État des lieux des 
droits humains en Tunisie 
Note en vue du sous-comité Tunisie-UE « Droits de l’Homme,
Démocratie et État de droit » du 26 janvier 2021 
Janvier 2021 
80 Rue Palestine, Lafayette 2001, Tunis 6, Tunisie, T +216 71 840782 
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Avant-propos 
En vue de la prochaine réunion du sous-comité « Droits de l’Homme, Démocratie et État de droit » entre la 
Tunisie et l’Union européenne (UE), qui se tiendra le 26 janvier prochain, EuroMed Droits et ses membres et 
partenaires en Tunisie publient cette note pour faire part de leurs commentaires et recommandations relatifs 
à la situation des droits humains en Tunisie. 
L’analyse et les recommandations ci-dessous, adressées tant aux autorités tunisiennes qu’aux institutions de 
l’UE  et  ses  pays  membres,  sont  le  résultat  de  la  collaboration  entre  plus  de  50  organisations  en  Tunisie, 
notamment  impliquées  dans  le  projet  «  Dialogue  Tripartite  Société  civile-Tunisie-UE  »  conduit  depuis 
plusieurs années par EuroMed Droits en Tunisie.  
2 
Table des matières
AVANT-PROPOS ................................................................................................................................................. 2
CONTEXTE GÉNÉRAL .......................................................................................................................................... 4
I- ETAT DE DROIT, GOUVERNANCE, DÉMOCRATIE ............................................................................................. 5
a) Mettre en place de la Cour constitutionnelle ........................................................................................................ 5
b) Mise en place d’instances publiques indépendantes ............................................................................................. 6
c)
d)
Réformer le système judiciaire .............................................................................................................................. 7
Renforcer le contrôle des financements des campagnes électorales et des partis politiques ............................... 8
II- GARANTIR LES LIBERTÉS FONDAMENTALES................................................................................................... 9
a)
b)
Liberté d’association .............................................................................................................................................. 9
Liberté de conscience .......................................................................................................................................... 10
c) Droits des personnes LGBTQI ............................................................................................................................... 10
III- GARANTIR L'ÉGALITÉ DES GENRES ET LUTTER CONTRE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION ET DE 
VIOLENCES À L'ÉGARD DES FEMMES ............................................................................................................... 11
IV- PROMOUVOIR LES DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS ET LUTTER CONTRE LA PAUVRETÉ ET 
L’EXCLUSION .................................................................................................................................................... 12
V- LUTTE CONTRE LES INÉGALITÉS D’ACCÈS À LA SANTÉ EN PÉRIODE DE PANDÉMIE ..................................... 13
VI-  METTRE  LA  PROTECTION  DES  DROITS  DES  PERSONNES  MIGRANTES  ET  RÉFUGIÉES  AU  CŒUR  DE  LA 
POLITIQUE MIGRATOIRE .................................................................................................................................. 14
VII- INCLURE LA SOCIÉTÉ CIVILE ....................................................................................................................... 16
3 
Contexte général 
Depuis la révolution de 2011, la Tunisie a accompli des progrès considérables sur le plan des droits humains 
et des libertés fondamentales. D’une part, l’adoption d’une nouvelle Constitution, proclamée le 26 janvier 
2014, garantit globalement les principaux droits et libertés et met en place les fondements d’un Etat de droit. 
D’autre part, l’organisation d’élections législatives, présidentielles et municipales libres et démocratiques, 
ont débouché sur la mise en place des nouvelles institutions de l’Etat. En outre, la Tunisie a adopté certaines 
lois révolutionnaires dans le monde arabe, dont notamment la loi contre les violences à l’égard des femmes 
et la loi relative aux discriminations raciales.  
Cependant, beaucoup reste à faire pour traduire dans la pratique les lois adoptées et harmoniser l’ensemble
de l’arsenal législatif avec la Constitution et les Conventions internationales ratifiées par la Tunisie.   
Sur le plan politique, tant le système de répartition des pouvoirs adopté dans la nouvelle Constitution que 
les dispositions de la loi relative aux élections et aux référendums sont à l’origine d’une instabilité politique 
qui pèse sur la conduite de l’Etat et sur la mise en œuvre des réformes nécessaires pour sortir le pays de la 
crise politique, économique, sanitaire et sociale que la Tunisie connaît depuis des décennies.  
Sur le plan économique et social, la situation est critique. Les différents gouvernements qui se sont succédé 
après  la  révolution  n’ont  pas  encore  réussi  à  mettre  en  place  un  modèle  économique  qui  prenne  en 
considération  les  attentes  et  aspirations  des  Tunisien.ne.s,  notamment  en  ce  qui  concerne  la  création 
d’emplois dignes, le développement de l’ensemble de leurs droits économiques et sociaux et la réduction 
des  disparités  régionales  et  sociales.  Le  recours  aux  bailleurs  de  fonds  internationaux  a  engendré  un 
endettement croissant qui affecte durablement l’ensemble des indicateurs économiques du pays. Le taux 
d’inflation, la détérioration du dinar, la baisse du pouvoir d’achat des Tunisien.ne.s, les pénuries observées 
au  niveau  des  produits  de  première  nécessité  et  de  certains  médicaments  affectent  durement  la  vie 
quotidienne des citoyen.ne.s, ce qui entraîne une recrudescence sans précédent des mouvements sociaux.  
La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions très graves sur l’économie tunisienne, ouverte sur le monde 
et par conséquent vulnérable à tous les chocs exogènes, dans la mesure où l’ensemble des secteurs vitaux (à 
l’exception de l’agriculture) ont été durement affectés. 
Les  libertés  individuelles  et  les  droits  des  femmes  continuent  d’être  l’objet d’attaques  continuelles.  Pour 
lutter  contre  ce  phénomène,  EuroMed  Droits  appelle  à  l’adoption  urgente  de  deux  projets  de  loi 
précédemment débattus sur la scène publique : le projet de loi sur l’égalité successorale homme-femme, 
approuvé par le gouvernement le 23 novembre 2018, et la proposition de loi organique n°2018-71 portant 
création  d’un  «  Code  des  droits  et  des  libertés  individuelles  »,  largement  inspirée  par  le  rapport  de  la 
Commission des libertés individuelles et de l’égalité (COLIBE) et abandonné par le parlement actuel.  
Dans ce contexte, EuroMed Droits appelle à mettre en œuvre les recommandations suivantes : 
4 
I- Etat de Droit, Gouvernance, Démocratie 
a) Mettre en place de la Cour constitutionnelle 
Sept ans après l’adoption de la nouvelle Constitution, la Cour constitutionnelle n’est toujours pas mise en 
place. L’existence de la seule Instance provisoire de contrôle de constitutionnalité des projets de loi – l’organe
qui statue sur les recours en inconstitutionnalité avant l’entrée en vigueur des lois - est insuffisante car elle 
ne constitue qu’une portion infime des pouvoirs reconnus à la Cour constitutionnelle. Dans l’article 148, la 
Constitution prévoit que la Cour constitutionnelle soit mise en place au plus tard un an après les premières 
élections législatives. Or, ces élections se sont tenues le 26 octobre 2014. 
L’absence de Cour constitutionnelle est extrêmement préjudiciable. Au-delà d’entraver le parachèvement de 
l’Etat  de  droit,  le  retard  dans  l’instauration  de  la  Cour  constitutionnelle  a  créé  une  permanence,  dans  la 
législation tunisienne, de nombreuses lois contraires à la Constitution et attentatoires aux droits et libertés. 
Les articles 226 et 226bis du Code pénal relatifs au délit d’atteinte aux bonnes mœurs en sont un exemple. 
Ces articles, par leur caractère vague et imprécis, sont contraires au principe d’égalité des délits et des peines1
et constituent une atteinte au droit à la vie privée2 par la possibilité de les étendre à des actes commis dans 
des espaces privés. L’article 230 du Code pénal relatif à l’homosexualité est un autre exemple constituant 
une atteinte au droit à la vie privée, mais aussi au droit de toute personne au respect et à la protection de sa 
propre intégrité physique et à la dignité de la personne humaine. 
L’absence de Cour a également un impact sur la bonne marche des institutions. La Tunisie vit depuis 2014 
une série de crises politiques qui se sont manifestées notamment par des conflits entre les deux têtes de 
l’exécutif,  et  ce  même  sous  l’actuelle  présidence.  Ces  conflits,  en  l’absence  de  cet  arbitre  neutre  que 
constitue la Cour constitutionnelle, ont été réglés au gré des rapports de force politiques entre le Président 
de la République et le Chef du gouvernement. Cette circonstance n’a pas manqué d’aggraver les tensions 
entre les différents acteurs politiques, mais aussi de provoquer une instabilité gouvernementale endémique. 
La cause principale du retard dans la mise en place de la Cour réside dans les règles pour la nomination de 
ses membres3. Les trois organes chargés de la nomination des juges sont – dans cet ordre d’intervention - 
l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et le Président 
de la République. Ils doivent nommer quatre membres chacun4.  
Selon  la  procédure,  l’ARP  ainsi  que  le  CSM  ont  besoin  d’une  majorité  des  deux  tiers  pour  élire  les  juges. 
Jusqu’à présent, l’ARP n’a réussi à élire qu’un seul membre des quatre qu’elle doit choisir. Cela est dû non 
seulement à sa fragmentation politique, mais aussi à l’absence de conscience de la nature et du rôle de la 
Cour. 
1 Art. 28 de la Constitution 
2 Art. 24 de la Constitution 
3 La loi organique n° 50/2015 du 3 décembre 2015 a précisé la procédure établie par la Constitution.   
4 Art. 118 de la Constitution.
5 
Le choix d’une majorité aussi élevée pour l’élection des membres de la Cour avait été délibéré pour garantir 
que le choix des juges constitutionnels se fasse sur des considérations fondées sur leur compétence et leur 
probité et non sur leurs affinités partisanes. 
L’ARP ayant échoué jusqu’ici à élire son quota, elle a de facto bloqué les deux autres pouvoirs, d’où le retard 
pris pour la mise en place de la Cour, en violation du délai établi par la Constitution.  
Dans une tentative de débloquer la situation, quelques propositions visant à modifier la procédure ont été 
proposées par l’ARP. Celles-ci proposent le retrait de l’ordre contraignant d’intervention des trois organes 
(ARP, CSM puis Présidence) et la baisse de la majorité requise pour l’élection d’un membre, de deux tiers à 
trois cinquièmes. Cette dernière idée a été dénoncée par la société civile comme susceptible de produire une 
Cour dont les membres seraient choisi.e.s sur la base de l’affiliation politique.  
Dans ce contexte, EuroMed Droits appelle à mettre en œuvre les recommandations suivantes : 
▪ Accélérer la mise en place de la Cour Constitutionnelle ; 
▪ Ne pas baisser la majorité renforcée ; 
▪ Adopter des critères objectifs et transparents pour l'élection des candidats en se basant sur le 
critère de la compétence. 
b) Mise en place d’instances publiques indépendantes 
les  acquis  apportés  par 
Instances 
Parmi 
constitutionnelles,  présentées5  comme  des  institutions  publiques  et  indépendantes  qui  «  œuvrent  au 
renforcement de la démocratie »6 est notable. 
la  nouvelle  Constitution  tunisienne, 
la  création  des 
A ce jour, seule l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a été mise en place7 8
l’établissement  des 
Certaines Instances créées antérieurement à la promulgation de la Constitution continuent d’accomplir leurs 
le  même  domaine 
missions  en  attendant 
d’intervention.  A  titre  d’exemple,  la  Haute  Autorité  indépendante  de  la  communication  audiovisuelle 
(HAICA)9 continue à exercer ses fonctions jusqu’à l’élection de l’Instance indépendante de la communication 
audiovisuelle10.  La  HAICA  a  pu  contrôler  et  sanctionner  les  infractions  commises  conformément  au  cadre 
juridique, et ce dans le respect de la liberté d’expression.
Instances  constitutionnelles  ayant 
5 Art. 126 à 130 de la Constitution 
6  1-  Instance  supérieure  indépendante  pour  les  élections  (article  126  de  la  Constitution).  2-  Instance  de  la  communication 
audiovisuelle  (article  127  de  la  Constitution).  3-  Instance  des  droits  de  l’Homme  (article  128  de  la  Constitution).  4-  Instance  du 
développement durable et des droits des générations futures (article 129 de la Constitution) qui n’a pas encore vu le jour. 5- Instance 
de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption (article 130 de la Constitution). 
7 Loi n°2012-23 du 20 décembre 2012. 
8 Bien qu’il s’agisse d’une institution déjà existante, dont la fonction a été révisée par la nouvelle Constitution8 .
9 Créée par le décret-loi n°2011-116 
10 En vertu de l’article 148.8 de la Constitution (disposition transitoire) 
6 
L’Instance  nationale  de  lutte  contre  la  corruption11  serait  aussi  remplacée  par  l’Instance  de  la  bonne 
gouvernance et de la lutte contre la corruption12. Enfin, l’Instance des droits de l’Homme devra remplacer le 
Comité supérieur des droits de l’Homme et des libertés fondamentales13. 
Parallèlement  à  ces  instances  constitutionnelles,  il  existe  d’autres  instances  nationales  qui  œuvrent
également au renforcement de la démocratie, des droits et des libertés : l’Instance nationale pour la lutte 
contre la torture, l’Instance nationale d’accès à l’information, l’Instance nationale de lutte contre la traite des 
personnes et l’Instance nationale de protection des données personnelles. Ne bénéficiant pas d’un budget 
dédié, ces Instances se trouvent dans l’impossibilité d’exercer correctement leur fonction. 
Dans ce contexte, EuroMed Droits appelle : 
▪ A mettre en place les instances constitutionnelles (l’Instance nationale de lutte contre la 
corruption, l’Instance constitutionnelle des droits de l’Homme, l’Instance du développement 
durable et du droit des générations futures et l’Instance de la communication qudiovisuelle) en 
accélérant le processus d’élection des membres de leur conseil respectif ; 
▪ A prévoir, dans le budget de l’Etat, une rubrique explicitement dédiée aux Instances 
indépendantes ; 
▪
▪
Le Chef du Gouvernement à mettre en œuvre et à garantir l’indépendance financière et 
administrative prévue dans les lois cadre des instances publiques indépendantes ; 
L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) à réviser les cadres juridiques et législatif des 
Instances publiques indépendantes. 
c) Réformer le système judiciaire 
La Constitution consacre certains droits inaliénables aux justiciables et garantit l’indépendance de la Justice 
par  rapport  au  pouvoir  exécutif.  Néanmoins,  le  système  judiciaire  tunisien  souffre  encore  de  lourds 
dysfonctionnements : corruption, iniquité du système, instrumentalisation politique.  
Afin de rompre avec les pratiques de l’ancien régime, EuroMed Droits appelle à :  
▪ Adopter la proposition de loi organique n°2018-71 portant création d’un Code des droits et 
libertés individuelles ; 
▪ Harmoniser la législation nationale, notamment le Code pénal et le Code des procédures 
pénales, avec la Constitution et les Conventions internationales en matière des droits humains 
ratifiées par la Tunisie ; 
11 Créée par le décret-loi 2011-120 du 14 novembre 2011 
12 Art. 130 de la Constitution 
13 Créé par la loi n° 2008-37 du 16 juin 2008.
7 
▪ Adopter les textes nécessaires à l’indépendance du pouvoir judiciaire à l’instar du statut des 
juges et de l’inspection générale des affaires judiciaires, ainsi que la réforme des ordres judiciaire 
et administratif ; 
▪ Assurer un processus de réforme de la Justice transparent et participatif, reconnaissant la 
nécessité et l’importance d’impliquer la société civile tunisienne en tant qu’acteur concret dudit 
processus ; 
▪
Informer et sensibiliser les citoyen.ne.s quant à leurs droits, en garantissant notamment un accès 
facile et complet à l’information juridique et à l’aide juridictionnelle pour tous les groupes 
vulnérables ; 
▪ Renforcer la capacité des magistrat.e.s et des avocat.e.s en matière de déontologie pour assurer 
leur indépendance, leur impartialité et leur intégrité dans le respect de la Constitution tunisienne 
et des normes internationales en vigueur en la matière ; 
▪ Réviser le Code pénal et le Code des procédures pénales en conformité avec la Constitution 
tunisienne et les normes internationales, en particulier assurer la prise en compte de l’égalité
entre les hommes et les femmes ; 
▪ Améliorer les conditions de détention et diminuer le nombre des détenus, notamment à travers 
la mise en œuvre de peines alternatives à la détention et la révision de la loi relative aux 
stupéfiants ; 
▪ Améliorer les outils de suivi du Plan d’action de la réforme de la Justice.
d) Renforcer le contrôle des financements des campagnes électorales et des partis politiques  
La Cour des comptes de Tunisie est l’un des piliers de l’État de droit. Elle veille à la bonne gestion des fonds 
publics et contribue au respect des règles de reddition des comptes, de transparence et au principe de bonne 
gouvernance. 
Dans ce cadre, la Cour des comptes a rendu public son rapport général sur le financement des campagnes 
électorales relatives aux élections présidentielles anticipées et aux élections législatives de 2019, ainsi que 
sur  le  contrôle  de  financement  des  partis  politiques.  Le  rapport  général  a  identifié  certaines  infractions, 
notamment la stipulation de contrats entre des candidats aux élections et leur parti politique et des groupes 
de pression étrangers.  
Il a aussi relevé que les états financiers présentés par cinq partis manquent de précision, ce qui laisse douter 
de la véracité des données fournies. 
Dans ce contexte, EuroMed Droits appelle à mettre en œuvre les recommandations suivantes : 
▪
▪
L’adoption du projet de loi relatif à l’organisation des partis politiques ; 
La mise en place d’une plateforme électronique pour la gestion des dossiers des partis politiques 
et l’introduction d’un financement public annuel des partis politiques (en plus du financement 
8 
public des campagnes électorales, déjà établi par la loi électorale de 2014 telle qu’amendée en 
2017) ; 
▪ Renforcer le dispositif de contrôle financier des partis politiques. La Cour des comptes devrait 
disposer d’un mandat, des compétences adéquates et d’une obligation clairement définie 
consistant à contrôler les états financiers des partis politiques, à vérifier l’exactitude des 
informations soumises, à ouvrir des enquêtes sur d’éventuelles irrégularités et à s’appuyer sur 
des pouvoirs renforcés pour assurer une coordination avec les services répressifs et d’autres
organismes compétents ; 
▪ Amender la loi relative aux élections et aux référendums afin de permettre un meilleur 
fonctionnement des institutions de l’Etat et de simplifier les procédures relatives aux 
contentieux électoraux ; 
▪ Ratifier le règlement interne du Parlement dans le sens d’une plus grande transparence de son 
fonctionnement. 
II- Garantir les libertés fondamentales 
Malgré  les  avancées  réalisées  en  faveur  de  certains  droits,  les  violations  des  libertés  fondamentales 
augmentent considérablement. 
a) Liberté d’association
Bien qu’elle soit formellement garantie14, la liberté d’association subit à présent de multiples menaces. Deux 
exemples : 1) les tentatives de modification du décret-loi « Sujet de consensus de toute la société civile » et 
2) l’adoption de la loi sur le Registre national des entreprises15. Cette dernière est contestée par la société 
civile  qui  l’accuse  de  vouloir  assimiler  les  entreprises  et  les  associations  au  niveau  des  obligations  et  des 
sanctions.  Cependant,  les  plus  grandes  inquiétudes  exprimées  par  les  organisations  de  la  société  civile 
nationale et internationale concernent le risque d’instrumentalisation du contexte sécuritaire et de la lutte 
antiterroriste pour porter atteinte aux libertés fondamentales, notamment à la liberté d’expression et de 
manifestation. Un exemple de cette crainte est le projet de loi n°25/2015 relatif à la répression des atteintes 
contre les forces armées. 
Dans ce contexte, EuroMed Droits appelle à : 
▪ Garantir la liberté d’association en maintenant le décret-loi n°88-2011 du 24 septembre 2011 ; 
▪ Retirer définitivement le projet de loi n° 25/2015 relatif à la répression des atteintes contre les 
forces armées ; 
▪ Mettre fin à l’impunité des violences contre les journalistes. 
14 Par la Constitution et le décret-loi n°88-2011 du 24 septembre 2011 
15 Le 27 juillet 2018,
9 
b) Liberté de conscience 
L’article 6 de la Constitution garantit la liberté de conscience, le libre exercice des cultes, l’interdiction et la 
lutte contre les appels à l’expiation (‘takfîr’) et accorde la protection de la religion et du sacré et l’interdiction
de toute atteinte à celui-ci. 
La constitutionnalisation de la liberté de conscience en Tunisie est un acquis important en tant que levier de 
lutte contre les atteintes à ce droit fondamental. Toutefois, il existe encore des textes juridiques qui limitent 
de façon indirecte ce principe. De plus, les pratiques des autorités publiques et les comportements sociaux 
tendent  vers  le  refus  catégorique  de  la  différence  et  la  non-acceptation  de  la  diversité.  Six  ans  après 
l’adoption  de  la  nouvelle  Constitution,  aucune  nouvelle  loi  n’a  été  approuvée  pour  garantir  la  pleine 
jouissance de ce droit. 
Dans ce contexte, EuroMed Droits appelle à : 
▪ Abroger les lois et réglementations qui entravent la liberté de conscience ; 
▪ Dénoncer et poursuivre ceux qui contreviennent à ce principe fondamental pour instaurer une 
pleine citoyenneté sans aucune discrimination au nom de la religion ; 
▪ Abroger la circulaire interdisant l’ouverture des cafés et restaurants lors de la période du jeûne ; 
▪ Engager un débat public concernant le respect de la liberté de conscience et croyance ; 
▪
Lier les impératifs de prévention et de lutte efficace contre le terrorisme au plein respect des 
droits humains ; 
▪ Renforcer la connaissance des dynamique sociales, culturelles économiques et politiques qui 
peuvent alimenter l’extrémisme violent, sur la base de données empiriques contextuelles et 
vérifiées ; 
▪
Identifier et valoriser les approches d’intervention préventive qui promeuvent des stratégies 
inclusives et collaboratives basées sur la promotion des droits humains.
c) Droits des personnes LGBTQI 
La  situation  des  personnes  LGBTQI  mérite  une  attention  particulière.  La  justice  tunisienne  utilise 
principalement l’article 230 du Code pénal qui stipule que « la sodomie (…) est punie de l'emprisonnement 
pendant  trois  ans  ».  Dans  la  version  arabe  du  texte,  qui  prévaut  sur  la  version  française,  l’article  230 
condamne clairement l’homosexualité masculine d’une peine allant jusqu’à trois ans de prison. Cet article 
est anticonstitutionnel puisqu’il s’appuie sur une discrimination basée sur l’orientation sexuelle. 
La  pratique  du  test  anal  entre  également  en  contradiction  avec  l’éthique  et  la  déontologie  médicale, 
notamment  parce  que  cet  examen  est  pratiqué  sous  pression  policière  et  le  plus  souvent  en  présence 
d’agents de police dans la salle d’examen.
10 
Outre  les textes  liberticides  limitant  la  liberté  d’expression,  le  recours  aux articles 226 et  226bis  du  Code 
pénal qui condamnent des « infractions » basées sur des notions vagues et indéfinies telles que « attentats 
à la pudeur », « attentats aux bonnes mœurs » et « attentats à la moralité publique », est assez fréquent 
dans  l’interpellation, l’arrestation  et  la  sanction  de  personnes  sur  la  base  de  leur  libre  choix  de 
comportement, d’expression et d’apparence.
Dans ce contexte, EuroMed Droits appelle à mettre en œuvre les recommandations suivantes : 
▪ Abroger l’article 230 du Code pénal et l’arrêt immédiat du test anal ; 
▪ Abroger l’article 125 du Code pénal relatif à l’outrage à un fonctionnaire public ou assimilé dans 
l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions ; 
▪ Garantir la liberté d’association et maintenir le décret-loi n°88-2011 du 24 septembre 2011 ; 
▪ Réformer la loi n°92-52 relative à la lutte contre les stupéfiants ; 
▪ Harmoniser la législation nationale, notamment le Code pénal et le Code des procédures 
pénales. 
III- Garantir l'égalité des genres et lutter contre toutes les formes de 
discrimination et de violences à l'égard des femmes 
La Constitution de 2014 consacre le principe de l’égalité devant la loi entre les citoyennes et les citoyens 
(article  21)  ainsi  que  la  protection  des  acquis  historiques  de  la  femme  tunisienne  et  leur  développement 
(article 46). Cette étape dans la concrétisation du respect des droits des femmes et de l’égalité des genres 
doit maintenant être suivie par la mise en œuvre desdites dispositions. 
Certaines  avancées  importantes  ont  été  réalisées,  notamment  l’adoption  de  la  loi  contre  les  violences  à 
l’égard des femmes, le 26 juillet 2017, et l’adoption du décret gouvernemental du 3 mars 2020 portant la 
création  de  l’Observatoire  de  lutte  contre  les  violences  faites  aux  femmes.  Cependant,  beaucoup  reste  à 
faire, y compris pour mettre en œuvre ces dispositions dans la pratique. 
C'est pourquoi EuroMed Droits appelle à mettre en œuvre les recommandations suivantes : 
▪ Adopter le projet de loi sur l’égalité successorale approuvé par le gouvernement le 23 novembre 
2018 et la proposition de loi organique n°2018-71 portant création d’un Code des droits et 
libertés individuelles ; 
▪ Accélérer la mise en œuvre des mécanismes prévus par la loi contre les violences à l’égard des 
femmes et garantir leur effectivité, et accélérer la mise en place des mécanismes de sa mise en 
œuvre ; 
▪ Ratifier la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre les violences à 
l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul) ; 
11 
▪
Lever la déclaration générale de la Tunisie relative à la Convention sur l'élimination de toutes les 
formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) ; 
▪ Prendre en compte la dimension genre dans l’élaboration des lois, des budgets de l’Etat et des 
plans de développement ; 
▪ Ratifier les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), en particulier la 
Convention 183 et les conventions relatives aux droits économiques et sociaux des femmes, pour 
garantir l’égalité de rémunération et combattre le chômage des femmes ; 
▪ Adopter les recommandations de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (COLIBE) 
et franchir le pas vers un État civil, démocratique et solidaire. 
IV- Promouvoir les droits économiques, sociaux et culturels et lutter 
contre la pauvreté et l’exclusion
Depuis janvier 2016, la Tunisie connait une recrudescence de mouvements sociaux, dont les revendications, 
concernent principalement la création d’emplois dans les zones défavorisées du centre et du sud du pays, 
ainsi que l’accès pour tout.e.s à des services publics de qualité. Des cas de violence policière sur des jeunes, 
ayant entraîné notamment le décès d’un jeune homme par balle en octobre 2018, ont été constatés. 
La protection et promotion des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux doit aussi être 
impérativement  mise  en  avant  dans  les  relations  bilatérales  de  la  Tunisie  avec  l’UE. L’endettement  et  la 
dépendance  de  la  Tunisie  vis-à-vis  de  ses  partenaires  financiers  internationaux  a  atteint  des  proportions 
historiques et le déficit public continue de s’aggraver sans que les dépenses publiques en investissement, 
trop faibles, ne laissent envisager une reprise d’activité économique. 
Les  négociations officielles  concernant  la  conclusion d’un  Accord  de  libre-échange  complet et  approfondi 
(ALECA)16  inquiètent  les  organisations  de  la  société  civile  ainsi  que  les  organisations  professionnelles 
sectorielles. 
Cet ALECA va bien au-delà de ce que comprenait l’Accord de 1995 : outre l'agriculture, les services et les 
marchés publics, l’ALECA vise également à aborder des questions plus complexes comme la réglementation 
et  la  durabilité  en  matière  de  travail  et  de  réglementation  environnementale,  et  ce,  en  l’absence d’un
nouveau  modèle  de  développement  et  en  l’absence  de  l’instance  constitutionnelle  (Instance  du 
développement durable et des générations futures) dont le rôle est primordial sur cette question. 
Dans ce contexte, EuroMed Droits appelle la Tunisie à mettre en œuvre les recommandations suivantes:  
▪ Appeler la communauté internationale à soutenir l’économie tunisienne et aider le pays à mettre 
en place des réformes à même de permettre un réel développement de l’économie, une 
16 Débutées en avril 2016 et arrivées à leur troisième round en décembre 2018. 
12 
réduction des disparités régionales et sociales tout en garantissant l’accès aux droits 
économiques, sociaux et culturels des citoyen.ne.s ; 
▪ Appréhender la thématique des droits économiques et sociaux sous les angles suivants : 
solidarité, Etat de droit, politiques concrètes (de distribution et de redistribution des richesses), 
droits culturels et environnementaux ; 
▪ Aborder la question du modèle de planification économique (stratégie/réforme), qui doit 
prendre en considération les réformes engagées et qui doit inclure la dimension transversale des 
droits humains, y compris les droits économiques et sociaux ; 
▪ Ratifier le protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et 
culturels (PIDESC) ; 
▪ Orienter les relations entre la Tunisie et l’UE dans une perspective stratégique qui aide à relever 
les principaux défis se posant actuellement à la Tunisie, notamment ceux de la sécurité 
alimentaire, de l’autonomie énergétique et de la gestion de l’eau. Appuyer dans ce sens la 
coopération technique et scientifique dans le domaine des énergies renouvelables et de 
l’économie sociale et solidaire. 
EuroMed Droits appelle également l’UE à mettre en œuvre les recommandations suivantes : 
▪ Orienter l’aide de l’UE vers les besoins identifiés du pays et non pas plier les stratégies nationales 
des pays partenaires en fonction des fonds existants ; 
▪ Encourager les solutions d’allègement de l’endettement actuel de la Tunisie qui pénalise la 
transition démocratique et économique ; 
▪ Eviter les conditionnalités qui entrainent l’adoption de réformes et de politiques d’austérité
défavorables aux droits économiques et sociaux des citoyennes et citoyens ; 
▪ Assortir la liberté de circulation des biens, des services et des capitaux de la libre circulation des 
personnes ; 
▪ Privilégier un angle de lecture transversal du partenariat entre la Tunisie et l’UE sous un prisme « 
reconnaissance des droits humains et des droits économiques et sociaux » pour dégager une 
dynamique à même d’éviter d’hypothéquer les intérêts des générations futures. 
V- Lutte contre les inégalités d’accès à la santé en période de pandémie 
Le droit à la santé est reconnu par la Constitution tunisienne dans son article 38 et par plusieurs instruments 
juridiques internationaux ratifiés par la Tunisie. Malgré d’importants acquis en matière d’accès à la santé, 
une  partie  importante  de  la  population  rencontre  des  difficultés  d’accès  aux  soins  et  ne  jouit  pas 
concrètement du droit à la santé. 
13 
La  montée  en  puissance  de  la  pandémie  de  COVID-19  a  mis  à  nu  les  problèmes  du  système  de  santé 
(inégalités  régionales  de  l'offre  de  soins,  sous-financement  et  mauvaise  gouvernance)  et  a  aggravé  ces 
inégalités. Au cours du confinement généralisé, la continuité des services de soins a été totalement rompue, 
entraînant d'importantes complications de maladies aigües ou chroniques. 
La pandémie a également mis en exergue la dégradation de la santé sexuelle et reproductive, ainsi que le 
manque de matériel de protection du personnel dans les structures de prestation de gynécologie dans le 
secteur public. La non-généralisation de la diffusion des directives et des conduites à tenir ont abouti au refus 
de service à des femmes qui se sont présentées aux consultations. 
Dans ce contexte, EuroMed Droits appelle à mettre en œuvre les recommandations suivantes :  
▪ Assurer la continuité des services pendant l’épidémie (et ce via l’attribution des moyens 
nécessaires), toute rupture dans la continuité des services pouvant entraîner de graves 
conséquences sur la santé de la population ; 
▪ Apporter une contribution efficace à la lutte contre la pandémie de COVID-19 ; 
▪ Assurer en urgence la disponibilité des équipements de protection individuelle contre le COVID-
19 et former les personnels de ces centres à référencer les cas suspects ; 
▪ Faciliter la mise en place d’un système rapide de transport vers les maternités pour les urgences 
de santé reproductive ; 
▪
Lancer un programme d’étude et de recherche sur l’impact du COVID-19 sur la santé 
reproductive ; 
▪ Assurer la continuité des services dans les structures publiques et privés de contraception, y 
compris la contraception d’urgence, la mise à disponibilité de l’avortement médicamenteux dans 
les unités ; 
▪ Assurer la disponibilité des médicaments, promouvoir la transparence de leur circuit et 
combattre la corruption ; 
▪ Augmenter les ressources consacrées au budget de fonctionnement du secteur public et prévoir 
les allocations nécessaires pour financer les programmes de promotion de la santé. 
VI- Mettre la protection des droits des personnes migrantes et réfugiées 
au cœur de la politique migratoire 
Comme il a été dénoncé à plusieurs reprises par la société civile tunisienne ainsi que par EuroMed Droits, les 
accords  entre  la  Tunisie  et  l’UE  en  matière  de  mobilité  visent  à  conditionner  la  liberté  de  circulation  des 
individus à la signature d’accords de réadmission.  
14 
C’est le cas de l’Accord politique du Partenariat pour la mobilité17 et des négociations parallèles qui ont suivi 
sur les deux accords sur la réadmission des personnes et sur la facilitation des procédures pour l’octroi des 
visas. La signature de ces accords conditionnerait de façon inéquitable l’accès à la mobilité à une série de 
mesures sécuritaires et de contrôle aux frontières alors que les ressortissants de l'UE ne font pas face aux 
mêmes contraintes pour entrer en Tunisie. 
Les diverses dispositions de ce texte renforcent les préoccupations liées aux droits des personnes migrantes 
et réfugiées en Tunisie. 
Cette logique de conditionnalité entre la délivrance des visas et la performance sur les retours est aussi à la 
base de la partie qui concerne la dimension externe de la migration et de l’asile du « nouveau » Pacte présenté 
par la Commission européenne le 23 septembre 2020. Une logique de chantage qui ne ferait que réduire les  
voies légales d’accès au territoire européen (déjà très limitées), alors que celles-ci devraient au contraire être 
renforcées pour éviter les départs par voie maritime.
Le cadre réglementaire tunisien n’est actuellement adapté ni pour l’accueil ni pour la protection des droits 
des ressortissant.e.s de pays tiers : il n’existe en Tunisie pas de système d’asile, pas de politique officielle de 
régularisation, ni, par conséquent, de garanties d’accès aux droits économiques et sociaux (soins, éducation, 
hébergement et travail). Bien que signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et de la 
Charte  de  l’Organisation  de  l’Union  africaine  sur  les  réfugiés,  la  Tunisie  n’a  pas  encore  mis  en  place  de 
système d’asile effectif, principe pourtant affirmé dans la Constitution de 2014 dans son article 26. Malgré le 
soutien des organisations de la société civile, le dépôt d’un projet de loi sur l’asile, qui est examiné au niveau 
ministériel dans sa deuxième version de 2016, a été reporté à plusieurs reprise. 
Des  dispositions  législatives  sur  le  «  délit  d’émigration  clandestine  »  sont également en  vigueur.  Celles-ci 
permettent de maintenir en détention préventive des personnes pendant un maximum d’une année avant 
de les expulser18. Ces mesures se combinent avec un renforcement des capacités de contrôle des frontières 
maritimes tunisiennes et via la délivrance des moyens d’interception par l’UE, l’Italie et la France, dans un 
amalgame dangereux entre migration et lutte contre le terrorisme.  
En parallèle, les pénalités pour les migrant.e.s en situation de dépassement de séjour s’accumulent.  
EuroMed Droits appelle à mettre en œuvre les recommandations suivantes :  
▪ Veiller au plein respect des droits humains des personnes migrantes et réfugiées notamment via 
l’adoption et la mise en œuvre effective de textes législatifs en pleine conformité avec les 
conventions internationales, et plus précisément : 
o Supprimer les sanctions prévues en cas d’entrée, de séjour ou de sortie non autorisés et 
abroger la loi du 3 février 2004 ;  
17 Signé à Bruxelles le 3 mars 2014 
18 Le 30 novembre 2016, dix ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, dont une femme enceinte, ont été déporté.e.s vers la 
frontière algérienne, en claire violation de leurs droits  humains  élémentaires : aucune  décision  de justice n’avait été prise à leur 
encontre et aucune aide médicale sanitaire ne leur a été apportée.
15 
o Remettre à l’ordre du jour le plus rapidement possible l’adoption du projet de loi sur 
l’asile et d’un système d’asile effectif, conformément à la Constitution de 2014 (art.26) 
et à la Convention de Genève de 1951, y compris le principe de non-refoulement et du 
principe du recours effectif. 
▪ Garantir des mécanismes d’assistance et d’accueil décents et dignes au profit des migrant.e.s 
étranger.e.s ; 
▪ Amender le Code du travail qui demeure très rigide et ne permet pas l’intégration socio-
économique des étrangers et la protection des droits des migrant.e.s, y compris pour les 
personnes se trouvant dans une situation irrégulière ; 
▪ Exclure la clause de réadmission de tous les accords bilatéraux et multilatéraux, en particulier 
avec l’UE, compte tenu des nombreuses violations des droits des personnes migrantes et des 
demandeurs.ses d’asile qui entachent l’application des procédures de réadmission, pénalisent 
l’entrée « illégale » en Tunisie et la sortie du pays, et exposent les ressortissants de pays tiers et 
les apatrides au risque de refoulement ou d’expulsion ; 
▪ S’assurer que la dimension de genre soit prise en considération dans la mise en œuvre des 
accords de réadmission et que les personnes en situation de vulnérabilité – notamment les 
mineur.e.s – soient exclu.e.s de tout accord de réadmission ; 
▪ S’assurer que toutes les procédures d’identification soient dûment menées dans le respect des 
droits fondamentaux, y compris la protection des données personnelles, en excluant toutes les 
présomptions liées à l’identité ; 
▪ Promouvoir, dans le cadre des conventions bilatérales et du Partenariat pour la mobilité, une 
liberté de circulation réelle et effective pour les ressortissant.e.s tunisien.ne.s en offrant une 
facilitation d’octroi de visa qui s’appliquerait à toutes et à tous et qui ne soit pas réservée aux 
personnes hautement qualifiées, en rejetant une logique de conditionnalité de la délivrance des 
visas en fonction du nombre de retours effectués ; 
▪ Cesser toute référence à la notion de « pays sûr » puisque nul ne peut garantir qu’un pays est sûr 
pour tous ses ressortissant.e.s. L'application de cette notion dans les procédures d’asile est 
incompatible avec la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugié.e.s et 
notamment au principe de non-discrimination en raison de la nationalité.  
VII- Inclure la société civile 
En avril 2016, le Commissaire européen à l'élargissement et à la politique européenne de voisinage Johannes 
Hahn lançait à Tunis un «  dialogue tripartite » entre les institutions européennes, la société civile tunisienne 
et  les  autorités  publiques  tunisiennes.  Cette  initiative  originale  a  permis  à  la  société  civile  tunisienne  de 
s’impliquer  dans  les  relations  du  pays  avec  l’UE,  de  renforcer  ses  capacités  et  de  pouvoir  coopérer  plus 
aisément  avec  les  autorités  nationales.  La  Commission  européenne  s’était  engagée  à  mettre  en  place  un 
mécanisme permanent afin d’assurer des échanges plus concentrés, réguliers et accessibles.  
16 
Toutefois,  bien  que  le  dialogue  tripartite  soit  une  réalité  en  Tunisie,  l’implication  de  la  société  civile 
européenne  doit  être  renforcée  dans  ce  processus  afin  de  permettre  un  échange  complet  associant  les 
organisations des deux rives de la Méditerranée. 
Dans ce contexte, EuroMed Droits appelle à :  
▪ Appuyer la société civile pour qu’elle continue à jouer son rôle en tant que force de proposition et 
de contre-pouvoir et continuer à développer – tout en renforçant ses mécanismes – le dialogue 
tripartite « société civile - institutions européennes - autorités tunisiennes ».  
* * * 
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