Page 1
POSITIONS DE RECHERCHÉ
Le statut de “l’acteur social”
dans la sociologie tunisienne*.
Lilia BEN SALEM
sociologie et au débat entre la démarche durkheimienne
et l ’approche w ébérienn e. C om m ent ab o rd er une
so c ié té et l ’o b s e rv e r ? D es en se m b le s so ciau x ,
nécessairement différents de la somme des éléments qui
les composent ? Démarche de type holistique, celle des
élèves et disciples de Durkheim, des fonctionnalistes,
des structuralistes, des marxistes... S’agit-il au contraire
de retenir l ’acteur social comme unité d ’analyse, un
acteur social actif, capable d ’interpréter la signification
de ses propres comportements et de ceux avec qui il
entre en relation ?
Ces deux interprétations de l ’unité d ’analyse sont
inséparables d ’une conception différente du rôle de
l ’individu : pour la sociologie holistique l’individu est
“agent” des structures sociales ou du système social ; il
a un rôle passif. Pour la sociologie wébérienne dont le
modèle méthodologique sera repris et systématisé dans
les
“ l ’in d iv id u a lis m e
méthodologique”, l ’individu est considéré comme un
acteur social capable de faire des choix, des calculs,
m êm e s ’il est lim ité par ce que Raym ond B oudon
appelle les “contraintes du système”.
an n é es
1980,
p a r
On peut également, au terme d ’une relecture de la
s o c io lo g ie c la s s iq u e , re te n ir deu x m o d a lité s
essentielles de la démarche explicative. La première
consiste à expliquer “les faits sociaux par des faits
Lilia B E N S A L E M , est maître de conférence en
sociologie à la F aculté des Lettres et des Sciences
Humaines de Tunis. Par ailleurs, elle est membre du
com ité de pilotage IR M C /M O ST M ondialisation et
ajustem ent des transform ations des sociétés rurales
dans les pays arabes méditerranéens.
L’interrogation sur le statut de “l ’acteur social”
dans la p ro d u c tio n socio lo g iq u e est une question
d ’actualité voire une question à la mode dans le champ
des sciences sociales. La sociologie tunisienne a peu
fait, ju s q u ’à a u jo u rd ’hui, l ’o b jet d ’in terro g atio n s
épistémologiques. Dans l ’objectif de dévoiler certains
de ses choix m éth o d o lo g iq u es je me prop ose, en
réponse à la suggestion et à l ’invitation de l’I.R.M.C.,
de “revisiter” la production sociologique tunisienne.
Avant d ’entrer dans le vif du sujet, je rappellerais
que la référence à la notion d ’acteur social pose un
double problème épistémologique : acteur social, unité
d ’analyse de la démarche scientifique et acteur social
comme élément dont le comportement est susceptible
d ’expliquer le phénomène social étudié.
L’ acteur social comme unité d ’analyse renvoie à la
question des choix méthodologiques essentiels de la
* Je tiens à rem ercier m es collègues et am is R idha Boukraa et D ora M ahfoudh pour la lecture q u ’ils ont bien voulu faire de ce texte et leurs
précieuses rem arques et suggestions.
3
Page 2
POSITIONS DE RECHERCHES
sociaux” et le com portem ent des individus par des
d é te rm in a tio n s s o c ia le s. L a se c o n d e c o n s is te à
expliquer les faits sociaux par le com portem ent des
acteurs sociaux qui peuvent être des individus ou des
acteurs sociaux collectifs, des ensembles sociaux (cf
Alain Touraine). Nous devons retenir que les acteurs
sociaux sont, dans cette perspective, appréhendés
comme responsables de ce qui se passe dans la société.
S’interroger sur le statut des acteurs sociaux consiste
à envisager dans quelle mesure l’analyse sociologique
interprète les phénomènes étudiés comme le résultat du
co m p o rtem en t des acteu rs im pliqués, dans quelle
mesure le chercheur adopte le schème actanciel.
Q u ’en est-il dans le co n tex te de la so ciologie
tunisienne ? Mais il importe, au préalable de préciser
ce qu’on entend par “sociologie tunisienne”.
L a s o c io l o g ie t u n is ie n n e ,
“ PROTO-ÉCOLE” OU NÉBULEUSE ?
J’ai été tentée, au départ, de dire qu’il n ’y a pas
une sociologie tunisienne mais des sociologues qui ont
p e rm is, p ar le u rs tra v a u x , d ’a n a ly s e r la so ciété
tu n is ie n n e q u ’ils s o ie n t tu n is ie n s , fra n ç a is ou
américains. Telle était la démarche que j ’avais adoptée
en établissant le bilan de “la production sociologique et
anth ro p o lo g iq u e” sur les fem m es en T unisie (Ben
S alem , 1997 :2 1 1 -2 7 4 ). M es c h o ix , a v a ie n t été
essentiellement guidés par la connaissance de l ’objet.
On pouvait encore retenir comme critères la .formation
et la nationalité des chercheurs.
M a is, d an s
la m e su re p ré c is é m e n t où
le
raisonnem ent porte sur des choix m éthodologiques,
j ’ai préféré opter pour ce qui constitue, à mon sens une
véritable nébuleuse avec pour points de repères le
Centre d ’études sociologiques puis le Département de
S o c io lo g ie de la F a c u lté des L ettre s et S cien ces
H um aines et le C entre d ’É tudes et de R echerches
Économiques et Sociales (C.E.R.E.S.). La majorité des
sociologues tunisiens ont été formés, ont réalisé leurs
premières recherches, fait leur carrière d ’enseignants
et/ou de chercheurs dans ce creuset. Même si presque
tous ont d ’autres ré fére n ces dans le contexte des
universités françaises (notam m ent La Sorbonne puis
Paris V et l ’École Pratique des Hautes Études).
Pour cette analyse, je me suis référé aux travaux
des sociologues tunisiens (environ une quinzaine) qui,
d es a n n é e s 1960 à a u jo u r d ’hu i o n t p ro d u it
régulièrement. A de rares exceptions près ils n ’ont pas
publié d ’ouvrages. L’essentiel de la production, se
lim ite à des m ém oires de recherche, des thèses de
doctorat (parfois publiées) et des articles scientifiques.
Il s’agit d ’une production très dispersée. Les Cahiers
de Tunisie, revue de la Faculté des Lettres et Sciences
Humaines et I.B.L.A., ont accueilli un certain nombre
de ces textes. M ais, seule la R evue Tunisienne de
S c ie n c e s S o c ia le s (p u b lic a tio n du C .E .R .E .S .) a
c o n s titu é p e n d a n t lo n g te m p s la p u b lic a tio n de
ré fé re n c e des so cio lo g u es tu n isie n s. N om bre de
travaux ont été publiés à l’étranger dans des revues de
sociologie ou spécialisées dans l ’étude des sociétés du
M aghreb et du monde arabe ou encore dans le cadre
d ’ouvrages collectifs.
L’analyse de la production sociologique tunisienne
reste donc à faire. Toutefois, une première lecture nous
autorise à avancer quelques remarques préliminaires.
Les premiers travaux (articles et thèses) datent des
années 1960. La m ajo rité des ch erch eu rs ont été
formés dans le cadre de l’institut des Hautes Études de
Tunis et de l’Université de Paris-Sorbonne. Ils ont été
les élèves de G ranet puis de Jean D uvignaud d ’où
l ’influence de Georges Gurvitch qui “patronnait” la
nouvelle licence de sociologie dont il présidait les
premières années les jurys d ’examen. Ils ont été initiés
aux questions de développement et à la sociologie du
M aghreb par des intellectuels aussi prestigieux que
Jacques Berque, Georges Balandier, Frantz Fanon... Ils
é ta ie n t anim és p ar la v o lo n té de c o n trib u e r à la
c o n n a is s a n c e de la so c ié té tu n is ie n n e et de ses
problèmes de développement, dans une confrontation
p e rm a n e n te avec la ré a lité so c ia le . P au l S ebag,
pionnier des enquêtes sur le terrain dans les quartiers
défavorisés, a su leur communiquer le souci du contact
avec le terrain et la précision de l ’observation ; Jean
Cuisenier puis Jean Duvignaud ont permis à certain
d ’entre eux de partager leur découverte du terrain ;
Abdelwahab Bouhdiba a nourri chez eux le souci du
référentiel culturel.
Si les premiers sociologues ont pu m ener à bien
leurs propres recherches c ’est, sans aucun doute, grâce
à une volonté politique de développer les sciences
sociales et à la création du C.E.R.E.S qui a été, dans
les années 1960-1970, un centre de production et de
réflexion tout à fait exceptionnel.
La lecture des prem iers travaux fait apparaître,
entre les différents chercheurs, un partage implicite du
champ de la sociologie du changem ent social et du
développement : les types nouveaux d ’organisation du
secteur agricole XZghal, 1965) et de la pêche (Zamiti,
1 966), le s tra n s fo rm a tio n s du m o n d e o u v rie r
(H erm assi, 1966 ; H am zaoui, 1970), le processus
d ’industrialisation (Stambouli, 1964; Boukraa, 1968),
les nouvelles structures d ’encadrem ent et les élites
(B en S alem , 1 9 6 8 )...
tra v a u x
essentiellement empiriques quoique s’inscrivant dans
u n e p ro b lé m a tiq u e de d é v e lo p p e m e n t et de
changement social.
s ’a g it de
Il
Ces premiers écrits partagent le souci de mettre à
jour les déterminants sociaux en insistant sur le poids
de l ’histoire, sur les conditions institutionnelles et
sociales (analyses en term es de stratification et de
classes sociales).
4
Correspondances n°49 février 1998
Page 3
POSITIONS DE RECHERCH1
L’objectif, m êm e si les enquêtes portent sur des
terrains précis, est de traiter des questions qui intéressent
la société globale, le macrosociologique : modernisation
de l’agriculture, processus d ’industrialisation, le rôle des
cadres et des élites dans la politique de développement....
J ’ém ettrais l ’hypothèse que les travaux pionniers
des années 1960, dont les pro b lém atiq u es étaient
articulées autour de la question du développement et
du changem ent social, ont servi, dans une très large
m esure, de réfèrent voire de guide à la production
sociologique tunisienne, et ce jusqu’à aujourd’hui. Ce
c o n s ta t m ’a p e rm is de p a rle r de
p r o to -é c o le de
so cio lo g ie tu n isien ne. L’analyse de la produ ctio n
sociologique, des années 1960 à aujourd’hui, nous
autorise à y retrouver une certaine unité, une certaine
continuité au delà des changements d ’orientation.
L’essentiel de la production est jusqu’à aujourd’hui
l’oeuvre des sociologues formés dans les années 1960,
qui ont mené leurs travaux de recherche dans le cadre
du C .E .R .E .S . o u /e t de la F a c u lté des S cien ce s
H u m a in e s et S o c ia le s de T u n is. L es n o u v e lle s
g én é ratio n s, g én é ralem e n t form ées par eux et en
c o n ta c t avec eux, to u t en in tro d u is a n t c e rta in e s
innovations, restent fidèles aux grandes orientations de
la sociologie à ses débuts et, en particulier, au souci
d ’intégrer leurs dém arches dans une problém atique
englobante de changement social.
La majorité des chercheurs ont tenu à préserver une
certaine autonom ie par rapport aux grands courants
théoriques de la sociologie, signifiant im plicitem ent
par là que leur souci était d ’interpréter, en tenant
compte des spécificités du champ d ’investigation, les
observations faites sur le terrain. Les auteurs se sont
moins soucié de tester une théorie que d ’utiliser les
théories existantes pour clarifier leur problématique et
interpréter leurs résultats. Ce qui suppose le primat de
l’empirique sur le théorique.
Mais, et c ’est dans cette mesure que j ’interprète la
n éb u leu se des so cio lo g u es tu n isie n s en term e de
“ p r o to - é c o le ” et n o n d ’u n e v é rita b le “ é c o le de
sociologie” tel le groupe des durkheimiens et ce qu’on
a appelé “l ’école française de sociologie”, l ’unité est
institutionnelle et thématique (analyses en termes de
développement et de changement), mais la production
a un caractère par ailleurs “éclatée”. La recherche est
essentiellement individuelle : ni groupe de recherche
organisé, ni chef(s) de file, ni débats théoriques et
méthodologiques. Les échanges entre chercheurs sont
peu nombreux et les jeunes générations sont formées
dans le seul tête à tête avec leur directeur de thèse sans
pouvoir être intégrés à des équipes de recherche. Cette
situation se répercute sur la production qui se soucie
peu d ’accum ulation scientifique et dont les résultats
so n t ra re m e n t c o n fro n té s av ec ceu x d ’au tre s
chercheurs ayant travaillé sur des questions similaires.
A noter cependant, que les chercheurs participent par
ailleurs à des débats scientifiques, soit dans le cadre de
rencontres internationales, soit sur la scène nationale
au cours de colloques et journées scientifiques qui sont
a u ta n t d ’o c c a sio n s de d ia lo g u e s avec les au tres
sciences sociales, géographie, h istoire, économ ie,
psychologie....
N o tre an a ly se de la p ro d u c tio n s o c io lo g iq u e
tunisienne a porté sur 351 références, ouvrages, thèses,
articles de revues scientifiques : 48 pour les années
1960, 93 pour les années 1970, 109 pour les années
1980 et 101 pour les années 1990. Ce qui nous peimet
de faire les remarques suivantes :
Les années 1960, comme nous l’avons déjà rappelé,
sont des années fondatrices : choix des questions de
développement, partage implicite des grandes questions
à creuser, priorité accordée au travail empirique.
Autour des années 1970, sans que ne soit évacuée
la question du développem ent, la notion de culture
s ’im p o se co m m e n o tio n c e n tra le et m o d a lité
d ’exp lication des phénom ènes observés (T. Labib
Djedidi, 1973). C ’est durant cette seconde décennie
que v o n t se d é v e lo p p e r les a n a ly s e s de type
psychosociologique (conscience de classe ; analyse des
attitudes ; question de l ’autorité et du pouvoir...) et les
monographies.
A la fin des années 1970 et durant les années 1980,
les questions économ iques “resurgissent” sous des
formes nouvelles : analyse du système éducatif, relation
form ation / em ploi, transform ation des rapports de
production dans le monde rural, travail des femmes,
q u estio n d ’h a b ita t et ex te n sio n des q u a rtie rs
périurbains.... La fin des années 1970 correspond, il ne
faut pas l’oublier, à une réflexion engagée par certains
sociologues autour des théories de la dépendance
(sociologie sud-américaine et influence de Samir Amin).
Au milieu des années 1980, les problématiques ont
eu tendance à s’orienter dans le sens de l ’analyse des
problèmes sociaux et des mouvements qu’ils suscitent :
mouvements de femmes, révoltes, actions syndicales,
mouvement religieux...
Enfin, depuis le début des années 1990, la tendance
est à l’analyse des groupes, aux enquêtes approfondies
su r des p o p u la tio n s r e s tr e in te s , au re c o u rs à
l’observation anthropologique : interrogations sur la
famille, les jeunes, analyse de groupes professionnels,
de groupes religieux. Le changem ent est analysé au
niveau microsociologique.
L ’a c t e u r s o c ia l d a n s l a
SOCIOLOGIE TUNISIENNE ?
Lorsque m ’a été posée la question du statut de
l ’acteur, j ’avoue avoir été tentée de répondre que
l’acteur social est absent de la production sociologique
tunisienne. Seul l’effet de mode actuel, suscité par des
interrogations nouvelles dans le champ des théories
Correspondances n°49 février 1998
5
Page 4
OSITIONS DE RECHERCHES
s o c io lo g iq u e s, p o u v a it su s c ite r ch ez les je u n e s
chercheurs des interrogations sur le rôle de l ’acteur
social et ses relations avec les contraintes du système.
Les colloques, les séminaires qui ont jalonné l’histoire
de la sociologie tunisienne, les textes produits, me
sem blaient avoir accordé peu de place aux acteurs
sociaux. Je retenais de ces travaux le souci toujours
renouvelé de “traquer” les déterminations économiques,
sociales, culturelles, les obstacles au développement, à
la modernisation, au changement social.
La nouvelle lecture que j ’ai faite de la production
sociologique tunisienne a confirmé mon interprétation.
J u s q u ’au m ilie u des an n ées 1980, la so c io lo g ie
tunisienne obéit à une logique en termes de structures,
de systèmes, de déterminations sociales. Mais, en même
tem ps, j ’ai découvert, dans nom bre de textes, que
certains chercheurs, à la faveur de l’enquête de terrain,
avaient eu l ’intuition du faible pouvoir explicatif des
structures et avaient introd uit, pour ainsi dire par
effraction, un certain nombre d ’acteurs sociaux.
Ceci dit, je pense que l’on peut distinguer, au fil
d ’une lecture transversale, trois interprétations du
statut de l ’acteur social :
- L’acteur social com m e acteur du changem ent
social ou du développement susceptible de déjouer les
contraintes sociales sur lesquelles le sociologue tend à
m ettre l ’accent. Il s ’agit généralem ent d ’un acteur
c o lle c tif d o n t le rô le p e rm e t d ’e x p liq u e r les
changements.
- L’acteur social en rupture et en conflit avec les
grandes tendances de la société : il s’agit encore d ’un
acteur collectif (“mouvements sociaux”), mais dont le
rôle est indirect, marginal, difficile à évaluer.
- L’acteu r social com m e p o rteu r de stratégies,
initiateur de phénomènes nouveaux. Il s’agit de petits
groupes et d ’individus : l’analyse est micro-sociale.
Si on observe une certaine relation entre ces trois
interprétations et la variable chronologique, ce serait
une erreur, à mon sens, de conclure à une évolution.
Peu de chercheurs se sont réclamés explicitement
d ’une approche en termes d ’acteurs sociaux. J ’ai été
assez surprise de découvrir que les chercheurs qui,
dans les années 1960-1970, ont revendiqué une telle
démarche (par ailleurs, très différente l’une de l’autre)
sont des auteurs qui ont eu et qui auront par la suite un
parcours différent de la plupart de leurs collègues.
Tous deux ont fait leurs études supérieures en France
(m ais, com m e la plupart des sociologues form és à
Tunis, ils ont eu Jacques Berque comme directeur de
thèse) et ont eu plus tard des activités syndicales et
politiques. Dans les prem ières pages de sa thèse de
tro is iè m e c y c le , M o u v e m e n t o u v r ie r et s o c ié té
c o lo n ia le . La T u n isie e n tre les d e u x g u e rre s,
A bdelbaki H erm assi s ’exprim ait dans ces term es :
“E ssentiel p o u r nous était le repérage des acteurs
so cia u x selo n la belle fo r m u le d ’A la in T ouraine
(Hermassi, 1966).
Quelques années plus tard, Moncer Rouissi écrivait
dans
Une o asis du S u d tu nisien. Le J e rid (E ssai
d ’h isto ire so cia le) que ce qui est e sse n tie l c ’est
l’analyse de
“la confrontation des acteurs sociaux sur
le terrain” (Rouissi, (1972).
L’acteur social, vecteur de changement social
Les premiers travaux des sociologues tunisiens, à la
fin des années 1960, étaient axés sur la problématique
du d é v e lo p p e m e n t ou p lu tô t des o b s ta c le s au
d é v e lo p p e m e n t. C ’est l ’é p o q u e où le s m o d èles
d ’analyse dominants en sociologie se référaient aux
traditions fonctionnaliste, marxiste et structuraliste. La
sociologie tunisienne sem ble, m algré son penchant
p o u r les a n a ly se s in s p iré e s p a r les p a ra d ig m e s
marxistes, avoir, dans cette première période, gardé
une certaine distance en privilégiant délibérément une
dém arche em pirique. Les références à la sociologie
classique et contemporaine servaient essentiellement à
interpréter les observations faites sur le terrain. Une
telle posture a perm is à la prem ière génération de
so c io lo g u e s de m e ttre l ’a c c e n t à la fo is sur les
déterminations sociales, les conditions sociales et sur
les p o te n tia lité s dynam iqu es de ce rtain s acteurs.
N ’oublio ns pas l ’in flu en ce de G eorges G urvitch,
h éritier de l ’école durkheim ienne m ais aussi plus
s e n s ib le aux fo rc e s de d é s tru c tu ra tio n et de
restructuration, aux potentialités contestataires sans
c e sse à l ’o e u v re d an s la ré a lité so c ia le q u ’aux
mécanismes d ’intégration. Il faut compter également
avec le contexte politique tunisien et la quête d ’une
voie “originale” de développement.
D ans ce c o n te x te , l ’ac te u r so c ia l a un sta tu t
beau co u p plu s v irtu el que réel. Il est in terp ré té,
l’essentiel de l ’analyse portant sur les contraintes du
systèm e, com m e celui qui
p eu t changer la société.
L’acteur est, de fait, marginal, mais “il peut” (et “il
doit” : certains travaux n ’échappent à la tentation de
g lisse m e n t du d isc o u rs s c ie n tifiq u e au d isco u rs
n o rm atif) jo u e r un rôle d ’in itiate u r, de guide du
processus de développement.
Je citerais ici, à titre d ’exem ple, les travaux de
thèses de Fredj Stambouli,
K sar hellal et sa région.
C o n trib u tio n à une s o c io lo g ie du c h a n g e m e n t
(S ta m b o u li, 1964) et de R id h a B o u k ra a ,
É tu d e
sociologique d ’un pôle de développement en économie
sous-développée : le cas de l ’usine de cellulose de
Kasserine (Boukraa, 1968).
D ans
les p re m iè re s p ag e s, F. S ta m b o u li
s ’in te rro g e a it sur le rô le des g ro u p e s so ciau x
traditionnels comme acteurs de changem ent social :
“loin d ’être un fr e in au changem ent, les groupes
traditionnels peuvent en constituer parfois le moteur*’.
A nalysant les m odalités du passage d ’un artisanat
séculaire à une industrie “moderne”, il mettait l’accent
sur les pesanteurs du système. Son analyse n ’exclut pas
qu’il consacrât quelques pages à l’étude d ’une petite
Correspondances n°49 février !998
Page 5
POSITIONS DE RECHERCH -
élite d ’artisans qui ont pu mettre en place un embryon
d ’industrie au prix d ’une “
véritable bataille contre
l ’administration centrale” en 1949. Les acteurs sociaux
du p ro jet in d u striel sont ces pionniers qui ont pu
s’infiltrer dans le milieu très fermé des commerçants de
filé dont Fredj Stambouli retrace la trajectoire. Ce sont
aussi les acteurs politiques qui ont permis que le projet
ne soit pas détourné vers Tunis.
O n re tro u v e d an s la th èse de R id h a B o u k raa
l ’évocation du rôle potentiel de certains acteurs et de
leur efficacité quand ils sont capables d ’induire le
changem ent. M ais ce que nous retiendrons de son
travail, c ’est le souci de déceler les différents acteurs
sociaux en présence, de se référer à leur parcours
biographique et à leurs témoignages pour saisir ce qu’il
considère comme un phénomène nouveau : alors que
d u ra n t la p é rio d e c o lo n ia le , les m o d es de vie
traditionnel et moderne avaient tendance à n ’être que
juxtaposés sans qu’il n ’y ait de relations entre ces deux
types d ’acteurs sociaux, aujourd’hui dit-il, on assiste à
une confrontation directe du traditionnel et du moderne.
Les acteurs sociaux représentent pour Lilia Ben
S alem , m ais aussi pour A bdelkader Z ghal, R idha
Boukraa, Fredj Stam bouli, A bdelbaki Herm assi,
les
ca d re s, l ’é lite et la fu tu r e é lite (le s é tu d ia n ts )
interprétés en référence à l ’expression employée par
Georges Balandier en termes
d ’agents provocateurs du
progrès (Ben Salem, 1968). Dans sa thèse, Abdelbaki
Hermassi (Hermassi, 1966) avait souligné le rôle que
pouvaient jo u er l ’intelligentsia et les élites dans le
processus de changement social. Il reprendra ce thème
dans plusieurs de ses textes postérieurs, notam m ent
dans
Leadership and national développement in North
Africa (1972), traduit sous le titre Etat et société au
M aghreb (1975). Tout en m ettant l ’accent sur les
obstacles structurel et historique auxquels se heurtent
les projets m aghrébins de construction nationale, il
lance un véritable appel aux chercheurs afin q u ’ils
“examinent de plus près ceux qui exercent le plus de
p o id s s u r ce s p r o c e s s u s , c ’e st à d ire les é lite s
nationales”.
le m êm e
N o u s re tro u v o n s
ty p e de ch o ix
m éth o d o lo g iq u e s dans la th èse de K halil Z am iti,
Culture, idéologie de la m odernité et obstacles au
développem ent en Tunisie (1973) quand il démontre
que à l ’absence d ’une bourgeoisie et d ’entrepreneurs
susceptibles d ’être des vecteurs de développem ent
ré p o n d l ’é m e rg e n c e de ce u x q u ’il a p p e lle
les
gestionnaires étatiques de l ’économie.
Dans les années 1990, d ’autres acteurs sociaux
seront l’objet d ’investigation des sociologues, tels les
“ n o u v e a u x e n tre p re n e u rs ” (B o u k ra a , 1993), les
ingénieurs (Ben Salem, 1991, 1994), les femmes qui,
en a d o p ta n t de n o u v e a u x rô le s c o n trib u e n t au
développement (Mahfoudh, 1990) et l’État (analyse du
rôle des Etats du Maghreb en tant que producteurs de
lé g isla tio n s et de p o litiq u e s en m atière de statu t
personnel qui expliquent les dynamiques différentielles
des trois sociétés, Charrad, 1990).
- Plus de références et documents sur Legaly Docs
L’acteur social collectif comme force
contestatrice : la notion de mouvement social
Moins nombreux sont les travaux qui s’inscrivent
dans cette perspective. Expression du souci de déceler
au sein de la société globale certaines forces effectives
ou potentielles, ils corresp on dent à des tentatives
s o c io lo g iq u e du p a ss é ou
d ’in te rp ré ta tio n
d ’interrogation sur un présent informé par l’histoire.
Ils se ré fè re n t à e sse n tie lle m e n t à la so c io lo g ie
tourainienne et à ses définitions du mouvement social.
L’acteur social est un acteur co llectif, un sujet
historique : le m ouvem ent ouvrier, le m ouvem ent
étudiant, le mouvement national, les femmes avec les
d iv e rs e s fo rm e s q u ’o n t re v ê tu le “fé m in is m e ” ,
l ’islamisme.
Nous rencontrons ce type d ’analyse dès la fin des
années 1960 avec les thèses de Abdelbaki Hermassi
(1966) et de Salah Hamzaoui (1970) sur le mouvement
ouvrier, avec les textes de Abdelkader Zghal sur les
acteurs de la construction nationale (1967, 1968).
La notion de m ouvem ent social, absente de la
sociologie des années 1970, fera de nouveau surface au
c o u rs de la d é c e n n ie 1980 av ec les tra v a u x de
Abdelbaki Hermassi sur les résistances de la société
civile et sur les islamistes (Hermassi, 1983, 1984), la
th èse de Ilhem M arzo u k i sur le M o u v em en t des
Femmes en Tunisie (Marzouki, 1986 ) et le livre de
B adra Bchir,
l ’Enjeu du fém inism e indépendant en
Tunisie (Bchir, ) ainsi que l ’article de Mouldi Lahmar
publié en 1985 dans la revue
Esprit sur la révolte du
pain dans les campagnes, interprétation sociologique
des événements survenus en janvier 1984, à la suite de
la décision de doubler le prix du pain.
L es
re c h e rc h e s des a n n é es 1960 a v a ie n t
p rin cip alem en t pour o bjectifs l ’analyse de ce qui
s’était passé pendant la période coloniale, de détecter
les c a p a c ité s de ré s is ta n c e des p o p u la tio n s
(m ouvem ent national et/ou sy ndicalism e et luttes
o u v riè re s) dan s un esp a c e de c o n tra in te s fo rte s
(l’essentiel des analyses porte sur les déterminations
sociales). Les travaux des années 1980 sont en priorité
informés par le présent. Ils s’inscrivent dans le champ
des p ré o c c u p a tio n s m a je u re s de la d é c e n n ie :
inquiétudes de la société civile, émergence sur la scène
p o l i t i q u e d u “ m o u v e m e n t
i s l a m i s t e ”
( H e rm a s s i,1 9 8 3 ,1 9 8 4 ), ré a c tio n s des fem m es
confrontées à la menace d ’une remise en question de
leurs prin cipaux acquis (M arzouki, 1986 ; B chir,
1993). Ces différents travaux ont fait preuve en leur
temps d ’originalité dans la mesure où ils intègrent les
tém oignages de certains des acteurs, participants de
ces embryons de mouvements sociaux. Mouldi Lahmar
a pu observer les acteurs sociaux en action, sur le
Correspondances n°49 février 1998
7
Page 6
lOSITIONS DE RECHERCHES
terrain et com parer deux villages voisins et analysé
dans leur contexte respectif la façon dont ont été vécus
les événements de 1984 (Lahmar, 1985).
L’acteur social comme porteur de stratégies,
initiateur de phénomènes sociaux,
élément actif des interactions sociales.
Dans le cas du statut des acteurs sociaux, même
quand les o b serv atio n s étaie n t faites à un niveau
m icro -so cial, l ’in terv e n tio n des acteurs avait une
“ p o rté e ” n a tio n a le . L’a c c e n t é ta it m is su r le u rs
capacités à intervenir dans le changem ent social au
niveau de la société globale. Il s’agissait d ’acteurs
collectifs, et non d ’individus à l ’exception de quelques
remarques qui ont été formulées sur des individus à
“rôle sig nificatif’. Ainsi, quand Abdelbaki Hermassi
évoque, dans son étude sur le M ouvem ent ouvrier
(Hermassi, 1966), le rôle de Mohamed Ali ou de Tahar
Haddad, quand dans les travaux sur les mouvements de
femmes une mention particulière est accordée à Tahar
Haddad ou à Habib Bourguiba, quand Fredj Stambouli,
dans sa thèse sur Ksar Hellal (Stambouli, 1964) met en
relief le rôle et com m erçants Hellali dans le secteur
textile ... Mais y compris dans ces cas, ce sont moins
les stratégies des acteurs qui sont envisagées que leur
position sym bolique au sein d ’une élite ou dans un
mouvement social.
Il est exceptionnel, jusqu’à la fin des années 1980,
voire le début des années 1990, que les chercheurs
aient accordé de l ’intérêt au comportement des acteurs
sociaux, des individus ou groupes d ’individus observés
dans la dynam ique de leurs relations sociales. Cette
tendance est due à des choix méthodologiques opérés
en term es de priorité du global sur le local (même
lorsque l ’objet de recherche est local) et de découverte
sinon de déterm inism es, du m oins des principales
déterm inations sociales. L’individu est appréhendé
com m e porteur de structures et non com m e acteur
social susceptible d ’opérer des choix dans un contexte
de contraintes sociales spécifiques.
Toutefois, ces premiers travaux n ’excluent pas un
certain nombre d ’observations sur le rôle des acteurs
sociaux formulées à la faveur de l ’interprétation des
résultats d ’enquêtes. J ’ai déjà fait référence à la thèse
de doctorat de Moncer Rouissi (Rouissi, 1972) qui, dès
les premières pages, s’assignait le projet explicite de
“cam per des acteurs sociaux confrontés les uns aux
a u tres” sur le terrain : d ’un côté B en Salah et la
b u re a u c ra tie c ita d in e , d ’un a u tre cô té les Je rid i
(expression de la m alice et de la ruse) qui adoptent
dans cette confrontation des stratégies différentielles :
repli, défense de leur autonomie et du particularisme
ou au c o n tra ire e n g a g e m e n t p a r ra p p o rt aux
événements qui touchent la ‘umma.. Je me permets de
souligner l ’intérêt de la réflexion m éthodologique à
laquelle nous invite l ’auteur récusant l’utilisation du
questionnaire qui ne peut “livrer de la société que sa
croûte superficielle et les représentations qu ’en ont les
acteurs”. Il préfère recourir à la lecture des archives et
aux interviews intensives d ’acteurs sociaux par rapport
au x q u e ls il se situ e en ta n t q u e c h e rc h e u r. Le
scien tifiq u e est égalem ent acteu r :
“le tra va il du
sociologue, dit-il, c ’est à beaucoup d ’égards, une
manière d ’interroger”.
Le c h e rc h e u r e st en re la tio n é tro ite , sin o n
quotidienne avec son objet de recherche. Il adopte une
approche anthropo-sociologique ce qui implique qu’il
soit capable de sympathie voire d ’empathie à l ’égard
des acteurs sociaux qu’il observe, qu’il soit à même de
comprendre leurs actions et les représentations qu’ils
en ont, leurs motivations et leurs anticipations.
D ’autres chercheurs, et ce depuis les années 1960,
avaient prêté attention à ce que l ’on peut appeler la
rationalité des acteurs sociaux, même si dans leurs
travaux l’essentiel de l ’analyse s’exprimait en termes
de déterminations sociales. Et ce, en introduisant dans
leur texte des fragments de trajectoires biographiques
et en les u tilisan t pou r v érifier certaines de leurs
hypothèses. Nous retrouvons cette démarche dans les
travaux de Ridha Boukraa. Dans sa thèse (Boukraa,
1968) il citait des tém oignag es pour ex p liq u er la
p o s itio n d es c a d re s . D ans son é tu d e su r la
com m unauté de Ham m am et (Boukraa, 1993), c ’est
égalem ent aux tém oignages d ’acteurs sociaux q u ’il
recourra pour expliquer les interrelations complexes
entre pratiques “traditionn elles” et com portem ents
“modernes”. Une démarche comparable a été adoptée
par Naïma Karoui pour rendre compte des pratiques
sociales des femmes rurales qui ont émigré vers les
villes. Elle procède (Karoui, 1976) à une analyse très
fine non seulement du cheminement complexe de ces
fem m es m ais au ssi des re la tio n s c o n tra d ic to ire s
qu’elles vivent avec les hommes de leur famille et en
premier lieu leur époux (ouvriers ou employés).
Les recherches sur les fem m es vont s ’o rien ter
délibérément dans cette perspective au cours de la fin
des années 1980 et dans les années 1990 : si les choix
m éth o d o lo g iq u es en term es d éterm in istes re ste n t
malgré tout prioritaires, les chercheurs se donneront de
plus en plus pour objectif de “détecter” les espaces de
liberté que les femmes investissent pour déjouer les
contraintes structurelles. Les stratégies en termes de
capacités nouvelles de production, de contre-pouvoir et
de “ru se s” sero n t dév elo p p és par des ch erch eu rs
com m e Sophie F erchiou, D ora M ahfoudh, Sihem
Najar, Mohamed Kerrou, Imed Melliti...
Mais c ’est surtout depuis le début des années 1990
que certains jeunes chercheurs ont choisi de focaliser
le u rs a n a ly s e s su r les a c te u rs s o c ia u x , le u rs
interrelations, leurs jeux et la dynamique des rapports
sociaux, cherchant à mettre en exergue des stratégies
interprétées en termes d ’usage des espaces de liberté
que leur concèdent les contraintes sociales. Je citerais
e n tre au tre s Im ed M e lliti, S ihem N ajar, A hm ed
Khouadja, Adel Belkahla... Ces travaux s’inscrivent
Correspondances n°49 février 1998
Page 7
POSITIONS DE RECHERCHA
d an s u n e p e rs p e c tiv e de c o m p ré h e n s io n du
changement social dans toute sa complexité, que seule
un e o b s e rv a tio n in te n s iv e du te rra in p e rm e t,
co m p ré h e n sio n qui ig n o re les ten d an c es lourdes
( tr e n d s ) du c h a n g e m e n t so c ia l p o u r s a is ir les
c o n f ro n ta tio n s e n tre les m u ltip le s fa c e tte s des
traditions et des expressions de la m odernité, pour
a p p ré h e n d e r les s tra té g ie s , les n ég o c ia tio n s, les
h é s ita tio n s , les fo rm e s de “ d an se su r p la c e ” ou
d ’involution plus ou moins sécurisantes. C ’est la voie
difficile et pleine d ’em bûches vers laquelle semble
s’orienter une génération qui se cherche, qui essaie
d ’inventer, en s’appuyant sur les réflexions théoriques
nouvelles de la sociologie, une méthode dont l’objectif
p rin c ip a l e s t de c o n trib u e r à u n e m e ille u re
connaissance de la société tunisienne et des multiples
changements qui la travaillent.
En conclusion, je dirais que la sociologie tunisienne
dans son ensemble a accordé et continue à consentir
une larg e p rio rité à des ap p ro ch es en term es de
d é te rm in a tio n s o c ia le , a n a ly s e des c o n d itio n s
économiques, sociales, politiques, poids du contexte
culturel. L’approche actan cielle correspond à une
attitude cognitive nouvelle partagée par la majorité des
sociologues à travers le monde. Mais symptomatique
d ’un double souci de déceler des formes inédites de
changement social et de prêter attention au terrain, est
l ’attitu d e co n stante de certains sociologues, et ce
depuis les années 1960, à faire intervenir les acteurs
sociaux dans leur raisonnement à la faveur des failles
de 1’ explication en termes de structures.
L i l i a BEN SALEM
R é f é r e n c e s B ib l io g r a p h iq u e s
BCHIR (Badra) L ’enjeu du féminisme indépendant en
Tunisie : modèles et pratiques, Cahiers du C.E.R.E.S.,
Série sociologique, n° 21, 1993.
BEN SALEM (Lilia)
Développement et problème de
cadres, le cas de la Tunisie. Un exemple : les cadres
supérieurs de l ’économ ie tunisienne, 1968, Tunis,
Cahiers du C.E.R.E.S., 1976.
BEN SALEM (Lilia) “ La profession d’ingénieur en Tunisie.
Approche historique. “ in Maison de l’Orient,
Bâtisseurs et
Bureaucrates. Ingénieurs et Société au Maghreb et au Moyen
Orient, Paris, C.N.R.S., 1991, pp. 81-94.
BEN SALEM (Lilia) “Les ingénieurs tunisiens aux
19ème et 20ème siècles”
,Revue de la Méditerranée et du
monde Musulman, 72, 1994 / 2, pp. 60-74.
BEN SALEM (L ilia) “R echerches sociologiques et
anthropologiques sur les Femmes en Tunisie depuis
l’indépendance”, in C.R.E.D.I.F, Femmes Tunisiennes et
Production Scientifique, Tunis, publ. du C.R.E.D.I.F,
1997, pp. 212-274.
BOUKRAA (Ridha) Etude sociologique d ’un pôle de
développement en économie sous-développée : le cas de
l ’usine de cellulose de Kasserine. Thèse de Doct. de
Illème Cycle, Paris. 1968.
BOUKRAA (Ridha)
Hammamet. Le paradis perdu.
Etude anthropologique et écologique de la métamorphose
d ’une com m unauté. C entre des hautes E tudes
touristiques, Aix-en-Provence, 1993.
CHARRAD (Mounira) “State and Gender in the Maghrib”,
Middle East Report, March-April 1990, pp. 19-24.
DJEDIDI (Tahar, Labib) “Culture et société en Tunisie”,
Annuaire de l ’Afrique du Nord, 1973, pp. 19-28.
HAMZAOUI (Salah)
Conditions et genèse de la condition
ouvrière en milieu rural. Cas des mineurs du sud de la
Tunisie, Doct. de Illème cycle Paris Sorbonne, 1970.
HERMASSI (Abdelbaki)
Mouvement ouvrier et société
coloniale. La Tunisie entre les deux guerres. Doct. de
Illème cycle, Paris,E.P.H.E. 1966.
HERM ASSI (A bdelbaki)
L eadership and N ational
Développement in North Africa : a comparative study. ,
1972. Trad.
E tat et S o ciété au M aghreb., P aris,
Anthropos, 1975.
H ERM A SSI (A bdelbaki) “Le nouvel E tat et les
résistances de la société civile”,
Annuaire de l ’Afrique du
Nord, XXII, 1983, pp. 417-421.
HERMASSI (Abdelbaki) “La société tunisienne au miroir
islamiste”,
Maghreb-Machrek, n° 103, Mars 1984.
KAROUI (Naïma)
Changement social et condition de la
femme enTunisie. Doct. de Illème cycle, Paris X, 1976.
LAHM A R (M ouldi) “La révolte du p a in ”
dans la
campagne tunisienne. Notables, ouvriers et fellahs,
Esprit, n° 100, av. 1985, pp. 9-19.
MAHFOUDH (Dora) “Anciennes et nouvelles formes de
travail des femmes à domicile en Tunisie”, in C.N.R.S.
Femmes du Maghreb au présent, Paris, ed. C.N.R.S., 1990.
M ARZOUKI (Ilhem)
Le m ouvem ent des fem m es en
Tunisie du début du siècle ju sq u ’à nos jours., D.R.A.,
Tunis, 1986. Tunis, Cérès Production, Coll. Enjeux, 1993.
ROUISSI (Moncer)
Une oasis du sud tunisien. Le Jarid
(essai d ’histoire sociale), Doct. de Illème Cycle, Paris,
E.P.H.E., 1973.
STA M B O U LI (F redj) K sar H ella l et sa région.
Contribution à une sociologie du changement dans un
pays en voie de développement. Doct. de Illème cycle,
E.P.H.E., Paris, 1964.
ZAMITI (Khalil)
Etude d ’un groupe de pêcheurs de
B izerte confronté à un organism e d ’Etat, l ’O ffice
N ational des Pêches., Doct. de Illèm e Cycle, Paris
Sorbonne. 1966.
ZAMITI (Khalil)
Culture, idéologie de la modernité et
obstacles au développement en Tunisie. Doct. d ’Etat,
Paris V, 1973.
ZGHAL (Abdelkader)
Modernisation de l ’agriculture et
populations semi-nomades, Paris, the Hague, ed. Mouton
et Cie (1965) 1967.
ZGHAL (A bdelkader) “D écolonisation et nouvelle
dynam ique de la co n stru ctio n n a tio n a le ” , R evue
Tunisienne de Sciences sociales, n°10, pp. 73-89, 1967.
Correspondances n°49 février 1998
9
Page: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7