inscrits  en  2011.  Les  bureaux  étaient  dotés  de  2  500  responsables 
d’inscription et comprenaient 597 bureaux d’inscription fixes et 275 bureaux mobiles. 
La phase initiale de la période d’inscription des électeurs était prévue du 23 juin au 22 juillet. 
L’ISIE l’a prolongée d'une semaine après que les partis politiques et plusieurs organisations 
de la société civile l'eurent critiquée sur le faible nombre d’électeurs inscrits. L’ISIE a rajouté 
une deuxième période d’inscription du 5 au 26 août afin d’inclure des catégories spécifiques 
de la population qui ne s'étaient pas inscrites lors de la première phase.39 L’ISIE a également 
décidé d’utiliser cette période supplémentaire pour  considérer  l’inscription des électeurs  qui 
auraient 18 ans entre le 26 octobre et le 23 novembre, prenant ainsi des mesures positives et 
proactives pour donner le droit de vote à ce groupe d’électeurs. 
Pendant les deux périodes d’inscription, ce sont 1 029 862 Tunisiens qui ont  été rajoutés au 
fichier électoral, dont 760 514 pendant la première période d’inscription et 269 348 pendant la 
deuxième. A la fin des deux périodes, les femmes représentaient 50.5% de tous les électeurs, 
contre 47% en 2011.40
Selon l’ISIE, le nombre total d’électeurs inscrits pour les élections de 2014 était de 5 285 136 
dont  359  530  étaient  inscrits  à  l’étranger.41Quelques  3.3  millions  d’électeurs  inscrits  ont 
vérifié  leurs  données  via  Internet  et  par  téléphone  cellulaire.  Il  est  regrettable  qu'alors  que 
l’ISIE a publié la liste des électeurs après la première phase d’inscription des électeurs, elle 
n’ait  pas  communiqué  la  liste  définitive  à  la  fin  de  la  deuxième  phase  d’inscription  des 
électeurs. 
Le fichier électoral a été mis à disposition du public pour vérification à la fin de chaque étape 
de l’inscription. Un total de 87 objections a été déposé auprès des 33 IRIE dans le pays et à 
l’étranger. La majorité d’entre elles ont été résolues par les IRIE de façon satisfaisante. Aucun 
appel  n’a  été déposé  auprès des tribunaux de première instance concernant  l’inscription  des 
électeurs. 
Education des électeurs  
L’éducation des électeurs est nécessaire pour qu'un électorat informé puisse exercer son droit 
de  vote  de  manière  effective.  Le  respect  de  l’obligation  internationale  du  suffrage  universel 
est  en  partie  tributaire  d'une  éducation  électorale  efficace.42Selon  les  bonnes  pratiques 
37D'après  le  rapport  du  Haut-Commissariat  aux  droits  de  l'homme  des  Nations  Unies  en  date  de  2014,  il  y  a 
environ 24 000 prisonniers dans les 27 lieux d'incarcération existant en Tunisie, dont 13 000 sont en détention 
provisoire.  
38Cf. article 169 de la loi électorale. 
39 Ces électeurs potentiels incluent les électeurs passivement inscrits en 2011 qui ont voté en 2011 mais qui ne 
s’étaient pas inscrits en 2014, ainsi que les jeunes et les femmes qui n’avaient pas de carte d’identité et les 
Tunisiens résidant à l’étranger. 
40 Cf. http//www.lecourrierdelatlas.com/79753009214tunisie-les’electrices-tunisiennes-desormais-plus-
nombreuses-que-les-electeurs.html                                                                                                                                                                                               
41 Le nombre d’électeurs activement inscrits  en 2011 était de 4108202, Cf. ISIE,Rapport des élections de l’ANC 
de 2011, février 2012. 
42 PIDCP, article 25. 
8 
internationales  l’informationimpartiale  et  cohérente  des  électeurs  incombeaux  organismes 
publics,  en  premier  lieu  à  l’organe  degestion  des  élections.  Les  partis  politiques,  la  société 
civile et les organisations internationales peuvent également contribuer aux efforts d'éducation 
des électeurs.
Bien  que  l’ISIE  ait  organisé  des  campagnes  d'information  spéciales  pour  l’inscription  des 
électeurs et pour le vote, et ait coopéré avec d’autres intervenants tels que la société civile et 
les  partis  politiques,  elle  aurait  pu  être  plus  proactive  pour  communiquer  de  manière  plus 
systématique en amont du processus. L’ISIE aurait pu, par exemple, concevoir et lancer une 
campagne générale sur la nécessité de s’inscrire pour voter avant même le début de la période 
électorale, préparant ainsi le public aux différentes étapes du processus.
L’ISIE a lancé une campagne de sensibilisation pour coïncider avec la période de campagne 
officielle et le matériel d’éducation des électeurs a été rendu public dans la quasi-totalité du 
pays  environ  deux  semaines  avant  les  élections.  La  campagne  avait  à  la  fois  pour  but 
d’encourager  la  population  à  voter  et  d’éduquer  les  électeurs,  en  expliquant  les  différents 
aspects techniques du processus tels que la façon de trouver son centre de vote. Le matériel 
comprenait des affiches  et  des panneaux  d’affichage, des annonces dans  les journaux et  des 
spots publicitaires, ainsi que des annonces dans les taxis et les transports en commun. L’ISIE 
a  aussi  continué  à  utiliser  les  réseaux  sociaux  comme  moyen  de  communication  avec  le 
public.  En  outre,  l’administration  électorale  a  déployé  des  équipes  mobiles  d’agents 
d’information dans certaines parties du pays. Ces équipes ont simulé les procédures de vote, 
impliquant  activement  les  passants.  Dans  certaines  régions,  la  campagne  officielle 
d’inscription  des  électeurs  a  été  appuyée  par  des  initiatives  éducatives  d'organisations  de  la 
société civile ; cependant celles-ci étaient beaucoup moins nombreuses que pendant la période 
d’inscription des électeurs. 
Environnement de la campagne  
Le pluralisme politique qui offre un véritable choix aux électeurs est un aspect essentiel de la 
démocratie. Le traitement équitable des candidats et des partis lors des élections, ainsi que le 
maintien d’un environnement de campagne ouvert et transparent sont importants pour garantir 
l’intégrité du processus  électoral  démocratique.  Bien que plus  de 4 500 infractions aient été 
signalées  au  cours  de  la  campagne  par  les  IRIE  et  par  l’ISIE,  la  majorité  concernait  des 
infractions  qui  n’ont  pas  eu  un  impact  substantiel  sur  la  campagne  ou  sur  le  processus 
électoral dans son ensemble.Ces infractions concernaient l'arrachage d'affiches ou l'affichage 
sauvage, ou encore l’utilisation de la publicité politique et la tenue d'événements publiques de 
campagne non autorisés. 
Beaucoup  de  partis  politiques  ont  mené  des  activités  vers  la  fin  du  mois  d’août,  avant  la 
période  consacrée  à  la  campagne  électorale,  qu’ils  ont  qualifiées  d’activités  régulières. 
Certains partis ont clairement admis vis-à-vis des observateurs du Centre Carter qu’ils avaient 
commencé  à  faire  campagne  avant  le  début  officiel  de  cette  dernière,  le  4  octobre.  Ils  ont 
toutefois considéré qu’en présentant leurs partis, ils ne faisaient que mobiliser leurs électeurs.  
Les  méthodes  de  la  pré-campagne  consistaient  en  du  porte  à  porte,  des  tracts,  des  cafés 
politiques, du démarchage sur les marchés, et incluaient l’installation de tentes ou de tables et 
de chaises dans des endroits stratégiques. 
La plupart des grands partis  ont  communiqué sur leurs programmes deux semaines avant  le 
début  de  la  campagne  officielle.  Plusieurs  de  ces  programmes  ont  d'abord  été  élaborés  au 
niveau national avant d’être adaptés aux réalités locales, donnant ainsi à la course électorale 
une touche locale. La plupart des programmes électoraux abordaient les mêmes questions, de 
la restauration de l’autorité de l’Etat, à la nécessité d’un plan de développement global ciblant 
9 
le chômage, et la création d’une stratégie globale pour combattre le terrorisme. Dans le sud, 
d’autres facteurs tels que l’affiliation idéologique et le lien familial et tribal ont joué un rôle 
important dans la mobilisation des électeurs. 
Les listes indépendantes, ainsi que les petits partis et les coalitions, y compris le CPR, Wafaa 
et le Front populaire, ont exprimé de la rancœur à l'égard des grands partis aptes à mobiliser 
leurs  ressources  et  leurs  infrastructures.  Ils  ont  affirmé  que  les  médias  audiovisuels  et  la 
presse  écrite  étaient  dominés  par  les  plus  grands  partis.43  La  couverture  médiatique  de  la 
présentation officielle des candidats à l'élection présidentielle, qui a eu lieu un jour seulement 
après l’annonce de la liste préliminaire des listes candidates pour les élections législatives, a 
effectivement  donné  aux  partis  qui  présentaient  un  candidat  à  la  présidentielle  un  avantage 
certain.  
Bien  que  la  compagne  électorale  ait  commencé  lentement,  le  rythme  s’est  accéléré  dans  la 
deuxième semaine avec une augmentation substantielle du nombre des réunions électorales.44
Le  nombre  de  personnes  participant  aux  réunions  observées  par  le  Centre  Carter  a  varié  de 
cinq pour la plus petite réunion, à 10 000 pour la plus grande. D'une manière générale, le droit 
les 
à la liberté d’expression et à l a 
observateurs  du  Centre  Carter  ont  remarqué  que  l’obligation  par  les  listes  candidates,  dont 
certaines  n’étaient  du  reste  pas  au  courant,  de  notifier  l’IRIE  deux  jours  avant  chaque 
événement n’a pas toujours été respectée. Cela a donné lieu à l’organisation, sans notification 
préalable,  de  nombreux  événements,  dont  certains  furent  annulés  par  les  autorités 
électorales45. 
liberté  d’association  a  été 
respecté.  Cependant, 
Certains  observateurs  du  Centre  Carter  ont  noté  que  l’obligation  de  notification  préalable 
n’était pas appliquée de manière uniforme par les IRIE. Certaines de ces dernières ont accepté 
des listes d’événements, alors que d’autres n'ont  admis que des notifications individuelles46. 
L’obligation de la notification a bénéficié aux listes candidates soutenues par de grands partis 
contrairement  aux  petits  partis  et  aux  listes  indépendantes  qui  ne  disposaient  pas  des 
ressources nécessaires pour se conformer à cette obligation administrative. 
Bien qu'il y ait eut des tensions entre les partis tout le long de la période électorale, elles ne se 
sont  pas  manifestées  au  cours  de  la  campagne  officielle.  Le  Centre  Carter  a  observé  que 
même  si  de  nombreux  événements  électoraux  ont  eu  lieu  simultanément  dans  les  mêmes 
endroits, aucune altercation ne s’est produite. 
Financement de la campagne 
Des  élections  justes  et  démocratiques  ne  peuvent  être  tenues  sans  l'existence  de  règles 
équitables  sur  le  financement  des  campagnes  électorales.  Par  ailleurs,  les  règles  sur  le 
financement  des  partis  politiques  doivent  s’appliquer  au  financement  des  campagnes 
électorales. La législation électorale doit spécifiquement prévoir la transparence des dons aux 
partis politiques et aux activités de campagne, une présentation standardisée des comptes de 
43 Le terme « grands partis » désigne généralementNidaaTounes et Ennahda. 
44 Le nombre des réunions communiqué par les médias durant la deuxième semaine était de 73, par rapport à 17 
pour la première semaine, soit plus de quatre fois plus.  
45Cf. Règlement de l’ISIE 28-2014 sur les règles et les procédures de l’organisation des campagnes électorales et 
de  référendum,  chapitre  3,  article  18  et  19.  Le  bureau  de  Moubadara  à  Sahline  (Zaghouan)  a  indiqué  aux 
observateurs du Centre Carter qu’il n’avait pas besoin de communiquer les événements à l’IRIE. 
46 Par exemple, l’IRIE à Gafsa n’acceptait pas la notification des évènements s’ils étaient prévus au-delà du délai 
de  48  heures,  alors  qu’à  Kasserine,  les  listes  candidates  pouvaient  soumettre  un  calendrier  d’évènements  pour 
toute une semaine.   
10 
partis  et  de  campagne,  des  limites  raisonnables  sur  les  dépenses  de  campagne,  des  rapports 
réguliers, ainsi que des sanctions efficaces et dissuasives. 
La loi électorale a étendu les pouvoirs de la Cour des comptes et a consolidé les règlements 
du    financement  de  la  campagne.  La  loi  énumère  des  obligations  claires  et  précises  sur  le 
financement  de  la  campagne,  accorde  à  la  Cour  des  comptes  le  pouvoir  de  contrôler  le 
financement  de  la  campagne,  et  prévoit  des  sanctions  efficaces  et  proportionnées  en  cas 
d’infractions.47 La Cour des comptes est habilitée, dans les six mois qui suivent la publication 
des résultats finaux, à annuler l’élection de tout député de la nouvelle Assemblée qui se serait 
présenté comme candidat d’une liste ayant dépassé les dépenses de campagne de plus de 75%, 
ou qui n’aurait pas soumis ses relevés de compte conformément à la procédure requise par la 
loi.48
En vertu de la loi électorale, l’ISIE est également habilitée à contrôler et à appliquer les règles 
de  financement  de  campagne.  L’ISIE  a  embauché  et  formé  environ  1  200  personnes  pour 
contrôler le respect des règles de financement de la campagne.49 Sur la base des  rapports de 
ces  agents,  l’ISIE  peut  décider  d'annuler  les  résultats  dans  un  bureau  de  vote  ou  dans  une 
circonscription  si  elle  constate  que  des  infractions  au  financement  de  la  campagne  ont 
considérablement  influencé  les  résultats  d’une  « manière  fondamentale  et  décisive ».  Cette 
évaluation  sera  menée  par  l’ISIE  au  cours  de  la  période  de  trois  jours  avant  l’annonce  des 
résultats préliminaires.  
Cependant,  il  existe  certaines  lacunes  qui  compromettent  l’application  effective  des 
dispositions  de  financement  de  la  campagne  et  qui  pourraient  tirer  profit  d’un  examen 
approfondi.  La  loi  n’exige  pas  des  partis  politiques  et  des  listes  candidates  de  présenter  un 
rapport  intérimaire,  privant  ainsi  les  électeurs  d’information  avant  le  scrutin  sur  la  manière 
dont les candidats financent leurs campagnes50. La loi ne prescrit pas non plus des sanctions 
adaptées pour toutes les infractions prévues, telles que le non-respect par les partis et les listes 
de l’obligation de publier leurs relevés de compte dans l’un des journaux quotidiens dans les 
deux  mois  suivant  l’annonce  des  résultats  définitifs,  ainsi  que  l’obligation  de  désigner  un 
agent pour gérer leurs comptes. 
Le  financement  public  est  distribué  en  tranches  sur  une  base  équitable  et  sur  la  base  du 
nombre  d'électeurs  dans  chaque  circonscription,  en  tenant  compte  de  la  densité  de  la 
population.  En  outre,  les  dépenses  et  les  dons  sont  plafonnés,  permettant  de  ce  fait  des 
financements  privés  et  publics.  Les  contributions  autorisées  proviennent  des  candidats,  des 
partis  politiques  et  des  citoyens,  tandis  que  celles  provenant  de  donateurs  inconnus,  de 
gouvernements  étrangers,  ainsi  que  de  personnes  étrangères,  qu'elles  soient  physiques  ou 
morales, publiques ou privées, sont interdites. Beaucoup de partis politiques, notamment ceux 
n’ayant  pas  accès  à  des  sources  de  financement  privé,  se  sont  plaints  que  le  montant  du 
financement public était trop faible pour permettre une campagne crédible51. 
Plusieurs  organisations  de  la  société  civile  ont  indiqué  qu’elles  avaient  des  preuves 
concernant  le  dépassement  par  tous  les  grands  partis  politiques  du  plafond  des  dépenses  de 
campagne, et que ces preuves avaient été transmises à l’ISIE. Bien que cela soit dû au plafond 
47Cf.  articles  98  à  100  de  la  loi  électorale ;  la  loi  prévoit  des  sanctions  financières  augmentant  de  manière 
progressive selon le pourcentage de dépassement des limites des dépenses de la campagne, ainsi que l’annulation 
des sièges obtenus par les partis et les listes qui se seraient rendus coupables de dépassement. 
48Cf. article 98 de la loi électorale. 
49Cf. ISIE règlement No. 20 du 8 août 2014. 
50Cf. Convention des Nations Unies Contre la Corruption, article 7. 
51  La  moyenne  du  montant  de  financement  public  est  au-dessous  de  8000  DT  par  parti  politique  ou  liste 
candidate par circonscription électorale. 
11 
de  dépenses  général  qui  est  bien  trop  faible  pour  être  opérant,  et  donc  respecté  par  les 
candidats,  cela  pourrait  conduire  à  l’annulation  par  l’ISIE,  avant  l’annonce  des  résultats 
préliminaires, des mandats obtenus par les listes ou les partis vainqueurs. 
Société civile et observateurs nationaux   
L’observation  nationale  est  une  manifestation  essentielle  du  droit  de  participer  aux  affaires 
publiques  et  de  tenir  les  gouvernements  responsables.  Les  sources  du  droit  public 
international reconnaissent aux organisations d'observation nationalesle droit de participer et 
de  contribuer  aux  efforts  d’éducation  des  électeurs52.  Nombre  de  réseaux  d'observation 
nationale qui ont émergé en 2011 durant les élections de l’ANC sont restés actifs, continuant à 
jouer  un  rôle  essentiel  dans  la  transition  démocratique  en  contribuant,  par  exemple,  au 
processus d’élaboration de la Constitution.53
La loi sur l’ISIE impose à cette dernière de coopérer avec les organisations de la société civile 
sur les programmes de sensibilisation et d’éducation des électeurs. Même si l’ISIE a reconnu 
que la participation des organisations de la société civile à la campagne de sensibilisation sur 
l’inscription  des  électeurs  a  eu  un  impact  considérable  sur  ce  processus,  en  contribuant  à 
augmenter le nombre des électeurs inscrits, elle a décidé de ne pas associer  la société civile 
dans sa campagne d'incitation à voter par crainte d’influencer le choix des électeurs. 
Plusieurs organisations de la société civile qui ont participé à la sensibilisation des électeurs 
ont  également  observé  le  processus,  notamment  ATIDE,  Ofiya  (en  collaboration  avec  le 
CSID), Sawty, I Watch, et la Ligue tunisienne des droits de l’homme. Mourakiboun avait le 
plus grand nombre d’observateurs avec plus de 5 000 personnes déployées le jour du scrutin. 
Ils ont également mené un comptage parallèle des résultats (CPR). L’ISIE a accrédité 14 070 
observateurs nationaux et 496 observateurs internationaux. 
La  plupart  des  organisations  d'observation  nationales  ont  déclaré  qu’elles  étaient  en  contact 
permanent avec l’ISIE et que leur objectif était d’améliorer le processus électoral en signalant 
les lacunes et les faiblesses et en proposant des solutions. Elles se sont également plaintes du 
fait que, dans de nombreux cas,  l’ISIEn’a pas répondu à leurs préoccupations. 
Le règlement des contentieux électoraux  
La  loi  électorale  prévoit  une  procédure  rapide  pour  le  règlement  des  contentieux  électoraux 
relatifs à l’inscription des électeurs et à l’enregistrement des candidats, ainsi qu’aux résultats 
des élections, fournissant ainsi un recours en temps opportun aux partis lésés, et respectant le 
droit à l’examen judiciaire afin de garantir un contrôle indépendant du processus électoral54. 
Les tribunaux impliqués ont assumé leurs responsabilités de manière efficace et rapide. 
Un  total  de  133  plaintes  a  été  déposé  auprès  des  tribunaux  de  première  instance  pour 
l’enregistrement des candidats, et 111 appels ont été formés auprès du tribunal administratif ; 
25 appels ont été rejetés sur la forme, 53 ont été rejetés sur le fond et 33 ont été acceptés sur la 
forme et  le fond.55 Parmi les raisons du rejet des listes candidates,  se  trouvent l’inéligibilité 
des  candidats  parce  qu'ils  se  sont  inscrits  pendant  la  deuxième  phase  d’inscription  ou  ne  se 
sont  pas  inscrits  du  tout,  l’absence  de  parité  sur  les  listes  complémentaires,  le  nombre 
insuffisant  de  candidats  de  substitution,  la  non-présentation  de  la  déclaration  d’impôt,  et 
52Institut  Electoral  d'Afrique  Australe  (EISA),  Principes  pour  la  gestion  des  élections,  Surveillance  et 
Observation dans la région CDAA, p.19. 
53 Deux organisations de la société civile ont soumis des projets de constitution, et l’un d’entre eux est devenu la 
base du projet de rédaction au sein de l’ANC. 
54 Comité des Droits de l’Homme de l'ONU, Observation généraleNo 32, paragraphe 19. 
55Parmi ceux-ci, 39 ont été déposés par des partis politiques, 36 par des listes indépendantes, et 36 par des IRIE. 
12 
l'oubli ou l'absence de légalisation de signature de la part de candidats. Les IRIE ont appliqué 
les critères  de  candidature pour l’acceptation  ou  le rejet  des listes de manière systématique. 
Les  tribunaux  de  première  instance  ainsi  que  les  tribunaux  administratifs  ont  déployé  des 
efforts  louables  afin  de  statuer  sur  toutes  les  requêtes  dans  les  délais,  conformément  à  la 
procédure accélérée prévue par la loi. 
Cependant, un grand nombre de décisions des tribunaux de première instance analysées par le 
Centre Carter ont révélé des divergences d’interprétation de la loi électorale, compromettant 
de  ce  fait  le  droit  à  un  recours  efficace56.  La  loi  électorale  ne  prévoit  pas  de  procédure 
centralisée  devant  l’assemblée  plénière  du  tribunal  administratif  pour  des  appels  concernant 
l’enregistrement des candidats, ce qui a mené à une approche contradictoire sur une question 
juridique, principalement en raison de l’ambiguïté de la loi électorale57. Cela a compromis le 
droit  à  un  recours  efficace  ainsi  que  l’égalité  devant  la  loi.  Il  est  louable  que  le  tribunal 
administratif ait fonctionné de manière transparente et ait fourni au Centre Carter des copies 
des 111 décisions. D’après l’analyse de ces décisions par le Centre Carter,  le tribunal a fait 
preuve  d’un  degré  d’impartialité  considérable,  prenant  ses  décisions  sur  la  base  d’un 
raisonnement juridique solide et probant, dans les délais fixés par la loi. 
Bien que l’article 124 de la loi électorale permette aux représentants des listes, aux candidats, 
ou aux partis, ainsi qu'aux observateurs, d’enregistrer toutes les remarques sur le processus du 
vote, elle ne détaille  pas comment  ces remarques devraient être prises en considération par 
les membres des bureaux de vote. En outre, la loi ne permet pas aux électeurs de déposer des 
recours dans les bureaux de vote à propos des irrégularités ou des dépassements du processus 
électoral, récusant ainsi le droit à un recourt effectif en cas d’infraction des droits électoraux. 
Les recours contre les résultats préliminaires ne sont autorisés que s’ils sont déposés par les 
candidats ou leurs représentants à la chambre d’appel du tribunal administratif dans les trois 
jours  suivant  la  publication  des  résultats,  avec  une  possibilité  d'appel  auprès  de  l’assemblée 
plénière  du  tribunal  administratif  dans  les  48  heures  suivant  la  notification  de  la  décision58. 
Cependant, contrairement aux normes internationales, il n’y a aucune disposition permettant 
aux électeurs de déposer des requêtes à la cour afin de contester les résultats59. 
56 Le Centre Carter Carte a analysé 75 des 133 décisions du tribunal de  première instance sur l’enregistrement 
des candidats.Notamment, quelques tribunaux de première instance ont décidé que la loi ne stipulait pas que la 
liste  complémentaire  devait  respecter  les  règles  d’alternance  mais  seulement  le  principe  de  parité,  tandis  que 
d’autres tribunaux se sont basés sur l’absence de précision dans la loi pour décider que les deux listes devaient 
respecter les règles de parité et d’alternance. De même, quelques tribunaux ont infirmé les décisions des IRIE qui 
rejetaient  des  listes  dont  les  candidats  s’étaient  inscrits  durant  la  seconde  phase  de  l’inscription  des  électeurs, 
tandis  que  d’autres  ont  décidé  que  la  seconde  phase  d’inscription  des  électeurs  n’accordait  le  droit  à  la 
candidature  aux  élections  législatives.  En  outre,  alors  que  selon  quelques  tribunaux,  la  signature  légalisée  du 
candidat est nécessaire pour démontrer sa propre volonté et son accord pour se présenter aux élections, d’autres 
ont décidé que ce n’était pas requis par la loi, donc une liste ne devait pas être rejetée pour ce motif. 
57En particulier, quatre chambres du tribunal administratif ont décidé que les candidats inscrits durant la seconde 
phase  pouvaient  se  présenter,  tandis  qu’une  chambre  a  décidé  que  quelques  candidats  sur  quatre  listes  ne 
puuvaient pas. 
58 Cf. PIDCP, Observation générale No 25, paragraphe 20 qui indique qu’ « Il devrait y avoir un contrôle 
indépendant du vote et dudépouillement et une  possibilité  de  recourir à un examen par les tribunaux ou  à  une 
autre procédure équivalente,  afin que les électeurs aient confiance dansla  sûreté  du scrutin et dudépouillement 
des votes», ainsi que la déclaration de l’Union africaine sur les principes qui gouvernent les élections 
démocratiques en Afrique, section IV 6, qui indique que les « Les individus et les partis politiques ont 
le droit d’introduire des recours et de faire examiner rapidement leurs requêtes pour des irrégularités 
électorales flagrantes par les autorités judiciaires compétentes, conformément aux lois électorales en 
vigueur. »
59 PIDCP art. 2(3)(a) : « Pour garantir que toute personne dont les droits et libertés reconnus par la présente sont 
violés  dispose  d’un  recours  effectif,  en  dépit  que  la  violation  aurait  été  commise  par  des  personnes  agissant  à 
titre  officiel ».  Aussi  la  Commission  de  Venise,  Code  de  bonne  conduite  en  matière  électorale,  para.  99 : 
13 
Bien que des délais courts soient nécessaires pour éviter que les litiges, liés à la détermination 
des  résultats  des  élections,  ne  traînent  en  longueur,  le  délai  de  trois  jour  pour  déposer  des 
recours  à  la  chambre  d’appel  du  tribunal  administratif,  et  la  limite  de  cinq  jours  pour 
permettre  à  l’assemblée  plénière  de  rendre  sa  décision,  sont  trop  restrictifs  et  soulèvent  la 
question de  savoir si une juste considération des cas est entièrement garantie.60
Jour du vote  
Ouverture et vote 
Le processus de vote est la pierre angulaire de l’obligation d’assurer la libre expression de la 
volonté du peuple au moyen d’élections justes et périodiques. Certains droits de participation 
doivent être remplis pour que le processus de vote reflète exactement la volonté du peuple, au 
rang  desquels  le  droit  de  vote,  le  droit  de  participer  aux  affaires  publiques  et  le  droit  de 
bénéficierde la sécurité de la personne61. 
Les préparations pour l’ouverture des bureaux de vote ont commencé une heure avant le début 
du scrutin prévu à 7h du matin le 26 octobre. Les observateurs du Centre Carter ont noté que 
la plupart des procédures ont été suivies et les bureaux de vote ont ouverts à l’heure. 
Le vote a eu lieu de façon calme, ordonnée et transparente. Le taux de participation annoncé 
par  l’ISIE  était  de  61,9  %  en  Tunisie.  Les  observateurs  du  Centre  Carter  ont  fait  part  de 
longues files à l’ouverture des bureaux de votes, qui ont toutefois diminué au fur et à mesure 
de  la  journée.  Tous  les  observateurs  ont  rapporté  que  la  disposition  des  bureaux  de  vote 
facilitait le flux des électeurs de manière efficace. Une disposition de la loi électoralelimitant 
à  600  le  nombre  d’électeurs  dans  chaque  bureau  de  vote,  a  également  permis  de  gérer  de 
manière efficace les électeurs et les files d’attente62. 
Tout  comme  lors  des  élections  de  l’ANC  en  2011,  les  observateurs  du  Centre  Carter  ont 
remarqué qu’il existait de longues files dans certains centres de vote, alors que dans d’autres, 
il n’y en avait pas du tout. Bien que l’ISIE eût réparti les électeurs par bureau de vote au sein 
des  centres  de  vote  de  manière  plus  équitable  qu’en  2011,  leur  distribution  restait 
problématique. Les observateurs ont noté qu’un  nombre disproportionné de personnes âgées 
se trouvaient dans les files d’attentes, ce qui fut justifié par des présidents de centres de vote 
comme étant dû à un assemblage des listes par catégories d’âge. L’ISIE a alors expliqué que 
les listes d’électeurs étaient en fait divisées par numéros de cartes d’identité, ce qui a résulté 
en un nombre élevé de personnes âgées au sein d’un même bureau de vote. Ces électeurs sont 
venus en grand nombre, donnant lieu à de longues files d’attente devant les bureaux de vote. 
A  l’exception  de  quelques  irrégularités  mineures,  les  procédures  de  vote  ont  été  respectées 
dans  les  bureaux  de  vote  observés  par  les  observateurs  du  Center  Carter.  Parmi  ces 
irrégularités,  on  trouve  l’absence  d’explication  aux  électeurs  sur  la  manière  de  voter,  des 
campagnes illégales devant les bureaux de vote, et un personnel de bureaux de voteen nombre 
« Former  un  recours  doit  être  accordé  le  plus  largement  possible.  Il  doit  être  ouvert  à  tout  électeur  dans  la 
circonscription et à tout candidat qui se présente pour les élections. » 
60 Comme tous les interlocuteurs du TCC ont fait remarqué, les délais sont trop courts, puisque le système est 
centralisé, et les plaignants devraient recueillir toutes les preuves pour les soumettre avec leurs plaintes au cours 
des trois jours de publication des résultats aux IRIEs 
61 PIDCP, articles 2, 25(a) et 9. 
62 Article 119 de la loi électorale. 
14 
inadapté.  Les  observateurs  ont  également  noté  que  les  électeurs  avaient  une  compréhension 
très bonne ou adéquate des procédures de vote dans plus de 90% des bureaux observés. 
Comme  preuve  d’une  participation  active  de  la  société  civile  et  des  partis  politiques,  les 
observateurs  domestiques  et  les  représentants  des  candidats  étaient  présents  dans  tous  les 
bureaux  de  vote  visités.  Ils  semblaient  bien  organisés  et  au  fait  des  procédures.  Les 
observateurs  du  Centre  Carter  ont  reçu  plusieurs  récits  de  violation  de  l’interdiction  de 
campagne autour des centres de vote,  consistant en  des  représentants  de partis  parlant  à des 
électeurs à l’extérieur des centres de vote et tentant de les influencer. 
Clôture et dépouillement 
Les  membres  des  bureaux  de  vote  semblaient  avoir  une  compréhension  moindre  des 
procédures de clôture que de celles du vote, dénotant également des désaccords entre eux sur 
les  procédures  à  suivre  dans  plusieurs  bureaux.  Néanmoins,  l’évaluation  globale  des 
observateurs  du  Centre  Carter  a  montré  que  la  clôture  du  vote  était  calme,  organisée  et 
efficace. 
Même si les opérations de dépouillement n’ont pas été aussi fluides que celles du vote dans 
certains  des  bureaux  de  vote  observés  –  et,  dans  certains  cas  isolés,  a  même  été  jugé  
inadéquat  –  il  n’y  a  eu  aucune  indication  que  le  désordre  ait  pu  influencer  les  résultats  du 
le  dépouillement  n’a  pas  commencé 
décompte.  Dans  plusieurs  centres  de  vote, 
immédiatement après la fermeture, comme cela était requis dans le manuel des procédures de 
vote et de dépouillement produit par l’ISIE. La  pause n’a pas dépassé une heure, et une fois 
le dépouillement commencé, il a continué jusqu'à la fin. Le matériel électoral est resté bien en 
vue des observateurs et n’a pas été enlevé du bureau de vote pendant la pause. Dans tous les 
bureaux de vote observés, le procès-verbal du dépouillement a été publiquement affiché une 
fois  complété,  et  ce  avant  le  transfert  des  procès-verbaux  au  centre  de  compilation  des 
résultats. 
Compilation des résultats 
Le processus de consolidation des résultats  a subi un retard car le matériel électoral n’a pas 
été  transféré  des  bureaux  de  vote  aux    centres  de  compilation  dans  les  délais.  Lorsque  la 
compilation  a  finalement  commencé,  dans  la  plupart  des  cas  les  observateurs  n’ont  pas  pu 
observer les détails du processus de manière efficace car ils étaient trop loin de l’endroit où la  
compilation  se  faisait  et  n’avaient  pas  accès  au  personnel  du  centre  de  compilation. 
Cependant, à quelques exceptions près, les observateurs ont décrit l’atmosphère générale des 
centres de compilation comme calme et ordonnée. Dans les quelques centres de compilation 
où  les  observateurs  ont  été  en  mesure  de  faire  une  évaluation  pertinente,  ils  ont  qualifié  le 
processus comme lent, quoique géré et professionnel. 
Contexte :Le  Centre  Carter  était  accrédité  par  l’ISIE  afin  d’observer  les  élections  et  a 
déployé,  à  cet  effet,  72  observateurs  qui  ont  visité  348  bureaux  de  vote  et  centres  de 
compilation des résultats dans l’ensemble des 27 circonscriptions de Tunisie. La mission était 
dirigée  par  l’ancien  premier  ministre  du  Yémen,  Abdelkarim  Ali  Al-Eryani.  Plus  de  25 
nationalités différentes étaient représentées  dans cette mission d’observation. 
Le  centre  est  présent  en  Tunisie  depuis  2011,  et  a  observé  les  élections  de  l’Assemblée 
nationale  constituante  en  2011  ainsi  que  le  processus  d’élaboration  de  la  constitution  qui  a  
abouti à l’adoption de cette dernière en janvier 2014. La mission d’observation électorale a été 
lancée en juin 2014 avec le déploiement de dix observateurs de longue durée à travers le pays 
ainsi qu’une équipe d’experts basée à Tunis.  Le Centre demeurera en Tunisie pour observer 
15 
le processus final de compilation des résultats ainsi que la phase de contentieux électoral. Une 
mission d’observation sera également déployée pour les élections présidentielles prévues pour 
le 23 novembre et pour l’éventuel second tour prévu, au plus tard, le 28 décembre. 
La  mission  d’observation  du  Centre  Carter  en  Tunisie  a  pour  objectif  de  fournir  une 
évaluation impartiale de la qualité du processus électoral, de promouvoir un processus inclusif 
pour tous les Tunisiens et de manifester son appui à la transition démocratique. L’évaluation 
du processus électoral se fait sur la base du cadre juridique national ainsi que des obligations 
internationales de la Tunisie relatives à la tenue d’élections  démocratiques réelles.  
La  mission  d’observation  du  Centre  Carter  est  menée  conformément  à  la  Déclaration  des 
principes pour l’observation  internationale électorale  ainsi que le Code de Conduite adopté 
par l’ONU en 2005 et entériné  actuellement par 49 organisations. 
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